Cover Deux-Mille Dix-Sept
Liste de

212 films

créée il y a presque 8 ans · modifiée il y a presque 3 ans
Boulevard du crépuscule
8.2

Boulevard du crépuscule (1950)

Sunset Boulevard

1 h 50 min. Sortie : 18 avril 1951 (France). Film noir

Film de Billy Wilder

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

1er Janvier

Un cadavre dans une piscine. Une voix-off qui prétend raconter la vérité. Un mystère qui s'accentue par la grâce du montage. "Sunset Boulevard" est un grand film dans son audace narrative, avant tout. Comme dans "Double Indemnitiy", Wilder parvient à dévoiler la fin de son film, sans la gâcher. Bien au contraire, la peinture qu'il dessine ici, à travers des dialogues ciselés, est d'une cruauté inouïe. Il y a ce domestique, qui ne parle presque pas, tel un personnage de cinéma muet. Cette star sur le déclin, obsessionnelle, possessive et ridicule. Ce petit scénariste sans relief, plein de dérision et de vice. Avec un sens de la tragédie remarquable, tout en conservant de l'humour et de la finesse, Wilder décrit dans cette maison en ruines, un monde décrépi, englouti et oublié. Le film avance et la part de fantasme et de folie de Norma s'accroît, plongeant à mesure que le destin se fait cruel, dans le mensonge et l'illusion.
Cette illusion est au cœur du film. C'est celle du cinéma, créateur de fantasmes et pourvoyeur de rêves. C'est celle que donne le cinéma à ceux qui le font, garant d'une popularité, et distributeur d'un pouvoir. C'est l'illusion jusqu'à la folie, l'ivresse du pouvoir qui vous tue. Dans Sunset Boulevard, Wilder rejoue ainsi cet ultime film, le plus tragique d'entre tous, celui du retour à la réalité, brutal et pathétique.

Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles
7.2

Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles (1988)

The Land Before Time

1 h 09 min. Sortie : 21 juin 1989 (France). Animation, Aventure, Fantastique

Long-métrage d'animation de Don Bluth

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

1er Janvier

Un revisionnage nécéssaire pour un film vu en VHS fut un temps. Il faut saluer le travail de Don Bluth, un conteur hors du commun, capable de composer des plans de toute beauté, avec une poésie atypique dans l'animation américaine.
Les personnages, l'histoire, les enjeux sont d'une grande simplicité, mais les thématiques sont plutôt bien développées, sans être trop appuyées pour autant.
La présence de la voix-off est justement dosée (on a vraiment l'impression d'être dans un conte enfantin et rassurant), et la musique de James Horner utilisée avec parcimonie.
En plus d'être absolument sublime :
https://www.youtube.com/watch?v=mfG9l7OTbPs

La Flèche brisée
7.2

La Flèche brisée (1950)

Broken Arrow

1 h 33 min. Sortie : 1 mars 1951 (France). Western

Film de Delmer Daves

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

2 Janvier

Quand on y pense, on ne peut nier que le Western américain a bien besoin de ce genre de film. Il a tant de fois méprisé et diabolisé les Indiens, même dans des œuvres majeures ("Stagecoach"), que réhabiliter cette culture n'est pas superflu.
Ce film s'échine ainsi à présenter les différends entre blancs et indiens, à travers le regard d'un pacifiste convaincu. Daves fait preuve d'intelligence dans la conduite de son récit, présentant avec habileté les motivations des deux camps, et plongeant dans la culture indienne, sans pour autant négliger leur barabarie.
Le film est un peu schématique, mais sait se faire humble et sincère dans son traitement de l'humain, souvent dévoré par son orgueil, ou par un complexe de supériorité chez l'homme blanc, mais jamais complètement hostile et étranger à d un vecteur qui transcende les cultures : l'amour.
La fin, bien qu'optimiste, est dans le prolongement de ces idéaux, peut-être naïfs ou utopiques, mais ô combien humains.
Un beau film.

La Bonne Année
7.2

La Bonne Année (1973)

1 h 55 min. Sortie : 13 avril 1973. Comédie dramatique, Policier, Romance

Film de Claude Lelouch

SpaceTiger7 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

2 Janvier

Au début, on peut être dubitatif face à l'aspect un peu foutraque et désordonné d'un film qui part dans toutes les directions.
Puis, au fil de ce faux-film de braquage, de cette histoire d'amour atypique, on s'attache aux personnages et la démarche de Lelouch devient plaisante, voire jouissive dans sa volonté de prendre à contre-pied les attentes du spectateur. C'est un film de l'inattendu et de l'imprévu, qui navigue à vue, où les personnages se laissent guider par leurs sentiments, par leurs désirs.
Lelouch s'amuse ainsi avec les temporalités, les couleurs, les genres, détournant sans cesse les codes du cinéma et de ses propres films, mettant en parallèle la fin du romantique "Un homme et une femme", avec cette "Bonne Année' plus romanesque que romantique, et surtout très inventive.

La Crème de la crème
5.6

La Crème de la crème (2014)

1 h 30 min. Sortie : 2 avril 2014. Comédie dramatique

Film de Kim Chapiron

SpaceTiger7 a mis 5/10.

Annotation :

3 Janvier

N'ayant jamais fréquenté d'école de commerce, je ne sais pas si le film est un pur fantasme de scénariste shooté, ou une peinture réaliste de cet univers. Au-delà de ça, ce film possède tout de même un postulat intéressant, malheureusement mal exploité.
Le thème central du film semble être l'incommunication entre les êtres, le détachement sentimental, dans un univers d'apparat, de chiffres, de combines.Ce monde de la finance, si froid et glacé, est une contradiction évidente aux relations sentimentales des personnages, mais Chapiron ne parvient jamais à faire ressentir cet érotisme, son style est beaucoup trop clinquant et direct. Il manque une subtilité et une sensibilité à l’œuvre, un regard plus mature sur les personnages.
Cela se ressent dans la direction d'acteurs, bien que Thomas Blumenthal sorte son épingle du jeu; et qu'Alice Isaaz...
Mais, ce manque de finesse et l'aspect putassier du film sont symbolisés dans une scène, la dernière : excessivement longue et sans aucune sensualité, elle ne parvient jamais à atteindre l'effet recherché, à l'image d'un film qui passe un peu à côté de son sujet.

