A chaque fois qu’un adorable lecteur me demande (car oui, sache-le: tout lecteur de guyness est par définition adorable. Surtout toi, là, maintenant) ce qui continue à me pousser dans les salles obscures pour me goinfrer d’un énième pot de popcorn et le film qui est offert avec, presque toujours, je réponds deux choses: 1) j’aime observer la direction que prend le cinéma d’entertainment moderne et 2) je suis toujours à l’affût de l’aventure mignonnette qui rappellera un émoi adolescent.
Hollywood, étoile brillante du système sommaire
Cette version SF de Cendrillon a presque touché au but dans le deuxième registre. Il faut dire que The Wachowskis, comme ils s’auto-désignent désormais, avaient tout pour y parvenir. Ce mélange (qui est leur marque de fabrique depuis au moins Speed Racer) de prouesses visuelles et de mauvais goût patenté amène encore une fois une espèce de fraicheur, de candeur, qui donnerait presque envie de fermer les yeux sur le reste, qui fait tâche.
Devil in miss Jones
Comment, en effet, fourrer ce genre de tentative dans le même sac que la production U.S. habituelle, robinet d’eau tiède intarissable du scénario préfabriqué aux visuels auto-pompés ? On se surprend deux ou trois fois dans le film à se dire que ah ben oui, c’est chouette tiens, on avait oublié que depuis qu’on peut tout représenter à l’écran, on peut aussi faire du chouette et -un peu- différent. Plusieurs plans montrent une réelle volonté de prendre des risques.
Par Toutatis, pars, Jupiter !
Parce qu’on me dira ce qu’on voudra, je ne peux pas croire que Andy et Lana puissent avoir voulu pondre un truc sérieux ou prétentieux. Mettre en scène l’histoire d’une jeune femme de ménage russe, nommée Jupiter Jones, qui passe son temps à récurer les chiottes avant de se rendre compte qu’elle est en fait une réincarnation de princesse d’un univers peuplé de lézards ailés, de bombasses à grandes oreilles et de chasseurs bodybuildés croisés avec des loups ne PEUT DÉCEMMENT PAS se prendre au sérieux.
Comme d’habitude, la méga production barrée des Wachowski est pile-poil à mi-chemin entre le nanar intergalactique et le chef-d’œuvre ambitieux.
Après tout, ils ont peut-être inventé un genre, le frère et la sœur. Le nanard’oeuvre.