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Frank Capra - Commentaires

Un grand idéaliste devant l’éternel, nourri de valeurs américaines magnifiées au travers d’une inspiration à la fois naïve et universelle : c’est ainsi que m’apparaît Capra à travers ces quelques films, qui sont autant de fables roboratives et optimistes.

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1. La ...

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12 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 2 ans
La Femme aux miracles
6.6

La Femme aux miracles (1931)

The Miracle Woman

1 h 30 min. Sortie : 25 décembre 1931 (France). Drame, Romance

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Associée à un promoteur véreux, une fille de pasteur se lance dans la prédication évangéliste, inondant le peuple de sermons hypocrites : le sujet rappelle, avec trente ans d’avance, celui d’"Elmer Gantry". Mais à la satire ou au procès à charge d’un phénomène spécifiquement américain, Capra préfère les vertus plus édifiantes de la fable, et s’il n’évite pas le pamphlet contre la manipulation des foules et les marchands de religion, c’est davantage sur le registre rédempteur qu’il puise sa force de persuasion. Par sa narration claire, son portrait de femme auquel Stanwick apporte toute sa conviction, son alternance de séquences collectives et de plages intimistes où s’expriment avec sobriété les sentiments des protagonistes, le film peut être considéré comme la quintessence du mélodrame social à la Capra.

La Blonde platine
6.4

La Blonde platine (1931)

Platinum Blonde

1 h 29 min. Sortie : 6 octobre 1933 (France). Comédie romantique

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

À travers l’aventure d’un reporter désinvolte en proie aux affres de la "struggle for life", qui aliène son indépendance en frayant avec les nouveaux riches, Capra esquisse déjà des ressemblances aigües avec celles de M. Deeds ou de la famille Vanderhof. Il affirme un contenu et une morale qui lui sont propres : conflit entre le conventionnel et le naturel, vanité de l’argent et du pouvoir. Reste une question parcourant toute la comédie jusqu’à la jolie prise de conscience finale : comment ce héros cynique et prêt au compromis, brillamment interprété par un sosie de Jeremy Renner, qui lutte contre le capitalisme corrupteur mais que l’on sent à chaque instant prêt de glisser vers l’arrangement social, peut-il préférer Jean Harlow au rayonnement nacré de la ravissante et sensible Loretta Young ?

La Grande Muraille
6.6

La Grande Muraille (1932)

The Bitter Tea of General Yen

1 h 28 min. Sortie : 12 janvier 1934 (France). Drame, Romance

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

C’est souvent par le surgissement des pulsions et des frustrations que l’on prend conscience de l’hypocrisie de ses idéaux. L’héroïne de cette subtile et remarquable parabole en fait l’expérience, lorsqu’elle avoue ses sentiments au général chinois qu’elle pensait mépriser, et qui absorbe son thé amer tandis qu’elle s’offre en sacrifice à ses pieds. À l’instar du rêve troublant qui la révèle à son propre désir réprimé, le film tisse un climat onirique, irréel, se constitue de mystère, d’inconfort, d’ambigüité – ainsi le seigneur de guerre s’avère tyran cruel et poète raffiné. Confrontation interraciale des valeurs, rapport complexe entre deux civilisations antagonistes, relativité de la morale chrétienne, réquisitoire contre une pensée occidentale bigote : un grand film méconnu, très audacieux pour son époque.

Grande dame d'un jour
7.2

Grande dame d'un jour (1933)

Lady for a Day

1 h 36 min. Sortie : 24 janvier 1934 (France). Comédie dramatique

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le film débute dans un climat social de crise économique, mobilise une galerie de personnages désabusés et miséreux, une sorte de cour des miracles qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère des films de Chaplin. Mécanisme de mélodrame populaire que Capra, déjà fidèle à lui-même, fait glisser vers le conte moderne à la "Cendrillon", avec un truand dandy en guise de bonne fée. Car la supercherie entreprise par ces petits gangsters en tous genres pour transformer une déclassée en belle dame mondaine n’est pas qu’un jeu sur les apparences et les convenances, ni qu’un pari de plus, une escroquerie suprême à réaliser aux dépens du système. C’est surtout la traduction d’un élan collectif qui oppose les vertus de la générosité aux logiques de l’ordre et de l’argent. La fable est assez charmante.

