Jupiter : Le Destin de l'univers par Trekker59
JUPITER ASCENDING sort le space opera de la naphtaline en proposant une exploration géopolitique à l'échelle galactique très ambitieuse aussi bien dans ces éléments factuels de pure science-fiction que dans un visuel baroque à l'extravagance encore jamais atteinte dans le genre.
L'une des grande force du récit des Wachowski est de prendre à contre pied la norme "a long time ago in a galaxy..." de Star Wars en greffant son univers dans notre temporalité et dans notre environnement. C'est un gros avantage à mes yeux car ce positionnement permet de faire plus que de l'aventure dans l'espace. On est plongé dans une véritable aventure SF qui au détour de quelques plans fugaces, l'air sans y toucher, utilise tout le folklore terrien autour de l'existence extraterrestre et d'autres fantasmes ésotériques comme l'astrologie, la réincarnation etc...
Et surtout le film ne cherche pas à s'éloigner de la nature humaine et fait ce que toute bonne histoire de SF doit apporter un spectateur : l'illustration de propos sociétaux, éthiques, philosophiques, scientifiques et métaphysique. Parler de ce qui est constitutif de la condition humaine en somme.
Malheureusement, la principale qualité du film, cette richesse factuelle et thématique, est aussi son principal défaut (sans tenir compte d'un doublage VF atroce qui empêche longtemps de rentrer dans le film). La durée trop courte du film empêche de s'attarder sur cette caverne d'alibaba de la SF. Le spectateur est trimbaler à l'instar de l’héroïne qui ne fait que subir les événements. Jupiter n'est que le fil d'ariane d'une sorte de visite guidée qui nous expose les tenants et aboutissants d'un univers SF, d'une profondeur certes inégalée au cinéma (d'une ampleur équivalente à ce que l'on trouvait à l'âge d'or de la série SF) mais qui nous laisse toujours sur le pas de la porte. Le film aurait gagné en grandiose et permettrait de gommer la trop grande linéarité de la narration s'il avait fait 30 à 40 minutes de plus que les deux heures imposées par la Warner.
On ne peut alors qu'espérer que le matériel pour un director's cut existe et que Ascending ne soit que l'épisode d'acclimatation en petit bassin d'une saga qui ira "...far far away"