Février 2015 au cinéma : le débriefing

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★ ★ ★ ★ ★
BIRDMAN partait forcément gagnant avec moi puisque l'un des propos centraux du film fait l'écho à mes récurrentes chargent contre l'overdose des films de superhéros dans l'entertainment hollywoodien, Sur le thème le film traite égalemet de la différence entre l'art et le divertissement par le contraste de deux univers du spectacle Brodway et Hollywood.
Mais il n'y a pas que ça dans BIRDMAN pour emporter mon total enthousiasme. C'est aussi et surtout une formidable mise en abîme des atermoiements existentiels d'une star hollywoodienne égotiste sur le déclin. Michael Keaton aka Batman, aka Riggan Thomson aka Birdman est exceptionnel dans le rôle et aurait mérité son Oscar.
Enfin, il est nécessaire d'applaudir débout, la performance technique de son réalisateur Inarritu qui enveloppe le récit dans l'illusion d'un magistral plan séquence de plus de 2 heures et prolonge la mise en abîme de son décor.
Bigre, nouveau chef d'oeuvre du cinéaste mexicain !

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★ ★ ★ ★ ✩
Vous savez comment on reconnait un film OVNI réussi? Quand pendant le générique de fin, on entend dans la salle un brouhaha provoqué par des spectateurs interloqués s'interrogeant sur ce qu'ils viennent de voir.
Quentin Dupieux réussit enfin une proposition de cinéma absurde mais intelligent maîtrisé de bout en bout et qui va au delà de la pastille potache que je reproche à ces précédents films.
Scénario et montage halluciné et hallucinant avec un Chabbat parfait dans ce rôle, RÉALITÉ c'est un condensé du cinéma de son réalisateur entrant en collision avec Lynch et Nolan

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★ ★ ★ ★ ✩
IT FOLLOWS est de la trempe des films d'horreur qui font référence et deviennent très vite culte. Visuellement et en terme de mise en scène, le résultat est proche de la perfection. L'art du contre champ est à son paroxisme.
Côté scénario, le pitch de départ est d'une simplicité qui ne permet pas de supposer la frayeur que le récit fait subir au spectateur. En effet, l'histoire fait vraiment peur. Pas de cette peur de surprise, facile à induire par des procédés éculés. Non, nous parlons ici d'une vraie peur anxiogène qui titille méchamment l'atavisme humain.
Ca faisait des années que le cinéma d'horreur n'avait pas réussi l'exploit de faire sortir le genre de l'ornière de ses conventions et de proposer un récit métaphorique sur le passage à l'age adulte avec autant d'acuité et d'élégance. IT FOLLOWS est un grand film, un pied dans le cinéma de genre, l'autre pied dans le cinéma d'auteur

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★ ★ ★ ★ ✩
KINGSMAN est un délire pop ultra violent et jubilatoire à l'extrême dont l'humeur totalement décomplexé donne une grosse claque au cinéma d'action récent.
KINGSMAN c'est aussi un scénario malin, évidemment très référencé mais aussi avec de la matière en sous-texte et dont il faut également saluer la manière avec laquelle les deux principaux fils narratifs sont imbriqués.
KINGSMAN c'est aussi le rôle de Colin Firth qui arrive à être sur mesure et à contre-emploi en même temps - génial ! - et un Samuel L. Jackson dans le rôle délirant et zozotant du méchant.
Enfin, KINGSMAN c'est aussi, quand même, quelques gags régressifs qui tombent un peu à plat. L'humour est au top quand il est visuel mais sensiblement en retrait dans la punchline.

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★ ★ ★ ★ ✩
JUPITER ASCENDING sort le space opera de la naphtaline en proposant une exploration géopolitique à l'échelle galactique très ambitieuse aussi bien dans ces éléments factuels de pure science-fiction que dans un visuel baroque à l'extravagance encore jamais atteinte dans le genre.

L'une des grande force du récit des Wachowski est de prendre à contre pied la norme "a long time ago in a galaxy..." de Star Wars en greffant son univers dans notre temporalité et dans notre environnement. C'est un gros avantage à mes yeux car ce positionnement permet de faire plus que de l'aventure dans l'espace. On est plongé dans une véritable aventure SF qui au détour de quelques plans fugaces, l'air sans y toucher, utilise tout le folklore terrien autour de l'existence extraterrestre et d'autres fantasmes ésotériques comme l'astrologie, la réincarnation etc...
Et surtout le film ne cherche pas à s'éloigner de la nature humaine et fait ce que toute bonne histoire de SF doit apporter un spectateur : l'illustration de propos sociétaux, éthiques, philosophiques, scientifiques et métaphysique. Parler de ce qui est constitutif de la condition humaine en somme.

