Cover François Truffaut - Commentaires

François Truffaut - Commentaires

Pilier tutélaire du cinéma français, auteur d’une œuvre intime et fiévreuse qui oscille entre la subversion des conventions et le recours aux formes classiques, Truffaut est un réalisateur qui ne m’emporte pas toujours complètement mais dont la magie et la force des films m’ont quand même souvent ...

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19 films

créee il y a plus de 12 ans · modifiée il y a plus de 6 ans
Les Quatre Cents Coups
7.7

Les Quatre Cents Coups (1959)

1 h 39 min. Sortie : 3 juin 1959. Policier, Drame

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Truffaut est un écorché vif, très imprégné du cinéma de ses pères tutélaires. La poésie surgit ici d’un style et d’une inspiration prosaïques ; la mise en scène, dynamique, fluide, se met en totale synchronisation avec la logique de son jeune héros, enfant refusé, ignoré par des parents qu’il encombre, et dont l’intensité, la spontanéité, la curiosité, les aspirations, les blocages affectifs, la solitude, l’esprit de révolte se heurtent constamment au besoin éperdu de tendresse et de reconnaissance. Du bonheur ou du malheur d’Antoine Doinel, comme de la part de vérité ou de fiction qu’il porte en lui, personne ne peut dire ce qu’ils sont. À la fois drôle et cruel, savoureux et touchant, frais et triste, ce très beau premier film apporte à chaque plan la certitude qu’un auteur s’y exprime à la première personne.
Top 10 Année 1959 :
http://lc.cx/Zw95

Tirez sur le pianiste
6.7

Tirez sur le pianiste (1960)

1 h 21 min. Sortie : 25 novembre 1960. Policier, Drame, Thriller

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Faits avec des bouts de ficelles, éclairé en lumière naturelle, mixant un humour à la Queneau et une sorte de lyrisme féérique hérité de Cocteau, le film constitue le parfait compagnon d’"À Bout de Souffle". Il s’agit en effet de la première lettre d'amour du cinéaste à la série noire américaine, subvertie par un tout un jeu de décalages colorés, mi-burlesques mi-poétiques, et par la description pittoresque d'un milieu parisien relevant autant du folklore que de la notation sociologique. D'un collier de situations cocasses ou dramatiques, Truffaut extrait une impression tenace de tragédie en sourdine, brodant autour d'Aznavour, anti-héros timide et fiévreux, de beaux portraits féminins, dans l'innocence romantique (Marie Dubois, fragile et gouailleuse) ou dans la sensualité (Michèle Mercier et ses seins).

Jules et Jim
7.1

Jules et Jim (1962)

1 h 45 min. Sortie : 23 janvier 1962. Drame, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

D’un argument assez scabreux, Truffaut tire une œuvre à la pureté harmonieuse et à la douceur totale. Pudeur, célébrité, audace, prétéritations, prose sèche et faux romantisme stendhalien : tout ici est dans le mouvement, celui des ombres qui passent sur les visages, des courses à vélo dans la campagne, des années qui filent, des parties de dominos jamais finies et toujours recommencées. À la fois hymne à la vie et danse des morts, le film parvient à faire sentir ensemble la palpitation au présent de l’amour et la mélancolie d’un temps révolu, d’une histoire déjà passée. Libre, aérienne, rapide comme le tourbillon de la chanson de Jeanne Moreau, cette œuvre magique, véritablement touchée par la grâce, emporte les plans et le récit dans une course tragique, tendue vers un terme inéluctable, mais avec la légèreté d’un papillon.
Top 10 Année 1962 :
http://lc.cx/Bs6

La Peau douce
7.1

La Peau douce (1964)

1 h 59 min. Sortie : 20 avril 1964 (France). Drame, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Truffaut décide alors de réaliser dans l’urgence un film qu’il veut indécent, complètement impudique, assez triste mais très simple. Son style se fait sec, découpé, bien plus tranchant que dans le précédent opus, pour répondre à l’angoisse nerveuse du protagoniste. Il tire d’un banal drame adultérin une autopsie conjugale grave et inquiète, aux accents de tragédie, qui traduit avec une sincérité glacée son mal-être face à la reconnaissance, à la routine bourgeoise et à l’hypocrisie de la société française vis-à-vis du couple. Par son centrage des visages et des objets, sa diffusion d’une morbidité latente dans la réalité banale, son inquiétante étrangeté, son implacable descente vers un enfer programmé, sa densification angoissante du visible, l’œuvre s’affirme comme l’une de ses plus hitchcockiennes.

