Florilège poétique
25 livres
créée il y a environ 10 ans · modifiée il y a environ 1 anHaiku
Sortie : 1 janvier 1994 (France). Poésie
livre de Kobayashi Issa
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Ah ! Le papillon
volant comme si le monde
n'avait aucun but"
Du monde entier au coeur du monde (1957)
Sortie : 1957 (France). Poésie
livre de Blaise Cendrars
Annotation :
"Seigneur, c’est aujourd’hui le jour de votre Nom.
J’ai lu dans un vieux livre la geste de votre Passion,
Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles
Qui pleurent dans le livre, doucement monotones.
Un moine d’un vieux temps me parle de votre mort.
Il traçait votre histoire avec des lettres d’or
Dans un missel, posé sur ses genoux.
Il travaillait pieusement en s’inspirant de Vous.
À l’abri de l’autel, assis dans sa robe blanche,
il travaillait lentement du lundi au dimanche.
Les heures s’arrêtaient au seuil de son retrait.
Lui, s’oubliait, penché sur votre portrait.
À vêpres, quand les cloches psalmodiaient dans la tour,
Le bon frère ne savait si c’était son amour
Ou si c’était le Vôtre, Seigneur, ou votre Père
Qui battait à grands coups les portes du monastère.
Je suis comme ce bon moine, ce soir, je suis inquiet.
Dans la chambre à côté, un être triste et muet
Attend derrière la porte, attend que je l’appelle!
C’est Vous, c’est Dieu, c’est moi, — c’est l’Éternel.
Je ne Vous ai pas connu alors, — ni maintenant.
Je n’ai jamais prié quand j’étais un petit enfant.
Ce soir pourtant je pense à Vous avec effroi.
Mon âme est une veuve en deuil au pied de votre Croix;
Mon âme est une veuve en noir, — c’est votre Mère
Sans larme et sans espoir, comme l’a peinte Carrière.
Je connais tous les Christs qui pendent dans les musées;
Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés."
La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913)
Sortie : 1913 (France). Poésie
livre de Blaise Cendrars
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"En ce temps-là j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à 16 000 lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur tour à tour brûlait comme le temple d'Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou
quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j'étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
croustillé d'or,
Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes
blanches
Et l'or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J'avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s'envolaient sur la place
Et mes mains s'envolaient aussi avec des bruissements d'albatros
Et ceci, c'était les dernières réminiscences
Du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer."
Alcools (1913)
Sortie : 1913 (France). Poésie
livre de Guillaume Apollinaire
Somniator a mis 10/10.
Annotation :
"Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne
Les enfants de l’école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne"
Les Fleurs du mal (1857)
Sortie : 25 juin 1857. Poésie
livre de Charles Baudelaire
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche."
Le Spleen de Paris (1869)
Petits poèmes en prose
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Charles Baudelaire
Somniator a mis 10/10.
Annotation :
"La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit : "Cette enfant me plaît."
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s'étendit sur toi avec la tendresse souple d'une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C'est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis ; et elle t'a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l'envie de pleurer."
Poésies complètes (1895)
Sortie : 1895 (France). Poésie
livre de Arthur Rimbaud
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !"
Poésies (1899)
Sortie : 1899 (France). Poésie
livre de Stéphane Mallarmé
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Las du triste hôpital, et de l'encens fétide
Qui monte en la blancheur banale des rideaux
Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide,
Le moribond sournois y redresse un vieux dos,
Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture
Que pour voir du soleil sur les pierres, coller
Les poils blancs et les os de la maigre figure
Aux fenêtres qu'un beau rayon clair veut hâler,
Et la bouche, fiévreuse et d'azur bleu vorace,
Telle, jeune, elle alla respirer son trésor,
Une peau virginale et de jadis ! encrasse
D'un long baiser amer les tièdes carreaux d'or."
Oeuvre poétique 1925-1965
Obra poética
Sortie : 1970 (France). Poésie
livre de Jorge Luis Borges
Annotation :
"Parfois, le soir, un visage
nous regarde du fond d’un miroir :
l’art doit être comme ce miroir
nous dévoilant notre propre visage.
On raconte qu’Ulysse, repu de prodiges,
pleura d’amour en retrouvant son Ithaque
verte et humble. L’art est cette Ithaque
de verte éternité, non de prodiges."
