Films à l'affiche
Dans le 7è art des 7 dernières semaines (je tenterai de rafraîchir la liste régulièrement).
16 films
créée il y a plus de 8 ans · modifiée il y a 3 joursFrom Ground Zero (2024)
1 h 54 min. Sortie : 12 février 2025 (France). Drame, Société
film de Reema Mahmoud, Mohammad Al Sharif, Ahmed Hassouna, Islam Al Zeriei, Moustafa Koulab, Nidal Damo, Khamis Masharawi et Bashar Al Balbisi
cinelolo a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Le programme est constitué d'une vingtaine de courts-métrages réalisés par des cinéastes palestiniennes et palestiniens à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Les formes choisies oscillent entre documentaires, fictions ou une hybridation des deux. Evidemment, même dans les segments fictionnels, avec parfois des recherches esthétiques bouleversantes car faites avec les moyens du bord, le réel rentre dans le champ par ce qu'enregistre la caméra (bâtiments détruits, recherche de survivants parmi les décombres, promiscuité sous les tentes...). Ce qui frappe, c'est néanmoins la diversité des approches, le kaléidoscope des personnalités et attitudes décrites pour tenir bon, survivre, résister, assurer le présent et si possible l'avenir des enfants, et préserver la dignité humaine et le goût de vivre, parfois grâce à l'imaginaire ou la médiation artistique, face aux crimes contre l'humanité en cours (que les observateurs qui n'ont pas détourné le regard ont tenté de décrire à travers des néologismes avec le suffixe -cide pour signifier l'anéantissement de tout ou partie d'un groupe humain, mais aussi la destruction systématique des constructions urbaines, hôpitaux, universités, bâtiments patrimoniaux, mémoire d'une civilisation). Un travail modeste mais indispensable, un peu à l'instar de celui de "Pour Sama" de Waad Al-Khateab (et Edward Watts) à propos des bombardements d'Alep par le régime syrien, déchirant quand on se remémore les aspirations des jeunes gazaoui.e.s recueillies dans "Yallah Gaza" de Roland Nurier ou "Voyage à Gaza" de Piero Usberti. Et dans le contexte actuel, ce travail révèle, par contraste, toute l'indécence du double standard des grands médias occidentaux mécaniquement alignés sur la propagande de guerre d'un Etat qui se soustrait depuis des décennies au droit international, pourtant la seule boussole qui puisse servir de base pour garantir le respect de chaque peuple à disposer de lui-même, et l'égalité d'accès à ses droits fondamentaux.
La Chambre d'à côté (2024)
The Room Next Door
1 h 47 min. Sortie : 8 janvier 2025 (France). Drame
Film de Pedro Almodóvar
cinelolo a mis 9/10.
Annotation :
Il y a sept ans, Pedro Almodovar livrait "Douleur et gloire", un film-somme d'inspiration en partie autobiographique, et dans lequel on retrouvait la quintessence de son style. Ici, il livre plutôt un film testamentaire, notamment de par son sujet, en interrogeant le rapport à la mort de ses deux personnages principaux, une reportrice de guerre frappée par un cancer agressif, et son amie écrivaine à succès qui vient d'écrire un livre à la teneur vitaliste. Le cinéaste s'inscrit depuis longtemps dans un héritage d'un certain cinéma classique hollywoodien, Douglas Sirk en particulier, donc la langue anglaise semble couler de source. Par contre, s'il y a toujours un travail sur les couleurs, elles ne sont pas saturées comme à l'habitude. Au lieu de reproduire ce qu'on attend de lui, Almodovar invente une forme plus sobre en apparence, et adaptée aux enjeux, qu'il traite d'ailleurs avec nuances, loin du manichéisme bien intentionné mais maladroit de "Mar Adentro" de son compatriote Amenabar. On retrouve bien sûr cette précision dans les interprétations de Tilda Swinton et Julianne Moore. Loin de rechercher la satisfaction immédiate, esthétique ou émotionnelle, ce nouveau sommet dans la filmographie du maître espagnol, qui déjoue les attentes, trouve sa grandeur avec des qualités beaucoup plus souterraines, qu'accompagne idéalement la musique d'Alberto Iglesias.
Bird (2024)
1 h 59 min. Sortie : 1 janvier 2025 (France). Drame
Film de Andrea Arnold
cinelolo a mis 8/10.
