Cover Films vus en 2024

Films vus en 2024

La liste de tous les films que je regarde en 2024, avec un petit mot :)

Liste de

147 films

créée il y a 11 mois · modifiée il y a 5 jours
Lola Montès
7.1

Lola Montès (1955)

1 h 56 min. Sortie : 23 décembre 1955 (France). Biopic, Drame, Romance

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 9/10.

Annotation :

Voilà ce que j'appelle du grand spectacle. C'est vraiment ce genre de cinématographie qui me cloue la mâchoire au sol : Orson Welles, Fritz Lang, même Kubrick d'une certaine manière et aujourd'hui Max Ophüls, des génies qui arrivent à faire passer le grandiose, le majestueux principalement via leur technique. Lola Montès est un film renversant à bien des niveaux, incroyablement moderne (déjà que le cinéma de Mandico est indescriptible aujourd'hui, alors apporter ça dès les années 50). C'est parfaitement incarné, très féminin avec ce biopic infiniment troublant sur une sorte d'abuseuse de OnlyFans de 19ème siècle. Le film capture des décors incroyables avec des mouvements de caméra au pic de leur efficacité. La narration est tout simplement du génie, très méta (de présenter sa vie comme une sorte de spectacle), c'est envoutant d'observer et d'imaginer toutes les applications possibles de cette formule qui est l'une des plus originales possible pour un film biopic, décidemment l'un des genres les plus gouteux du cinéma quand il est bien traité. La musique est au rendez-vous malgré quelques ralentissements dans le rythme propres à l'époque mais pas suffisants pour faire décrocher le spectateur, c'est une œuvre d'art totale, j'ai envie de m'injecter toute la filmographie de Ophüls en intraveineuse, le cinéma est vraiment un medium magnifique, la vie est tellement belle quand chaque jour on peut vivre de pareilles régalades grâce à ce média.

Une sale histoire
7.6

Une sale histoire (1977)

50 min. Sortie : 9 novembre 1977. Comédie dramatique, Société

Moyen-métrage de Jean Eustache

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Court-métrage définitivement très intéressant. La démarche de faire rejouer une scène authentique par des acteurs au mot près est un exercice fascinant, on voit la comparaison au niveau des intonations, des mimiques, des fréquences de parole, c'est une expérience très originale qui vaut le détour d'autant que Lonsdale à un sacré charisme. L'histoire de Picq est drôle, plutôt bien racontée, et même si on aurait pu en dire encore un peu plus c'est jouissif à écouter tel quel. J'aurai aimé que l'emphase soit un peu plus mise sur la réaction des femmes également, qu'elles aient un peu plus leur mot à dire mais bon c'est comme ça que le court à été fait. Ca vaut le détour, quelques minutes bien utilisées pour une expérience de cinéma inédite.

Le Jardin des délices de Jérôme Bosch
7.1

Le Jardin des délices de Jérôme Bosch (1981)

34 min. Sortie : 13 avril 1981. Peinture

Documentaire de Jean Eustache

Tomega a mis 4/10.

Annotation :

Jean-Noël Picq est officiellement l'un des plus grands trolls des années 70-80... Et Jean Eustache le chef d'orchestre de bien trop de rencontres gênantes entre ce grand fou et des sortes d'intellectuels qui n'ont rien demandé... Le pire c'est qu'encore une fois ça ne va nulle part, les spectateurs ne débattent et ne réagissent pas plus que ça aux propos de Picq, et ce dernier ne fait au final pas grand chose de plus que décrire frontalement le tableau de Bosch, sans plus d'analyse que ça. Cette émission est au final un peu l'ancêtre des critiques Youtube vides de contenus, comme Le Chef Otaku qui se contente de décrire ou de résumer les œuvres dont ils parlent sans la moindre analyse, eux aussi sont des "enthousiastes" de leurs médias... Moins intéressant, tant dans la forme que dans le fond qu'Une sale histoire.

Hot Fuzz
7.3

Hot Fuzz (2007)

2 h 01 min. Sortie : 18 juillet 2007 (France). Action, Comédie, Policier

Film de Edgar Wright

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Hot Fuzz n'est pas dépourvu de défauts, on voit bien que Wright a affiné et affirmé son style au fil des longs-métrages. Les influences sont moins bien digérées et assimilées, les références aux ralentis de John Woo et à Sergio Leone sur la fusillade de la grande place à la fin sont un peu trop grossières. En terme de rythme ça pèche pas mal aussi, ça coupe VRAIMENT BEAUCOUP TROP, au point de quasiment donner la nausée sur les scènes d'actions pour tenter d'accentuer le dynamisme ou je ne sais quoi, un sacré flop. Et le deuxième gros problème c'est l'abus des "transitions stylées", dynamiques comme Wright à l'habitude mais ici c'est moins fluide que plus tard dans sa carrière, les bruitages rajoutés par exemple sont bien trop forts et peu naturels. Hormis ces flops, on ne peut nier le statut de classique instantané du film. Malgré le fait qu'il repose sur des clichés ultra classique du film de policier, avec tueur en série dans un petit village et tout le tintouin, c'est à mourir de rire comme toujours avec ce réal il est impossible de ne pas éclater de rire face à plusieurs gags (comme la statue vivante ou le perso d'Olivia Colman), c'est bien incarné bien que toujours un peu dans le surjeu, bien accompagné en terme de musique. Globalement Wright distille encore un peu mieux que d'habitude le malaise dans ce film-ci, ces campagnards ravagés sont un peu flippants tellement leurs actions sont insensées. Les idées de scènes d'actions sont efficaces, le final dans le mini-village notamment c'est exemplaire et montre la qualité créative indéniable de Wright. Et j'aime beaucoup l'évolution du scénario qui part d'un cliché pour évoluer vers quelque chose de très kitsch, très jouissif (vraiment les complots comme ça c'est à pleurer de rire et de plaisir, les mamies qui hurlent avec leurs AK47 là), peu de monde dans l'univers des blockbuster osent livrer un tel jusqu'au boutisme et c'est un plaisir de voir tout ça à l'écran ! Une belle œuvre comme tout le temps dans le cinéma de ce surdoué de Wright, un réalisateur que je défendrais toujours bec et ongle et dont il fait bon s'inspirer pour proposer des films de qualité !

Le Plaisir
7.6

Le Plaisir (1952)

1 h 37 min. Sortie : 29 février 1952. Comédie dramatique, Romance, Sketches

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 10/10.

