Eloge de la lenteur
Ecrire et marcher, deux activités indissociables chez ces auteurs. Marcher par rage de fuir, pour s’arracher à la pesanteur des objets, pour trouver la fatigue qui apaise, pour trouver de l’espace qui prend du temps, pour un pèlerinage ou par dégoût des villes : ils ont tous de bonnes raisons pour ...
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créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a presque 4 ansAurélia (1855)
Sortie : 1855 (France). Récit
livre de Gérard de Nerval
-Valmont- a mis 6/10.
Annotation :
Les marches mélancoliques (NERVAL)
Dans les ruelles de Paris ou dans les forêts frissonantes, Nerval marche beaucoup, sans cesse.
C’est une marche mélancolique, rêveuse. C’est aussi une marche pour entretenir sa folie, une marche en dents de scie, de l’exhaltation la plus vive à la plus sombre angoisse. A la recherche d’Aurélia.
Une saison en enfer (1873)
Sortie : 1873 (France). Poésie
livre de Arthur Rimbaud
-Valmont- a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Les marches obstinées (RIMBAUD)
« Je suis un piéton, rien de plus »
Toute sa vie Rimbaud marcha. Pour ses espérances littéraires, pour rejoindre les villes à la recherche du succès, de Londres à Paris, de Bruxelle à Stuttgart, de Suisse à Aden, du coeur des Alpes aux marches du désert.
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
La Généalogie de la morale (1887)
(traduction Patrick Wotling)
Zur Genealogie der Moral
Sortie : 2000 (France). Philosophie, Essai
livre de Friedrich Nietzsche
-Valmont- a mis 8/10.
Annotation :
Les marches de rupture, les marches inspirantes (NIETZSCHE)
La marche pour rompre, pour s’isoler, pour creuser sa solitude, pour n’avoir de compte à rendre à personne, ni de compromis à faire. Bon montagnard, Nietzsche marche seul, souvent des journées entières.
« oh ! combien nous devinons vite comment un auteur est arrivé à ses idées, si c’est assis devant son encrier, le ventre enfoncé, penché sur le papier : oh ! combien vite alors nous en avons fini de son livre ! Les intestins comprimés se devinent, on pourrait en mettre la main au feu, tout comme se devinent l’atmosphère renfermée de la chambre, le plafond de la chambre, l’étroitesse de la chambre. »
Walden ou La Vie dans les bois (1854)
(Traduction Louis Fabulet)
Walden; or, Life in the Woods
Sortie : 1922 (France). Récit
livre de Henry David Thoreau
-Valmont- a mis 7/10.
Annotation :
Les marches sauvages (THOREAU)
Le marcheur sauvage ne ressent pas la nature, il est la nature. Il part toujours à l’aube, l’esprit tendu vers son chemin. Il fait sien tout ce qu’il voit et ne perd pas sa vie à la gagner. Il n’a pas d’Histoire, et n’en veut surtout pas. Thoreau (1817-1862) en est l’archétype.
Le Spleen de Paris (1869)
Petits poèmes en prose
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Charles Baudelaire
-Valmont- a mis 10/10.
Annotation :
Les marches urbaines, celles des flâneurs (BAUDELAIRE)
A travers les foules pressées, pendant des heures le flâneur urbain se singularise de la masse, il n’a pas d’objectifs avoués, c’est un subversif de la vitesse et de l’affairisme alentour.
Les Rêveries du promeneur solitaire (1778)
Sortie : 1778 (France). Autobiographie & mémoires, Philosophie
livre de Jean-Jacques Rousseau
-Valmont- a mis 7/10.
Annotation :
Les marches-promenades (ROUSSEAU)
Pour un bonheur tiède, non défiguré, pour se reposer des autres, pour se reposer des masques. Quand il n’y a plus à être quelqu’un et quand les passions stupides s'éloignent.
« J'aime à marcher à mon aise, et m'arrêter quand il me plaît. La vie ambulante est celle qu'il me faut. Faire route à pied par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé, et avoir pour terme de ma course un objet agréable, voilà de toutes les manières de vivre celle qui est le plus de mon goût. »
Poèmes 1806-1843 (1806)
Sortie : 31 août 2001 (France). Poésie
livre de Friedrich Hölderlin
-Valmont- a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Les marches solitaires au long cours (HOLDERLIN)
Pendant des mois, jusqu’à l’épuisement. Mais sur une boucle : des marches pour lesquelles l’objectif final, le graal, est le point de départ, pour une transmutation radicale. Pour Hölderlin ce fût Stuttgart, Strasbourg, Besançon, Lyon, les monts d’Auvergne, Bordeaux et retour.
« Je n’ai besoin que d’une paire de souliers »
Ces marches nettoient, purifient, débarrassent. A leur retour ces marcheurs ne se concentrent plus que sur l’essentiel, jusqu’à leur mort.