Pique-nique à Hanging Rock
7.2

Pique-nique à Hanging Rock (1975)

Picnic at Hanging Rock

1 h 55 min. Sortie : 30 mars 1977 (France). Drame, Fantastique

Film de Peter Weir

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

4 Janvier

C'est un film d'une grande pureté et d'une grande beauté, que j'ai envie de rapprocher d'un film sorti à la même époque : "Cris et Chuchotements" de Bergman. Si le style du cinéaste suédois est beaucoup plus sec, moins onirique et plus cru, son œuvre traite elle aussi du deuil costumé, de l'intériorisation des sentiments, de ces pensionnats de jeunes femmes où couvent les secrets, le mystère, l'intime, l'angoisse. Des lieux fascinants.
La comparaison s'arrête là, tant les deux films empruntent des formes opposées. En effet, "Picnic at Hanging Rock" est une oeuvre profondément onirique, étrange, indicible, lancinante.
La musique, aussi bien la bande-originale que la flûte de pan, y contribue, tout comme la pureté des jeunes actrices, leur beauté intacte et immaculée, que Weir filme avec beaucoup de grâce. Mais aussi de tristesse. L'enfermement, les rêves fanés, le conditionnement de ces jeunes filles explique aussi cette fuite, vers le sommet de cette montagne, probablement vers le ciel et un autre monde ou un autre rêve (a dream within a dream), tant les allusions sont limpides.
Le film manque peut-être de justesse ou de crédibilité dans certains passages, cela nourrit son mysticisme mais on peut douter de la fidélité de Peter Weir au fait divers. Un léger regret également sur le fait que Weir n’exploite jamais complètement l'impact et les réactions de la disparition des jeunes filles sur les villageois, le choix étant de rester dans l’intimité du couvent, quitte à négliger le reste.
"Picnic at Hanging Rock" n'est sans doute pas un film parfait, et pleinement abouti, mais sa démarche esthétique et créative est tout de même remarquable, laissant planer l'ombre de ces jeunes filles en fleur bien au-delà du fait de leur simple disparition.

P.S :
https://www.youtube.com/watch?v=KLfVAsNHZP4

Tout ça… pour ça !
6

Tout ça… pour ça ! (1993)

2 h. Sortie : 9 juin 1993 (France). Comédie

Film de Claude Lelouch

SpaceTiger7 a mis 6/10.

Annotation :

4 Janvier

Si l'on pouvait être décontenancé et désorienté au début de "La Bonne année", ce n'est rien en comparaison de ce film-là.
Ici, Lelouch s'amuse d'entrée à mélanger plusieurs histoires, qui n'ont à première vue aucun rapport entre elles. Puis, bifurque laborieusement, sur un marivaudage qui oscille entre amusement et lourdeur. Luchini s'en donne d'ailleurs à cœur joie dans une partition...Luchiniesque. Bref, c'est un film qui prend tout son sens dans une dernière partie, où un procès double permet à Lelouch de dérouler à l'envers son habile narration, tout en traitant de ce qui l'intérésse le plus : les péripéties amoureuses, le mensonge du mariage, etc.
Ce n'est pas forcément réalisé avec subtilité, et l'oeuvre est très inégale, décousue, passant (malgré l'habileté de la narration), d'une scène réussie (souvent décalée, absurde voire invraissemblable), à des passages sans intérêt (les auto-stoppeuses, entre autres).
Bref, cela donne un drôle de film, une comédie pleine d'idées, mais aussi embourbée dans des thèmes quelque peu redondants. Pas une franche réussite, mais l'état de la comédie française 25 ans plus tard, ferait presque regretter un film comme celui-ci.

Perfect Blue
7.8

Perfect Blue (1997)

1 h 21 min. Sortie : 8 septembre 1999 (France). Animation, Épouvante-Horreur, Thriller

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

5 Janvier

Un anime japonais qui a laissé une empreinte marquante, lors de sa sortie, à la fin du siècle précédent. "Perfect Blue" est un film d'une maturité exemplaire, et c'est toujours très frappant de voir un film d'animation aussi "adulte", aussi réel tout simplement.

Ici, l'animation sert même le film, rendant d'autant plus puissantes les scènes de violence, très graphiques, et facilitant les transitions entre rêve et réalité, jusqu'à leur confusion totale. Mais, l'essence du film se trouve bien sûr dans le personnage fascinant de Mina, cette chanteuse pour ados, devenue actrice de seconde zone contre son gré. On imagine d'ailleurs aisément les ersatz vivants de cette Mina dans la réalité, et notamment à notre époque, où à peu près n'importe qui peut être adulé, pour à peu près n'importe quoi. Ce changement brutal dans la vie de Mina intervient dès le début, posant alors lentement un climat angoissant, anxiogène et étrange, notamment à travers ce fanatique mystérieux, mais aussi par une série d'évènements plus ou moins banals, qui créent une forme de psychose et de paranoïa intense.

Satoshi Kon joue alors admirablement bien, du parallèle entre fiction et réalité, superposant l'actrice et la femme, jouant très justement sur cette nuance capitale, mais parfois imperceptible (surtout chez un bon acteur) pour le (télé)spectateur, notamment si celui-ci est intimement attaché à la star en question. L'intrigue évolue donc dans le même rythme que le film en tournage, jouant véritablement du dédoublement de la personnalité de l'héroine, qui est double. D'abord, celui de son personnage, puis celui qu'elle subit, psychologiquement, avec la présence d'un véritable double maléfique, plutôt faussement angélique, qui la pousse lentement dans les abîmes de la folie.