Annotation :

Max Ophüls est définitivement à introniser au panthéon des plus grands, cinquième film de l'année et déjà un chef d'œuvre. Il y a tout le cinéma là-dedans : jeu d'acteur, musique, mise en scène, écriture, difficile de faire plus généreux et non-content d'offrir dès les premières minutes un court-métrage parmi les plus touchants et efficaces sur la vieillesse, fort de cette dichotomie entre fête exacerbée avec bruit, musique et mouvement constant qu'on pourrait retrouver dans un film de Noé ou dans le mariage de Deer Hunter, et entre le constat froid d'une déchéance à la Amour. Non content d'offrir ça donc, voilà que Ophüls réitère l'exploit à 3 reprises en à peine plus d'une heure et demie, c'est littéralement être surdoué à ce niveau-là. Ma phrase précédente était aussi longue que les plans-séquence de ce film, tous infinis, d'une chorégraphie stupéfiante et pourtant plus esthétique et mieux cadrés que 70% du cinéma actuel. Le segment de la maison Tellier est succulent et certaines de ses scènes touchent presque au mystique, celle de la communion avec le travelling circulaire dans l'église c'est physiquement compliqué de ne pas avoir les frissons, celle de Jean Gabin qui rentre seul, dans sa carriole pleine de fleurs, du sublime. Le segment de fin vient en rajouter une ultime couche, en affirmant la moderne sans faille de Ophüls qui pond sans trembler une séquence FPS dans un film des années 50, quasiment plus esthétique que tout ce que j'ai vu jusqu'à présent à ce léger décalage qui laisse apparaître l'ombre de la modèle. La finesse et sa technique est indescriptible, analysable à outrance et est sans comparaison avec la moyenne actuelle. C'est un boulot astronomique qui a été abattu dans Le Plaisir, et il est indispensable de s'en inspirer au maximum à l'avenir pour produire des médias de cette qualité émotionnelle. Je ne parle même pas de la remise en jeu constante du cadre cinématographique du film, avec Maupassant qui s'adresse directement au spectateur, commente et fragmente les histoires avec une gravité épique et théâtrale. C'est la cerise sur la crème chantilly sur les amandes sur le glaçage sur la pièce montée d'un gâteau qui était déjà bien trop succulent pour nous, pauvres mortels. Quand il ressemble à ça, le cinéma n'est pas le septième art mais bien la huitième merveille du monde.

Rocky
7.4

Rocky (1976)

1 h 59 min. Sortie : 25 mars 1977 (France). Drame, Sport

Film de John G. Avildsen

Tomega a mis 8/10.

Annotation :

L'année commence très très bien, je ne m'attendais pas à ce que Rocky soit aussi bon, aussi pertinent, aussi joli. C'est de loin le meilleur film de la carrière de Stallone à mon goût, qui a le champ libre pour une vraie "performance d'acteur" et ça fait bizarre d'écrire ça pour lui, variée et il livre quelque chose de plutôt touchant. Le film a un peu la structure du "Samouraï", dans le sens où c'est un film sur un boxeur, mais il n'y aura que 2 pauvres scènes de match et tout le reste du temps d'écran sera utilisé à montrer leur quotidien, plus plan-plan, plus proche du notre, et à dissocier un peu l'humain de sa fonction, de son mythe. Et je trouve que les américains réussissent plutôt bien ce pari, car autant je me fais souvent chier devant Melville, autant ici il se passe des choses, et elles sont belles ! La romance très foireuse entre Rocky et Adrian c'est un plaisir, le voir composer avec son environnement de cassos c'est un régal et le contraste entre le monde du showbiz côté Creed et la "vraie vie" côté Rambo, c'est vraiment bien senti et c'est dur à écrire mais Rocky me paraît beaucoup plus pertinent et authentique émotionnellement qu'un film de Scorsese (Raging Bull)... WTF ? Et le pire c'est que c'est bien écrit (alors que c'est écrit par Stallone himself à priori) ! Les répliques bien burnées fusent, très cultes, typique des films de cette période où même une fillette de 13 ans ou le tenancier du bar te renvoie punchline pour punchline. C'est une très bonne take sur ces films à la "Samouraï", où on fait s'immiscer la banalité de la vie dans des clichés habituellement stéréotypés, ici le film de sport. La réal est franchement qualitative en plus, elle joue parfaitement bien des cadrages esthétiques et des plans souvent assez longs. Que demander de plus ? Le seul petit bémol c'est cette fin, romantique au possible, le film méritait mieux, je pensais que Rocky se ferait vraiment massacrer m'enfin, ça ravira la ménagère...

Beetlejuice
7

Beetlejuice (1988)

1 h 32 min. Sortie : 14 décembre 1988 (France). Comédie, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Tim Burton

Tomega a mis 8/10.

Annotation :

Je n'en reviens pas, ne vais-je donc jamais réussir à tomber sur un mauvais film en début d'année ? Quel plaisir de retrouver le Tim Burton de la grande époque, et plus grande surprise encore : j'ai comme la Sensation que ce Beetlejuice contient absolument tout ce que son cinéma aura à offrir par la suite, une sorte de film somme donc, ça ne m'étonne pas qu'il revisite ce mythe cette année pour accompagner sa "fin de carrière". Car oui, tout y est : les relents de cinéma expressionniste, cette critique des suburbs, les noces funèbres ce lien toujours aussi rafraîchissant entre macabre et légèreté, avec un cast de personnage qui fait office de pseudo-famille Addams... Betelgeuse a des fausses allures de Joker d'ailleurs, vraiment toute la filmo de ce grand monsieur se retrouve synthétisée dans un film qui ne refuse rien et qui verse donc autant dans le kitsch jusqu'au boutiste que dans les profonds moments d'émotions réussis. Les 2 stars de cette folle fête : les acteurs et les effets spéciaux. On sent que tout ce beau monde s'est fait plaisir, Ryder est vraiment envoûtante, elle aura touché tout le monde avec Edward mais n'est pas en reste d'iconisation ici, elle semble avoir matrixé toutes les égéries Burtoniennes qui auront suivi : Eva Green, Jenna Ortega ... C'est un plaisir aussi de revoir la fille de La mouche et Keaton cabotine avec ce Betelgeuse sous hormones, les sourires sincères sont de mise, c'est agréable de voir de pareilles alchimies de belles bouilles au cinéma, on en redemande (Burton s'en sort toujours bien niveau casting) ! Le deuxième points forts c'est donc les effets spéciaux, car oui j'affirme qu'ils ont bien vieillis ! Ils transmettent une telle bonne volonté, il y a de l'amour dans toutes ces animations 2D, stop-motion, costumes, masques et même dans ces incrustations fonds verts immondes car l'univers fantasque imaginé ici et créatif et convaincant visuellement ! Ce truc avec la maquette de la ville c'est mignon, et toutes les créatures imaginées sont jolies, fluides et donnent un certain cachet au film, particulièrement au regard de ce qui suivra chez Burton et que je trouve vraiment hideux. Je préfère 100 fois ces masques terrifiants plutôt que les décors de Sweeney Todd qui n'existent pas ou des centaines de Oompa Loompa flashys qui dansent en même temps. En bref le meilleur de Burton est dans Beetlejuice, à voir et revoir sans bouder son plaisir ! Elfman fera encore plus iconique en B.O. par la suite malgré tout.

Madame de...
7.6

Madame de... (1953)

1 h 40 min. Sortie : 16 septembre 1953. Drame, Romance

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 3/10.

