Films vus en 2019

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Paradis perdu. Tarantino déploie une touchante poésie à magnifier un Hollywood entre mémoire et fantasme, symbolisé par la figure lumineuse de Margot Robbie/Sharon Tate. Il n'aura jamais été aussi sage et aussi émouvant qu'avec ces personnages, pathétiques fantômes d'une époque qui s'efface devant une autre. Conte, rêve éveillé, spleen de cinéaste, jusqu'à la revanche : un dernier acte jouissif, sanglant, qui réaffirme la toute-puissance de la caméra et de la plume. Il était une fois un grand film.

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Théorie du ruissellement. Bong Joon-ho prolonge son cinéma mordant, mêlant film de genre et satire sociale d'une Corée plus que jamais fracturée entre le haut et le bas. Sans doute son film le plus maîtrisé en termes de mise en scène, et son plus drôle dans l'écriture.
Palme d'or à Cannes.

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Love, Actually. S'il subsistait des doutes sur le fait qu'Adam Driver est un des grands acteurs de sa génération, les voilà pulvérisés : tout en finesse, en sobriété, il bouleverse et déchire dans le rôle de cet homme, qui se découvre des faiblesses en même temps que mauvais mari. Un grand rôle, pour un grand film, d'une élégance et d'une justesse rares.

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Trium Virat.Un tour de force virtuose, où tout, absolument tout, est réussi : cerise sur le gâteau, The Favourite est aussi une excellente comédie, un affrontement jouissif entre trois actrices qui dévorent l'écran.

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Bitter Swede Symphony. Midsommar ne ressemble à rien de ce que vous avez vu : inconfortable, halluciné, grotesque parfois, millimétré toujours, il imprime durablement des visions cauchemardesques sur la rétine. La Suède des tripes et des abats plutôt que des trips et des ABBA.

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Le Glas des Siciliens. Enorme morceau de cinéma, fresque dense qui raconte l'Italie, porté par un incroyable Pierfrancesco Favino. Cela commence comme un film de mafia classique et ça finit en film de procès hors normes, cour des miracles de l'Italie criminelle.

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Follow the White Rabbit. Fable horrifique, charge politique, tantôt burlesque, tantôt glaçant, Us est un véritable train fantôme, où Jordan Peele réaffirme son talent pour le mélange des tons et la satire.

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Rian Johnson : A Star Wars Sorry. Le réalisateur est mille fois pardonné pour son script désastreux de Star Wars 8. Biberonné aux "whodunnit" (qui a fait le coup ?), romans d'Agatha Christie en tête, il dynamite ici le genre pour offrir un Cluedo effréné, drôle, brillant dans son écriture.

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Brûler l'asphalte. La caméra de Mangold nous invite au cœur de l'habitacle de ses bolides, pour un plaisir pur, immédiat, de la vitesse. Le travail immersif et le charme classique, presque anachronique, de la mise en scène font le reste.

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Lit clos. Infidèle et grillée, Maria (brillante Chiara Mastroianni) quitte le nid conjugal et prend la Chambre 212, de l'autre côté de la rue, pour une nuit. Une nuit de rétrospection, où chaque fantôme d'un amour perdu ou passager, devient un personnage. Magnifique idée de cinéma, pour un film poétique et réjouissant.

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Youth. Dans les rues de Naples, une jeunesse désœuvrée, abandonnée par l'Etat mais biberonnée au libéralisme, rêve de criminalité, de mafia et de gloire. Récit d'un monde d'adultes en déclin qui exigent que les enfances s'éteignent avant même d'avoir commencées, Piranhas réussit à être un étonnant teenmovie mafieux, aux personnages extrêmement attachants. Francesco di Napoli est une vraie révélation.
Ours d'argent à Berlin. Prix du Jury au Festival de Beaune.

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Destroy the Silence. François Ozon, cinéaste de l'ambigu et de la perversité, renverse son cinéma et s'attaque à la plus abominable des perversions : la pédophilie dans l’Église. Verdict : un film dont la sobriété n'a d'égale que sa puissance et qui redonne foi... en la force des mots.
Grand Prix à Berlin.

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Les copains d'abord. Dolan exorcise l'accident John F. Donovan en revenant aux sources de son cinéma le plus sensible, le plus personnel : un caste québécois, une quête à fleur de sentiments, des fulgurances quand l'émotion déborde.

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Marty à tout prix. Pour filmer l'envers du décor du rêve américain, Martin Scorsese reste le meilleur. Plus qu'un fantasme cinéphile qui réunit Pesci, De Niro et Pacino, The Irishman est une incroyable fresque mafieuse, qui exhale un doux parfum de nostalgie.