Du côté de chez Swann (1913)
À la recherche du temps perdu / 1
Sortie : 14 novembre 1913. Roman
livre de Marcel Proust
-Valmont- a mis 8/10.
Annotation :
Les marches rituelles (PROUST)
Celles qu’on risque même si l’on craint le mauvais temps, puisqu’elles sont courtes. Marcher pour changer d’air. Elles sont les cartes d’un monde en miniature, avec leurs couleurs, leurs odeurs, leurs rituels. Pour s’ennivrer d’aubépines et de mûriers. Les marches de l’enfance aussi.
Les Tapisseries (1913)
Sortie : 1913 (France). Poésie
livre de Charles Péguy
-Valmont- a mis 9/10.
Annotation :
Les marches d’espérance (PEGUY)
La marche est une répétition du même, un équilibre retrouvé entre deux micro chutes, et aussitôt perdu. La marche est une remarquable monotonie qui purifie l’esprit aux sons rythmés des souliers sur les chemins cabossés.
Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois.
Et toute leur séquelle et toute leur volaille
Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c’est que d’être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une bataille.
Dans les forêts de Sibérie (2011)
Sortie : septembre 2011. Correspondance, Journal & carnet, Essai
livre de Sylvain Tesson
-Valmont- a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Les marches échappatoires (TESSON)
Les marcheurs d’échappée par leurs mouvements désuets contrent les mouvements de la modernité. Ils prennent la fuite, à pied, et dans les livres. Ils s’opposent au mouvement par d'autres mouvements.
« La cabane est le lieu du pas de côté, le havre du vide où l'on n'est pas forcé de réagir à tout. »
Le Loup des steppes (1927)
Der Steppenwolf
Sortie : 1931 (France). Roman
livre de Hermann Hesse
-Valmont- a mis 5/10.
Annotation :
Les longues marches d’observations (HESSE)
Hermann Hesse a vécu près de la nature toute sa vie. Grand marcheur, il consignait par écrit, au retour de ses promenades, ses observations et ses expériences. Nul mieux que lui ne sait décrire l'éclosion de la végétation au printemps, le vol d'un papillon dans la langueur d'un après-midi d'été, le plaisir de brûler des feuilles en automne, la clarté d'un matin de gelée (voir Brèves nouvelles de mon jardin, Calmann-lévy).
Premier de cordée
Sortie : 1942 (France). Roman
livre de Roger Frison-Roche
-Valmont- a mis 8/10.
Annotation :
Les marches verticales (FRISON-ROCHE)
De longues approches, pouvant durer des jours, avant l’ascension du monstre vertical.
La mort est omniprésente dans la vie du marcheur-grimpeur, il s’expose, il est un rêveur initiatique, à la recherche des choses sacrées, difficiles et secrètes. L’écrivain/alpiniste Roger Frison-Roche est l’un des scribes de ces voyages surhumains.
Nadja (1928)
Sortie : 25 mai 1928. Récit, Autobiographie & mémoires
livre de André Breton
-Valmont- a mis 3/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Les marches d’errance surréaliste (BRETON)
En quête hallucinée de l’amour.
Vies et doctrines des philosophes illustres
Βιοι και γνωμαι των εν φιλοσοφία ευδοκιμησάντων
Sortie : 3 février 1999 (France). Essai, Histoire
livre de Diogène Laërce
-Valmont- a mis 7/10.
Annotation :
Les marches cyniques.
Le marcheur cynique ne connaît pas de frontière, partout où il marche, il est chez lui, pourvu que ce soit dehors. C’est un marcheur déraciné qui ne tient à rien. C’est un marcheur-roi.
Marcheur élémentaire et brutal, il participe corps et âme à l’énergie de la nature, pluie, vent, soleil.. toujours à vagabonder. Sa plante des pieds est une semelle de cuir. Il ne manque jamais de rien.
Récits d'un pèlerin russe (1865)
(traduction Jean Laloy)
Sortie : 1943 (France). Récit, Art de vivre & spiritualité
livre
-Valmont- a mis 7/10.
Annotation :
Les marches du pèlerin.
La marche du pèlerin n’est pas la marche de l’errance. Le Christ invitait ses discipiles à prendre la route. Tout abandonner, famille, terre, amis. Cette marche témoigne de la foi.
Ces écrivains pèlerins ne sont jamais bien sûrs de revenir un jour.
La Route (2006)
The Road
Sortie : 3 janvier 2008 (France). Roman, Science-fiction
livre de Cormac McCarthy
-Valmont- a mis 7/10.
Annotation :
Les marches éternelles.
Les marches de guerres, forcées, de celles qui nécessitent une économie de moyens car on ne sait jamais quand, ni même si, elles aboutiront. Les marches sales, tâchées, obligatoires. Les marches nécessaires, les marches qui ne peuvent en aucun cas être interrompues, sauf à vouloir mourir. Rien à faire d’autre que de marcher pour survivre. Les marches de fin de récits.