Annotation :

Premier dérapage avec la filmographie de Max Ophüls, dommage pour ce gigantesque monsieur ! Il n'y a vraiment rien d'intéressant pour moi dans Madame de... Cette histoire bourgeoise n'a absolument rien de folichon, du triangle amoureux capricieux sans magie et ce n'est pas un duel à la Bel Ami qui va changer quoi que ce soit. La plastique renversante de Ophüls n'est pas vraiment mise à profit dans cette mise en scène qui n'a rien de révolutionnaire à offrir, à part des plans longs et efficaces mais on est loin de la qualité habituelle du maître. La narration est linéaire et classique pour finir de saborder le bateau ! Les acteurs ne sont pas non plus particulièrement convaincants, Darrieux en tête de la déception générale, elle ne charme jamais ou alors c'est que mon aversion pour la bourgeoisie maniérée est vraiment trop forte... Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à sauver dans ce film, c'est un drame romantique comme n'importe qui aurait pu en faire, dommage que Ophüls se soit perdu dans un projet aussi classique quand on voit à quel point il a plié le game avec Lola Montès et Le Plaisir, j'espère qu'il n'y en aura pas trop de comme ça. Et ce n'est pas un abus total des scènes de valses qui vont sauver ce bousin...

Sans lendemain
6.8

Sans lendemain (1940)

1 h 22 min. Sortie : 22 mars 1940. Drame

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 4/10.

Annotation :

Zzzzzz... bon en fait le cinéma d'Ophüls ne me plaît que quand il sort le grand jeu, la grande mise en scène, les grands projets d'adaptations, j'espère qu'il m'en reste encore à découvrir. Car ses romances dramatiques mélos là, c'est creux... Au moins ici il y'a un petit scénario qui va plus loin que le triangle amoureux de ouin ouin bourgeois. Il y a un quiproquo, un double jeu, un suspens de voir quand l'équilibre précaire du château de carte va s'écrouler mais en fait non on s'en fout on est pas chez Hitchcock. Le rythme est aux fraises, les acteurs ne convainquent pas, pour la première fois chez Ophüls la musique ne file même pas tout le film, les plans-séquence sont peu nombreux. C'est lambda, passe-partout, oubliable à moins d'être une fleur bleue absolue qui se repaie dans les souffrances de cœur de femmes tourmentées... Je déteste.

La Dame de Shanghai
7.7

La Dame de Shanghai (1947)

The Lady from Shanghai

1 h 27 min. Sortie : 24 décembre 1947. Film noir

Film de Orson Welles

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Je ne suis pas fanatique des intrigues policières / film noir / complot de Welles. Je me rappelle ne pas avoir été enchanté non plus par tout ce qui se déroulait dans La soif du mal, hormis les 2 plans séquences fabuleux du début et de la fin bien sûr. Le scénario n'est pas fascinant, pas particulièrement rebondissant, bien écrit ou habité. Ici malgré tout l'ambiance est un peu meilleur, cette promenade en bateau à son charme, le duo Welles / Hayworth également cette dernière étant sublimement iconisée. La mise en scène a la qualité habituelle attendue chez le gros monsieur, et bien évidemment la scène finale est saisissante, reprise allégrement par Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan, je savais que ça venait de quelque part je suis content d'enfin voir la version originale qui est un modèle d'exécution. Je me rend compte aussi que j'aime particulièrement l'usage de la voix off au cinéma, ici qui permet de s'immerger un peu plus dans la tête de ce pauvre marin baladé de complot en complot. Ca aide vraiment à instaurer une ambiance, et ça permet de confronter l'analyse du spectateur à celle de quelqu'un d'autre, participant au récit, qui peut donc en différer et être catalyseur d'émotion. Ce n'est donc pas le plus grand Welles à mon goût, mais c'est un beau film à la hauteur du maître.

Chien de la casse
7.2

Chien de la casse (2022)

1 h 33 min. Sortie : 19 avril 2023. Comédie dramatique

Film de Jean-Baptiste Durand

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Un beau film de l'année précédente. Une réussite particulièrement pour un premier film, Raphaël Quenard a un boulevard devant lui après cette belle performance qui le révèle pas mal. Les dialogues sont fins, bien écrits, ils parviennent à être très touchant aussi bien dans le comique que dans le malaise, souvent les deux en même temps sans qu'on sache vraiment à quoi s'en tenir (des gens riaient sur des scènes où j'étais crispé et vice-versa). Globalement les scènes sont très bien imaginées pour être pertinentes émotionnellement avec des petits détails, c'est proche de Simple comme Sylvain en ce sens. Mes petites réserves concernent la fin, un peu anticlimatique, les mecs tuent le chien par accident et basta, pas de remboursement, pas de discussion, c'est réglé sans qu'on sache trop pourquoi. C'est également sur toute la dimension "amitié-harcèlement", le film ne montre au final pas grand chose de profond là-dessus, Dog est insupportable et j'ai du mal à le voir autrement que comme un horny hollow, les gens comme ça existe j'en ai même croisé dehors mais on ne percevra jamais où se cache la part d'humanité en lui... Quand en parallèle Quenard tient toujours des propos très pertinents (c'est un peu mon modèle mais en version cassos), plutôt positifs et ne dérape jamais vraiment dans le forçage avec son ami (sauf peut être la scène au bar j'avoue il a déconné). M'enfin le film reste intéressant à tous les niveaux, effectivement une belle gemme de l'année passée.

Le Loup de Wall Street
7.4

Le Loup de Wall Street (2013)

The Wolf of Wall Street

3 h. Sortie : 25 décembre 2013. Biopic, Comédie dramatique, Policier

Film de Martin Scorsese

Tomega a mis 9/10.

Annotation :

