Dante : Il Sommo Poeta

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La 'Vita nuova' est la première œuvre publiée par Dante, alternant poèmes et prose dans le courant contemporain du "Dolce Stil Novo". Il y parle de sa vie et surtout de son amour courtois pour Béatrice.

Poète mais aussi philosophe et linguiste Dante rédige des traités : De vulgari eloquentia, le Banquet et de la Monarchie.

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De vulgari eloquentia (1303)

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De Monarchia (1312)

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La Commedia.

Le 'divine' n'arrivera que plus tard au XVe siècle. Oeuvre majeure de Dante et de l'Humanité ; long poème en tercets divisé en trois parties : l'Enfer, le Purgatoire, le Paradis.

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L'histoire du Trecento est totalement éclipsée par celle de(s) (la) Renaissance(s).
Et pourtant ! L'Europe et tout particulièrement l'Italie se voit déjà à cette époque traversée par de nombreux conflits politiques, dynastiques, idéologiques, religieux, économiques qui s'entremêlent de façon riche, dense et complexe.

Pour Dante et Florence c'est surtout l'opposition ancienne des deux factions Gibelins et Guelfes puis Guelfes Blancs et Noirs qui permet d'éclairer de nombreux passages de la Comédie. Dante, assimilé à la faction guelfe blanc, se verra ainsi exilé de Florence à Ravenne où se trouve aujourd'hui encore son tombeau.

Portrait de Dante par Giotto : http://bit.ly/1fRW20N

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Le manuscrit 'Palatino 313' est la version illustrée de la Divine Comédie la plus ancienne, datant du premier quart du XIVe siècle. Aujourd'hui conservé à Florence. (http://bit.ly/1k7Upmi)

Alexandre Vellutello publie en 1544 une version amplement commentée accompagnée d'une série de nombreuses gravures.

Aux alentours de 1350-1400, par exemple, le Codex Altonensis (http://commons.wikimedia.org/wiki/Codex_Altonensis)

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Le gothique tardif ne se gêne donc pas pour, très rapidement et abondamment, illustrer la Divine Comédie selon les diverses écoles locales.

Chant I du Paradis, Dante et Béatrice : http://bit.ly/1ftlQA7 (Ecole vénitienne, XIVe siècle, Bibliothèque Saint-Marc)

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A partir du Quattrocento Dante et son œuvre sont très régulièrement illustrés - Botticelli, Castagno, Raphaël, Signorelli, etc. avant de tomber dans un relatif mais long oubli.

Fresque du Duomo de Florence par Domenico di Michelino (1465) : http://bit.ly/1iXcRy7 Dante présentant sa Comédie devant les Trois royaumes. [La cité paradisiaque prend les atours de Florence]

La représentation de Dante Aligierhi se codifie : Nez busqué, robe et bonnet rouges surmonté de la couronne de laurier des poètes.

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Andrea del Castagno, peintre au style minéral très reconnaissable, peint à fresque l'ensemble des Hommes et femmes illustres à Florence. Outre les personnages bibliques comme Adam, Eve, Esther, des hommes politiques et autres condottiere, Dante y est représenté avec Pétrarque et Boccacce.

http://bit.ly/K91Vid

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Fin du XVe siècle, Botticelli imagine un portrait du poète mais surtout illustre la Divine Comédie en près de 100 dessins (la plupart inachevés) sur parchemin. http://bit.ly/1c1xEry

Fameuse carte des Enfers : http://bit.ly/1itfULG

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« Dans cette sorte de Dialectique de la raison très personnelle, où Minerve fait irruption avec tous ses attributs d'ordonnance, les concepts abstraits s'incarnent en personnages, sans devenir pour autant des allégories traditionnelles. Et Roger Fry retrouvait ici, dans un contexte rococo qui plaisait à la marquise, " an almost dantesque moood". »

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Vers la même époque, Luca Signorelli peint, au Duomo d'Orvieto, le portrait de Dante aux côtés de Virgile, Ovide ou Empédocle : http://bit.ly/1akRPEU au sein du grandiose cycle eschatologique. (avec Fra Angelico)

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En 1501, sur la fresque de la Dispute du Saint-Sacrement dans les chambres du Vatican, Raphaël peint Dante parmi les autres grandes figures de l'Eglise. (http://bit.ly/1h5TeAE)

En 1510, sur la fresque du Parnasse, Raphaël repeint Dante parmi les grands poètes : Homère, Virgile et Ange Politien. (http://bit.ly/1cVXTQs)

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Michel-Ange fut peintre, sculpteur, architecte mais aussi, sur la fin, poète. Et un grand fan, donc, de Dante.