Toute cette mise en scène s'avère brillante, créant une atmosphère empreinte de mysticisme et d'un malaise persistant tout en jouant avec la nature même du métier d'acteur.
Plus qu'un film de terreur psychologique réussi, "Perfect Blue" est un portrait de femme moderne brillant, qui préfigure l'ère de l'internet tout-puissant et destructeur, tout en brossant une véritable tragédie humaine, d'une grande fragilité et d'une sensibilité hors-norme. Une œuvre d'anthologie.

Le Dictateur
8.3

Le Dictateur (1940)

The Great Dictator

2 h 05 min. Sortie : 4 avril 1945 (France). Comédie dramatique, Guerre

Film de Charlie Chaplin

SpaceTiger7 a mis 8/10.

Annotation :

6 Janvier

C'est un film qui a dépassé depuis bien longtemps la sphère du cinéma, et qui portait déjà une résonance extraordinaire en 1940, bien qu'il ait sans doute été interdit dans de nombreux pays occupés. Le discours final de Chaplin, le choix des mots, l'engagement par la parole plus que par les gestes (en contradiction permanente avec le premier discours), est un acte de foi en l'humanité et de résistance, à la manière du cinéaste.

Plus que le courage et l'engagement de Chaplin, "The Great Dictator" est une œuvre qui vaut aussi pour ses qualités intrinsèques. C'est un film très "Chaplinesque" malgré le poids des thématiques, c'est-à-dire un film qui cherche toujours à extraire d'un univers de souffrance ou de violence, le rire et la poésie. La scène du globe est sans doute la plus belle du film, tant dans la symbolique qu'elle dégage vis-à-vis du pouvoir, mais aussi de par sa légèreté, son onirisme complètement décalé.
Bien sûr, on ne peut pas passer sur l'aspect satirique du film, Chapln n'ayant jamais été aussi corrosif.

Au-delà des noms ridicules de pays/personnages (changés pour les raisons que l'on connaît), Chaplin s'amuse surtout de la figure du dictateur.
A travers des gags visuels, un détournement permanent des termes et des discours (même la propagande est sujette à satire) et une représentation absurde du pouvoir qui culmine dans la rencontre avec Mussolini : le dictateur n'est même plus un homme politique, juste un homme dans ses aspects les plus grégaires : bête, faussement viril, dominateur, machiste, etc. A ce petit jeu, Chaplin est irrésistible, sa double performance est bien sûr prodigieuse. Et sa complicité avec Paulette Goddard dépasse les mots, en témoigne la magnifique scène finale.

Le Septième Sceau
7.9

Le Septième Sceau (1957)

Det sjunde inseglet

1 h 36 min. Sortie : 17 avril 1958 (France). Drame, Fantastique

Film de Ingmar Bergman

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

7 Janvier

Plus j'en vois, et plus j'ai la sensation que les films de Bergman doivent être découverts à un certain âge, ou qu'ils prennent un sens à mesure de notre propre expérience d'être humain.
Ce n'est pas tant que ses films recherchent un réalisme ou une authenticité absolue; mais plutôt qu'ils arrivent à nouer des problématiques universelles, avec une grande humilité.
Dans cette œuvre majeure, les croisades et la peste balayent des villages, des familles entières. Un chevalier rencontre la Mort et Bergman se pose alors en inquisiteur, questionnant notre rapport à la vie comme s'il s'agissait d'une religion, tout en la désacralisant.

Le jeu avec la Mort est avant tout un jeu avec la vie, et Bergman fait du destin de ses personnages, une fatalité qu'il ne transforme jamais en tragédie. Il n'y a pas d’apitoiement dans "Le Septième Sceau", mais plutôt l'envie et la volonté de profiter de la vie, sans oublier son éphémérité et sa fragilité. Il s'agit de questionner le véritable sens de chaque élément, pour affronter ce que l'on ne connaîtra jamais : la Mort, et ce qu'il y a après. Un très beau film.

Frayeurs
6.6

Frayeurs (1980)

Paura nella città dei morti viventi

1 h 33 min. Sortie : 10 décembre 1980 (France). Épouvante-Horreur

Film de Lucio Fulci

SpaceTiger7 a mis 5/10.

Annotation :

8 Janvier

Je n'avais pas vraiment réalisé avec "L'enfer des Zombies" que les années 80 avaient amorcé un changement brutal dans la carrière de Fulci. Ce "Frayeurs" en est une belle illustration.
Le cinéaste italien laisse derrière lui le Giallo, auquel il a donné ses lettres de noblesse, pour s'immiscer dans la série B, gore et décomplexée. Sur un postulat très basique (en gros, c'est un film de zombies même si on ne le dit jamais), Fulci tisse une intrigue qui emprunte aux mythes fondateurs de l'horreur : les morts viennent hanter et tuer les vivants. Malheureusement, Fulci peine à poser une ambiance crédible. Il a ainsi recours à des procédés grossiers, typiques de la mauvaise série B 80's : musique électronique intempestive, montage saccadé et effets éculés.

Ce ne sont pas les acteurs (peu aidés par l'écriture des dialogues) qui viennent relever le niveau d'un script qui manque de folie et d'imagination. Là, où Fulci parvient à redresser la barre, c'est dans l'empreinte visuelle qu'il appose à son œuvre, et qui infuse lentement la rétine, dans des effets gores et une mise en scène de pur fétichiste de l'horreur. Fulci adore le sang, les tripes, la putréfaction, et parvient à en tirer la quintessence dans un final où le suspense est relativement bien ménagé (notamment, quand on sait que le bonhomme n'a aucune pitié pour ses protagonistes), en dépit de quelques invraisemblances.
Mais tout cela fait partie d'un cinéma excessif, sincère mais nettement moins maîtrisé et audacieux qu'il le fut par le passé.

