Dictionnaire du Krautrock
"La scène rock la plus étrange du monde" - Ian MacDonald
L'objectif ici est d'explorer l'ensemble de la scène rock allemande qui a émergé durant la guerre froide.
Nous procéderons de manière alphabétique, artiste par artiste, et tenterons de passer en revu la grande majorité des œuvres ...
21 albums
créée il y a 10 mois · modifiée il y a environ 2 moisMalesch (1972)
Sortie : juin 1972 (France). Krautrock, Prog Rock, Electronic
Album de Agitation Free
timsavornin a mis 9/10.
Annotation :
Formé en 1967, Agitation Free mettra cinq grosses années avant de se stabiliser, pour sortir leur premier album, Malesch, en 1972.
Lors d'un concert dans un club berlinois au début de l'année 1971, le consul allemand au caire est présent dans la foule. Conquis par la musique du groupe, il cherche dans la foulée à rencontrer les membres pour organiser une tournée de quelques semaines au Proche-Orient. Un an plus tard, les membres d'Agitation Free s'envolent pour le Caire, où ils donneront concerts sur concerts dans toute la région pendant près de deux semaines.
A leur retour en Allemagne, ils se rendent en studio pour des séances d'improvisations alimentées par les influences de la culture orientale. Ces séances studios aboutiront à ce premier album.
Sept morceaux, près de 40 minutes de musique. L'album est très marqué de ces batteries rugissantes fidèles au mouvement krautrock, mais trouve sa particularité dans le sur-usage de l'orgue Hammond joué par Peter Michael Hamel - alors extérieur au groupe - en plus de toutes les influences orientales, de la cover à certains passages instrumentaux.
On est par moment très proche de ce qu'à pu faire Amon Düül II.
2nd (1973)
Sortie : juillet 1973 (France). Krautrock, Prog Rock, Electronic
Album de Agitation Free
timsavornin a mis 7/10.
Annotation :
Après Malesch, Agitation Free gagne en popularité et multiplie les concerts en Europe, notamment en France où ils se produiront beaucoup.
Seulement un an après, dans une période un peu plus calme, ils enregistrent à Munich leur deuxième album sobrement appelé 2nd, sous fond de conflits entre certains membres.
Probablement plus facile et moins exotique que Malesch, aux guitares plus claires, 2nd est plus évident et mieux maîtrisé - ce qui n'en fait pas nécessairement une qualité. Tout en restant dans le krautrock, on tend davantage vers le rock progressif dans les riffs, rythmes et structures. L'orgue ne disparaît pas mais passe au second plan, tandis que l'électronique est consacré à des morceaux entiers.
Il faut attendre le dernier morceau - Haunted Island - pour l'apogée de l'album, même si tout le monde citera probablement Laila.
Last (1976)
Sortie : 1976 (France). Krautrock, Electronic, Space Rock
Album de Agitation Free
timsavornin a mis 5/10.
Annotation :
Le deuxième album est sorti, Agitation Free enchaîne avec une nouvelle tournée européenne de près de deux ans, qui épuisera le groupe. Lassé et fatigué, Agitation Free décidera de leur séparation durant l'année 1974, sept ans après leur formation, avant que leur label ne leur demande un troisième et dernier album.
Last sortira en 1976, album tiré de trois lives entre 1973 et 1974.
Un premier morceau d'expérimentation sonore à la Tago Mago de CAN, avant de pencher sur la guitare électrique, permettant le liant avec le deuxième morceau, reprise de leur célèbre titre Laila, sur 15 minutes durant lesquelles le son de guitare traditionnel du groupe sera détaillé sur un fond de batterie très libre, fidèle aux phases d'improvisation typique du genre, et une basse tremblante, elle aussi familière à la sonorité d'Holger Czukay (CAN). A la fin de ce trop long Laila II, démarre le dernier morceau Looping IV, nouvelle plage interminable de musique ambiante - hormis un court extrait de rock à la guitare parsemé de sonorités orientales - pièce minimaliste jouée en concert pour la première fois deux ans auparavant à Varsovie.