Effectivement, le film n'a pas usurpé sa haute réputation de culte. Scorsese est au top de sa forme, et dispose de moyens impressionnants pour accoucher d'une œuvre sans limite, poussant autant les acteurs dans leurs derniers retranchements que les thèmes habituels de sa filmographie à savoir les récits salaces d'anti-héros plus ou moins tarés. Sauf que cette fois plus que jamais on est au plein cœur des monstres, au pic de ce système inhumain (pourtant créé par des êtres anciennement doté d'une âme humaine), bâti sur un empire de vent, de poussière, d'images, de promesses, de paroles. La structure du film consiste principalement à alterner les "grosses scènes" de dialogue avec des moments de débauches plus démonstratifs, et ça fonctionne bien pour que les trois heures passent comme une lettre à la poste (littéralement ressenti 1h30). Scorsese a toujours eu le talent pour imaginer des dilemmes, des altercations, des problèmes pertinents et c'est le cas ici (d'autant que c'est tiré d'une biographie réelle, j'imagine que beaucoup d'événements notamment les mouvement de grinding économiques se sont vraiment produits de cette façon) et c'est toujours aussi magique ici. Les personnages sont succulents, constamment avalés et recrachés comme des tas de merde par cette grande machine dont le flux d'adrénaline ne peut jamais cesser comme c'est si bien dit dans le film. Pendant un instant j'ai presque pris en pitié ces gens... un instant seulement bien sûr mais c'est dire la finesse et la maestria du film. Les performances d'acteurs sont faramineuses comme je le disais, avec des scènes d'oralité stupéfiantes, tant la discussion qui fait rentrer DiCaprio à Wall Street que les discours qu'il tient par la suite, et je ne mentionne même pas la scène de la paralysie avec la drogue, je n'ai pas été estomaqué comme ça depuis longtemps face à une telle générosité de tout le cast. Même les aspects les plus grandiloquents et exagérés du projet (notamment les scènes en 3D moche) sont légitimes pour participer à ce grand n'importe quoi excessif et explosif du capitalisme pourtant parfaitement maîtrisé, canalisé et contrôlé par Scorsese qui joue avec nous et nous dispense chaque scène, mouvement de caméra et dialogue juste comme il faut pour créer l'émotion dans notre petit kokoro. Le film m'a littéralement donné tout ce que je désirais et tout ce que je pouvais imaginer : des orgies tous les cinq plans, Margot Robbie nue, et même une scène dans le métro où on a un rappel de la

Shin Godzilla
7.1

Shin Godzilla (2016)

Shin Gojira

2 h. Sortie : 11 janvier 2024 (France). Action, Science-fiction

Film de Hideaki Anno et Shinji Higuchi

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Un peu mitigé car mes attentes étaient sûrement aussi titanesques que le reptile qui attaque Tokyo, mais le bilan reste positif. J'aime la mise en scène du film, véritable mine d'or de tous les instants : décors, mouvements de caméra, c'est très graphique dans le pur style de Anno et il y a moyen de grandement s'inspire de la fraîcheur et du dynamisme proposé par ce film, tant dans les scènes de destruction de ville que dans les moments de réunions autour d'une table. La musique de Shiro Sagisu est comme toujours de très haute volée, avec un espèce de thème rétro qui provient peut être du film original pour les attaques, il rend très bien en tout cas. Et j'aime aussi les petits détails à la con, la waifu américaine beaucoup trop stylée pour sa fonction et parle en broken english, le premier design très goofy, c'est plutôt Goofzilla au début du film ou encore l'abus total sur les sous-titres pour afficher le nom des lieux, les fonctions des politiques, c'est une belle trouvaille... En revanche je suis un peu déçu de l'absence quasi-totale de "personnages" identifiés, c'est vraiment une armée de PNJ sans personnalités contre Godzilla. Je trouve aussi le film beaucoup trop long sur la partie "organisation du gouvernement", on aurait facilement pu en retrancher quasiment une demi-heure que ça n'aurait à mon avis pas ternis le message sur leur ridicule, leur absurde immobilité, la lourdeur de l'administration, etc... Surtout que le film s'appesantit au final un peu trop là-dessus et étonnamment peu sur les scènes de destructions, qui frappe bien avec ces quelques plans sur l'impact que ces attaques ont sur la population... Ou la magistrale première attaque au laser, bien gérée. C'est drôle car au final j'imaginait un film live exactement comme ça pour Evangelion, avec une emphase mise sur la violence du chaos, un angle très réaliste et une opposition entre gouvernement et peuple victime des attaques. Au final c'est exactement l'angle qu'il a pris pour cette itération moderne de Godzilla, c'est drôle. A découvrir pour les fans du gros lézard, un peu trop huis-clos administratif pour être un chef d'œuvre du film catastrophe. Ca m'a bien motivé pour Minus one en tout cas !

La Ronde
7.7

La Ronde (1950)

1 h 33 min. Sortie : 27 septembre 1950. Drame, Romance, Sketches

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 6/10.

Annotation :

J'ai du mal à faire revenir la magie des débuts avec Max Ophüls :'( Voilà un discours qu'aurait pu tenir l'un des couples ici présentés... Le concept du film est exceptionnel (ça ne m'étonne pas qu'il y ai 2 remakes par la suite), je suis content que Max revienne enfin à une forme d'histoire assez originale avec ce narrateur omniscient, et certains sketches valent vraiment le détour notamment celui du couple adultère, ou bien du poète où enfin le film bascule dans la comédie plutôt que dans l'illustration de romances assez "classiques". Ce genre d'histories devaient être vraiment novatrices pour l'époque, avec toujours ce point de vue assez libéré, le sujet de l'adultère ou de la prostitution abordé sans détour. J'aime aussi ce côté omniprésent de l'amour, à chaque coin de rue, pour tous, ce côté cyclique, conceptuellement c'est génial. Mais dans l'exécution ça reste assez daté, classique, on pourrait grâce à ce sujet en dire beaucoup plus sur l'amour, les passions, leur multiplicité, même le narrateur pourrait être encore plus railleur et participatif ! Et cette musique, insupportable, qui tourne en boucle... J'ai la sensation qu'elle était beaucoup plus agréable lors de mes 2 premiers films visionnés, même cette partie "comédie musicale" pourrait être plus généreuse qu'un simple narrateur qui slam sur des cœurs discrets. Il n'y a pas à tortiller ce scénario est culte, la mise en scène est sublime, ce film pourrait donner quelque chose d'exceptionnel si on le reprenait en un peu plus moderne de nos jours. Mais vu la note de ses remakes, je n'ai pas l'impression que l'essai ait été concluant pour le moment... à garder dans un coin de la tête pour le réadapter ?

Lettre d'une inconnue
7.9

Lettre d'une inconnue (1948)

Letter from an Unknown Woman

1 h 27 min. Sortie : 5 novembre 1948 (France). Drame, Romance

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 8/10.

Annotation :

Enfin le retour du Ophüls des grands jours, avec un film incroyablement touchant et efficace, dans une sobriété pourtant plus proche de ceux qui m'avaient gonflés récemment, type Madame de..., comme quoi ça tient souvent à pas grand chose. Ici la maestria est totale pour ce mélodrame qui n'en fait jamais trop autour d'un thème que Ophüls maîtrise à merveille : les amourettes, et ce point de vue féminin jamais renié ce qui paraît toujours très moderne pour les années 50. Le premier élément qui change la donne : la musique, enfin puissante, enfin cohérente, elle accompagne très bien la majorité des scènes et rythme enfin le film avec une qualité proche de Montès et Plaisir ! Ca fluidifie beaucoup la cadence, et pour un film sur le sujet d'un pianiste/artiste c'était indispensable. La mise en scène est toujours aussi irréprochable, avec ces plans qui se répondent où Lisa regarde jeune la porte du pianiste pour qu'on ait le même angle de vue quand elle y accède enfin des années plus tard, c'est parfait à ce niveau. Les dialogues sont pertinents, il n'y a pas vraiment de scène en trop on se régale. Les deux acteurs principaux sont en état de grâce, je n'ai jamais vu Fontaine aussi bien jouer et ici elle transmet des émotions assez dures à rendre compte dans un double rôle autant dans la jeunesse insouciante, légère et curieuse que dans l'âge adulte plus désenchanté et apathique. Ce qui donne lieu à des scènes absolument explosives sur la fin, la retrouvaille entre les deux amoureux où le décalage de personnalité se fait effarant, ou bien le dernier plan sur Jourdan en sortie de lettre où on se rend compte que même son valet se rappelait de Lisa, les mecs aussi superficiels sont vraiment misérables... Et avec cette lecture de lettre, qui se recoupe sur le duel annoncé au début, Ophüls parvient à tordre encore sa narration dans une forme extrêmement stimulante et originale, c'est vraiment ce qui fait de lui un cinéaste à placer au sommet à mes yeux. Il aura été capable de raconter des histoires de manière toujours inattendues, et quelles belles histoires quand c'est du style de cette Lettre d'une inconnue. Merci chef.