Annotation :
Il s'agit du quatrième film de la cinéaste Andrea Arnold à avoir été sélectionné en compétition officielle à Cannes. Contrairement aux trois autres, il n'a pas eu de prix, ce qui est paradoxal alors qu'il s'agit probablement de son meilleur. Curieusement, à tête reposée, on pourrait retrouver des motifs de ses précédentes réalisations : une adolescente défavorisée (elle est élevée par un père immature qui l'a eu trop tôt), mais douée d'une forte personnalité (comme dans "Fish Tank"), une utilisation non conventionnelle de musiques pas trop mainstream (comme dans "American honey"). Mais au cours de la projection, on a pourtant l'impression de redécouvrir son univers, grâce à une mise en scène dans laquelle les contraires (le naturalisme d'un côté, des touches de poésie presque surnaturelles d'un autre, celui du rôle titre) s'additionnent avec une grâce inédite, au lieu de s'annuler...
Julie se tait (2024)
Julie zwijgt
1 h 37 min. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Drame
Film de Leonardo Van Dijl
cinelolo a mis 8/10.
Annotation :
Pratiquante intensive du tennis, Julie est très douée, aspire à devenir professionnelle, mais est encore lycéenne. Un jour, son entraîneur est suspendu soudainement... Les scènes tennistiques bénéficient à plein de l'expérience de son interprète principale Tessa Van den Broeck, jeune tenniswoman professionnelle dans la vraie vie. La mise en scène de ce premier long métrage est remarquable, avec des plans-séquences admirablement composés, aptes à travailler le hors-champ comme les non-dits. La musique originale, composition de vocalises assez étranges signées Caroline Shaw, est utilisée de façon parcimonieuse mais à bon escient, et contribue à l'atmosphère de ce suspense psychologique mâtiné de notes de critique sociale.
Je suis toujours là (2024)
Ainda Estou Aqui
2 h 15 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Biopic, Drame, Thriller
Film de Walter Salles
cinelolo a mis 7/10.
Annotation :
La dictature militaire brésilienne évoquée à travers le destin de la famille Paiva, nombreuse, joyeuse et heureuse jusqu'à l'arrestation du père, ancien député travailliste. Eunice, la mère, formidablement incarnée par Fernanda Torres, qui se tenait jusque là à l'écart de la politique, va devoir résister au régime en place. Le récit est construit de façon très chronologique. On a ainsi d'abord le temps de s'immerger dans le quotidien de cette famille, avant qu'elle ne soit rattrapée par la réalité de la situation politique. Dans les meilleurs moments, on pense à Kleber Mendonça Filho, autre grand réalisateur brésilien contemporain ("Aquarius"). On pourra cependant regretter les conventions de l'épilogue final, après un ultime saut dans le temps...
La Pie voleuse (2025)
1 h 41 min. Sortie : 29 janvier 2025. Drame
Film de Robert Guédiguian
cinelolo a mis 7/10.
Annotation :
Après quelques infidélités, retour du cinéaste au quartier de l'Estaque. On y suit Maria, une aide-ménagère, qui trime chez des petits vieux qu'elle aime, mais qu'elle vole aussi, un billet ou un chèque qu'elle remplit à la place de son propriétaire. Le but de ces larcins ? Sortir la tête de l'eau et offrir de vrais cours de pianos à son petit-fils. Certains cinéastes tournent en caméra subjective. Guédiguian, lui, nous propose une bande-son subjective, la grande musique (des classiques mais aussi des compositions originales de Michel Petrossian à la manière de) qu'écoute à longueur de journée Maria. S'il filme toujours extrêmement bien les rapports de classe, il dépasse, grâce à des plans judicieusement composés, la description sociologique mécaniste pour offrir à ses personnages (Ascaride, Darroussin, Meylan, Boudet dans son dernier rôle, Leprince-Ringuet, Marilou Aussilloux la nouvelle venue) de la dignité, de la sensualité, une bonté et une beauté qui feraient presque office de résistance intime par temps qui s'assombrissent.
Mémoires d’un escargot (2024)
Memoir of a Snail
1 h 34 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Animation, Drame
Long-métrage d'animation de Adam Elliot
cinelolo a mis 7/10.