Last a pour défaut de rester dans des carcans établis depuis longtemps, sonnant, si ce n'est comme une copie, au moins comme une forte inspiration de tout ce que leurs contemporains ont pu faire ces dernières années. Le caractère unique de Malesch, quatre ans après, semble bien éloigné.
En 1998, le groupe sera reformé rapidement pour aboutir à un quatrième projet, River of Return, désormais loin de la période krautrock. Il ne sera pas abordé dans cette liste.
Psychedelic Underground (1969)
Sortie : 1969 (France). Krautrock, Rock, Experimental
Album de Amon Düül
timsavornin a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Simplement une communauté hippie dans un premier temps, Amon Düül sortira leur premier enregistrement musical deux ans après leur formation : Psychedelic Underground est l'un des premiers témoins du mouvement krautrock, posant par la même occasion certains de ses fondements.
Initié en 1967 par les frères Leopold - Ulrich et Peter - et Falk U. Rogner dans leur appartement munichois, Amon Düül est de prime abord un "collectif artistique multimédia" qui ambitionne de toucher à de multiples supports. La même année, les trois membres initiaux déménagent dans un nouvel appartement avec plusieurs de leurs amis récents : l'espace artistique est ainsi trouvé. Entre 1967 et 1968, nombreux individus défilent dans cet espace. Musicalement, le groupe multipliera les concerts "bruyants" dans la ville, c'est en tout cas ce que rapportera Wim Wenders qui les écoutera jouer - et qui filmera un concert d'Amon Düül II à la fin des années 1960. A ce moment-là, Amon Düül comptabilise treize membres permanents.
En 1968, certains membres s'éloigneront du mouvement originel pour former Amon Düül II à cause de différentes divergences. A la fin de l'année, les membres restants déménagent à Berlin pour se lier au groupe Kommune 1 qu'ils ont rencontré lors du festival d'Essen. C'est là-bas (Berlin) qu'ils enregistrent en l'espace de 48 heures Psychedelic Underground.
Près de 41 minutes de musique expérimentale répandue sur 6 morceaux - dont un de 17 minutes - le "bruit" mis en avant est uniquement improvisée. Aucun morceau n'est écrit en amont - schéma qui sera très utilisé dans les débuts du krautrock, l'exemple le plus flagrant et le You Doo Right de CAN présent sur Monster Movie - le tout est un ensemble de guitares, percussions et bruitages vocaux - notamment des beuglements.
Et bien, il faut s'accrocher. La musique est complétement destructurée en plus d'être brouillonne, et l'enregistrement n'est pas de très grande qualité. On remarque néanmoins les influences originelles du groupe, le Velvet Underground en tête.
Là où Psychedelic Underground est le plus intéressant, c'est dans son procédé de conception. C'est à la fois le condensé d'idées venues en 48 heures à un instant T, mais aussi le résultat d'une maturation de près de deux ans dans un appartement de treize artistes - très souvent drogués - de tout un schéma créatif assez inédit mais tellement caractéristique de cette période hippie. C'est aussi plus facile à appréhender lorsque l'on sait que le groupe n'avait au
Collapsing - Singvögel Rückwärts & Co. (1969)
Sortie : 1969 (France). Krautrock, Prog Rock
Album de Amon Düül
timsavornin a mis 6/10.
Annotation :
De cette session berlinoise de 1969 accouchera deux autres albums : Collapsing ; Lüüd Noma (pas présent sur la base de données sens critique).
Ce sont deux autres exemples qui sont façonnés de la même manière que Psychedelic Underground, assez similaires sur le propos musical, mais qui mettent néanmoins davantage en avant les percussions tribales au détriment des séquences de guitares.
Paradieswärts Düül (1970)
Sortie : 1970 (France). Krautrock, Prog Rock
Album de Amon Düül
timsavornin a mis 8/10.