New York-Miami
7.8

New York-Miami (1934)

It Happened One Night

1 h 45 min. Sortie : 12 septembre 1934 (France). Comédie romantique, Road movie

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La comédie américaine trouve ici l’un de ses idiomes immuables : un homme et une femme mal assortis réunis dans des tribulations qui dépassent largement le seuil de l’anecdote. Ses types sociaux sont issus de la ville, faux cyniques dont la mobilité et l’arrivisme manifestent les contradictions du système, ayant appris à dissimuler leur générosité ou leur innocence pour mieux survivre. Moins frénétique que Hawks, moins sophistiqué que Lubitsch, moins délirant que les Marx brothers, Capra offre à un genre (ce qu’on appellerait aujourd’hui la rom’com) un premier modèle achevé, avec un couple des plus crédibles et attachants, des répliques crépitantes qui font mouche, des situations jubilatoires (les leçons de déshabillage et d’auto-stop de Clark Gable, la gambette de Claudette Colbert…). On en sort radieux.

L'Extravagant Mr Deeds
7.9

L'Extravagant Mr Deeds (1936)

Mr. Deeds Goes to Town

1 h 55 min. Sortie : 18 juin 1936 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Dans un monde où l'individualisme et la duperie cynique constituent la norme, celui qui s'en remet au bon sens et traite les grands problèmes avec un altruisme désintéressé passe pour un dingo. La placide conviction du héros, qui emporte tout et tout le monde sur son passage, fonctionne comme un reflet de la méthode miracle de Capra. Folie contagieuse, transcendant l'humanisme volontariste du discours et nous volant le cœur avec une facilité désarmante, sans même que l’on s’en rende compte. À la fin, on est comme la journaliste aux dents longues, les banquiers et les juges de New York qui ont connu Longfellow Deeds, ce Cinderella Man du Vermont venu gripper la froide insensibilité de la grande ville : on a emporté un peu de son optimisme, de sa chaleur, de sa générosité, et on se sent meilleur.

Les Horizons perdus
6.9

Les Horizons perdus (1937)

Lost Horizon

2 h 12 min. Sortie : 9 avril 1937 (France). Aventure, Fantastique

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Dans un monde où l'individualisme et la duperie cynique constituent la norme, celui qui s'en remet au bon sens et traite les grands problèmes avec un altruisme désintéressé passe pour un dingo. La placide conviction du héros, qui emporte tout et tout le monde sur son passage, fonctionne comme un reflet de la méthode miracle de Capra. Folie contagieuse, transcendant l'humanisme volontariste du discours et nous volant le cœur avec une facilité désarmante, sans même que l’on s’en rende compte. À la fin, on est comme la journaliste aux dents longues, les banquiers et les juges de New York qui ont connu Longfellow Deeds, ce Cinderella Man du Vermont venu gripper la froide insensibilité de la grande ville : on a emporté un peu de son optimisme, de sa chaleur, de sa générosité, et on se sent meilleur.

Vous ne l'emporterez pas avec vous
7.8

Vous ne l'emporterez pas avec vous (1938)

You Can't Take It with You

2 h 06 min. Sortie : 3 novembre 1938 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Si le précédent film formulait une idéologie, on peut dire que celui-ci l’applique concrètement au sein du monde contemporain, la confrontant à une réalité et une logique hostiles aux marginaux et aux utopistes. Pour le cinéaste, le rêve américain ce n’est pas l’argent mais la liberté, et la seule politique qui trouve grâce à ses yeux est l’américanisme, ce culte de l’ambition personnelle que tempèrent les relations de bon voisinage, cet optimisme quasi pathologique qui pousse le spectateur à s’identifier à ses héros loufoques s’ébrouant dans la joie et l’innocence. Comme pour le tycoon qui se convertit à un art de vivre excentrique, un air d’harmonica fait alors s’évanouir tous les malheurs, résorber tous les problèmes, et exploser la ferveur d’une philosophie plus rayonnante qua jamais. Capra ou l’art d’être heureux.