Furie
8

Furie (1936)

Fury

1 h 32 min. Sortie : 16 octobre 1936 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Fritz Lang

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

9 Janvier

Premier film américain d'un Fritz Lang émigré, fuyant le nazisme.
Ce qui fait la force des grands films, c'est souvent de parvenir à densifier et élever un canevas relativement classique. Ce film en est un merveilleux exemple, tant il regorge de richesse(s) et de niveaux de lecture. Dans cette histoire terrible du lynchage public d'un innocent, la mise en scène se fait d'abord paisible, mais déjà très précise (l'ironie du destin dès la scène d'intro), puis très dynamique. Le cadre se resserre sur cette prison, et le cinéaste allemand fait émerger l'aspect grégaire de ces hommes, ou plutôt d'une foule hystérique et incontrôlable. Le talent de Lang intervient après cette scène-pivot. Plus qu'un simple film de vengeance, il détourne celle-ci à travers la justice.

Démonstration ironique et glaçante de l'hypocrisie et de la mesquinerie des hommes, son procès n'est qu'un leurre. Lang se sert en réalité de cette histoire, pour faire émerger la contre-façon du rêve américain (lui-même est émigré), et les aberrations d'une justice qui n'en a que le nom. D'un côté, on condamne des hommes sur des présomptions (où est le cadavre ?), de l'autre on les disculpe comme par miracle, une fois ces présomptions effondrées.
Plus qu'un beau mélodrame, l'histoire tragique du bon citoyen américain, ce "Fury" est une dissection glaçante et pleine d'ironie des piliers et fondations de l'Amérique : sa constitution, sa justice et ses idéaux se sont évaporés depuis bien longtemps.

Ace Ventura, détective pour chiens et chats
6.1

Ace Ventura, détective pour chiens et chats (1994)

Ace Ventura: Pet Detective

1 h 26 min. Sortie : 29 mars 1995 (France). Comédie

Film de Tom Shadyac

SpaceTiger7 a mis 5/10.

Annotation :

10 Janvier

Le Jim Carrey Show, on pourrait résumer ce film à cela. Comme bon nombre de ses films d'ailleurs, mais celui-ci s'illustre particulièrement sur ce plan. En effet, Tom Shadyac se repose principalement sur son comédien, pour porter son film à bout de bras. Et Carrey est à l'image du film, hilarant parfois, mais aussi un peu lourd (pas vraiment dans le surjeu, c'est sa marque de fabrique ! ), mais plutôt dans les répliques et les punchlines, pas vraiment tranchantes. Non, le plus drôle et le plus réussi, ce sont les gimmicks de Carrey, les imitations et contorsionnements en tous genres du bonhomme pour divertir son public. Toute cette agiration est encadrée par une intrigue farfelue, complètement tirée par les cheveux et un peu laborieuse.
Il faut dire que la réalisation est trop conforme à la comédie américaine de base, très conformiste (avec la fameuse scène romantique de la 45ème minute...), ne permettant pas à Jim d'exploiter tout son potentiel de génie comique (surtout qu'il n'est pas supplée par de bons seconds couteaux).

Dogville
7.5

Dogville (2003)

2 h 57 min. Sortie : 21 mai 2003. Drame, Thriller

Film de Lars von Trier

SpaceTiger7 a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

13 Janvier

cf. critique.

La Source
7.6

La Source (1960)

Jungfrukällan

1 h 29 min. Sortie : 7 décembre 1960 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

SpaceTiger7 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

14 Janvier

Il n'y pas vraiment de mots pour parler d'un film comme celui-ci...
D'ailleurs, on ne parle que très peu dans "La Source".
Bergman épouse littéralement les contours de la nature, faisant d'une terrible tragédie, un objet de contemplation d'une intensité déchirante, d'une beauté sacrale, d'une pureté divine.
On retrouve ces réflexions sur l'impuissance du destin et le malheur symbolisé par le paganisme des bergers et l'incompréhension du père. Dans un monde sans Dieu, dans un monde sans foi ni loi, tout devient possible. Même la pureté immaculée est éclaboussée par le sang, et même la neige ne peut effacer la tragédie. Bergman compose ainsi une multitude d'images poignantes, frappantes, violentes, dans ce drame où la douleur se fait aussi sourde que la violence, où les complaintes des hommes ne trouvent aucune réponse.
Cette nature est l'objet d'un double sens, celle de l'homme et celle que l'homme ne peut voir ni toucher, comme s'il existait une barrière entre le monde sensible et le monde intelligible.
Une barrière infranchissable qui condamne l'homme à la peur et l'ignorance, l'entraînant dans une tragique spirale de violence.
D'une beauté fracassante.

L'Au-delà
6.8

L'Au-delà (1981)

...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà

1 h 27 min. Sortie : 14 octobre 1981 (France). Épouvante-Horreur

Film de Lucio Fulci

SpaceTiger7 a mis 6/10.

Annotation :

15 Janvier

Nouveau film américain de Fulci qui prend place en Louisiane. Les décors brumeux, chaud et mystérieux d'un tel lieu profitent au cinéaste italien qui en use assez bien. Fulci raconte une nouvelle histoire de morts ramenés à la vie, l'originalité étant cette fois qu'ils habitent directement dans l’hôtel. Fulci alterne ensuite scènes ultra-gores (il bat surement un record à ce niveau-là) et passages inquiétants sans pour autant réussir à scotcher, les mécanismes étant connus (l'escabeau par ex.) de longue date. J'aime aussi les aspects mystiques d'un tel récit, notamment la présence de ce livre maléfique, comme ultime réminiscence de ses années Giallo. Fulci y était plus suggestif et plus audacieux, cette nouvelle oeuvre étant plus inégale. La fin est cependant très réussie, alternant entre la plongée crade en Enfer et un climat anxiogène sympathique.
Tout cela étant porté (il faut le souligner), par une bande-originale de grande qualité, eighties dans le bon sens du terme.