Annotation :
En 1970, un an plus tard, Amon Düül retourne une deuxième (et dernière) fois en studio pour accoucher de Paradieswärts Düül. Il y a initialement trois morceaux (les trois premiers), mais deux supplémentaires sont disponibles (les deux derniers) sur les plateformes de streaming, et sont d'ailleurs très très bon.
Et ce n'a plus grand chose à voir avec les trois premiers albums d'improvisation qui nous ont été proposé.
Déjà, Amon Düül a une voix. Ensuite, on est plus proche d'un folk psychédélique qu'autre chose. Un rythme de batterie/percussions, une basse, une légère guitare, et une flûte qui accompagne le tout.
Il m'a fallu du temps avant de passer au-delà de l'ennui qui s'en dégage aux premières impressions, pour aboutir à un véritable plaisir paisible. Paradieswärts Düül est un excellent album qui demande du temps.
Une grande relaxation chamanique. "Love is peace / Freedom is harmony".
Paradieswärts Düül est évidemment l'oeuvre la plus facile du groupe. Les morceaux ne manquent pas d'originalité, il faut simplement appréhender l'album différemment, en oubliant toute folie pour se laisser bercer par la simplicité. Pas ce qui a de plus courant dans le krautrock, mais c'est l'oeuvre d'Amon Düül à découvrir avec Psychedelic Underground.
A découvrir.
Phallus Dei (1969)
Sortie : 1969 (France). Krautrock, Electronic
Album de Amon Düül II
timsavornin a mis 7/10.
Annotation :
En 1968, la communauté Amon Düül se fissure pour des raisons politiques, le collectif souhaitant se rapprocher de Kommune 1, communauté politique berlinoise. Amon Düül émigre à Berlin tandis que Amon Düül II emménage dans la banlieue de Munich.
A peine installé, le groupe multiplie les concerts, jouant une fois par semaine, le lundi, au club PN de Munich, et se rendent régulièrement à la Jazzkeller. Le groupe se fait très rapidement un nom dans la scène underground. Il signe un contrat avec Liberty Records - CAN - apparaît dans différentes revues, et prévoit un projet d'enregistrement de concert avec Wim Wenders encore en école de cinéma et Rüdiger Rüchtern, colocataire d'une journaliste proche du groupe.
Phallus Dei est enregistré en deux jours, comme Psychedelic Underground.
L'album s'ouvre sur le titre éponyme, Phallus Dei, d'une durée de vingt minutes. On ressent dans un premier temps l'influence (évidente) d'Amon Düül sur la très récente formation. Le morceau s'ouvre sur les mêmes plages tribales si caractéristiques du groupe, avant de s'émanciper, au bout de quatre minutes, sur ce qui fera la plus grande différence entre les deux entités : la capacité d'Amon Düül II à accélérer le rythme de ses compositions et à se laisser aller complétement. C'est à la fois très abstrait et très concret, surtout que Phallus Dei est un des premiers albums du genre à sortir, alors que dans le même temps, CAN vient d'enregistrer Monster Movie à Cologne. La troisième partie du morceau retourne dans le tribal et est beaucoup moins parlante. Plus décousue dans les idées et moins intéressante. C'est avec plus de difficultés qu'on arrive au bout de la deuxième moitié.
Démarre ensuite la seconde partie de l'album, segmentée en quatre morceaux qui sont difficiles à juger tellement le mysticisme qui s'en dégage est fort. Déjà par ces guitares, si particulières. Ensuite, par tout le travail effectué par les voix, qui, sans faire tâche, ne peuvent que déstabiliser. On notera le très bon Luzifers Ghilom qui met un peu de temps à démarrer, pour ensuite sûrement arriver à ce qu'Amon Düül II peut produire de mieux pour le moment.
On ressent qu'Amon Düül II a tout un potentiel, probablement plus qu'Amon Düül, mais il semble pour l'instant être trop disparate.
Phallus Dei reste néanmoins l'un des tout premiers exemple concret de krautrock, au sens de musique réellement "écoutable". La preuve, Phallus Dei se vendra à 40 000 exemplaires.