La Fable du monde (1938)
suivi de Oublieuse mémoire
Sortie : 1938 (France). Poésie
livre de Jules Supervielle
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Quand dorment les soleils sous nos humbles manteaux
Dans l'univers obscur qui forme notre corps,
Les nerfs qui voient en nous ce que nos yeux ignorent
Nous précèdent au fond de notre chair plus lente,
Ils peuplent nos lointains de leurs herbes luisantes
Arrachant à la chair de tremblantes aurores.
C'est le monde où l'espace est fait de notre sang.
Des oiseaux teints de rouge et toujours renaissants
Ont du mal à voler près du cœur qui les mène
Et ne peuvent s'en éloigner qu'en périssant
Car c'est en nous que sont les plus cruelles plaines
Où l'on périt de soif près de fausses fontaines.
Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l'oreille des autres."
Iliade
(traduction Mario Meunier)
Ἰλιάς
Sortie : 1943 (France). Mythes & épopée
livre de Homère
Somniator a mis 10/10.
Annotation :
"Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel — pour l'achèvement du dessein de Zeus."
La nuit remue (1935)
Sortie : 1935 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Somniator a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Je vous construirai une ville avec des loques, moi!
Je vous construirai sans plan et sans ciment
Un édifice que vous ne détruirez pas,
Et qu'une espèce d'évidence écumante
Soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire au nez,
Et au nez gelé de tous vos Parthénons, vos arts arabes, et de vos Mings.
Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard
Et du son de peau de tambour,
Je vous assoierai des forteresses écrasantes et superbes,
Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses,
Contre lesquelles votre ordre multimillénaire et votre géométrie
Tomberont en fadaises et galimatias et poussière de sable sans raison."
Épreuves, exorcismes (1946)
1940-1944
Sortie : 1946 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Somniator a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Qu'as-tu fait de ta vie, pitance de roi ?
J'ai vu l'homme.
Je n'ai pas vu l'homme comme la mouette, vague au ventre, qui file rapide sur la mer indéfinie.
J'ai vu l'homme à la torche faible, ployé et qui cherchait. Il avait le sérieux de la puce qui saute, mais son saut était rare et réglementé.
Sa cathédrale avait la flèche molle. Il était préoccupé.
Je n'ai pas entendu l'homme, les yeux humides de piété, dire au serpent qui le pique mortellement : "puisses-tu renaître homme et lire les Védas!". Mais j'ai entendu l'homme comme un char lourd sur sa lancée écrasant mourants et morts, et il ne se retournait pas.
Son nez était relevé, comme la proue des embarcations Vikings, mais il ne regardait pas le ciel, demeure des dieux, il regardait le ciel suspect d'où pouvait sortir à tout instant des machines implacables, porteuses de bombes puissantes.
Il avait plus de cernes que d'yeux, plus de barbe que de peau, plus de boue que de capote, mais son casque était toujours dur.
Sa guerre était grande, avait des avants et des après, avait des avants, et des arrières. Vite partait l'homme, vite partait l'obus."
Poésies (1929)
Sortie : 1929 (France). Poésie
livre de Paul Valéry
Somniator a mis 8/10.
Annotation :
"Quand le ciel couleur d’une joue
Laisse enfin les yeux le chérir
Et qu’au point doré de périr
Dans les roses le temps se joue,
Devant le muet de plaisir
Qu’enchaîne une telle peinture,
Danse une Ombre à libre ceinture
Que le soir est près de saisir.
Cette ceinture vagabonde
Fait dans le souffle aérien
Frémir le suprême lien
De mon silence avec ce monde…
Absent, présent… Je suis bien seul,
Et sombre, ô suave linceul."
Seul dans la splendeur
Sortie : février 2009 (France). Poésie
livre de John Keats
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Keen, fitful gusts are whispering here and there
Among the bushes, half leafless and dry;
The stars look very cold about the sky,
And I have many miles on foot to fare;
Yet feel I little of the cool bleak air,
Or of the dead leaves rustling drearily,
Or of those silver lamps that burn on high,
Or of the distance from home's pleasant lair.
For I am brimfull of the friendliness
That in a little cottage I have found;
Of fair-hair’d Milton’s eloquent distress,
And all his love for gentle Lycid drown’d;
Of lovely Laura in her light green dress,
And faithful Petrarch gloriously crown’d."