Malheureusement, la principale qualité du film, cette richesse factuelle et thématique, est aussi son principal défaut (sans tenir compte d'un doublage VF atroce qui empêche longtemps de rentrer dans le film). La durée trop courte du film empêche de s'attarder sur cette caverne d'alibaba de la SF. Le spectateur est trimbaler à l'instar de l’héroïne qui ne fait que subir les événements. Jupiter n'est que le fil d'ariane d'une sorte de visite guidée qui nous expose les tenants et aboutissants d'un univers SF, d'une profondeur certes inégalée au cinéma (d'une ampleur équivalente à ce que l'on trouvait à l'âge d'or de la série SF) mais qui nous laisse toujours sur le pas de la porte. Le film aurait gagné en grandiose et permettrait de gommer la trop grande linéarité de la narration s'il avait fait 30 à 40 minutes de plus que les deux heures imposées par la Warner.

On ne peut alors qu'espérer que le matériel pour un director's cut existe et que Ascending ne soit que l'épisode d'acclimatation en petit bassin d'une saga qui ira "...far far away"

Annotation :

★ ★ ★ ✩ ✩
Si AMERICAN SNIPER fait autant un tabac aux USA, c'est bien évidemment parce que l'histoire de Chris Kyle est de celle qui flatte le patriotisme américain.
Juger le film à à l'aune de ce plébiscite redneck, NRA style serait par contre une grossière erreur, car l'image de Clint Eastwood est bien plus équivoque que les valeurs qu'une certaine Amérique veut lui coller.
Tout d'abord le film ne fait jamais de son héro un personnage sympathique. Bradley Cooper parfait. Ensuite les valeurs patriotiques potentielles du film sont constamment mis en balances par le contrepoint que représentent les séquences au bercail entre deux mobilisations du soldat. Sienna Miller parfaite. Ces scènes sont essentielles au film parce qu'elle nous parle d'une Amérique qui connait la guerre depuis longtemps.. son dénouement nous souffle même " bien trop longtemps".
La force du cinéma de Clint Eastwood est toujours dans le contrepoint. Ca ne fera certes pas changer les valeurs d'une population reculée bas du front mais la lecture de cette partie du film est pourtant subtil.
Par contre, les séquences en territoire de guerre, offre une imagerie du film de guerre beaucoup plus convenue et en manque certain de finesse même si la mise en scène est de grande qualité. Dans ces séquences la caméra ne s'intéresse plus qu'à filmer l'adrenaline. Le peuple irakien est réduit à l'image de l'ennemi tantôt sauvage, tantôt cupide tantôt fourbe. De plus progressivement ces scènes se réduisent à l'étroitesse d'une vision de lunette de sniper : le récit de guerre devient un duel de tireurs d'élite redoutables. Un film me vient à l'esprit alors : STALINGRAD, dans le genre beaucoup plus prenant.
Dommage, cette différence de qualité de traitement pénalise le film. AMERICAN SNIPER touche ces cibles mais ne fait pas mouche.

Annotation :

★ ★ ★ ✩ ✩ (en VOSTFR confortablement vautré dans mon fauteuil.)
Marvel et Disney ont décidé qu'il fallait bouffer du film de super héros de 7 à 77 ans. Soupir. Bon... c'est le principal défaut du film, j'avoue. Bon... le scénario ne brille pas particulièrement non plus. Mais l'écriture un peu molle passe tout seul grâce à deux ou trois choses très sympa.
1/ Visuellement, j'ai peut-être jamais vu un film Disney aussi beau. La ville de San Fransokyo est formidable et certain plans offrent un photo réalisme époustouflant. Le rythme trépidante/surexcité de la mise en scène devient dans ce contexte un défaut car on aimerait profiter plus longuement de cet environnement.
2/ Le personnage du robot Baymax est vraiment très attachant et se rapproche de la qualité de certains personnages Pixar.
L'un dans l'autre, on passe un très bon moment mais tout cela ne nous fait pas oublier que l'on est devant un produit très formaté et calibré pour vendre du produit dérivé.
LES BOXTROLLS, DRAGONS 2, LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, LE CHANT DE LA MER, voici la liste de tous les films nommés en compagnie de LES NOUVEAUX HEROS... tous méritaient bien plus de remporter la statuette. C'est décevant...