Deux morceaux seront ajoutés plus tar
Yeti (1970)
Sortie : avril 1970 (France). Krautrock, Electronic
Album de Amon Düül II
timsavornin a mis 9/10.
Annotation :
Entre Phallus Dei et Yeti, Amon Düül II se produit plusieurs fois en festival - dont celui de Essen déjà abordé lorsqu'on parlait d'Amon Düül - et quelques changements ont lieu dans la composition du groupe. Le groupe déménage également et change de banlieue, l'ancienne maison étant dans un état lamentable pourri par la présence des rats.
En 1970, le groupe retourne en studio pour enregistré Yeti, album en deux parties qui sera le plus grand succès du groupe, commercial comme critique.
La première partie, intitulée Soap Shop Rock, est un prolongement beaucoup plus concret de la musique qui était produite sur Phallus Dei. A la première écoute, elle est impressionnante. De par ses sonorités, toujours aussi folles et surprenantes, qui sont utilisées de bien meilleure manière que sur Phallus Dei, notamment le mélange entre violon et guitare électrique. De par sa batterie, qui ne s'arrête (presque) jamais. Et enfin, de par les voix, qui ont quitté le tribal pour s'inscrire dans une dimension plus réelle, sans renoncer à leurs particularités. On n'est qu'à une toute petite distance du champ lyrique sur Gulp a Sonata. Le seul problème, c'est que une fois l'effet de surprise passé, on se rend compte que cette première partie a moins de qualités qu'espéré. Comme s'il y avait une sorte de plafond et de regret de ne pas être allé encore plus loin.
C'est surtout le deuxième CD qui fait de Yeti un très grand disque. Amon Düül II retourne au caractère improvisé du krautrock pour accoucher des exceptionnels Yeti (improvisation) et Yeti talks to Yogi (improvisation) qui font partis des mes morceaux préférés. Surtout Yeti Talks to Yogi, qui condense en six minutes toute une dose de folie qui explosera à un moment bien précis. Sans renouer avec les démons d'Amon Düül en se perdant dans l'expérimentation, le groupe réussit à produire un enchaînement d'une sincérité extrême qui est en même temps si puissante musicalement. En fait, Amon Düül II vient de résoudre les manquements de la première partie. Sur Sandoz in the Rain (improvisation), le dernier morceau de l'album, Amon Düül II invite certains de leurs anciens partenaires pour enregistrer le morceau qui se veut complétement différent, beaucoup plus folk, un peu à l'image de Paradiewärts Düül. Sandoz in the Rain s'intègre très bien sans non plus être un temps fort.
Yeti est l'un des tous meilleurs disques de Krautrock. Un immanquable. Une illustration de toutes les qualités du genre.
Dance of the Lemmings (1971)
Sortie : 1971 (France). Krautrock, Psychedelic Rock, Electronic
Album de Amon Düül II
timsavornin a mis 6/10.
Annotation :
L'enchaînement entre Yeti et Tanz der Lemminge est très rapide. Malgré le succès critique et commercial de Yeti, certains membres ont quitté le groupe, tandis que d'autres l'intègre. Les membres fondateurs, eux, sont encore là. Entre avril 1970 et la sortie de Dance of the Lemmings en février 1971, Amon Düül II participe également à quelques interviews et festivals.
Tanz der Lemminge se veut beaucoup moins sauvage que ce que pouvait être Phallus Dei et Yeti. Non pas que le groupe change d'identité - du moins pas encore - car certaines sonorités demeurent très reconnaissables, mais le registre s'oriente quand même davantage vers une sorte de folk psyché et de rock progressif. Ce nouveau projet tend à mettre en avant et à réaliser les projets des fondateurs. Un peu à l'image de ce qu'avait fait Pink Floyd sur Ummagumma, chacun est à la tête d'un morceau.
Il est divisé en quatre parties, et les deux dernières composeront la bande son du film Chamsin de Veit Relin.