Le Mariage du Ciel et de l'Enfer
(traduction André Gide)
The Marriage of Heaven and Hell
Sortie : 1790 (France). Poésie
livre de William Blake
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"Let the Priests of the Raven of dawn no longer, in deadly black, with hoarse note curse the sons of joy! Nor his accepted brethren — whom, tyrant, he calls free — lay the bound or build the roof! Nor pale Religion’s lechery call that Virginity that wishes but acts not!
For everything that lives is Holy!"
Les Amours jaunes (1873)
Sortie : 1873. Poésie
livre de Tristan Corbière
Somniator a mis 10/10.
Annotation :
"En fumée elle est donc chassée
L’éternité, la traversée
Qui fit de Vous ma soeur d’un jour,
Ma soeur d’amour !…
Là-bas : cette mer incolore
Où ce qui fut Toi flotte encore…
Ici : la terre, ton écueil,
Tertre de deuil !
On t’espère là…. Va légère !
Qui te bercera, Passagère ?…
Ô passagère [de] mon coeur,
Ton remorqueur !…
Quel ménélas, sur son rivage,
Fait le pied ?… — Va, j’ai ton sillage…
J’ai, — quand il est là voir venir,
Ton souvenir !
Il n’aura pas, lui, ma Peureuse,
Les sauts de ta gorge houleuse !…
Tes sourcils salés de poudrain
Pendant un grain !
Il ne t’aura pas : effrontée !
Par tes cheveux au vent fouettée !…
Ni, durant les longs quarts de nuit,
Ton doux ennui…"
Quarante-cinq poèmes
Poésie
livre de William Butler Yeats
Somniator a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Everything that man esteems
Endures a moment or a day.
Love's pleasure drives his love away,
The painter's brush consumes his dreams;
The herald's cry, the soldier's tread
Exhaust his glory and his might:
Whatever flames upon the night
Man's own resinous heart has fed."
—
"A rivery field spread out below,
An odour of the new-mown hay
In his nostrils, the great lord of Chou
Cried, casting off the mountain snow,
`Let all things pass away.'
Wheels by milk-white asses drawn
Where Babylon or Nineveh
Rose; some conquer drew rein
And cried to battle-weary men,
`Let all things pass away.'
From man's blood-sodden heart are sprung
Those branches of the night and day
Where the gaudy moon is hung.
What's the meaning of all song?
`Let all things pass away.'"
L'Imitation de Notre-Dame la Lune · Les Fleurs de bonne volonté (1886)
Sortie : 2001 (France). Poésie
livre de Jules Laforgue
Somniator a mis 8/10.
Annotation :
"Chut ! Oh ! ce soir, comme elle est près !
Vrai, je ne sais ce qu'elle pense,
Me ferait-elle des avances ?
Est-ce là le rayon qui fiance
Nos coeurs humains à son coeur frais ?
Par quels ennuis kilométriques
Mener ma silhouette encor,
Avant de prendre mon essor
Pour arrimer, veuf de tout corps,
A ses dortoirs madréporiques.
Mets de la Lune dans ton vin,
M'a dit sa moue cadenassée ;
Je ne bois que de l'eau glacée,
Et de sa seule panacée
Mes tissus qui stagnent ont faim."
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro
Poésies d'Alvaro de Campos
Sortie : 3 mars 1987 (France). Poésie
livre de Fernando Pessoa
Somniator a mis 10/10.
Annotation :
"Que ma vie n'est-elle un char à bœufs
d'aventure geignant sur la route, de grand matin,
et qui à son point de départ retourne
entre chien et loup par le même chemin...
Je n'aurais pas besoin d'espérances – de roues seules
j'aurais besoin...
Ma vieillesse n'aurait ni rides ni cheveux blancs...
Lorsque je serais hors d'usage, on m'enlèverait les roues
et je resterais, renversé et mis en pièces au fond d'un ravin."
La terre nous est étroite
et autres poèmes
Poésie
livre de Mahmoud Darwich
Somniator a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Les étoiles n'avaient qu'un rôle :
M'apprendre à lire
J'ai une langue dans le ciel
Et sur terre, j'ai une langue
Qui suis-je ? Qui suis-je ?