Neruda
6.3

Neruda (2016)

1 h 47 min. Sortie : 4 janvier 2017 (France). Biopic

Film de Pablo Larraín

SpaceTiger7 a mis 6/10.

Annotation :

17 Janvier

Je découvre Pablo Larrain avec ce film ambitieux et dense sur une grande figure du XXe siècle. Neruda, poète, penseur et homme politique chilien n'est pas évoqué de manière hagiographique, le film étant centré sur l'épisode de sa traque en 1948. Cette chasse aux sorcières communistes révèle une volonté particulière de l'état chilien de saccager la figure populaire de Neruda. Le film travaille ainsi l'idée des représentations et des regards, cette multiplicité sert le film autant qu'elle le dessert. Le regard de Larrain sur Neruda est contradictoire mais profondément admiratif, celui du policier très ambivalent dans son rapport amour-haine, celui du pouvoir politique n'est que crainte et détestation. Neruda est ainsi évoqué à travers une voix-off très présente, des figures métaphoriques (affiches, discours poétique, métaphores animales), et assez rarement, sans filtre.
Le film se révèle particulièrement littéraire, presque trop dans sa volonté de multiplier les points de vue. Quelque peu confus, à la limite du recueil poétique, monté de manière étrange, "Neruda" fascine autant qu'il déroute. C'est un film qui ne propose malheureusement pas de point d'accroche, pas de compromis narratif qui puisse permettre de rester immergé dans une ambiance changeante, des sphères politiques à la Cordillère des Andes. La figure de Neruda apparaît très dense et sa relation avec son Javert Chilien est très ambiguë, mais le film en joue presque trop, multipliant les directions, les pistes, pour n'aboutir qu'à une esquisse trop réfléchie et abstraite, qui manque de chair.

Ridicule
6.9

Ridicule (1996)

1 h 42 min. Sortie : 9 mai 1996 (France). Comédie dramatique, Historique, Romance

Film de Patrice Leconte

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

18 Janvier

Le XVIIIe, siècle de révolutions, de penseurs et d'aristocrates déclinants, décadents. Ce crépuscule social est parfaitement illustré dans cette comédie grinçante où la vacuité des vies de ces courtisans est exposée. Dans l'univers feutré de la Cour du Roi, il n'est jamais question de sentimentalisme, de sincérité, d'honnêteté, de gestes désintéressés. Tout n'est que calcul, jeu de dupes (et de masques, au propre comme au figuré), hypocrisie et humiliations. Patrice Leconte cerne très bien cet univers, joue avec ses codes pour livrer une satire pertinente, où la subtilité s'exprime plus dans les dialogues ciselés que dans le propos thématique.
Si le film aurait pu être complètement fermé, il parvient néanmoins à se libérer de son univers, l'espace de quelques scènes en extérieur, entre romance, tendresse et bonté, derniers soubresauts de pureté aristocratique avant une révolution qui fera tomber les masques dans le sang et la boue.

Nous avons gagné ce soir
7.9

Nous avons gagné ce soir (1949)

The Set-Up

1 h 13 min. Sortie : 14 octobre 1949 (France). Drame, Sport, Film noir

Film de Robert Wise

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

20 Janvier

Cinéaste reconnu pour quelques grands classiques, Robert Wise fut un touche-à-tout du cinéma américain, passant aussi bien de la comédie musicale au drame en passant par le film d'horreur.
Et même au film de boxe, sous-genre du film de sport, finalement répandu dans le cinéma hollywoodien, souvent pour le meilleur, parfois pour le pire. Filmé en temps réel, excellemment monté, écrit et réalisé avec humilité, sincérité et efficacité, "The Set-Up" n'est pas seulement un film de boxe, bien que la lutte physique soit au cœur du récit.
C'est un film sur l'illusion du rêve américain (le "Dreamland" clignotant lors de la scène finale), symbolisé par la marginalité étonnante de ce couple atypique, allant complètement à l'encontre des codes du genre. Cette illusion est superbement retranscrite par Wise, entretenant cette nuance entre la réalité de l'échec, imparable, et la volonté de se relever à tout prix. Cette lutte devient alors morale, ou mentale, jouant sur la beauté d'un sport, qui vous élève au sommet avant de vous tuer dans la seconde qui suit, au propre comme au figuré.
C'est la beauté du sport et de la boxe, qui est mise à l'honneur, dans sa grandeur, sa générosité, sa dureté. Au-delà de la victoire, le sport est un vecteur suprême de joie et de bonheur, de réconciliation et de fierté, il est ici sublimé pour cela avant tout.

L'Heure du loup
7.6

L'Heure du loup (1968)

Vargtimmen

1 h 29 min. Sortie : 15 mai 1968 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Ingmar Bergman

SpaceTiger7 a mis 6/10.

Annotation :

20 Janvier

Je me doutais que la rencontre entre Bergman et le cinéma d'horreur se ferait complètement à l'écart des codes du genre.
"Vargtimmen" n'est pas vraiment un film d'horreur en réalité, bien plus une réflexion fantasmagorique et psychanalytique sur le couple, l'artiste, la vieillesse, l'homme tout simplement.
A travers une intrigue minimaliste, Bergman fait émerger des réflexions qui ne sont pas inintéressantes mais qui parasitent parfois son œuvre. Il y a déjà ce découpage en deux parties bien distinctes, qui est très brutal, entre une première partie bavarde et contemplative, et une seconde beaucoup plus déroutante, entre cauchemars et divagations macabres.
Ce découpage narratif ne crée pas une progression assez limpide, assez cohérente pour accrocher de bout en bout, et pour créer quelque chose autour des personnages (on pense à Scènes de la Vie Conjugale qui y parvenait).