L'ouverture de l'album est la partition la plus progressive qu'ait pu faire Amon Düül II jusque ici. Synthelman's march of the roaring seventies est divisé en de multiples phases , assez peu claires. Il est vrai qu'on peut s'y perdre un peu et qu'on ne sait pas trop quoi en retenir. Il s'agit tout de même de la partition la plus riche de l'album avec les séquences les plus intéressantes.
La deuxième séquence, Restless Skylight Transistor Child, s'inscrit un peu dans la même veine. Une sorte de succession de phases différentes. Un petit peu au milieu de nulle part, aux environs de la treizième minute, on trouve le plus bel extrait musical de cet album. La voix est si touchante, le riff guitare si simple mais si efficace. Et le groupe finira même par incorporer cette fois-ci une six cordes pour amener toute une atmosphère orientale en décalage avec le reste de l'instrumentation.
Synthelman's march of the roaring seventies et Restless Skylight Transistor Child poursuivent la veine expérimentale d'Amon Düül II dans une démarche de composition plus appuyée.
La troisième partie est une bien trop longue exploration sonore sans grand intérêt. C'est ce qu'on a pas mal trouvé dans le krautrock pendant un certain temps, comme une sorte de précurseur de l'ambient, mais qui ne procure pas grand chose. Si, le principal intérêt de cette partie réside dans les cinq dernières minutes, qui mélangent plages sonores et rythmes de batterie.
Enfin, sur la dernière partie divisée en trois morceaux, Amon Düül II
Carnival in Babylon (1972)
Sortie : 1972 (France). Rock, Psychedelic Rock
Album de Amon Düül II
timsavornin a mis 7/10.
Annotation :
Après quelques départs et arrivées dans le groupe, quelques concerts dont un très foireux à Cologne, qui terminera en un incendie, fera deux morts, et réduira en cendres l'ensemble du matériel du groupe, Amon Düül II publie Carnival in Babylon en janvier 1972, le quatrième album du groupe.
La formation continue son évolution dans une direction bien éloignée du krautrock. La musique du groupe se veut plus lumineuse, fortement accentuée par les nouvelles intonations explorées par la chanteuse Renate Knaup ("All the Years Round").
L'album n'en reste pas moins mauvais, la musique est simplement moins originale, ou du moins ce n'est pas là où on attend le groupe. Il y a par ci par là quelques belles éclaircies à la guitare électrique qui sont dignes des premières heures et "C.I.D. in Uruk" est une superbe démonstration musicale, probablement le meilleur morceau du disque.
Certes, le disque ne fait pas partie de leurs travaux les plus intéressants, les trois albums précédents ayant plus d'intérêt à proprement parler, mais Carnival in Babylon demeure tout de même une belle pièce à découvrir, dans un registre bien plus abordable et évident. L'époque des grandes plages d'expérimentations et d'improvisations semble bien lointaine.
Wolf City (1972)
Sortie : 1972 (France). Krautrock, Psychedelic Rock, Electronic
Album de Amon Düül II
timsavornin a mis 7/10.
Annotation :
Dans la foulée, en décembre, Amon Düül II enregistre Wolf City.
Le groupe effectue un retour aux sources inattendue, tout en puisant dans les répertoires prog et folk qui avaient été exploitées dans les deux opus précédents.
L'introduction "Surrounded by the Stars" est le meilleur morceau publié depuis un bon bout de temps, Renate Knaup remettant sa voix au service d'un rock plus sombre. Le morceau est tout de même entaché par un extrait lumineux style Carnival In Babylon en plein milieu (et qui reviendra sur le fin) qui ne s'intègre pas bien au reste de l'ensemble. On sort malheureusement de ces sept premières minutes un peu frustré.
Parmi les grands moments, il y a le riff de fin de "Jail-House Frog" qui rappellera les premières idées du groupe, le très bon "Wolf City" qui se serait parfaitement introduit dans Yeti, et l'étonnant "Sleepwalker's Timeless Bridge" qui est un morceau rock beaucoup plus classique, mais très réussi.
Le groupe a également probablement entendu l'excellent Malesch d'Agitation Free durant l'année pour tenter de faire la même chose sur "Wie der Wind am Ende einer Strasse". Le résultat est étonnamment bon.