Annotation :
Prévenons d'emblée, ce second long métrage d'animation de Adam Elliot n'est pas à destination des enfants, et son personnage principal n'est pas un animal, comme le titre semble l'indiquer, mais un être humain. En l'occurrence il s'agit d'une jeune femme devenue orpheline beaucoup trop tôt, et placée de surcroît dans une autre famille d'accueil que son frère jumeau... Sur le papier, il y a pas mal de sordide dans cette histoire, mais le tournage en stop motion, avec des personnages plus expressifs que des interprètes en chair et en os, donne du relief, et même un certain humour à l'ensemble. Au détour d'une séquence, on remarquera également une mise en abyme, ce qui est devenu assez courant dans le cinéma en live mais est inhabituel dans le domaine de l'animation. Une jolie réussite qui concrétise les espoirs du prometteur "Mary et Max", il y a plus de quinze ans.
Personne n'y comprend rien (2025)
1 h 44 min. Sortie : 8 janvier 2025. Politique
Documentaire de Yannick Kergoat
cinelolo a mis 7/10.
Annotation :
Yannick Kergoat, monteur césarisé pour "Harry, un ami qui vous veut du bien", ayant aussi collaboré avec Erick Zonca ("La Vie rêvée des anges") ou de façon régulière avec Costa-Gavras, mène parallèlement une deuxième carrière de réalisateur de documentaires politiques. Celui-ci décortique les faits à la base de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, en s'appuyant sur le travail d'enquête entrepris depuis des années par les journalistes de Mediapart Fabrice Arfi et Karl Laske. L'exposition chronologique des éléments permet parfois de les rapprocher de façon inattendue, et les différents témoins (y compris de la complaisance médiatique) tout comme la voix off de Florence Loiret Caille participent également à cet exercice pédagogique et de vigilance citoyenne.
Spectateurs ! (2024)
1 h 28 min. Sortie : 15 janvier 2025. Drame
Film de Arnaud Desplechin
cinelolo a mis 7/10.
Annotation :
Après quelques fictions beaucoup moins convaincantes que par le passé, Desplechin revient avec une sorte d'essai sur l'importance du cinéma dans sa vie et dans celle des autres. Il entremêle des séquences de fiction autobiographique, où l'on retrouve son double Paul Dédalus, interprété ici par le jeune Milo Machado Graner ("Anatomie d'une chute"), initié au cinéma par sa grand-mère (Françoise Lebrun), avec des séquences documentaires. Il interroge ainsi des amateur.ice.s anonymes, mais fait aussi intervenir un esthète (Dominique Païni) et une philosophe (Sandra Laugier) dans leurs propres rôles. Avec ce beau monde, il tente de cerner les plaisirs cinéphiles, mais aussi d'aborder la responsabilité du regard qui s'impose aux spectateur.ice.s.
Le Quatrième Mur (2025)
2 h 05 min. Sortie : 15 janvier 2025. Drame
Film de David Oelhoffen
cinelolo a mis 6/10.
Annotation :
Pour respecter la volonté d'un vieil ami souffrant, le français Georges se rend au Liban pour mettre en scène Antigone avec des comédiens et comédiennes issus des différentes communautés. Nous sommes en 1982... Il ne s'agit pas ici d'un film qui mettrait au clair la chaîne des responsabilités qui ont abouti au massacre des camps de Sabra et Chatila (ce point est travaillé par "Valse avec Bachir" d'Ari Folman, original par son angle comme par le traitement esthétique). Mais plutôt d'une adaptation du roman éponyme du grand reporter Sorj Chalandon, dans lequel de bonnes volontés se retrouvent sous les bombardements, et dans un conflit qu'ils n'ont pas provoqué. Si le film se veut un choc, la violence ne me semble pas filmée de façon complaisante. On a rarement vu Laurent Lafitte dans un film aussi grave. La comédienne libanaise Manal Issa, découverte dans "Peur de rien" de la cinéaste Danielle Arbid, confirme l'excellence de son talent.
Presence (2024)
1 h 25 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Drame, Épouvante-Horreur
Film de Steven Soderbergh
cinelolo a mis 6/10.
Annotation :
Steven Soderbergh revisite le genre des films se déroulant dans une maison hantée, mais en choisissant de filmer les scènes entièrement en caméra subjective, du point de vue du spectre. Mais, assez vite, on voit surgir dans cet exercice de style un autre genre, celui du drame psychologique, un peu moins bien exécuté (le cinéaste surligne beaucoup). Néanmoins c'est cette association, assez inédite, entre cette forme-ci et ce contenu là qui fait tout le sel de ce retour du côté du cinéma pour Soderbergh (après des détours pour la télévision).