"Guidé par le génie, il sonda les abîmes,
Vit l'un et l'autre enfer ; puis jusqu'à l'Éternel
Monta vivant encore, et des splendeurs du ciel
Ouvrit à nos regards les profondeurs sublimes.

Il fut l'astre imprévu dont l'éclat immortel
Nous dévoila de Dieu les mystères intimes ;
Et, pour prix, il a bu dans la coupe de fiel
Qui toujours abreuva les plus nobles victimes.

Dante, ses actions, son grand et noble but,
Ont été méconnus par ce peuple parjure
Chez qui le nom de juste est une flétrissure.

Et pourtant, que ne suis-je aujourd'hui ce qu'il fut !
Que ne puis-je échanger les trésors qu'on m'envie
Contre son dur exil, ses vertus et sa vie !"

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Jacopo Ligozzi, peintre et dessinateur maniériste véronais, travaillant à Florence, exécute cinq dessins et quelques peintures de la Divine Comédie.

http://bit.ly/2l32S27

Annotation :

Geoffrey Chaucer s'est amplement inspiré de l'Humanisme italien pour ses contes de Canterbury, dont Dante. En autre, il reprend l'histoire du comte Ugolin :

« Lui-même désespéré mourut aussi de faim ;
ainsi finit ce puissant comte de Pise ;
de haut état la fortune l’a abattu.
De cette tragédie j’en ai dit assez.
Si quelqu’un veut la connaître plus au long
3650 qu’il lise le grand poète d'Italie
qui a nom Dante, car lui la peut conter
de point en point sans en omettre un mot. »

Annotation :

Jan van der Straet dit Stradano, peintre et graveur Flamand qui travaille à Rome, Venise et Florence, illustre la Divine Comédie vers la fin du XVIe siècle. http://bit.ly/1cUc5Re / http://bit.ly/1cWlpyv

Annotation :

Dante et Virgile sur la glace du Cocyte (1774)
http://bit.ly/1h5phRb

Annotation :

Vers 1807, John Flaxman, sculpteur et chef de file néoclassique, illustre à son tour la Divine Comédie dans un style à la ligne fine et élégante qui est très loin de l'imagerie romantique. http://bit.ly/1ewW2UT

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"Sur le monument de Dante qu’on préparait à Florence"

" Tu es heureux, Dante, toi que le destin n’a pas condamné à vivre au milieu de tant d’horreurs ; toi qui n’as pas vu les femmes italiennes aux bras d’un soldat barbare, ni les villes et les maisons pillées et détruites par la lance ennemie et la fureur étrangère, ni les œuvres du génie italien emmenées au delà des Alpes pour une servitude misérable, ni les tristes chemins encombrés d’une foule de chars, ni les âpres commandements, ni la domination superbe ; toi qui n’as pas entendu les outrages et la parole impie de liberté qui nous raillait au bruit des chaînes et des fouets. Qui ne se lamente ? Quelle chose n’avons-nous pas soufferte ? À quoi n’ont-ils pas touché, ces félons ? À quel temple, à quel autel ou à quel crime ? "

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Pour le décor de plafond du Louvre, Ingres peint "L'Apothéose d'Homère" (1827), couronnement des arts classiques, sorte de réponse néo-classique au Parnasse de Raphaël, Dante est relégué dans un coin, bien, bien loin du trône. (http://bit.ly/1lLQ5cl)

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Dante et Virgile dans les bois : http://bit.ly/1aHGOO9

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Le XIXe siècle, surtout le Romantisme, redécouvre donc Dante mais essentiellement pour ne pas dire uniquement son Enfer, son bizarre chrétien, son folklore médiéval, ses châtiments. C'est encore cette vision romantisée de Dante qu'il nous reste aujourd'hui.