Fahrenheit 451
6.9

Fahrenheit 451 (1966)

1 h 52 min. Sortie : 15 septembre 1966. Fantastique, Science-fiction

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

En s’emparant de la dystopie totalitaire inventée par Bradbury, fondée sur les idées d’une civilisation excessivement technocrate et d’un bonheur collectif obligatoire, Truffaut dénonce avec une sorte de fureur sarcastique et contenue la dictature d’une inquisition fantôme qui résorbe peu à peu, au nom d’une nécessaire uniformité du corps social, toute velléité individualiste. Anarchiste avisé, il fait l’apologie de la résistance rusée contre une autorité abêtissante et traite son sujet comme les rebelles narguent la dictature : il préfère au larmoiement pathétique, à l’homélie lourdaude ou au grand prêche solennel sur les dangers du progrès matériel une série d’élusions, de litotes, d’émondages, de dissonances qui, dans ses meilleurs moments, entraînent la fiction vers une rêverie bachelardienne des éléments.

La mariée était en noir
7.1

La mariée était en noir (1968)

1 h 47 min. Sortie : 17 avril 1968. Drame, Policier

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Les intrigues policières ont toujours été pour Truffaut des véhicules tout trouvés à l’entêtement obsessionnel de ses personnages. Le cinéaste utilise ici le roman d’Irish comme tremplin, pour mieux apprivoiser dans ses meilleurs moments une poésie extravagante à la Cocteau. Mais le mariage n’est pas totalement abouti, car ses intentions de faire un film décalé, irréaliste, butent sur la froideur d’une narration calculée dont la structure épisodique n’entretient pas toujours un intérêt constant. Pour le plaisir des numéros d’acteurs, dont la verve contraste avec l’impassibilité quasi marmoréenne de Jeanne Moreau en statue vengeresse, pour la singularité d’un ton étrangement cynique qui refuse tout apitoiement, le film maintient cependant davantage qu’une attention polie.

Baisers volés
7.3

Baisers volés (1968)

1 h 31 min. Sortie : 4 septembre 1968. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Bonheurs fanés, rêves mouvants, temps qui glisse sur soi comme l’eau de pluie coule sur le visage : voici la suite des aventures d’Antoine Doinel. Le jeune homme nous fait partager sa crainte perpétuelle d’être trop heureux ou trop malheureux, sa réticence à reconnaître l’événement, ses incertitudes adolescentes participant d’une philosophie de la vie. Tour à tour grave et légère, toujours touchante, la chronique surprend par la saveur de ses croquis, de ses dialogues et de son peinture du Paris pré-mai 68. Premières conquêtes amoureuses et déboires sentimentaux sont évoqués en une sorte de vaudeville pittoresque, drôle et attachant, voilé d’une certaine nostalgie mélancolique, et qui marque un retour surprenant à une cette tradition populaire qui fait la part belle aux seconds rôles truculents.

La Sirène du Mississipi
6.7

La Sirène du Mississipi (1969)

2 h 03 min. Sortie : 18 juin 1969 (France). Policier, Drame, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Lassé des triangles amoureux, Truffaut trouve dans le récit de cette passion l’occasion de se focaliser sur un couple. Sous couvert de roman-photo avec paysages exotiques, il réalise un film d’amour au romantisme échevelé, s’aventure sur le fil du ridicule sans jamais en tomber et utilise ses deux stars avec un sens remarquable du contre-emploi : à Belmondo la vulnérabilité enfantine, la candeur rougissante et tourmentée, à Deneuve la violence froide, méthodique, calculatrice et vénale. Glissant du suspense hitchcockien vers l’analyse d’une pathologie sentimentale, l’œuvre, d’une étonnante crudité sexuelle, expose les comédiens à la lumière de la chair et des blessures qui déchirent le papier glacé, et maintient un équilibre subtil entre ironie distanciée et lyrisme tragique qui lui confère toute sa valeur.

L'Enfant sauvage
6.8

L'Enfant sauvage (1969)

1 h 25 min. Sortie : 26 février 1970. Drame

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Assez éloigné de la souplesse et de l’harmonie des précédents films, c’est une œuvre que l’on devine très personnelle, et dont l’apparente austérité formelle est constamment désamorcée par la sensibilité avec laquelle elle exalte l’importance de la culture, de la pédagogie et de la transmission. Truffaut verse dans une forme d’épure pré-classique qui revient aux origines du dix-huitième siècle rationaliste, à une époque encore vierge de tout freudisme où l’on estimait que l’homme était entièrement créé par la société alors qu’elle ne pouvait que modifier des données innées. Le récit patient et émouvant d’un éveil, d’une éducation, des progrès affectifs et intellectuels, se développe à travers à travers un refus rigoureux de la psychologie, au profit d’une observation stricte des gestes et des comportements.
Top 10 Année 1970 :
http://lc.cx/AU6

Domicile conjugal
7.1

Domicile conjugal (1970)

1 h 37 min. Sortie : 9 septembre 1970. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Joies et difficultés de la vie de couple, adultère, séparation : Truffaut poursuit la saga Doinel en se calant à l’évolution intérieure de son personnage. Si elle ne retrouve pas le charme de "Baisers Volés", cette nouvelle tranche de vie n’en témoigne pas d’une fraîcheur permanente, dépassant la banalité ordinaire de ses situations (dans lesquelles on peut tous se reconnaître) par une verve et un humour qu’on pourrait croire hérités de Lubitsch. Cette obstination à paraître inactuel, à ne pas suivre les mouvances et les automatismes de son temps, à privilégier une voie romanesque pouvant paraître datée, est susceptible de provoquer l’irritation, mais la croyance du réalisateur se situe bel et bien ici. Traiter de situations rebattues de manière à toujours surprendre, amuser, séduire : c’est tout l’enjeu du film.