Les Colons
7

Les Colons (2023)

Los colonos

1 h 40 min. Sortie : 20 décembre 2023 (France). Drame, Aventure, Historique

Film de Felipe Gálvez Haberle

Tomega a mis 3/10.

Annotation :

Un film exactement comme je les déteste ! Trop minimaliste, vide, quelqu'un a ragequit la séance et même mes capacités de supra-concentration ne m'ont pas suffit pour tenir la pauvre heure quarante sans regarder mon téléphone... L'aventure commence comme un film de Skolimowski dans le sens où il n'y a absolument aucune intrigue, seulement des personnages qui avancent, et les situations auxquelles ils vont être confrontés sont conçues dans la but de jouer avec les émotions du spectateur de la manière la plus brute : via le jeu des acteurs, le sound-design (le musique a un charme), la mise en scène (les plans larges aussi... mais on l'habitude de ça dans les westerns) ou le facteur choc. Et je n'accroche pas du tout à ce procédé (même si j'ai apprécié Eo) car je trouve ça artificiel, pas subtil, exagéré... J'en veux pour preuve les acteurs qui en font trois fois trop, le capitaine anglais complètement fou qui crache en enrageant sur les divisions du Royaume-Uni, je ne sais pas si c'est censé faire rire au crisper... Ou encore le plan final, désolé mais c'est artificiel au possible, ces acteurs qui prennent des airs outrageusement hébétés avec des tics au visage et un gros zoom, c'est tellement joué, pourquoi demander de jouer des situations comme ça plutôt que de créer des moments authentiques, plus proche du réel... C'est presque vulgaire de créer des scènes comme ça. D'autant que je m'attendais à ce que le film se termine avec la vraie séquence de ces deux indiens qui aurait été filmé à l'époque... mais bon à priori un équivalent n'a pas été retrouvé, ou réellement filmé. C'est dommage car la BD Jours de sable que j'ai lu récemment réussissait avec grâce cette intégration du réel à la fiction en s'inspirant de photos réelles pour imaginer chaque scène de l'histoire. Car la dernière partie des Colons, je l'admet m'a sorti de ma torpeur qui allait probablement m'entraîner vers les bras de Morphée avant la fin de séance. C'est sympathique d'avoir fait ça pour apporter un peu de densité et de profondeur sur cette conquête de l'extrémité du Chili, ça laisse effectivement un certain goût en bouche pour la fin de séance m'enfin. Il y aura des afficionados de ce style comme il y a des afficionados d'Essential Killing, je n'en fait vraiment pas partie.

Pris au piège
6.7

Pris au piège (1949)

Caught

1 h 28 min. Sortie : 1 septembre 1950 (France). Film noir

Film de Max Ophüls

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Un scénario béton pour ce très honorable film de Ophüls, sorte de piège psychologique Hitchcockien à la Marnie (dans le sens où l'élastique se tend de plus en plus et on attend que le château de carte s'effondre). J'aime ces personnages archétypaux mais plaisants à suivre et bien écrits, ce riche trop méchant, cette fille trop tourmentée par le bourbier qu'elle a choisi. C'est assez édifiant de revoir en 2024 ces "écoles de charme" pour apprendre les codes sociaux de l'époque, un sacré délire ! Le film a un plutôt rythme, ça se goupille très bien, ce thriller sentimental vaut le coup d'œil sans aucune hésitation de recommandation. La modernité d'Ophüls avec ses histoires assez féminines est sans pareille, c'est tout bête mais ce plan qui part de Leonora qui entre dans le salon pour arriver sur son mari étendu par terre, c'est tellement au dessus des standards de l'époque en terme de dynamisme ! Props aux acteurs également qui livrent de belles performances pour rendre cette histoire crédible, j'aime beaucoup les 2 gros plans sur l'échange entre le médecin et le riche.

Godzilla Minus One
7.1

Godzilla Minus One (2023)

2 h 05 min. Sortie : 7 décembre 2023 (France). Action, Science-fiction, Aventure

Film de Takashi Yamazaki

Tomega a mis 1/10 et a écrit une critique.

The Lobster
6.8

The Lobster (2015)

1 h 58 min. Sortie : 28 octobre 2015 (France). Drame, Romance, Science-fiction

Film de Yórgos Lánthimos

Tomega a mis 6/10.

Annotation :

Film sympathique, notamment grâce à son excellent scénario et ses approches vraiment pas communes, ça sent le délire d'artiste à plein nez... Dommage que ça traîne effectivement beaucoup en longueur passé les deux tiers, l'histoire du gang des célibataires n'est vraiment pas fascinante d'autant qu'elle n'est que le miroir en moins bien de la partie à l'hôtel, beaucoup plus efficace et intrigante car c'est à ce moment que se joue toute la découverte, toutes les idées de cet univers kafkaïen en diable. Les acteurs sont beaux et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils livrent des performances atypiques, à la fois "pas assez jouées" et en même temps visible nulle part ailleurs. Je comprend qu'il le réalisateur en soit venu à produire un truc comme Poor Things avec Emma Stone, ma curiosité aura été suffisamment piquée pour aller faire le déplacement vers le grand écran. Je trouve la conclusion vraiment insuffisante (même toute l'intrigue en y réfléchissant, one ne retire rien de délirant sur l'amour, l'idéal du couple dans la société, le besoin des autres...), encore un film qui ne se termine pas officiellement et qui laisse le spectateur se faire son propre délire. Mais cet univers fait tellement rêver, définitivement un univers fantastique dans lequel on aimerait le plus vivre (☺). Le rythme est également compétent (au moins au début), la musique parle à ma sensibilité de homard en puissance.

Pauvres Créatures
7.3

Pauvres Créatures (2023)

Poor Things

2 h 21 min. Sortie : 17 janvier 2024 (France). Comédie, Drame, Fantastique

Film de Yórgos Lánthimos

Tomega a mis 3/10.