L'album reste parsemé de moments moins intéressants qui viennent légèrement entacher le sentiment global qui ressort à la toute fin de l'écoute. La longue étendue contemplative sur "Jail-House Frog" n'apporte pas grand chose tandis que "Green Bubble Rainccoated Man" alterne entre le très bon et le niais. "Deutsch Nepal" est lui totalement dispensable.
Wolf City est probablement l'un des tout meilleur album du groupe, derrière Yeti bien sûr, et sûrement Phallus Dei qui jouissait tout de même d'une sincérité particulièrement intéressante. Amon Düül II a enfin trouvé l'équilibre qu'ils ont tant cherché ces dernières années entre une musique susceptible de se vendre mais qui reste propre à leur univers.
Vive La Trance (1973)
Sortie : 1973 (France). Rock, Psychedelic Rock
Album de Amon Düül II
timsavornin a mis 7/10.
Annotation :
Vive La Trance est publié un an plus tard, en 1973, et correspond au dernier album de cette première phase du groupe (1969-1973) plus ou moins orienté krautrock.
Vive La Trance n'apporte rien de nouveau à ce que pouvait faire le groupe auparavant, sans non plus manquer le coche, le groupe étant toujours aussi doué pour jouer du rock. Certaines séquences sont très bien amenées.
S'en suivra une succession d'albums moins marquants et davantage commerciaux, loin de l'essence libertaire qui caractérisait le groupe à ses débuts. Ces albums ne seront pas traités ici ( "Hijack", 1974 ; "Made in Germany", 1975 ; "Pyragony X", 1976 ; "Almost Alive", 1977 ; "Only Human", 1978 ; "Vortex", 1981 ; "Nada Moonshine", 1995 ; "Duulirium", 2014.
Osmose (1970)
Sortie : 1970 (France). Krautrock, Jazz, Free Improvisation
Album de Annexus Quam
timsavornin a mis 8/10.
Annotation :
Annexus Quam s'inscrit dans la même lignée qu'Amon Düül et qu'Amon Düül II à leurs débuts.
Dans la perspective de s'inscrire dans un mouvement qui s'écarte de la musique tendancielle en Grande Bretagne, Annexus Quam improvise l'ensemble de ses compositions.
Le groupe trouve ses racines à Dusseldorf, et naît du mélange de deux formations musicales, "Ambition of Music" et "Die Falken", qui fusionnent ensemble en 1968. A partir de 1967, les deux groupes répètent ensemble sous la forme de longues séquences d'improvisation collective.
Un premier album, Osmose, est publié à la fin de l'année 1970, trois ans après la formation initiale du collectif. Il est divisé en quatre morceaux qui, les uns à côtés des autres, n'en forment qu'un long. Durant 36 minutes, Annexus Quam développe une partition principalement Free Jazz et Avant-garde, deux mouvements qui sont étroitement liés au Krautrock.
Artistiquement, Osmose se rapproche du fracas que peut être Psychedelic Underground, sous une forme beaucoup plus aboutie qui ne se perd pas (ou peu) dans les longs délires tribaux qui caractérisaient le premier album d'Amon Düül. L'album atteint même selon moi un véritable sommet lors des premières minutes du quatrième et dernier morceau, qui tisse un rythme frénétique progressif.
Beziehungen (1972)
Sortie : 1972 (France). Electronic, Jazz, Free Improvisation
Album de Annexus Quam
timsavornin a mis 8/10.
Annotation :
Sur le deuxième album d'Annexus Quam, il est encore plus difficile de parler de krautrock dans son sens véritable. Le groupe met de côté toute base rythmique et repousse à un très éloigné second plan la guitare électrique. En réalité, on a basculé du côté jazz expérimental plutôt que rock.
Beziehungen est très proche de ce que pouvais faire un groupe tel que Henry Cow, très proche de Robert Wyatt, le meilleur comme le pire.