Les Deux Anglaises et le Continent
6.8

Les Deux Anglaises et le Continent (1971)

2 h 10 min. Sortie : 18 novembre 1971 (France). Romance, Drame

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Neuf ans après "Jules et Jim", le cinéaste en inverse les données à travers l’initiation amoureuse de trois jeunes personnages romantiques habités par la fièvre charnelle et spirituelle. Les fermetures à l’iris, la fermeté des cadres et des enchaînements, la pureté de la lumière naturelle d’Almendros, la surabondance du commentaire off décliné par la voix blanche de Truffaut chargent le récit d’une âpreté tranchante et cruelle. L’oxymore régit d’un bout à l’autre les tiraillements de ce drame passionnel : crudité totale sous les conventions et les pudeurs puritaines (sang, sueur et vomissements), affleurement de sentiments grattés jusqu’à l’os mais restitués avec une littéralité froide, qui confèrent aux obstacles des amours assouvies ou contrariées un étrange alliage d’exigence et de bouillonnement.

La Nuit américaine
7.5

La Nuit américaine (1973)

1 h 56 min. Sortie : 24 mai 1973. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le cinéma est-il supérieur à la vie ? Cette fameuse question, qui hante toute l’œuvre de Truffaut, n’a jamais trouvé de meilleur terreau que dans ce film magique, sans doute l’un des points les plus névralgiques de sa carrière. Loin des affres felliniennes de la création, il s’agit d’un véritable reportage romancé sur le sujet, qui organise un jeu de vases communicants entre la réalité vécue (problèmes d’alcool d’une diva vieillissante, mort d’un acteur, vie sentimentale chaotique d’une star instable, grossesse d’une actrice) et les péripéties romanesques que le septième art invente sous nos yeux. Authentique profession de foi envers tous les métiers d’acteurs, de techniciens, d’artisans de la pellicule, l’hommage, poétique et vibrant, gagne sur les tableaux du documentaire pédagogique et de la fiction idéaliste.
Top 10 Année 1973 :
http://lc.cx/AUH

L'Histoire d'Adèle H.
6.7

L'Histoire d'Adèle H. (1975)

1 h 40 min. Sortie : 8 octobre 1975. Drame, Historique

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Histoire d’amour à un personnage, celle vécue par une héroïne écrasée par les absences conjuguées de son père (figure imposante, quasiment dévorante), de sa sœur disparue et de l’amant qui se refuse constamment à elle. Souhaitant mixer, de son propre aveu, le climat émotionnel des "Deux Anglaises" et la rigueur de "L’Enfant Sauvage", Truffaut se laisse happer par le visage de son actrice, comme s’il exécutait sur elle un gros plan d’une heure et demie. Obsessionnel et monochrome, sans modèle ni tradition, vampirisant le romantisme de l’intrigue par son traitement presque maladif, c’est la dissection sans espoir de l’aliénation d’une femme enterrée vivante dans une passion fantasmée. Un film assez singulier, qui frappe par son absence de distance et l’interprétation intense d’Adjani.

L'Argent de poche
7.1

L'Argent de poche (1976)

1 h 44 min. Sortie : 17 mars 1976. Comédie, Drame

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Truffaut livre en quelque sorte la version lumineuse, idéalisée, insouciante des "400 Coups" et offre à la préadolescence un tableau sans cruauté tranchant avec le quotidien douloureux qui était celui d’Antoine Doinel. La souplesse du scénario lui permet d’intégrer des situations et des paroles captées sur le vif, d’accumuler des épisodes et anecdotes inspirés de faits divers, de souvenirs et d’histoires inventées. Petits lutins candides ou facétieux, parents affectueux, instituteurs bienveillants, chaque personnage dénote la pudeur d’un regard posé sur un monde dont le cinéaste se sent proche et qui pourtant ne sera plus jamais le sien. Que le film flirte parfois avec un certain populisme de la débrouille et des petits métiers n’atténue pas le bonheur éprouvé devant sa drôlerie, sa tendresse et sa fantaisie.