Annotation :

J'étais venu pour voir Emma Stone et du sexe, en soit on m'a servi exactement ce que j'étais venu chercher. Mais j'avoue que je me serais bien passé du fait que ce soit enrobé dans un énième blockbuster trop long de "voyage artistique" comme A24 aime nous en servir récemment. Poor Things est un faux film d'émancipation féminine et vrai épopée creuse, finalement plus proche de Candide que de Frankenstein ou du deuxième sexe dont je m'attendais à retrouver des traces dans le scénario. C'est dommage car pris individuellement plusieurs éléments du film sont très bons, je pense aux costumes assez hallucinants, à la musique que je trouve très réussie dans ces sonorités rarement entendues ailleurs ou encore aux performances d'acteurs, Emma Stone en tête qui livre ici son rôle le plus complet et qui habite vraiment le récit. Elle seule rend cette temporalité et cette évolution palpable où on la voit commencer par un jeu primaire et instinctif pour terminer 1h30 plus tard dans des tirades bien plus classiques, avec une grammaire maîtrisée et une démarche réaliste. La mise en scène j'ai vraiment détesté par contre, cet usage du grand-angle sans aucune cohérence, genre le mec l'utilise de temps en temps, on sait pas pourquoi, juste parce qu'il le pouvait on dirait... Je préférais largement celle de The Lobster qui restait efficace sans jouer avec amateurisme de pareils effets de style. Non le point faible c'est ce scénario qui comme toujours ne va nulle part sous couvert de varier des scènes qui se veulent comme des capsules émotionnelles peu efficaces, qui ne semble renvoyer à rien de proche des émotions qu'on le ressent au quotidien ou même à des réflexions auxquelles on pourrait être confronté. De quoi parle Poor Things exactement ? Du rapport homme-femme ? De rapport à la sexualité ? De la pauvreté ? Le film n'est pas juste vis-à-vis du moindre thème qu'il met sur le tapis quand j'ai l'impression que tout ce qu'il a a transmettre c'est "Les hommes restreignent les femmes mais Papa est quand même gentil", "Les gens sont cruels l'homme est un loup pour l'homme" ou dieu sait quel lieu commun ridicule. Le sommet de la nullité étant atteint dans la scène avec sur le bateau avec un pseudo-cynique, une référence grossière à Diogène le cynique... Ca ne va nulle part, ne tente pas de tenir un discours philosophique si tu en est incapable ou que tu n'as rien à dire... Pourquoi chapitrer son film avec des jolies écrans-titres en noir et blanc également, mais seulement de te

Le Criminel
6.9

Le Criminel (1946)

The Stranger

1 h 35 min. Sortie : 7 avril 1948 (France). Thriller, Drame, Film noir

Film de Orson Welles

Tomega a mis 5/10.

Annotation :

Honnête thriller noir sur fond de nazisme, donc un thème qui peut en toucher certains, moi pas spécialement. D'autant que ça ne dit rien de spécialement fou sur ledit nazisme hormis "ils sont comme tout le monde". Je salue quand même la pertinence de le faire un an à peine après la guerre, ce scénario était certainement bien plus d'actualité à ce moment-là. Je ne vois rien de fou pour le reste du film, moins iconique et moins de coup d'éclat que dans d'autres projets du grand Welles. Le scénario suit son cours sans scène renversante, le grand final est attendu et repose finalement plus sur d'autres éléments que la pure mise en scène comme dans la dame de Shanghai, avec ce sound-design de l'horloge, cette musique (trop) tonitruante. Les acteurs sont sympas aussi mais pas particulièrement mis en valeur, c'est un petit film, efficace mais oubliable.

Othello
7.5

Othello (1951)

The Tragedy of Othello, the Moor of Venice

1 h 30 min. Sortie : 19 novembre 1952 (France). Drame, Romance

Film de Orson Welles

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

C'est une étrange expérience pour moi de découvrir cette fois l'histoire de ce Othello directement avec une adaptation cinématographique... Et ça me confirme bien que Shakespeare est à mes yeux l'un des plus grands auteurs de l'histoire de l'humanité, capable de mettre en scène des histoires universelles et intemporelles dans des contextes épiques, sans avoir peur de s'arrêter sur de grandes tirades surpuissantes, arme fatale du théâtre. Et Welles livre ici une adaptation à la hauteur, probablement un léger cran au dessus de MacBeth (ce dont je m'en souviens en tout cas, c'était dur de faire plus fort que le château de l'araignée d'ailleurs). La musique est convaincante, on retrouve beaucoup des belles tirades de la pièce, sur l'amour, entre les deux femmes sur l'adultère ou la sublimissime dernière réplique de Othello. Les acteurs sont craquants et iconisés, Welles en mode blackface maximum et cette Desdémone canadienne est des plus ravissantes. Les décors sont somptueux et la mise en scène oscille entre l'expressionisme baroque très qualitatif avec jeu d'ombre et mouvements audacieux, et entre les champs-contrechamps timides, les caméras tiltées par folles et les cuts parfois un peu abusés. Je dirais aussi qu'il y a quelque micro-longueurs qui sapent un peu le rythme des deux adaptations Shakespeariennes de Welles, certainement dues au format cinématographique puisque dans la pièce on ressent moins le poids du temps qui passe, le vide et les baisses de régime qu'il implique. M'enfin cette adaptation du maître de la tragédie est à retenir, la meilleure rencontre entre ces deux titans de leurs disciplines respectives. Ca donne envie de se replonger dans les pièces de William en tout cas !

Une histoire immortelle
6.9

Une histoire immortelle (1968)

The Immortal Story

58 min. Sortie : 24 mai 1968. Drame

Téléfilm de Orson Welles

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Efficace film de fin de carrière pour Orson (j'ai l'impression que je vais bien apprécier cette partie de son cinéma). Avec ce scénario goldé (et reprenable tant il y a plus à faire et à dire sur ce super sujet que dans un simple moyen-métrage), le film est très authentique, très beau. Ces décors et acteurs filmés sans trop de fioritures, cette musique de Satie qui accompagne très bien l'ambiance mélancolique et artificielle, ces couleurs qui pètent. C'est assez fascinant de suivre cette machination finalement très malsaine, j'aime comment Orson semble toujours placer un personnage un peu "observateur" dans ses histoires, et comment il n'a aucun scrupule à souvent jouer les méchants. Un beau projet très agréable à regarder qui rappelle encore une fois que l'argent achète tout... Le final est presque Shakespearien ! Ca sent le fanboy...

