films vus en 2022

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Les jours qui suivent une mort ressemblent à un long et strident silence. Comme celui qui règne dans les premiers plans de Marie, ou Holdudvar selon le titrage originel, de Marta Meszaros. On suit la veuve dans ses ultimes démarches. Edit vivait jusqu'alors dans une certain confort. Mais, très vite, on comprend qu'elle ne veut plus de son quotidien d'avant, que celui-ci, loin de la rendre nostalgique comme une veuve "se doit" de l'être, fut pendant longtemps un cachot. Son fils István, qui perçoit son désir d’abandonner sa vie de luxe comme un signe d’hystérie, demande à sa fiancée Kati de la surveiller. Il joue alors le rôle de geolier, comme son mari auparavant.

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D'une photographie à l'autre, du mariage à la remise de diplôme des enfants, la caméra circule sur le mur de souvenirs des Lemesle comme le regard d'un étranger curieux le ferait. Cette fois, et il l'annonce dès son (beau) premier plan, Stéphane Brizé partira plus de l'intimité de son personnage que dans La loi du marché ou En guerre. On parle pourtant toujours de la machine à broyer du marché du travail. Philippe Lemesle est le chef, il gagne très bien sa vie, il roule en berline et n'a pas à craindre pour son emploi. Lui aussi, pourtant, subit la politique du chiffre néolibérale. On perçoit l'étouffement que celle-ci engendre : les cadres sont resserrés sur Philippe et son épouse dans les scènes intimes. Les seuls plans d'ensemble auxquels on a droit sont les réunions de travail. On n'y respire pas mieux. Hormis une ou deux scènes un poil didactiques - je pense par exemple au pantin avec lequel joue leur fils, symbole un peu lourd de l'homme contrôlé par le système - Un autre monde se révèle un excellent complément à En Guerre, version patron. L'ouvrier risque son corps et sa survie économique, le cadre met en jeu sa dignité morale et sa santé psychique. Brizé est définitivement le cinéaste des luttes professionnelles, quelles qu'elles soient.

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Cinq jours après, l'univers de La Route me revient encore, preuve de sa force et de son originalité. Son gris morne, sa crasse envahissante, ses arbres qui craquent et qui tombent, sa terre asséchée qui se soulève : le post-apocalyptique du film d'Hillcoat s'inscrit dans la lignée des ses plus marquants aînés. Mais est-ce là le mérite de l'auteur du livre dont il s'inspire, ou de celui du cinéaste ? C'est l'éternelle question des adaptations. Ici, j'aurais tendance à pencher pour l'écrivain. Car malheureusement, hormis cette atmosphère réussie, le film s'enlise dans un scénario bourré de clichés à l'américaine et sans véritable propos. Que nous raconte-t-on exactement ? La vie s'éteint peu à peu, et l'on suit le parcours d'un homme et de son fils, rescapés de l'épidémie de cannibalisme consécutif à la famine généralisée que connaissent les Terriens. Tensions entre le bien et le mal, fragilité de notre condition d'humain, angoisses du père face à sa propre mort imminente, et surtout à l'après pour son fils : tout est survolé, rien n'est creusé comme seul le cinéma sait le faire, à renfort d'émotions. Les seules émotions qui surgissent sont téléguidées par une musique bien trop présente. Les tics hollywoodiens sont bien là malgré une volonté apparente de faire "indé". Dommage, il y avait la place pour faire mieux et plus libre, plus intelligent, à mon avis. Ca m'aura en tout cas donné envie de lire le livre.

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Le ressac de la mer en premier plan. L'océan en second. Un homme nu émerge des vagues. C'est la naissance d'un film, l'irruption d'un perturbateur sur l'île blessée de Sumatra. Il dénote, fascine, irrite. Sachiko débarque au même moment, également étrangère isolée, un poil misanthrope. La balafre du tsunami y est encore prégnante. C'est ce que découvre d'ailleurs Sachiko. La suite fera encore dans l'onirisme océanique, entre les bulles d'eau façonnées par Kiju, l'homme mystérieux, et les cadavres qui surgissent au détour d'un bosquet. On y parle aussi de l'étrange : la langue, quand elle En quête de ses racines, Sachiko rend visite à sa famille japonaise installée à Sumatra. Tout le monde ici essaie de se reconstruire après le tsunami qui a ravagé l’île il y a dix ans. A son arrivée, Sachiko apprend qu'un homme mystérieux a été retrouvé sur la plage, vivant. Le village est à la fois inquiet et fasciné par le comportement de cet étranger rejeté par les vagues. Sachiko, elle, semble le comprendre…

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Le résumé du Dictionnaire du ciné : Une religieuse de la communauté des Servantes de Marie de Calcutta, Soeur Clodagh, est envoyée à la tête d'un petit groupe de nonnes, en plein coeur de l'Himalaya dans le palais de Mopu qu'un général hindou a donné à la congrégation pour qu'elle y installe un dispensaire et une école. Autrefois, le palais abritait le harem du père du général. C'est un nid d'aigle situé à quelque huit mille pieds d'altitude (la hauteur de l'Everest). M. Dean, le résident anglais, est tout à fait opposé à l'installation d'un couvent en ce lieu et prédit aux religieuses leur départ prochain - "avant la saison des pluies". Les nonnes auront notamment comme élèves une orpheline de 17 ans mariée et répudiée par son mari et un jeune prince outrageusement parfumé au "Narcisse noir" qu'il a commandé à Londres. Il a obtenu l'autorisation d'étudier dans cette école destinée en principe aux filles et aux petits garçons. L'altitude, la pureté de l'air, les odeurs, l'étrangeté et la sensualité diffuse des lieux modifieront et bouleverseront la vie intérieure des soeurs.

A sujet insolite, traitement insolite. Le sujet, c'est la subtile, violente et mystérieuse influence d'un lieu sur un groupe d'âmes. Comme souvent chez Powell, il y a une union parfaite entre le baroque du style, l'utilisation très sophistiquée de la couleur (c'est son 4e film en couleurs et nous ne sommes qu'en 1947) et une approche fantastique de la réalité.
Powell tourna au studio Pinewood et dans les jardins Leonardslee dans le Sussex. W.Percy Day, dit Poppa day, un vétéran qui avait travaillé avec Méliès, régla les différents trucages cinématographiques.


Critique LaCinétek : C’est dans un spectaculaire Népal de studio qu’évolue le drame religieux du Narcisse Noir (1946). Un espace ouvert à l’onirisme, rêvé par les maîtres britanniques du Technicolor : le chef-opérateur Jack Cardiff et le duo de réalisateurs, Michael Powell et Emeric Pressburger. Leur style pictural, allié aux décors truqués (par matte painting, peinture sur verre) a été récompensé d’un double oscar, pour la meilleure photographie et les meilleurs décors.