L'Homme qui aimait les femmes
7.4

L'Homme qui aimait les femmes (1977)

2 h. Sortie : 27 avril 1977. Comédie dramatique

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Truffaut a sans doute voulu réaliser le portrait d’un suicidaire voluptueux qui cambriolerait la féminité presque malgré lui, d’un séducteur peu brillantiné dont la gravité du regard, la solitude conquérante, les gestes d’oiseaux aux aguets traduiraient le caractère marginal et passionné. Mais son héros apparaît davantage comme un adolescent immature emprisonné dans un corps d’adulte, et dont l’obsession fétichiste pour les jambes du beau sexe, la quête d’un idéal féminin resté bloqué au stade de l’Œdipe et le donjuanisme irréversible relèvent davantage de la pathologie. Le fait que toutes ces dames lui succombent, et que le cinéaste cherche à rendre belle et poétique son obsession de chasseur fragile, accentuent la vague antipathie que dégage ce film pourtant alerte et brillant, d’un cynisme pathétique.

La Chambre verte
6.4

La Chambre verte (1978)

1 h 35 min. Sortie : 5 avril 1978. Drame

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Étrange folie que celle de ce journaliste rescapé de la Grande Guerre, qui se lie avec une jeune femme hantée comme lui par la mort pour établir un mausolée d’images et de lumière en l’honneur de tous leurs disparus. L’interprétation neutre de Truffaut, la photographie mate et feutrée d’Almendros, la partition symphonique de Jaubert évitent à l’œuvre de tomber dans la morbidité qu’appelle naturellement son sujet. Mais on assiste à un troublant processus de vampirisation, celle d’un présent englouti par la religion passéiste des défunts, le refus de l’oubli et la fidélité aux idées fixes, qui font de cette chapelle commémorative un temple magique gardant la présence vive de tous les morts. C’est le film mystique de l’auteur, sans doute très sincère mais, curieusement, un peu froid.

Le Dernier Métro
7.3

Le Dernier Métro (1980)

2 h 11 min. Sortie : 17 septembre 1980 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le grand film classique (ou académique, pour ses détracteurs) du cinéaste, celui qui entérine définitivement son penchant pour une "qualité française" traditionnellement honnie par les Turcs de la Nouvelle Vague. Ici Truffaut s’intéresse moins au sens sociologique et politique de l’histoire qu’à ses mythologies porteuses de souvenirs et de romanesque ; et puisqu’il parle du théâtre, il tient à la distance de l’artifice cinématographique, même s’il s’intéresse aux évènements influant sur la destinée des hommes. Il y a beaucoup à admirer et à s’enthousiasmer dans la complexité des rapports entre ses personnages vibrants, écartelés, vrais, dans la justesse de son regard sur une époque troublée, et dans la richesse de sa réflexion sur les rapports entre le spectacle et la vie, la réalité et l’illusion.
Top 10 Année 1980 :
http://lc.cx/Uyg

La Femme d'à côté
7

La Femme d'à côté (1981)

1 h 46 min. Sortie : 30 septembre 1981. Drame, Romance

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un film qui prend gaiement les choses graves et tragiquement cette chose légère que devrait être l’adultère. Ce qu’il dit, c’est que le vrai privilège n’est pas de vivre mais d’aimer, et que la mort qui réunit les amants a le sourire du bonheur. Truffaut fait la subtile autopsie d’une passion amoureuse en tordant le réalisme sobre et analytique de la chronique bourgeoise par des éclats brutaux de violence psychologique, comme nourris par un fantastique obsessionnel rappelant Hitchcock. Le tranchant des dialogues et du découpage, l’implication du couple Depardieu-Ardant battent en brèche la banalité des stéréotypes très français qui menacent le récit. C’est presque un remake de "La Peau Douce" mais sur un mode plus tourmenté, et qui en aurait troqué la retenue sèche par une fièvre radicale.

Vivement dimanche !
7

Vivement dimanche ! (1983)

1 h 50 min. Sortie : 10 août 1983 (France). Comédie, Policier, Thriller

Film de François Truffaut

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un meurtre au bout d’un étang, un suspect relâché, son épouse assassinée à son tour… : le dernier film de Truffaut est une charmante fantaisie autour des motifs de la série noire, qui fait le choix d’une fraicheur tonifiante et malicieuse, loin des tonalités tragiques de l’opus précédent. Le cinéaste s’amuse à bousculer les règles du genre, donne à la femme (son égérie Fanny Ardant, qui laisse éclater une fantaisie, une liberté de mouvement, un pétillement épatants) un rôle actif et entreprenant, invente une plasticité ludique et stylisée (visage de cire, mannequins, jambes féminines passant en ombre chinoise sur l’écran d’un soupirail). Il disait avoir voulu réaliser un film du samedi soir, conçu pour faire plaisir, et c’est réussi : le divertissement est à la fois subtil et désinvolte, plein de charme et d’humour.

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