Un ours dans le Jura (2025)
1 h 52 min. Sortie : 1 janvier 2025. Comédie, Policier
Film de Franck Dubosc
cinelolo a mis 6/10.
Annotation :
Il faut accepter cette prémisse heureusement improbable : en voulant éviter un ours sur la route, un conducteur tue accidentellement deux personnes en possession d'une grosse somme d'argent... Après beaucoup d'années d'un humour un peu au ras des pâquerettes, Franck Dubosc change de registre, et s'offre une comédie macabre dans la neige. Surprise : si la mise en scène n'égale pas celle des frères Coen (on pense bien sûr à "Fargo"), le film trouve un vrai style. La crédibilité vient moins d'un scénario certes astucieux mais avec ses invraisemblances que d'une interprétation homogène de personnages plus ou moins amoraux, avec des partenaires comme Laure Calamy (impayable, quoique) ou Benoît Poelvoorde (gendarme plus perspicace qu'il n'en a l'air).
Apprendre (2024)
1 h 45 min. Sortie : 29 janvier 2025. Société
Documentaire de Claire Simon
cinelolo a mis 6/10.
Annotation :
Il y a une trentaine d'années, Claire Simon avait déjà filmé une école ("Récréations"). Ici, elle rentre carrément dans les salles de classe de l'école primaire et maternelle Makarenko, à Ivry-sur-Seine. Elle se met à hauteur d'enfants, y compris au sens propre, dans le placement de la caméra. Elle en filme une quotidienneté qui tranche avec la façon dont le sujet est traité dans les débats publics, a fortiori par des journalistes proches de l'extrême droite. Ici, il y a des pleins et des déliés. Mais cette approche modeste, presque dépolitisée, peut-elle faire le poids face aux polémiques malsaines ?
La Voyageuse (2024)
Yeohaengjaui Pilyo
1 h 30 min. Sortie : 22 janvier 2025 (France). Drame
Film de Hong Sang-Soo
cinelolo a mis 5/10.
Annotation :
Le titre désigne une française installée en Corée du Sud qui a une méthode bien à elle d'enseigner le français, en conversant en anglais avec les autochtones. Hong Sang-soo renouvelle un peu le fond, tout en creusant son sillon sur la forme (plans séquences minimalistes, d'où s'échappent parfois un zoom). Si le résultat peut susciter par moments des surprises, le dispositif ne fonctionne plus très bien. Et le jeu d'Isabelle Huppert n'arrive pas à s'accorder pleinement à cet univers et aux autres interprètes.
Le Dossier Maldoror (2024)
2 h 35 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Drame, Thriller, Policier
Film de Fabrice Du Welz
cinelolo a mis 5/10.
Annotation :
Librement inspiré de l'affaire Dutroux. Le nom des personnages a été modifié, et le personnage principal de gendarme hanté par la disparition non résolue de plusieurs fillettes (Anthony Bajon) est fictif. Le film a le mérite de mettre en lumière la guerre des services, peu connue de ce côté-ci des Ardennes, existant à l'époque entre la gendarmerie, la police judiciaire et la police locale, qui ne partagent pas leurs informations. Le titre ne ment pas, il s'agit d'un film dossier. Un peu comme dans "Voyage au bout de l'enfer", une longue séance de mariage dans le premier tiers donne la mesure du bonheur et de la perte à venir. La suite du long métrage est malheureusement filmée d'une façon qui frise parfois la complaisance avec la violence.
Les Feux sauvages (2024)
Fēngliú yīdài
1 h 51 min. Sortie : 8 janvier 2025 (France). Drame
Film de Jiǎ Zhāng-Kē
cinelolo a mis 4/10.
Annotation :
Jia Zhang-ke a puisé dans les images tournées à l'occasion de ses longs métrages précédents pour tenter de construire une nouvelle fiction, en y ajoutant une coda qui se passe pendant la crise du Covid-19. Il y a bien des récurrences parmi les interprètes, mais cela ne crée pas forcément de nouveaux personnages intéressants. En enregistrant la mutation du pays (comme Richard Linklater filmait dans "Boyhood" le vieillissement de ses personnages), le seul intérêt du film reste son aspect documentaire, avec l'actrice Zhao Tao qui en serait un témoin muet