Mr. Smith au Sénat
8

Mr. Smith au Sénat (1939)

Mr. Smith Goes to Washington

2 h 04 min. Sortie : 19 janvier 1940 (France). Comédie, Drame

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’esprit d’enfance, le goût de la nature, le moralisme un peu désuet, l’enracinement familial ou communautaire… C’est ce rêve américain de bonheur et de liberté que chante encore Capra à travers l’aventure de son Smith, éternelle figure de l’innocent confronté aux forces de l’appareil politique et financier, candide en butte aux machinations des réalistes, des snobs et des intellectuels. Il trouvera lors d’un pèlerinage devant le mémorial des pères fondateurs de la nation le courage d’imposer son idéalisme au congrès. La fable peut sembler naïve mais le talent de l’auteur, celui de l’incomparable James Stewart et de la délectable Jean Arthur, la progression dramatique parfaitement construite, le régiment de seconds rôles savoureux et tant d’autres qualités la rendent aussi belle et excitante qu’émouvante.

L'Homme de la rue
7.7

L'Homme de la rue (1941)

Meet John Doe

2 h 02 min. Sortie : 11 juillet 1947 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La fin d’un cycle, et sans doute la synthèse des courants thématiques qui le parcouraient. Le cinéaste prend à nouveau le point de vue de tous les Smith et les Jones opprimés, brandit ses rêves d’altruisme, d’abnégation et de bienveillance à travers le destin d’un homme modeste qui se découvre un idéal et s’engage dans un combat providentiel, avec les seules armes de sa bonne volonté. Et si cet appel à la résistance et à l’espérance, pour les intérêts du peuple et contre toutes les récupérations démagogues et politiques, n’a peut-être pas la grâce des œuvres majeures de l’auteur, si la formulation de son propos peut sembler un poil plus mécanique que d’habitude, rien ne saurait en entamer l’enthousiasme et la générosité. D’autant que Gary Cooper et Barbara Stanwick sont, une fois de plus, délicieux.

Arsenic et vieilles dentelles
7.5

Arsenic et vieilles dentelles (1944)

Arsenic and Old Lace

1 h 58 min. Sortie : 20 décembre 1946 (France). Comédie, Policier, Thriller

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Il est des films dont la découverte est si lointaine que même le souvenir mitigé qu’ils nous laissent incite à une nouvelle évaluation, surtout lorsqu’ils sont auréolés d’une flatteuse réputation. Ainsi de ce classique de l’humour noir, souvent considéré comme un équivalent (anticipé) des réussites macabres du cinéma britannique. Tourné en un mois, juste avant l’incorporation du réalisateur et le début de la saga "Pourquoi nous combattons", il constitue un pas de côté et explore un registre pour lui assez inhabituel – davantage conte d’Halloween que conte de Noël. Pour la prestation survoltée de Cary Grant et la complémentarité du duo Massey- Lorre, pour la fantaisie de quelques gags dynamisant la mécanique de l’ensemble, et sans doute pour tout ce qui m’avait alors échappé, une revision s’impose donc.

La vie est belle
8.2

La vie est belle (1946)

It's a Wonderful Life

2 h 10 min. Sortie : 28 juillet 1948 (France). Drame, Fantastique

Film de Frank Capra

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Ça reste pour toujours le film à revoir en cas de méchante déprime, un irrésistible baume au cœur dont l’admirable puissance de conviction ne se défait pourtant jamais d’une amère lucidité. Car l’idéalisme d’antan n’a plus cours, le bon samaritain désormais solitaire est voué à un baroud d’honneur pour retrouver sa dignité, pris pour un dangereux rêveur par tous ceux qui mettent les profits au-dessus des principes. Mais la grandeur utopique et l’humanisme généreux de Capra s’épanouissent en une bouleversante exaltation du corpus social, ce mouvement de solidarité de classe chargé d’affectivité envers le héros à la dérive. La force du conte agit comme un ouragan, pulvérisant la moindre réserve : ce qui se joue ici, particulièrement dans la magnifique dernière partie, c’est un acte de foi en la valeur et l’expérience humaines, qui fait émerger dans un état d’euphorie absolue.
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