Cover David Lean - Commentaires

David Lean - Commentaires

Objet d’un de ces mouvements de balancier qu’opèrent les écoles critiques au fil des époques, ce grand cinéaste britannique fut d’abord très admiré par ses pairs, puis pointé comme le représentant d’un classicisme vilipendé par les courants moderniste, et enfin définitivement réhabilité à la place ...

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12 films

créee il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 2 ans

Brève Rencontre
7.7

Brève Rencontre (1945)

Brief Encounter

1 h 26 min. Sortie : 20 novembre 1946 (France). Drame, Romance

Film de David Lean

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Une gare enfumée et son petit restaurant, quelques rues pluvieuses et nocturnes, le foyer familial à la fois rassurant et source d’intarissables regrets. Autour de ces quelques lieux, Lean raconte l’idylle banale et magnifique d’une madame Tout-le-monde à laquelle Celia Johnson prête son désarroi fragile et d’un médecin sensible qui possède l’intelligence de Trevor Howard. Chargé d’une profonde mélancolie, exaltant le coup de foudre tout en soulignant la permanence de la compréhension conjugale (la conclusion et l’ultime réplique), cet ancêtre intimiste de "Sur la Route de Madison"dit le déchirement des cœurs, la difficulté du choix et du renoncement, le dilemme tragique de la fidélité et du bonheur fugace entraperçu, la grande passion rêvée par tous ceux qui mènent une existence monotone. Un classique du cinéma britannique et un film superbe.
Top 10 Année 1945 :
https://urlz.fr/keg0

Les Grandes espérances
7.2

Les Grandes espérances (1946)

Great Expectations

1 h 58 min. Sortie : 12 décembre 1947 (France). Drame, Romance

Film de David Lean

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Cimetière perdu dans la lande et baigné de brume, escalier labyrinthique conduisant à une salle à manger envahi par les souvenirs fantomatiques, refuge dans une maison abandonnée au bord de la mer… Pour sa première adaptation de Dickens, Lean maîtrise une imagerie soignée mais un peu trop attendue, et décline un goût prononcé pour un romantisme ténébreux, un rien obsessionnel, qui sacrifie volontiers le réalisme psychologique à l’impact du plan ou de la séquence. Son traditionalisme constitue un véhicule approprié à notre propre nostalgie des vertus indissociables d’un monde disparu. D’où le sentiment quelque peu frustrant qui émerge de cette œuvre au romanesque endigué, peinant à offrir autre chose qu’une illustration sage et appliquée des enjeux initiatiques de son récit.

Oliver Twist
7.3

Oliver Twist (1948)

1 h 56 min. Sortie : 15 octobre 1948 (France). Drame

Film de David Lean

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

C’est sans doute l’adaptation de référence du classique de Dickens, un modèle de transcription littéraire qui reste fidèle aux illustrations de l’enfance, sombres et menaçantes, parvient à extraire la substantifique moelle d’origine sans la démanteler, et donne vie à des personnages déjà façonnés par l’imagination collective. Dénuée d’académisme et sans récuser le pittoresque des ambiances, la fantasmagorie déformée des bas-fonds de la société industrielle, le mélange de bouffonnerie et de pathétique à l’œuvre dans le roman d’origine, l’inspiration classique de Lean reconstitue une Angleterre victorienne charbonneuse, grouillante d’ombres et de présences inquiétantes, et est servie par la performance spectaculaire d’Alec Guinness, qui se livre à un fort réjouissant numéro d’acteur en Fagin.

Les Amants passionnés
6.7

Les Amants passionnés (1949)

The Passionate Friends

1 h 35 min. Sortie : 1 septembre 1949 (France). Drame

Film de David Lean

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Tout, dans le registre du mélodrame retenu, la remarquable modération du style, l’intelligence sans faille avec laquelle il traite son sujet (l’idylle avortée, l’adultère euphorique mais culpabilisant, l’écartèlement presque cornélien entre vertige passionnel et raison, le travail souterrain de la soumission et de la résignation), contribue à faire de cette romance poignante un petit frère de "Brève Rencontre". Une fois encore, la finesse de touche dont témoigne Lean garantit une subtilité psychologique qui n’a d’égale que le sens de la litote et la pleine sensibilité. Superbement interprété par Ann Todd, Claude Rains et Trevor Howard, le film dit l’enserrement des cœurs, la douleur des élans contrariés, le transfert d’un amour à l’autre avec cette perspicacité invisible que l’on nomme le raffinement.