Si le premier morceau est une superbe ouverture de cinq minutes aux allures épiques, Annexus Quam s'égare sur Leyenburg 1, ou le rythme - toujours comme chez Cow - est insufflé par tout ce qui est inimaginable sauf une batterie ou des percussions, au profit d'un ensemble trop asymétrique et manquant de sens.
Le plus grand intérêt de l'album à mon goût réside dans ce long troisième morceau, véritable pièce psychédélique perturbante et enivrante, jouissant des qualités d'une flûte qui se marie parfaitement avec le fond ambiant lugubre. Dreh dich nicht um est clairement le morceau le plus intéressant de l'ensemble de leur discographie.
Ash Ra Tempel (1971)
Sortie : 1971 (France). Krautrock, Rock, Ambient
Album de Ash Ra Tempel
timsavornin a mis 8/10.
Annotation :
Ash Ra Tempel fait probablement partie des groupes de krautrock les plus importants avec CAN et Amon Düül II. Certes, Kraftwerk et Tangerine Dream sont des noms bien plus connus, mais plus éloignés du genre du fait de leur proximité avec la musique électronique.
Ash Ra Tempel justement, se forme à la suite de la première séparation de Tangerine Dream. Manuel Göttshing et Harmut Enke qui faisaient partie du Steeple Chase Bluesband rencontrent Klaus Schulze et Edgar Froese - ainsi que les membres d'Agitation Free - à partir de 1969 à Berlin. C'est également à ce moment-là que les envies d'improvisation des futurs membres d'Ash Ra se concrétisent. En 1970, Shulze se sépare de Froese et fonde avec Göttshing et Harmut Enke une nouvelle entité. Le trio fait ses premières armes en multipliant les concerts, avant d'enregistrer à Hamburg son premier album au titre éponyme en mars 1971.
"Ash Ra Tempel" est divisé en deux morceaux - "Amboss" et "Traummaschine" - qui exploitent l'ensemble de leur palette musicale : d'un côté des longues disgressions rock, de l'autre, une longue exploration sonore - qui se trouvera être l'une des premières explorations du courant Ambient. Ce schéma caractérisera une grande partie des oeuvres du groupe, étant le même sur Join Inn et Schwingungen.
"Amboss" explore une véritable dimension spatiale, que cela soit par le jeu électronique ou par les guitares électroniques lointaines qui offrent une véritable impression d'altitude. On ressent une véritable expression de liberté radicale, s'affranchissant de tout code musical et structurel. Le seul fil rouge est la batterie de Klaus Schulze qui ne faiblit jamais - le sommet rythmique étant atteint sur la quatrième partie du morceau. En quelque sorte, le groupe pose les bases de ce qui caractérisera le mouvement post-rock : de longues montées instrumentales progressives, jusqu'à une certaine déflagration finale. On est tout du long à la frontière de la musique bruitiste.
Sur "La machine à rève" le trio pose comme annoncé les prémices du courant Ambient. Incantions sphériques et plages planantes de musique électronique sont au rendez-vous. Progressivement, Gottshing disgresse à la guitare électrique.
Schwingungen (1972)
Sortie : 1972 (France). Krautrock, Electronic, Ambient
Album de Ash Ra Tempel
timsavornin a mis 8/10.
Seven Up (1972)
Sortie : 1972 (France).
Album de Timothy Leary et Ash Ra Tempel
timsavornin a mis 6/10.
Join Inn (1973)
Sortie : 1973 (France). Krautrock, Electronic, Ambient
Album de Ash Ra Tempel
timsavornin a mis 9/10.
Starring Rosi (1973)
Sortie : 1973 (France). Krautrock, Space Rock, Prog Rock
Album de Ash Ra Tempel
timsavornin a mis 7/10.
Inventions for Electric Guitar (1975)
Sortie : 1975 (France). Progressive Electronic, Krautrock
Album de Ash Ra Tempel et Manuel Göttsching
New Age of Earth (1976)
Sortie : 1976 (France). Progressive Electronic
Album de Ash Ra Tempel et Manuel Göttsching