De plus, le dosage du film est assez bancal, ne parvenant jamais à trouver un juste milieu, entre l'hystérie ambiante et les silences méditatifs, à tel point que le film déroute et ennuie quelque peu. Bergman veut à la fois faire de la psy et créer du malaise, mais son film est trop court pour parvenir à entretenir les deux. C'est pour cela que la beauté contemplative de l'île, le silence du couple qui se brise, les pulsions refoulées, la décomposition lente des corps et de la chair (coucou CroCro) ne sont pas aussi puissantes, Bergman laissant hélas beaucoup moins les images parler à la place des acteurs que dans "La Source" ou "Le Septième Sceau".

La Guerre du feu
6.9

La Guerre du feu (1981)

1 h 40 min. Sortie : 16 décembre 1981. Aventure, Drame, Historique

Film de Jean-Jacques Annaud

SpaceTiger7 a mis 6/10.

Annotation :

24 Janvier

"La Guerre du Feu" est l'exemple typique de la production des années 80. Celle qui a su offrir Indiana Jones ou Star Wars au public, en associant grand spectacle visuel et intrigues intimistes.
Ce film ne déroge pas à la règle, bien qu'il se situe dans une période peu fréquentée au cinéma : la Préhistoire.
Pour réussir son coup, Annaud s'appuie sur un réalisme très documenté tout en romançant son intrigue et ses personnages.
Malheureusement, il oublie quelque peu les enjeux et le scénario, se limitant à une œuvre très dépouillée, effleurant certains sujets, comme les croyances, la peur, le mystique.
Le film essaie de coller à l'idée que l'on se fait des premiers hommes, mais ne parvient qu'à captiver par intermittence.
Certains passages sont très réussis (la scène finale, les lions, la première bataille, le feu...) mais beaucoup d'autres étirent un récit qui raconte assez peu de choses, et qui semble privilégier un réalisme dépouillé, ne parvenant qu'à effleurer l'émotion, les passages intimes manquant singulièrement d'une poésie visuelle, qu'on retrouvera pourtant dans "L'ours" six ans après.

Les Mariés de l'An Deux
6.3

Les Mariés de l'An Deux (1971)

1 h 38 min. Sortie : 7 avril 1971 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de Jean-Paul Rappeneau

SpaceTiger7 a mis 6/10.

Annotation :

25 Janvier

Après "Cartouche", Belmondo se lançait dans une nouvelle comédie historique avec "Les Mariés de l'an deux", troquant Claudia Cardinale pour une nouvelle partenaire, Marlène Jobert.
Sous ses airs de comédie, le film est en effet agrémenté d'une réalité historique et d'éléments intéressants, relativisant un certain manichéisme entre les révolutionnaires de tous bords. La thématique historique est au cœur du récit, mais passe souvent au second plan, derrière les cascades de Bébel et sa romance assez plate avec Marlène Jobert. Si certains passages sont drôles grâce au talent des acteurs, la mise en scène manque parfois de subtilité et d'inventivité, mais aussi d'un souffle épique plus important dans une dernière partie qui traîne un peu en longueur.
Ces défauts sont assez bien compensés par un bon sens du rythme, un excellent casting (petite apparition sympa de Dewaere) et une bonne b.o de Michel Legrand. Sympathique.

Sonate d'automne
7.9

Sonate d'automne (1978)

Höstsonaten

1 h 37 min. Sortie : 11 octobre 1978 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

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28 Janvier

On pourrait croire que lorsque l'on s'enfonce dans la filmographie de Bergman, une certaine lassitude se crée. Après tout, ses films développent les mêmes thèmes, les variations sur la forme sont parfois très subtiles, et les acteurs changent très peu.
Mais, on arrive toujours à être surpris, troublé, marqué par un film de Bergman. "Hostsonaten" est une oeuvre qui se rapproche de "Cris et Chuchotements" ou de "Scènes de la vie Conjuguale".
Bergman y dévoile l'intime à travers une introspection douloureuse et lente des tourments d'une mère et sa fille.

Le cinéaste suédois fait dans l'économie de plans, simplifiant l'art de la mise en scène à des champs-contrechamps, des plans fixes, etc.Sans prouesse technique, mais avec un regard de peintre et de psy, Bergman fait durer chaque plan jusqu'à sa maturation : ici, le regard admiratif d'une fille levant les yeux vers son modèle froid, là, une jeune handicapée en pleine crise mentale. L’œuvre trouve ainsi une profondeur qui parvient à émouvoir, tout en mettant régulièrement mal à l'aise.

Les dialogues sont ciselés, violents et doux à la fois, ils contiennent absolument toutes les contradictions du film :
l'amour est rongé par la rancœur, l'incompréhension, les non-dits, la solitude. Si les protagonistes ne se dévoilent jamais entièrement, entretenant toujours une part de mystère sur leurs intentions, les failles qu'elles laissent entrevoir sont immenses.

Angoisse
7

Angoisse (1987)

Angustia

1 h 26 min. Sortie : 19 avril 1989 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Bigas Luna

SpaceTiger7 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

29 Janvier

On a parfois tendance à oublier que le cinéma européen n'est pas qu'un grand représentant des genres dits "classiques" et qu'il peut concurrencer les américains, dans des genres tels que l'horreur (ou la science-fiction). Les italiens sont passés maîtres en la matière, mais les espagnols ont aussi leur mot à dire.
"Angoisse" s'inscrit dans la tradition de ces films d'horreur qui interagissent avec le spectateur à travers une habile mise en abîme. Un slasher dérangeant (et un peu fou aussi) est projeté à l'écran et infuse sur la réalité des spectateurs, créeant un second film, réel dans la fiction.

Un postulat très malin qui se développe grâce à son unité de lieu : un petit cinéma en plein été. On retrouve d'ailleurs cette chaleur, presque étouffante, dans la salle à mesure que le récit progresse. Bigas Luna superpose intelligemment les deux films, jusqu'à leur confusion, leur rencontre, leur convergence. L'écho permanent sur les spectateurs se reflètent sur nous, comme dans un miroir : leur angoisse devient la nôtre. Les films se font écho, les réactions des spectateurs aussi, formant un véritable miroir cinématographique. Malin et efficace, si l'on fait fi de certains excès formels (le dosage des effets n'est pas maîtrisé), et d'un récit parfois incohérent. Un petit coup de maître qui respire l'amour du cinéma, jusqu'à la folie.