Madeleine
7

Madeleine (1950)

1 h 54 min. Sortie : 16 février 1950 (Royaume-Uni). Drame

Film de David Lean

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

En adaptant une pièce qui relate un cas judiciaire célèbre (celui de Madeleine Smith, accusée en 1857 à Glasgow d’avoir empoisonné son amant français), l’auteur se plaît subtilement à établir un doute sur l’authenticité de la fiction. Ce qu’il montre ne sont jamais les faits tels qu’ils seront examinés au tribunal ; patiemment, il déplie toutes les pièces à conviction, tous les mobiles apparents et indices attestés, en prend soin de ne jamais faire accéder à l’intériorité de son personnage ni au secret de son crime. Si le piège des conventions rigides propres à sa situation inspire à l’égard de celle-ci compréhension et empathie, il poursuit toutefois en sens inverse les ambigüités de "Brève Rencontre" : la vérité d’un être n’est jamais révélée que par ses manifestations sociales, l’essence est condamnée à rester apparence.

Le Mur du son
6.6

Le Mur du son (1952)

The Sound Barrier

1 h 58 min. Sortie : 10 octobre 1952 (France). Drame, Guerre, Romance

Film de David Lean

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

À dix mille mètres au-dessus des ruines athéniennes, dans l’avion (pas encore) supersonique, le héros dit que la terre a fait son temps et invite à rêver à l’espace qui s’offre à nous. Et Lean de raconter la première étape décisive de la marche vers l’interplanétaire, le franchissement de ce que le rêve des pionniers nommait le mur du son. Conquête qui n’est pas celle d’un progrès pour le bonheur immédiat mais une leçon d’orgueilleuse espérance, la manifestation d’un acte gratuit, accompli par l’homme à la porte d’un nouveau monde dans lequel il entre de plein pied. Jusqu’à l’ultime scène qui voit le fils de l’aviateur mort assis sur une photographie de la lune, sous les lumières basses des premières étoiles de la nuit, ce film méconnu s’affirme comme l’ancêtre spectaculaire et captivant de "L’Étoffe des Héros".

Vacances à Venise
6.3

Vacances à Venise (1955)

Summertime

1 h 40 min. Sortie : 28 octobre 1955 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de David Lean

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Il paraît que le globe-trotter David Lean considérait cette œuvre comme sa préférée, celle dans laquelle il avait mis le plus de lui-même. En jouant du contraste entre l’austère Katharine Hepburn, vivant un amour éphémère avec un latin lover archétypal, et une Venise luxuriante photographiée dans une palette à la Canaletto, en déployant autour des boutiques, des grandes places et des gondoles un brillant de carte postale, il cherche à construire une sorte d’"evergreen" britannique où le romantisme est indissociable d’une certaine amertume. Boom naissant du tourisme de masse, détérioration conséquente de la beauté de la Sérénissime sont dépeints avec un joyeux pessimisme qui évoquent, contre toute attente, le Tati de M. Hulot. Mais les conventions alourdissent l’entreprise.

Le Pont de la rivière Kwaï
7.5

Le Pont de la rivière Kwaï (1957)

The Bridge on the River Kwai

2 h 41 min. Sortie : 20 décembre 1957 (France). Aventure, Drame, Guerre

Film de David Lean

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Beauté majestueuse des décors naturels, rigueur de la reconstitution, perfection d’une technique entièrement au service de l’efficacité narrative et du développement des personnages… Le film est l’un des premiers à faire évoluer l’antagonisme entre forces occidentales et japonaises. Nicholson et Saito forment les deux faces d’une même médaille : l’un est poussé à la trahison par sa foi en la discipline britannique et la supériorité civilisatrice, l’autre est à prêt réparer son honneur en se faisant hara-kiri. Ce n’est pas la guerre, somme toute lointaine, mais le principe militaire du devoir absolu qui les fait glisser tous deux dans une folie absurde. Une réflexion aigüe sur le rapport de l’intégrité à l’héroïsme, les ambiguïtés de la soumission à l’ordre et à la loi, qui ne cède jamais le pas à l’ampleur du spectacle.

