Films vus en 2016

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En regardant "La Jetée", je pensais sans cesse à "L'Armée des douze singes" de Terry Gilliam, un des films qui m'ont le plus marqués. Pourtant, bien que la trame soit la même (du coup, la fin est "spoilée"), les perspectives sont très différentes. Le "roman-photo" de Marker donne une forme épurée ; la photo retient le mouvement, crée une suspension qui rend compte de la suspension du temps dans l'esprit du personnage qui y voyage. Cela crée aussi un sentiment d'irréel qui est celui de la femme qui voit le personnage, qu'elle appelle son "spectre", mais aussi celui du spectateur par rapport à ce récit post-apocalyptique et futuriste. Cela en fait un grand classique de la science-fiction, dans la même veine que Philip K. Dick : histoires de bulles temporelles, qui retournent le cerveau et amènent à revisiter nos conceptions de l'esprit humain.

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Il est plus difficile qu'on ne le pense de faire un bon film sur le sport ; que Clint Eastwood y soit arrivé signe déjà une grande maîtrise. Mais c'est évidemment bien plus qu'un simple film sur le sport : la solitude, la religion, l'argent, l'euthanasie, et un grand nombre de "sujets" y passent, sans jamais être lourd ; il y a dans ce film une forme de classicisme dans le traitement, qui pourtant est remis en question par la présence d'Eastwood réalisateur comme acteur du film. La narration par Morgan Freeman, dont on comprend le sens à la fin, donne également un grand relief au film.

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Le mois de janvier fut propice à un marathon Harry Potter. Je ne les mets pas tous, pour ne pas rendre cette liste fastidieuse, mais une remarque s'impose : les films suivent une courbe ascendante (excepté le troisième opus qui était déjà très bon). Je n'avais pas aimé les deux parties du septième opus quand je les avais vus au cinéma (il faut dire que je n'avais pas aimé ce tome-ci en livre, excepté le début et la géniale bataille de Poudlard), mais désormais il semble évident que parmi les films ils sont une apogée ; car on y trouve enfin une grande tension dramatique, une plus grand maîtrise des acteurs.
A ce sujet, ce n'était finalement pas une si mauvaise idée de prendre un acteur aussi mauvais que Daniel Radcliffe pour jouer Harry Potter : cela rend bien son côté borné et fade ; Harry Potter est un personnage débile, mais qui a toujours beaucoup de chance.

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Dans plusieurs films de Baz Luhrmann, on retrouve une même structure : la grande fête au début, puis l'histoire d'amour malheureuse que cache la débauche festive. Ce que je n'avais pas apprécié dans "Gatsby le Magnifique" m'a semblé ici mieux mis en place : la comédie musicale n'est pas déplaisante, et surtout le couple Kidman/McCregor déchire l'écran (là où, bien que DiCaprio eut fait une performance, Elijah Wood et Carrie Mulligant étaient insupportables dans "Gatsby"). Il y a toujours quelque chose auquel je ne peux pas adhérer (les personnages de la bohême avec lesquels travaille McCregor sont sans intérêt, et même pas drôles), mais le film reste très sympathique.

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J'étais bien dans le mood pour des Eastwood après l'excellent "Million Dollar Baby", mais celui-ci, tout entier tourné vers les larmes qu'il faut faire tomber, ne m'a pas plu tant que ça. Un film lent et négatif, qui m'évoque une sorte de Stefan Zweig sans sa plume acérée. Disons que j'aurais peut-être aimé ce film cinq ou six ans plus tôt, mais là, non ; quand je regarde des films, j'estime qu'ils doivent avoir un peu plus que l'ambition de faire pleurer la ménagère.

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"Le Labyrinthe de Pan" est un grand film. En le revoyant maintenant, j'avais peur d'être déçu par ce film que j'avais tant aimé il y a quelques années ; mais il n'y eut pas de déception. Il fait partie des contes que j'aime voir au cinéma (Terry Gilliam, Wes Anderson). L'ambiance Guerre d'Espagne (c'est en 1944, mais il s'agit bien des soubresauts de la Guerre d'Espagne) fait partie des ambiances qui m'attirent particulièrement, que ce soit en films ou en livres.

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Je ne comprends pas très bien ce qui a été reproché à ce film ; il a tout de même été sifflé à Cannes. Évidemment, le but n'est pas de faire une reconstitution historique ; mais ça, est-ce qu'on l'a reproché à Luhrmann pour "Moulin Rouge !" ? Coppola travaille comme toujours sur le superficiel, mais elle le fait ici avec brio : les plans sont magnifiques, et les quelques répétitions sont très bien maîtrisées (contrairement à celles de "The Bling Ring", qui rendaient le film insupportable) ; c'est très loin d'être un film vide. Surtout, Kirsten Dunst est incroyable dans le rôle titre. Le parti pris est de montrer une cour complètement insupportable et froide ; le personnage évolue seul contre tous. Le film n'est pas non plus complaisant avec le personnage ; on voit bien qu'elle est à côté de la "réalité" ; bien que l'idiot du village soit plutôt Louis XVI, qui a fait tous les mauvais choix, alors que la Révolution n'est pas du tout inéluctable.

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Ce film est un de ceux que j'ai le plus revus. Faire un film d'amour uniquement positif, sans jamais être niais, c'est presque un miracle. Cela marche grâce à la réalisation, les objets cocasses et surtout la qualité des acteurs pour jouer les adultes. Moonrise Kingdom est un conte qui m'emplit simplement de joie ; c'est tout simplement merveilleux.