La La Land
7.5

La La Land (2016)

2 h 08 min. Sortie : 25 janvier 2017 (France). Comédie musicale, Comédie dramatique, Romance

Film de Damien Chazelle

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

31 Janvier

J'avais beaucoup apprécié le film précédent du cinéaste ('Whiplash") et pourtant, je n'attendais pas particulièrement ce film.
L'engouement et l'enthousiasme de nombreux spectateurs n'est cependant pas étonnant. Il est difficile de résister à l'entrain, l'énergie, la douce euphorie qui gagne le film dès son entame.
Hommage modernisé et nostalgique aux grandes comédies musicales de l'âge d'or (les références pleuvent, de Minnelli à Gene Kelly avec un détour par Jacques Demy), "La La Land" s'inscrit dans cette belle lignée avec un savoir-faire technique et narratif indéniable. Au milieu de la fourmillière et des paillettes, Chazelle filme un véritable conte de fées moderne, aux allures de mélo romantique, qui ne se complaît jamais dans les écueils du genre (à peine a t-on une scène de dispute inutile). Il s'agit ici d'un mouvement permanent, qui rebondit sans cesse, ne se fixe jamais et ne possède aucune frontière (La La Word ?). Derrière la virtuosité et la direction artistique, Chazelle manque cependant un peu de tact, de finesse, trop écrasé par le poids des hommages, trop obsédé par la perfection des formes, oubliant parfois qu'une comédie musicale peut aussi créer du miracle, de l'imprévu (cf. cette apparition magique de Gene Kelly dans "Les Demoiselles"), livrant un film un peu trop schématique. Une belle confiserie sucrée, mais auquel il manque un supplément d'âme et d'émotion. On sent pourtant l'ambition de toucher le public, de ne pas se contenter de jolis cadrages, mais l'émotion ne prend que partiellement, affleurant trop tardivement dans une scène finale très douce.

Missing - Porté disparu
7.5

Missing - Porté disparu (1982)

Missing

1 h 56 min. Sortie : 26 mai 1982 (France). Drame, Thriller, Historique

Film de Costa-Gavras

SpaceTiger7 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

3 Février

On peut toujours trouver à redire sur le cinéma de Costa-Gavras puisqu'il est engagé aussi bien humainement que politiquement, et donc sujet à controverse, à une vision du monde occidentalisée.
Le régime de Pinochet ne peut être perçu par les chiliens de la même façon que nous le percevons. Néanmoins, Costa-Gavras s'appuie ici sur des recherches documentées autour du putsch Pinochet, d'une histoire vraie, comme il en existe des dizaines encore aujourd'hui, celle d'une disparition d'un ressortissant étranger, souvent journaliste/écrivain, dans un pays éprouvé par une dictature militaire. En 1982, c'est déjà un film courageux, d'autant plus que "Missing" ne montre pas que les abus de pouvoir du régime chilien, mais bien les connivences entre les gouvernements américains et chiliens, la participation du monde occidental à une prise de pouvoir sanglante, méprisant toute considération humaine au nom de la raison d'état. Il s'agit ici de dénoncer et de montrer sans complaisance et frontalement les exactions politiques du régime Pinochet, la passivité des ambassades étrangères, la corruption latente, l'omerta généralisée d'un pays terrorisé.

Cela pourrait n'être qu'un très bon documentaire si Costa-Gavras s'était contenté de cela, mais il parvient à faire de "Missing", une œuvre profonde et troublante. C'est un père qui part à la recherche de son fils, alors qu'il semble le détester. Une histoire d'amour entre incompréhension et absences, celle d'un père pour son fils, celle d'un fils qui disparaît au moment où son père s’intéresse à lui.

C'est forcément très fort, parce qu'on a l'impression que la toile de fond du film (si importante aux yeux du cinéaste) s'efface pour faire de la place à l'émotion brute, sincère, sans pathos excessif. Jack Lemmon est d'une grande justesse. Il incarne à merveille l'américain à la fibre patriotique, celui des années 40-50, confronté au choc générationnel des mouvements idéalistes post-68. C'est aussi ce qui est raconté dans "Missing", l'amour paternel, au-delà des divergences politiques et des convictions profondes.

Domicile conjugal
7.1

Domicile conjugal (1970)

1 h 37 min. Sortie : 9 septembre 1970. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

6 Février

De nouvelles aventures du vagabond Antoine Doinel...enfin plus tout à fait, puisqu'il s'agit ici de son premier mariage avec Christine.
Truffaut n'a rien perdu de son sens très précis de la mise en scène, toujours fine et subtile, regorgeant de petits détails et clins d’œil au cinéma. Si le ton évolue à nouveau, moins léger, plus grave et monotone que dans "Baisers volés", Truffaut distille toujours une tendresse et une douceur très littéraires, derrière les déchirements classiques du couple, derrière le côté routinier de l’œuvre.

Truffaut n'est pas Bergman et sa vision du couple passe aussi par l'évasion, l'imprévu, l'inattendu. Le film ne conçoit pas un modèle précis, ancré dans les mœurs, mais une vision plus souple et plus libertaire (Pétain est cité avec une ironie légère), plus moderne, comme Truffaut a toujours su l'être en dépit des apparences, qui l'ont étiqueté plus "classique" et plus "sage" que Godard et ses acolytes. Bien sûr, ce n'est plus tout à fait une révolution, c'est bien plus une évolution. Celle d'un Antoine Doinel dans toutes ses contradictions, toujours incarné à la perfection par J-P Léaud.