Eugène Delacroix expose son premier tableau au Salon Officiel de 1822 : la Barque de Dante. Tandis que les ombres, damnées, mordent la barque, au loin, Dité, la cité infernale aux murs d'airain est en feu. Tableau acheté par l'Etat.

William Bouguereau, en 1850, présente également son Dante et Virgile : http://bit.ly/1apDCq8

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Voyez :

"On dira sans doute qu'il a décrit aussi le Purgatoire et le Paradis, mais il n'y a guère que les érudits et les curieux qui le sachent. [...] La grande conception du Dante, c'est l'Enfer."

— Du Fantastique en littérature, 1830

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« Sans rechercher quelques poèmes écrits dans un latin barbare, le premier ouvrage qui s’offre à nous est la Divina Commedia du Dante. Les beautés de cette production bizarre découlent presque entièrement du christianisme ; ses défauts tiennent au siècle et au mauvais goût de l’auteur. Dans le pathétique et dans le terrible, le Dante a peut-être égalé les plus grands poètes.»

Annotation :

« Dante refusa de rentrer dans sa patrie au prix d'un pardon. Il répondit à l'un de ses parents: «Si pour retourner à Florence il n'est d'autre chemin que celui qui m'est ouvert, je n'y retournerai point. Je puis partout contempler les astres et le soleil.» Dante dénia ses jours aux Florentins, et Ravenne leur a dénié ses cendres, alors même que Michel-Ange, génie ressuscité du poète, se promettait de décorer à Florence le monument funèbre de celui qui avait appris come l'uom s'eterna.

Le peintre du Jugement dernier, le sculpteur de Moïse, l'architecte de la Coupole de Saint-Pierre, l'ingénieur du vieux bastion de Florence, le poète des Sonnets adressés à Dante, se joignit à ses compatriotes et appuya de ces mots la requête qu'ils présentèrent à Léon X: " Io Michel Agnolo, scultore, il medesimo a Vostra Santità supplico, offerendomi al divin poeta fare la sepoltura sua condecente e in loco onorevole in questa città."

Michel-Ange, dont le ciseau fut trompé dans son espérance, eut recours à son crayon pour élever à cet autre lui-même un autre mausolée. Il dessina les principaux sujets de la Divina Commedia sur les marges d'un exemplaire in-folio des œuvres du grand poète; un navire, qui portait de Livourne à Citiva-Vecchia ce double monument, fit naufrage. »

Annotation :

« L’autre, Dante, a construit dans son esprit l’abîme. Il a fait l’épopée des spectres. Il évide la terre ; dans le trou terrible qu’il lui fait, il met Satan. Puis il la pousse par le purgatoire jusqu’au ciel. Où tout finit, Dante commence. Dante est au delà de l’homme. Au delà, pas en dehors. Proposition singulière, qui pourtant n’a rien de contradictoire, l’âme étant un prolongement de l’homme dans l’indéfini. Dante tord toute l’ombre et toute la clarté dans une spirale monstrueuse. Cela descend, puis cela monte. Architecture inouïe. Au seuil est la brume sacrée. En travers de l’entrée est étendu le cadavre de l’espérance. Tout ce qu’on aperçoit au delà est nuit. L’immense angoisse sanglote confusément dans l’invisible. On se penche sur ce poëme gouffre ; est-ce un cratère ? On y entend des détonations ; le vers en sort étroit et livide comme des fissures d’une solfatare ; il est vapeur d’abord, puis larve ; ce blêmissement parle ; et alors on reconnaît que le volcan entrevu, c’est l’enfer. Ceci n’est plus le milieu humain. On est dans le précipice inconnu. Dans ce poëme, l’impondérable, mêlé au pondérable, en subit la loi, comme dans ces écroulements d’incendies où la fumée, entraînée par la ruine, roule et tombe avec les décombres et semble prise sous les charpentes et les pierres ; de là des effets étranges ; les idées semblent souffrir et être punies dans les hommes. »