Terminator 2 - Le Jugement dernier
7.7

Terminator 2 - Le Jugement dernier (1991)

Terminator 2: Judgment Day

2 h 17 min. Sortie : 16 octobre 1991 (France). Action, Science-fiction, Thriller

Film de James Cameron

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Je suis satisfait : j'ai enfin vu la facette culte du Terminator. Le film n'a absolument rien à voir avec le premier alors qu'il reprend pourtant un cœur de scénario identique. Comme quoi on peut reprendre exactement le même délire (jeu de chat de la souris avec un objet à protéger) mais en faire un traitement totalement différent. Le budget 20 fois supérieur en est sûrement responsable, mais la grande richesse de cette suite par rapport au premier fait très plaisir : variété dans les scènes proposées (moto, baston, gunfight, voiture) mais aussi dans les personnages à suivre. Il y en a pour tous les goûts : femme forte tout en épaule et triceps on sent qu'elle a fait des élévations latérales, gamin sympathique, Schwarzy en cabotinage au sommet de son iconisation cf. la première scène d'une générosité presque excessive, ou le début du film qui joue pas mal avec les attentes du spectateur c'est agréable pour une suite. Même la mise en scène est très qualitative, souvent au ras du sol pour des plans iconiques, les scènes sont dynamiques sans perdre en lisibilité pour la majorité ce qui est un miracle car j'ai gardé un très mauvais souvenir du premier film à ce niveau. Je n'ai pas vu une nuit américaine aussi belle depuis Fury Road, les lumières sont tout du long très bien gérées notamment le magnifique éclairage rouge/bleu sur la scène finale. Et que dire de ces effets spéciaux, le T-1000 est génial, toujours crédible plus de 30 ans après et ils ont eu pas mal d'idée pour bien exploiter son concept de régénération : le visage éclaté en 2, la reconstitution à partir d'une flaque d'eau. J'aime aussi les petites thématiques mises sur la tapis en vitesse, sur les types dont les créations ont des conséquences désastreuses, sur la pertinence de la machine dans notre monde insensé. Enfin le projet Terminator prend l'envergure qu'il méritait, tout se goupille parfaitement et bien qu'il n'ai ni la satire de Robocop ni la hard-SF de Total Recall, Cameron pond ici l'un de ses meilleurs projets, généreux et très bien fini qui a intronisé son concept au panthéon des mythes modernes.

Deep End
7.5

Deep End (1970)

1 h 32 min. Sortie : 15 décembre 1971 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Jerzy Skolimowski

Tomega a mis 6/10.

Annotation :

J'ai définitivement du mal avec les films de Skolimovski, je ne me reconnais pas dans les émotions proposées qui sont trop rudes, trop jusqu'au boutiste... Dommage car ici cette histoire autour de l'adolescence, de l'appréhension du sentiment de désir, de la frustration est très bien menée et sent dangereusement le vécu. J'aime beaucoup ce setting des bains publics (de la piscine municipale ?). Pleins de scènes font mouches, autant dans les détails les plus insignifiants comme le prof dangereux pervers sexuel ou la prostituée qui s'est fait signer son plâtre par des stars que dans des moments de plus grande maestria visuelle ou d'acting. Le pétage de câble de Sue en contre-plongée dans un coin d'écran, la scène dans le quartier chaud avec la caméra qui tourne dans tous les sens et la musique frénétique ou bien la scène finale qui fait terriblement mouche. Il y a de très grands moments de réalisation dans Deep End, Skolimovski est vraiment le cinéaste de l'exigence, dans les couleurs, la lumière, le sound-design. Mais ses récits sont trop tourmentés pour profondément me plaire. On est presque sur le level de La pianiste là en terme de tourment sexuel. Jane Asher aussi est écrasante de beauté. Un cinéaste important !

La Splendeur des Amberson
7.4

La Splendeur des Amberson (1942)

The Magnificent Ambersons

1 h 28 min. Sortie : 15 novembre 1946 (France). Drame, Romance

Film de Orson Welles

Tomega a mis 6/10.

Annotation :

Un film classique, dans la lignée du talent du monsieur. J'avoue ne pas être fan de ce genre de film d'époque, où on suit un peu l'évolution d'une famille donc je n'ai pas été enchanté par ces esquisses de romances malgré quelques idées très convaincantes (voir l'impact des progrès industriels sur les gens, ces bourgeois anti-travail, ces quelques scènes où les acteurs se donnent beaucoup trop, comme une dispute sur un pas de porte avec le type assez comique...). L'histoire reste agréable à suivre, mise en scène avec le talent habituel du monsieur, et j'avoue que je commence à vraiment apprécier la cohérence des thèmes de sa cinématographie, toujours sur cette splendeur justement, cette apogée, point d'orgue utopique qui au final n'amène que plus haut pour l'irrémédiable décadence à laquelle tout le monde finira par être confronté. Prophétique en effet dans cette nouvelle corde de bonne qualité ajoutée à son arc. Je me dis aussi que le film aurait pu être encore plus mirifique en couleur, on a envie de s'immerger encore plus dans ce palace de luxe !

Daaaaaalí !
6.2

Daaaaaalí ! (2023)

1 h 18 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Bien évidemment, comme attendu, le film est bon, comme toujours avec Dupieux qui s'affirme définitivement comme le cinéaste le moins prise de tête de France avec ses films toujours courts, toujours comiques. Je met quand même un petit bémol sur ce Dali qui est le projet que j'ai le moins apprécié depuis la période dorée initiée par Le Daim. Dupieux est à nouveau de retour sur le terrain de l'équilibrisme entre le film qui tente l'expérimentation sur la forme, mais prend le risque d'oublier la pertinence sur le fond. Car disons directement les termes : Dali est une reprise du scénario de Réalité, avec un film mélangé qui fait office de pseudo-puzzle à la David Lynch dont les références se font d'ailleurs explicites dans les séquences de rêves au sound-design inversé. Ce qui fait qu'on obtient un film parfaitement "dans l'esprit Dali" (la trame explosée Lynchéenne est légitime comme il me semble qu'on désigne également son cinéma comme surréaliste... Dali ne serait donc pas le dernier artiste encore vivant ???) plutôt qu'avec un film SUR Salvador Dali. Et d'un côté je respecte ça, c'est toujours plus intéressant d'utiliser le format biopic pour laisser un créatif s'emparer de la vie (du mythe) d'un homme (ou d'une femme, je lit le deuxième sexe en ce moment) pour en tirer une œuvre à sa sauce plutôt que bêtement se (riz) cantonner (la folie surréaliste s'empare de moi) à raconter texto des faits historiques à la véracité parfois douteuse. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser, surtout en voyant la belle brochette de stars réunie ici comme toujours (Demoustier vraiment sublime et douée) qu'on aurait pu avoir quelque chose de plus profond d'une intersection de séquences d'interviews qui ne vont nulle part. Quelques idées transpirent de ce nœud cinématographique (d'ailleurs présent sur le dessin de l'affiche), sur l'absurdité de l'art et de son business, des bonnes idées de montages et d'iconisation comme avec la première scène dans le couloir, il faut avoir des idées pareilles même si certaines ne passent pas à fond ou sont un peu longues comme la fin du film, ou le running gag infini du cowboy qui tue le prêtre... M'enfin l'humour est subjectif, le film reste pertinent et très créatif, bourré d'idées ré-exploitables à l'avenir notamment le multi-acteur pour un personnage iconique, mais je pense qu'on aurait pu avoir un projet encore plus réussi, encore plus fou et fourni, mais comme souvent avec Dupieux on reste un peu sur notre faim de part la petite éten

Saint Laurent
6.3

Saint Laurent (2014)

2 h 30 min. Sortie : 24 septembre 2014. Biopic, Drame

Film de Bertrand Bonello

Tomega a mis 7/10.