Aguirre - La colère de Dieu
7.7

Aguirre - La colère de Dieu (1972)

Aguirre, der Zorn Gottes

1 h 33 min. Sortie : 26 février 1975 (France). Aventure, Drame, Historique

Film de Werner Herzog

SpaceTiger7 a mis 7/10.

Annotation :

9 Février

Oeuvre légendaire, mystérieuse, chaotique, apocalyptique, "Aguirre" est forcément un morceau de cinéma unique et atypique.
C'est un film qui frappe très rapidement par son mysticisme, qui imprègne les acteurs (KK est dans un état second de bout en bout), la bande-son, les images, la caméra. Lent, hypnotique, 'Aguirre" possède déjà une empreinte très forte. Herzog, conscient de ses qualités et sûr de sa mise en scène, déroute sans arrêt le spectateur, suggèrant la violence et la sauvagerie des conquistadors. Il dit pourtant beaucoup de la vanité humaine et de sa vacuité face à une nature étouffante et luxuriante.

L'expédition se transforme en une mélopée sauvage, qui s'enfonce lentement dans une nature dévorante et obsédante (autant que l'incroyable bande-son). On imagine alors toutes les influences, de Coppola à Malick, tout ce qu'Herzog a pu enfanter par son sens de l'image. Et, on finit aussi par s’imprégner des images de cet opéra baroque et absurde, où un Kinski halluciné, sorte de Captain Achab de l'Amazone, s’enivre de légendes indiennes, jusqu'à la folie. Herzog décrit ainsi le mouvement de l'homme, faire glisser la folie et la vanité de notre monde, vers un autre monde, plus grand mais encore invisible, indicible, intouchable. Un monde chrétien.

Manhattan
7.5

Manhattan (1979)

1 h 36 min. Sortie : 5 décembre 1979 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Woody Allen

SpaceTiger7 a mis 8/10.

Annotation :

11/13 Février

Je l'ai vu deux fois pour le noter, et je ne suis même pas sûr que ce soit un jugement définitif. Il faudrait le revoir en connaissant mieux le cinéma d'Allen, tant il ressemble à un film de la maturité.
Peut-être que ce n'est qu'une impression et qu'Allen a toujours été ce gringalet de quarante ans, chétif et drôle, tendre et sarcastique.
"Manhattan" est un film qui fait la part belle aux personnages, Allen bien sûr mais aussi les femmes qui entrent et sortent de sa vie.
C'est aussi un film sur la ville fétiche du cinéaste, New-York, filmée sous un jour plus romantique que chez Scorsese.
J'ai le sentiment que c'est un film qui ne peut pas plaire aux adeptes des extrêmes, tant Allen nuance son propos, ne prend pas de parti-pris, ne fait pas pencher la balance d'un côté.

L'indécision, l'hésitation, l'inconnu, les occasions manquées, "Manhattan" décrit une réflexion existentialiste, qui n'use pas de grands discours. Allen préfère s'attarder sur le dialogue, par l'humour ou le sarcasme, sur les regards, sur le mouvement de l'homme. L'amour, l'amitié et surtout la solitude. En évoquant en filigrane une problématique majeure, qui hanta longtemps le cinéma américain, la solitude à l'échelle d'une grande métropole. Derrière les masses bruyantes, la fureur des taxis et des piétons, l'omniprésence des écrans, des télévisions, Allen ne voit qu'une infinie solitude, sentimentale et physique.

"Manhattan" décrit ainsi une des angoisses fondamentales de l'homme au cœur des sociétés modernes : ne plus être aimé, ne plus exister aux yeux des autres.
Derrière le vernis de l'humour et des sarcasmes, éclate une profonde tristesse, une solitude qui ne se dévoile que pudiquement. En ce sens, et dans un registre radicalement différent, "Manhattan" est le complètement parfait du "Taxi Driver" de Scorsese : une synthèse des angoisses matérialisées par un Nouvel Hollywood au crépuscule de son existence.

Boogie Nights
7.6

Boogie Nights (1997)

2 h 35 min. Sortie : 18 mars 1998 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

SpaceTiger7 a mis 8/10.

Annotation :

17 Février

Sujet ambitieux pour un cinéaste qui l'est tout autant, "Boogie Nights" descend de toute évidence d'un mélange entre les univers de Scorsese et De Palma, grands maîtres de la fresque bouillante en milieu décadent. Le monde de la pornographie est ici évoqué sous son jour le plus clinquant, épousant la trajectoire météorite de ses personnages, et d'une époque de transition entre deux décennies sulfureuses. Le film saisit très bien cette vitesse, avec une grande fluidité dans la réalisation, cette fulgurance qui appartient à la fois à ce milieu complètement irrationnel du show-business et à cette époque libertaire, où les limites ne sont jamais clairement établies.
Anderson est très habile dans ce traitement et use d'une certaine subtilité, d'une vraie souplesse dans l'écriture.

Il joue d'abord sur une corde dramatique, Wahlberg, Moore et leurs acolytes étant tous des minables, des camés, des ratés, et leur solitude, leur détresse émotionnelle explose au fil du film, jusqu'à au point de rupture qui précède l'épilogue.
Mais, le film n'est jamais complètement premier degré, unilatéral, linéaire. A l'image des Frères Coen, PTA se montre très à l'aise dans les ruptures de ton, dans l'humour satirique et les sarcasmes. Il manie parfaitement le sens de son récit, et joue de ces figures d'anti-héros, de losers sacrifiés sur l'autel d'une époque qui leur a pris bien plus qu'elle ne leur a offert.

Ce détachement dans l'humour se répercute aussi sur la réalisation. Empreinte d'une grande virtuosité, elle fait aussi parfois dans le minimalisme, dans la suggestion, dans la sobriété. Presque une mise en abîme du film pornographique. Il s'agit de dévoiler et de montrer tout en tenant en haleine le spectateur (ou voyeur, c'est comme vous voulez), suffisamment longtemps, et cela passe par une certaine mesure dans la démesure. Jusqu'à ce fameux plan final...

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