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A History of Violence. Todd Phillips écrit un nouveau chapitre sanglant, moralement sur la brèche, de la mythologie Joker. Joaquin Phoenix, amaigri, pathétique, se désarticule en Clown Prince du Crime, enfant monstrueux de la violence, accouché d'un monde malade, qui finit par lui offrir la scène dont il a tant rêvé.

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Gotham City. Desplechin filme Roubaix, friche industrielle, ruine de l'époque ouvrière, comme un Gotham au bord de la rupture sociale. Roschdy Zem, impressionnant de charisme et de présence, incarne un flic bloc de vertu, sur lequel la ville toute entière semble tenir fébrilement en équilibre. Prenant.

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Ground Control To Major Mom. Un film sur la conquête spatiale qui a les deux pieds ancrés dans la terre, c'est rare. Winocour signe un drame d'une sensibilité douce amère et fait un magnifique portrait de mère - offrant, au passage, son meilleur rôle à Eva Green.

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Sous l'océan. Antonin Baudry et son équipe technique impressionnent par leur maîtrise : Le Chant du Loup est assurément une claque visuelle et sonore (incroyable travail sur le son) aux enjeux forts. Dommage que la tension retombe un peu par manque de caractérisation des personnages...

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Almodovar Origins. Film-somme, film-testament, porte ouverte vers tous les cinémas de Pedro Almodovar, Douleur et Gloire parle avant tout de son réalisateur. Mais, alors qu'il aurait pu sombrer dans l'auto-thérapie mégalo et excluante, il arrive à rendre son histoire universelle. Et à inviter tout le monde au voyage introspectif.
Prix d'interprétation masculine Cannes 2019 pour Antonio Banderas.

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Main baladeuse. De la quête en jungle urbaine d'une main tranchée, Clapin tire une aventure d'une poésie folle, fourmillant d'idées visuelles.

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Profession de foi. En narrant la résistance d'un objecteur de conscience face au nazisme, la caméra de Malick part à la quête du Bien absolu face à l'incarnation du Mal. Aussi grandiose qu'indigeste - un geste parfaitement malickien, touché par la grâce.

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Intouchables. On pourra toujours ergoter, reprocher à Toledano/Nakache d'user de ressorts mélodramatiques un peu faciles, de tirer les larmes . Mais Hors Normes est d'intérêt public, tant il affronte avec bienveillance son sujet - les enfants atteints d'autisme aggravé.

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Bande de filles. Dans l'Algérie des années noires, dans un Alger rongé par l'obscurantisme, Meddour filme ses héroïnes comme des puits de lumières, des étincelles de vie. Mais évite également le piège du manichéisme concernant la question du voile et de l'islam.

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Du monde au balcon. Ou comment filmer le théâtre sans tomber dans du théâtre filmé. Des dialogues regorgeant de trouvailles, une mise en scène virevoltante, un casting sauce "Avengers de la comédie française", une savoureuse mise en abyme entre le réalisateur et Edmond Rostand, une révélation pour Thomas Solivérès. Et ce n'est qu'un premier film pour Alexis Michalik ! Respect.

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Eternal Flame. Le dernier Sciamma fait le choix radical d'un film dépouillé d'artifices de mise en scène, dépouillé de musique. Tout repose donc sur la photographie, lumineuse, et sur le duo d'actrices, convaincant. Mais la torpeur contemplative de cette Fille en Feu en perdra plus d'un en route, tant le manque de rythme finit par étirer inutilement le récit.
Prix du scénario - Festival de Cannes 2019.

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Filtre d'amour. Nicolas Bedos impressionne par son sens des dialogues, de leur rythmique. La Belle Époque est un régal de découpage, pour un film où deux histoires d'amour semées d'embûches dialoguent, s'entremêlent, pour déclarer conjointement leur flamme au cinéma.

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Popes Cultures. Meirelles organise un passionnant face à face : spirituel, entre deux pontifes aux dogmes contraires ; cinématographique, entre deux acteurs-sommets, Anthony Hopkins et Jonathan Pryce.

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Full Mental Jacket. Dupieux entraîne Jean Dujardin dans une improbable croisade sanglante contre les porteurs du blouson du monde entier. La folie furieuse jusqu'à l'état de grâce.

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The Front Paige. Feel good biopic sur la vie de la catcheuse Paige, qui a révolutionné la place des femmes dans son industrie : c'est drôle, efficace et parfois touchant. Après Outlaw King, Florence Pugh confirme dans le rôle principal qu'il faudra la suivre de près.

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Banlieue sale. Péchant par excès, le premier film de Ladj Ly n'est pas un chef d'oeuvre. Mais c'est sans aucun doute un film-avertissement qui va faire date, qui doit faire date. Le dernier acte, formidable, asphyxiant, épuisant, annonce la tempête qui vient.