Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏
feuilles à la pelle
...autour des feuilles mortes de Prévert et Kosma...( liste en chantier )
8 morceaux
créée il y a plus d’un an · modifiée il y a 12 moisLes Feuilles mortes
03 min.
Morceau de Yves Montand
moranc a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
il y a ce texte de Prévert, plus simple que d'habitude :
Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes des jours heureux où nous étions amis ;
en ce temps-là, la vie était plus belle, et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle...
( tu vois, je n'ai pas oublié )
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
les souvenirs et les regrets aussi...
...et le vent du Nord les emporte, dans la nuit froide de l'oubli...
( tu vois, je n'ai pas oublié la chanson que tu me chantais )
C'est une chanson qui nous ressemble,
toi tu m'aimais, et je t'aimais.
Nous vivions tous les deux ensemble,
toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, tout doucement, sans faire de bruit,
et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis.
- déjà, cette référence à une autre chanson, comme si elle préexistait à celle-ci, mais non ! ...ruse terrible pour amorcer aussitôt la nostalgie, piège attrape-cœurs. Il doit y avoir un terme pour ce procédé, on baptise bien tout - qui sait son nom ?
Sinon, j'ouvre le concours. Et en attendant, on va dire un prékosme, en hommage à Prévert et Kosma.
... ensuite, beaucoup ont reproché aux paroles de boiter, les vers marchant sur 9 et 10 pieds, parfois 8, sans voir que c'est ce déhanchement, cette démarche blessée qui émeut, justement. Vous savez, comme marcher sur le sable mouillé, avec une vague qu'on ne réussit pas à éviter cette fois, et qui vous mouille une chaussure ? voilà.
Pas de vrai refrain, et c'est tant mieux. Un refrain l'aurait trop assise, là, elle va au vent.
Avant d'être chantée sur scène et de sortir en disque, la chanson est fredonnée par Nathalie Nattier et Montand dans Les Portes De La Nuit de Marcel Carmé ( 1946 )
Notez qu'à l'harmonica, c'est carrément Jean Vilar, LE Jean Vilar !... et Montand ( tout jeunot ) qui dit qu'il l'a déjà entendue quelque part, cette chanson.
Même jeu dans un autre extrait avec Irène Joachim ( AK Nathalie Nattier ) : cette chanson est TOUJOURS présentée comme un souvenir, dès sa création, c'est une revenante.
...et encore avant, avant d'être une chanson, sa mélodie a d'abord été utilisée par Kosma dans ce ballet de Roland Petit, Le Rendez-Vous ( 1945 ).
...et à la base, Kosma avait piqué la mélodie à un thème musical de Pareil à des Oiseaux de Massenet (dans Poème d'Octobre en 1876 ), mais il faut faire abstraction du chant et se concentrer sur le piano.
( et Massenet s'est peut-être souvenu d'un air que chantait sa maman ? )
Les Feuilles mortes
Les Feuilles mortes
03 min.
Morceau de Cora Vaucaire
Annotation :
c'est elle qui l'a chanté la première sur scène, paraît-il, et c'est pas mal du tout
Autumn Leaves (2010)
Autumn Leaves
05 min. Sortie : 28 septembre 2010 (France).
Morceau de Eric Clapton
Annotation :
ça semble couler de source...
Autumn Leaves (1998)
Autumn Leaves
04 min. Sortie : 31 mars 1998 (France). Blues
Morceau de Eva Cassidy
Annotation :
très loin des effets de voix de Montand, très beau, très pur
Les feuilles mortes (2009)
Les Feuilles mortes
03 min. Sortie : 25 mai 2009 (France).
Morceau de Iggy Pop
Annotation :
troublant iguane. Très vrai.
Autumn Leaves (1997)
Autumn Leaves
05 min. Sortie : 18 novembre 1997 (France). Pop rock
Morceau de Paula Cole
Annotation :
très belle version
La Chanson de Prévert (1990)
La Chanson de Prévert
03 min. Sortie : 1990 (France).
Morceau de Serge Gainsbourg
moranc a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et l'a mis en envie.
Annotation :
reprenant 15 ans plus tard le principe du souvenir d'une chanson, déjà au cœur des Feuilles Mortes, Gainsbourg se plaint de ce qu'elle rouvre à chaque fois la blessure de la séparation.
On commence par le même vers que Prévert : "Oh je voudrais tant que tu te souviennes", et très vite le texte nous fait un croche-pied : c'était ta préférée je crois/qu'elle est de Prévert et Kosma. Le je crois prononcé sans pause donne l'impression de concerner "c'était ta préférée", et l'instant d'après on comprend qu'il introduit "qu'elle est de Prévert et Kosma". Cette petite suspension de la compréhension- vite rétablie - nous met en déséquilibre voulu.
Autre particularité du texte : la tournure "et peu à peu je m'indiffère", que je n'ai jamais rencontrée ailleurs. En général, le verbe "indifférer" ne s'emploie qu'à la 3e personne en mode indirect : ça m'indiffère, son avis l'indifférait etc., où indifférer est exactement équivalent à "être indifférent": on peut remplacer par "ça m'est indifférent", "son avis lui était indifférent" etc.
Mais ici, Gainsbourg l'utilise en mode réfléchi, "je m'indiffère", qui suppose un autre sens au verbe indifférer : "éprouver de l'indifférence": du point de vue du sens, on peut remplacer "peu à peu je m'indiffère" par "peu à peu j'éprouve de l'indifférence".
...sauf que cet usage et cette acception ne semblent pas attestés ailleurs en langue française ( si vous en connaissez un exemple détrompez moi, Gainsbourg aimant parfois recourir à des usages rares ou désuets ): il s'agit ici d'une pure création poétique.
Enfin, contrairement à Prévert qui insistait sur l'aspect volatil et fini de la liaison, Gainsbourg semble pressé qu'elle finisse de le tourmenter, et espère oublier vite cette chanson des Feuilles Mortes à laquelle il rend hommage ! Le ton est doux, uni, sans grand effet de voix ( moins que Montand ), mais contraste avec la tension de son visage sur les films d'archive :
https://youtu.be/5DeA8FPqWwc?feature=shared
beaucoup moins tendue ( mais moins émouvante aussi ) , une version un peu country de Claire d'Asta :
https://youtu.be/6BRpyQLhhFs?feature=shared
Barbara (1994)
Barbara
Sortie : 25 juillet 1994 (France).
Morceau de Yves Montand
moranc a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et l'a mis en envie.
Annotation :
pas de feuilles mortes ici, juste Brest en ruine, et les nuages qui vont crever au loin comme des chiens; mais l'affinité est évidente - bien sûr elle est de Prévert et Kosma :
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.