Annotation :

Un biopic comme on l'aime, langoureux et très réussi dans sa forme. Et dans son fond beau récit de débauche sans perdre de vue l'hommage à l'"œuvre" de Saint Laurent. Les scènes sont extrêmement bien choisies, elles ont toutes quelque chose à faire ressentir émotionnellement, et quelque chose de plus profond que "Saint Laurent gribouille des costumes sur un papier" ou "voici un fait historique brut de décoffrage sur sa vie, un défilé, la perte d'un être cher". On évite les clichés, les écueils dans lesquels n'importe quel biopic fait par-dessus la jambe finit par tomber (coucou Oppenheimer), et plus qu'un alignement de faits historiques on a une vraie proposition d'artiste, sensoriellement très satisfaisante. Grâce à cette playlist, qui aligne l'opératique Ave Maria avec les Velvet Underground. Grâce à ces cadres et ces lumières, aussi immaculés qu'immanents (bon j'avoue que je viens de vérifier le sens de cette consonnance sur Google mais ça fonctionne à merveille avec ce que j'ai ressenti). Et surtout grâce à cette pertinence constante dans les parti-pris, les scènes choisies : le défilé en split-screen avec les actualités de l'époque, faire un montage alterné entre fin et pic de carrière, la discussion des journalistes sur le "mythe" Saint Laurent, c'est vraiment tout ce qu'il me faut pour être heureux. Bonello est quand même doué, il a un point de vue qui sait sortir du commun pour traiter ses histoires. Je vais sûrement me chauffer pour aller voir La Bête dans quelques jours...

La Bête
6.3

La Bête (2023)

2 h 26 min. Sortie : 7 février 2024. Drame, Romance, Science-fiction

Film de Bertrand Bonello

Tomega a mis 2/10.

Annotation :

Le virage expérimental de Bonello est vraiment là pour me tuer, je débecte profondément ces expériences et pas seulement parce qu'il parvient à chaque fois à recréer l'un des cauchemars qui me fait le plus flipper, en exploitant des légères incohérences visuelles, auditives, pour créer des sortes de "glitchs" dans la vraie vie. Mais c'est bien parce que je n'accroche aucune à ces "délires d'artistes", que je trouve particulièrement vains et qui passent vraiment pour du sous-Lynch, c'est très compliqué de revenir à Hollywood avec une histoire surréaliste sans être écrasé par l'ombre du maître qui aura définitivement bouleversé son média. Le positif : la technique qui ne se fout à aucun moment de ta gueule, les décors sont sympas, la sélection musicale c'est du caviar (je découvre d'ailleurs que Bonello compose à priori lui-même ses B.O.), la mise en scène et qualitative, offre de très belles compositions avec ses variations de ratio et surtout expérimente pas mal d'idées jamais vues ailleurs, certains zooms, certaines coupes, changements de formats, c'est le plaisir visuel qui m'a maintenu sur le fauteuil pendant ces pourtant interminables 2h30 qui pourraient presque avoir raison de certains des stoïciens les plus déterminés, je défit quiconque de vivre une séance de La Bête sans personne qui sort de la salle avant la fin. Ce plaisir visuel qui est évidemment garanti par Léa Seydoux, plus que jamais femme-poupée, égérie du sublime à la française, iconisée au delà du réel, dotée ici de toutes les coiffures, de toutes les robes, de toutes les époques, de tous les jeux. Le reste du casting n'est pas forcément en reste, c'est toujours un régal de voir Julia Faure et Löwensohn l'actrice de l'homonyme Mandico passer une tête comme ça. Ce qui ridiculise le film c'est ce rythme erratique, ces scènes qui ne vont nulle-part, qui s'étirent pour diluer ses émotions au delà de toute forme de réalité comme une spaghettification dans un trou noir. C'est ce message pourtant louable de montrer pour citer mon co-spectateur que "les perturbateurs endocriniens rendent invivables les relations (notamment homme-femme)", mais pourquoi noyer une idée aussi simple dans une SF éco+ de 2h30... Car toutes ces répétitions de scènes qui ne vont nulle-part, ces changements d'époques, ça fait quand même vachement mec qui a vu Tatami Galaxy sans le comprendre et qui tente de le reproduire en faisant un truc qui ne fonctionne pas... C'est trop complexe, il y a trop de fioriture, et ce genre

Vérités et mensonges
7.3

Vérités et mensonges (1973)

F for Fake

1 h 25 min. Sortie : 12 mars 1975. Art, Essai

Documentaire de Orson Welles

Tomega a mis 9/10.

Annotation :

F for Fantastic. Exactement ce que je voulais voir, et même plus encore. Déjà à l'époque, Welles partait avec un chef d'œuvre et je meurs d'envie de voir The Other side of the wind comme je sens que ça va être du même niveau, en encore plus agité... Car oui avant tout chose ce documentaire est un véritable tourbillon d'images enivrantes alors qu'on est la plupart du temps confronté à de l'interview et de la voix off, un dynamisme et un rythme effréné accompagne le spectateur dans ce réussi essai sur l'art, et rarement un documentaire a été habité par une tel ambiance, une telle frénésie. En mise en scène c'est un sans faute, Legrand et confirmé comme étant un des plus grands compositeurs modernes tant ses ballades font autant voyager les frissons le long de notre corps que notre esprit entre ces différents parcours, de la solaire Ibiza au regretté Hollywood en passant par le village de Toussaint, habité par une bien trop sublimement habillée Oja Kodar. La forme est donc irréprochable, et mise au service d'un fond tout aussi parfait, Welles questionne vraiment le rapport entre la réalité et le mensonge, en baratinant pendant la moitié de son documentaire, et en prouvant sur l'autre moitié du temps que quoi qu'il arrive le concept de "vérité", de "réalité" ne représente pas grand chose, toujours subjective, régulée par un marché ou des autorités. Les histoires comme celles de Irving et Elmyr de Hory j'adore ça, je respecte infiniment les gens qui font de leur vie un véritable récit, faisant fit des conventions tacites et de la morale auxquelles on est tous soumis, dans l'essence ça me rappelle le parcours hallucinant de Andy Kaufman dans Man on the Moon, où le réel en vient à ne plus faire aucun sens... La réflexion poussée ici me paraît en tout cas pertinente, complète, habillée par un tourbillon d'images délirant qui fait rafistolé, trop boursouflé, comme toute la vie et l'œuvre d'Orson d'ailleurs. Voilà de quoi accouche un artiste à son sommet, voilà comment faire un documentaire intensément cinématographique, la vie imite l'art, l'art imite la vie. Et moi, je me régale en voyant des folies pareilles.

Tomega

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