Je ne veux pas répondre ici
Une étoile pourrait tomber sur son image
La forêt des châtaigniers, me porter de nuit
Vers la voie lactée, et dire
Tu vas demeurer là
Le poème est en haut, et il peut
M'enseigner ce qu'il désire
Ouvrir la fenêtre par exemple
Gérer ma maison entre les légendes
Et il peut m'épouser. Un temps
Et mon père est en bas
Il porte un olivier vieux de mille ans
Qui n'est ni d'Orient, ni d'Occident
Il se repose peut-être des conquérants
Se penche légèrement sur moi
Et me cueille des iris
Le poème s'éloigne
Il pénètre un port de marins qui aiment le vin
Ils ne reviennent jamais à une femme
Et ne gardent regrets, ni nostalgie
Pour quoi que ce soit
Je ne suis pas encore mort d'amour
Mais une mère qui voit le regard de son fils
Dans les oeillets, craint qu'ils ne blessent le vase
Puis elle pleure pour conjurer l'accident
Et me soustraire aux périls
Que je vive, ici là
Le poème est dans l'entre-deux
Et il peut, des seins d'une jeune fille, éclairer les nuits
D'une pomme, éclairer deux corps
Et par le cri d'un gardénia
Restituer une patrie
Le poème est entre mes mains, et il peut
Gérer les légendes par le travail manuel
Mais j'ai égaré mon âme
Lorsque j'ai trouvé le poème
Et je lui ai demandé
Qui suis-je ?
Qui suis-je ?"
Howl et autres poèmes (1956)
(traduction de Jean-Jacques Lebel et Robert Cordier)
Howl and other poems
Sortie : 1993 (France). Poésie
livre de Allen Ginsberg
Somniator a mis 10/10.
Annotation :
"What thoughts I have of you tonight Walt Whitman, for I walked down the sidestreets under the trees with a headache self-conscious looking at the full moon.
In my hungry fatigue, and shopping for images, I went into the neon fruit supermarket, dreaming of your enumerations!
What peaches and what penumbras! Whole families shopping at night! Aisles full of husbands! Wives in the avocados, babies in the tomatoes!—and you, Garcia Lorca, what were you doing down by the watermelons?"
Car l'adieu, c'est la nuit
Sortie : novembre 2007 (France). Poésie
livre de Emily Dickinson
Somniator a mis 9/10.
Annotation :
"I felt a Funeral, in my Brain,
And Mourners to and fro
Kept treading - treading - till it seemed
That Sense was breaking through -
And when they all were seated,
A Service, like a Drum -
Kept beating - beating - till I thought
My mind was going numb -
And then I heard them lift a Box
And creak across my Soul
With those same Boots of Lead, again,
Then Space - began to toll,
As all the Heavens were a Bell,
And Being, but an Ear,
And I, and Silence, some strange Race,
Wrecked, solitary, here -
And then a Plank in Reason, broke,
And I dropped down, and down -
And hit a World, at every plunge,
And Finished knowing - then -"
Ode au vent d'ouest suivi de Adonaïs
Sortie : 7 avril 2011 (France). Poésie
livre de Percy Bysshe Shelley
Somniator a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Lift not the painted veil which those who live
Call Life: though unreal shapes be pictured there,
And it but mimic all we would believe
With colours idly spread,—behind, lurk Fear
And Hope, twin Destinies; who ever weave
Their shadows, o'er the chasm, sightless and drear.
I knew one who had lifted it—he sought,
For his lost heart was tender, things to love
But found them not, alas! nor was there aught
The world contains, the which he could approve.
Through the unheeding many he did move,
A splendour among shadows, a bright blot
Upon this gloomy scene, a Spirit that strove
For truth, and like the Preacher found it not."
Selected Poems
Poésie
livre de E.E. Cummings
Somniator l'a mis en envie.
Annotation :
"somewhere i have never travelled, gladly beyond
any experience,your eyes have their silence:
in your most frail gesture are things which enclose me,
or which i cannot touch because they are too near
your slightest look easily will unclose me
though i have closed myself as fingers,
you open always petal by petal myself as Spring opens
(touching skilfully,mysteriously)her first rose
or if your wish be to close me,i and
my life will shut very beautifully,suddenly,
as when the heart of this flower imagines
the snow carefully everywhere descending;
nothing which we are to perceive in this world equals
the power of your intense fragility:whose texture
compels me with the color of its countries,
rendering death and forever with each breathing
(i do not know what it is about you that closes
and opens;only something in me understands
the voice of your eyes is deeper than all roses)
nobody,not even the rain,has such small hands"