il y a ce texte de Prévert, plus simple que d'habitude :
Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes des jours heureux où nous étions amis ;
en ce temps-là, la vie était plus belle, et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle...
( tu vois, je n'ai pas oublié )
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
les souvenirs et les regrets aussi...
...et le vent du Nord les emporte, dans la nuit froide de l'oubli...
( tu vois, je n'ai pas oublié la chanson que tu me chantais )
C'est une chanson qui nous ressemble,
toi tu m'aimais, et je t'aimais.
Nous vivions tous les deux ensemble,
toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, tout doucement, sans faire de bruit,
et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis.
- déjà, il y a cette référence à une autre chanson, comme si elle préexistait à celle-ci, mais non !
...ruse terrible pour amorcer aussitôt la nostalgie, piège attrape-cœurs. Il doit y avoir un terme pour ce procédé, on baptise bien tout, on a tout baptisé - qui sait son nom ?
Sinon, j'ouvre le concours. Et en attendant mieux, on va dire un prékosme, en hommage à Prévert et Kosma.
... ensuite, beaucoup ont reproché aux paroles de boiter, les vers marchant sur 9 et 10 pieds, parfois 8, sans voir que c'est ce déhanchement, cette démarche blessée qui émeut, justement. Vous savez, comme marcher sur le sable mouillé, avec une vague qu'on ne réussit pas à éviter cette fois, et qui vous mouille une chaussure ? voilà.
Pas de vrai refrain, et c'est tant mieux. Un refrain l'aurait trop assise, là, elle va au vent.
avant d'être chantée sur scène et de sortir en disque, la chanson est fredonnée par Nathalie Nattier et Montand dans Les Portes De La Nuit de Marcel Carmé ( 1946 ):
https://youtu.be/L1XJWNewsbA?feature=shared
Notez qu'à l'harmonica, c'est carrément Jean Vilar, LE Jean Vilar !... et Montand ( tout jeunot ) qui dit qu'il l'a déjà entendue quelque part, cette chanson.
Même jeu dans l'autre extrait avec Irène Joachim ( AK Nathalie Nattier ) : cette chanson est TOUJOURS présentée comme un souvenir, dès sa création, c'est une revenante :
https://youtu.be/h5lSZZLT9KM?feature=shared
...et encore avant, avant d'être une chanson, sa mélodie a d'abord été utilisée par Kosma dans ce ballet de roland Petit, Le Rendez-Vous ( 1945 ) :
https://youtu.be/6gtrqIczN5I?feature=shared
...et à la base, Kosma avait piqué la mélodie à un thème musical de Pareil à des Oiseaux de Massenet ( dans Poème d'Octobre en 1876 ), mais il faut faire abstraction du chant et se concentrer sur le piano :
https://youtu.be/U0Zexf_HQ_0?feature=shared
( l'histoire ne dit pas si, déjà, Massenet l'a écrit en se rappelant d'un air que sa maman pianiste lui jouait...)
cette chanson qui s'antécède toujours dans une incarnation précédente est un perpétuel voyage dans le temps à reculons, c'est du concentré d'extrait d'essence de nectar de nostalgie à la puissance ∞
( je sais, cette phrase ne veut rien dire, c'était juste pour conclure )