Lawrence d'Arabie
7.9

Lawrence d'Arabie (1962)

Lawrence of Arabia

3 h 36 min. Sortie : 15 mars 1963 (France). Aventure, Biopic, Drame

Film de David Lean

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Une infime tache noire sur la ligne d’un horizon cuisant, qui fait divaguer le regard. Une contre-plongée découpant la silhouette d’un homme sur le disque solaire. Un navire semblant glisser sur les dunes de sable. Un prodigieux enchaînement visuel entre la flamme d’une allumette et une aube rougeoyante... Autant de fulgurances plastiques, incrustées dans une ample, amère et tumultueuse épopée. Lean souligne les contradictions et les ambigüités d’un être insaisissable, tout à la fois ange et démon, et exalte la majesté du désert avec une matérialité qui fascine l’œil et stimule l’esprit. Sur les accents célèbres de Maurice Jarre, rivée au regard bleu azur de Peter O’Toole, l’œuvre caresse le rêve d’indépendance panarabe, ausculte le courage et l’aveuglement, la générosité et l’opportunisme, la folie et la volonté de puissance. Somptueux.
Top 10 Année 1962 :
http://lc.cx/Bs6

Le Docteur Jivago
7.6

Le Docteur Jivago (1965)

Doctor Zhivago

3 h 17 min. Sortie : 7 décembre 1966 (France). Romance, Historique

Film de David Lean

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Autant en emporte la Révolution russe. Encore un film extrêmement célèbre élevé au rang d’immense classique populaire, mais avec lequel je me trouve moins d’affinités. La grandeur épique et le souffle romanesque traversent de part en part ce livre d’images splendides et sophistiquées dans la grande tradition leanienne, ménageant de très beaux moments de ce lyrisme intimiste que le cinéaste maîtrise comme personne. Mais on y décèle aussi comme un figement académique, une certaine glaciation émotionnelle, sans que jamais ne baisse la fascination ressentie face au ton anti-héroïque adopté (le héros y est un naïf emporté par des événements sur lesquels il ne peut influencer), à l’acuité de la vision historico-politique, au foisonnement de personnages nuancés, complexes, ambigus.

La Fille de Ryan
8

La Fille de Ryan (1970)

Ryan's Daughter

3 h 26 min. Sortie : 23 décembre 1970 (France). Drame, Romance

Film de David Lean

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Une œuvre d’une audace et d’une beauté folles. Lean engage tous ses moyens dans l’attention aux choses, la méticulosité des comportements, les variations de la lumière, les caprices du temps, les fluctuations de la mer – a-t-on jamais filmé ainsi, de façon aussi magnifiquement picturale, la côte et les paysages irlandais ? Plus que jamais, il se fait le cinéaste de la révélation des hommes par leur contact avec la nature (ainsi de la superbe scène d’amour en forêt ou de l’extraordinaire séquence de tempête), et le peintre de l’ambivalence communautaire, montrant à la fois ce que le groupe social recèle de grandeur (le mouvement solidaire du sauvetage) et de cruauté empoisonnée ; le mouvement final, terriblement poignant, dévoile à cet égard une incroyable amertume. Magistral.
Top 10 Année 1970 :
http://lc.cx/AU6

La Route des Indes
7

La Route des Indes (1984)

A Passage to India

2 h 44 min. Sortie : 24 avril 1985 (France). Aventure, Drame, Historique

Film de David Lean

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Images splendides d’un train glissant la nuit au-dessus du Gange, d’un sanctuaire indien dont le calme fantomatique et millénaire tranche avec l’atmosphère anglaise du club situé juste à côté, où les sahibs de sa Majesté se font servir par des Indiens portant des costumes folkloriques chamarrés. Le propos se situe précisément là, dans cette rencontre impossible, ce choc des cultures, dans l’espace qui sépare l’arrogance coloniale d’une politique épuisée et l’identité d’un peuple écartelé entre le désir d’intégrer la caste des nantis et ses revendications culturelles. Expérience mystique à l’ambivalente sensualité, peinture de caractères complexes, belle histoire d’amitié entre un universitaire britannique et un médecin indien… : le dernier film de l’auteur est tout cela à la fois, et il est superbe.

Thaddeus

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