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Rarement vu un film aussi nul. Si on enlève les répétitions et les ralentis à la con, il en reste pour moins de dix minutes de film. Et ce n'est pas parce que "c'est un film nul exprès pour montrer la vacuité de cette jeunesse" que ça change quoi que ce soit. Faire pire que "The Bling Ring", que j'avais détesté, il fallait le faire : au moins Coppola savait choisir la musique du film et faire une ou deux jolies images. Bref, un film à oublier vite.

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Très beau long-métrage d'animation. Je n'aime pas la fin ; si c'était un conte moderne, évidemment la princesse resterait sur terre et serait heureux à la fin. Elle choisirait le paysan qu'elle aime, ce qui ferait un pied-de-nez à la "philosophie" bouddhiste de retrait du monde, qui m'horripile (on croirait que la fin a été écrite par Cioran ou Schopenhauer, façon bouddhisme du désespéré). Mais le début est superbe, puis l'histoire des cinq prétendants belle également.

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Le parti pris, comme dans "Apocalypto" de faire parler les personnages dans leurs langues d'origine (ici : l'araméen et le latin) est très louable. Le parti de montrer un Christ souffrant à l'extrême, comme celui des représentations moyen-âgeuses, est également intéressant. Mais on vire trop rapidement au kitsch, la violence subit trop d'emphase, et le film est bien trop long (une heure, voire moins, aurait suffi).

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Nouveau visionnage. C'est une superbe adaptation ; Nabokov (que j'adore par ailleurs) a fait l'esthète insupportable en le trouvant mauvais. Comme dans tous les Kubrick, la mise en scène fait tout le charme, chaque mouvement semble pénétré de pensée artistique. "Lolita" est sans doute moins un Kubrick que les autres, il n'y a pas encore l'emphase incroyable et les jeux de caméra qui feront son style si particulier. Mais il a la prestance des grands films des années 50-60, celle des meilleurs Hitchcock par exemple.

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Le "Lolita" d'Adrian Lyne souffre d'une terrible réputation. Passer après Kubrick sur une adaptation était ambitieux et laissait espérer une grande réussite, qui n'est pas au rendez-vous, bien que ce soit tout de même et film acceptable et pas le navet que beaucoup décrivent. Cette adaptation-ci centre le film sur l'érotisme, alors que le Kubrick était tout en finesse ; Lyne explore une partie de l’œuvre de Nabokov que Kubrick n'avait pu mettre en scène à cause de la censure ; et le traitement de l'érotisme n'est pas mauvais. Ce qui rate, ce sont certaines scènes : la mort de Charlotte et la mort de Quilty notamment, qui sont des scènes d'anthologie chez Kubrick. Les ralentis, aussi, sont un procédé un peu grossier, si bien que le début du film et certains moments font penser à un téléfilm.

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Le début fait envie. Les performances de Jerermy Irons et d'Alain Delon sont excellentes, ils sont parfaits dans leurs rôles. On pense tout de suite à Visconti, au "Guépard" et à "L'Innocent", à la peinture lente et suspendue de l'aristocratie. Il est difficile de savoir pourquoi cela marchait avec Visconti et pas avec Schlöndorff : peut-être le grain de l'image, peut-être le scénario, peut-être la mise en scène ; mais les connaissances techniques en cinéma me manquent pour comprendre véritablement cette différence, il ne m'est possible que la sentir par intuition.

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Ce qui fait d'Elephant un grand film, c'est son tableau de l'adolescence, d'abord dans sa simplicité (images et dialogues sur un campus, en explorant la variété des personnes qui s'y trouvent), puis dans sa tragédie, inspirée de Columbine. Le réalisme a alors plusieurs fonctions : faire effet de documentaire, endormir le spectateur dans un tableau tranquille avant de le mettre face à un massacre. C'est pour cela que Gus Van Sant a fait un casting de non-professionnels : pour faire plus vrai. Mais le réalisateur y ajoute un sens de la narration et du montage qui rendent l'expérience esthétique agréable, en plus de plonger dans la réflexion. Voir trois fois la même scène, à partir du point de vue de trois personnages différents, à trois moments éloignés du film (grâce à la narration non-linéaire), crée un effet peu vu au cinéma, sans pour autant s'éloigner du réalisme général. Une réussite, donc.

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Je connais peu les longs-métrages d'animation japonais. Celui-ci donne à penser que c'est une erreur. Bien écrit, beau, drôle et profond : il a tout pour en faire un divertissement de grande qualité et un bon moment.

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Rien saisi à ce film insipide. Le contenu est proche de zéro ; le film m'a fait songer à un téléfilm à peine amélioré.

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Exemple d'adaptation complètement fidèle. Le livre est bien, donc le film est bien.

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Excellent film qui m'a donné envie de voir tout Clouzot (je n'avais vu que "Le Corbeau"). Le réalisateur mérite d'être considéré comme un maître du suspense aux côtés d'Hitchcock.

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Cela m'a fait du bien de revoir un bon film de science-fiction. "Interstellar" était à la fois très rassurant car très référencé : à "2001", à "Solaris", à Philip. K. Dick (références qui me font plaisir), et angoissant, avec cet aspect apocalyptique et de survie de l'espèce (qu'il n'y a pas dans les œuvres pré-citées). L'excellent scénario fait beaucoup, et Nolan sait faire de belles images. Certains détestent ces "blockbusters intelligents", qui restent animés par la logique de grand spectacle hollywoodien, mais moi ils me plaisent. Et Nolan est un bien plus grand réalisateur que Spielberg.