Cover Henri-Georges Clouzot - Commentaires

Henri-Georges Clouzot - Commentaires

Grand perfectionniste devant l’éternel, portraitiste sarcastique et désabusé des mœurs de son époque, Clouzot est aussi un maître du suspense, une sorte d’Hitchcock français. Rien de manichéen n’émane de son univers où le bien et le mal, la vérité et le mensonge, la sincérité et la ...

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9 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 2 ans
L'assassin habite au 21
7.7

L'assassin habite au 21 (1942)

1 h 24 min. Sortie : 7 août 1942. Comédie, Policier, Thriller

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pierre Larquet, Noël Roquevert, Jean Tissier… Bien en verve, certains des meilleurs seconds couteaux du cinéma français d’avant-guerre se donnent la réplique face au savoureux Fresnay dans des ping-pongs verbaux qui sont autant de tranches d’humanité goguenarde, cynique ou retorse. Sur un canevas digne d’Agatha Christie, et dans l’ambiance feutrée d’une pension de famille, Clouzot s’ingénie à dispenser chausse-trappes et fausses pistes au fil d’une intrigue policière aussi classique qu’astucieuse mettant en valeur la causticité grinçante de son regard sur le petit peuple français à l’heure de l’Occupation. La peinture au vitriol se teinte de noirceur, les personnages troubles fourmillent, l’humour sarcastique n’empiète jamais sur la profondeur psychologique : tous les germes du film suivant sont ici.
Top 10 Année 1942 :
https://urlz.fr/kefL

Le Corbeau
7.9

Le Corbeau (1943)

1 h 32 min. Sortie : 28 septembre 1943 (France). Drame, Policier

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Rarement, dans le cinéma français, une œuvre aura suscité autant d’opprobre, d’incompréhension et d’admiration. Là encore, l’approche de Clouzot est celle du scalpel, manié avec l’ironie cinglante d’un analyste implacable. Le cloaque provincial de son deuxième film en fait les frais : les querelles de clocher, les règlements de comptes en tous genres, les travers et les dépravations y alimentent le plus acide des tableaux de mœurs, un miroir sans aménité d’une petite communauté démasquée dans ses tares par un maniaque des lettres anonymes, et plus généralement d’une France livrée à la dissimulation, au mouchardage et à la contagion de la délation. La verve ciselée du propos, sa noirceur métaphysique, le cynisme déployé par le cinéaste à travers ses personnages et leurs relations, tout fait de ce film en rupture de ban un pur régal.
Top 10 Année 1943 :
https://urlz.fr/kefR

Quai des Orfèvres
7.7

Quai des Orfèvres (1947)

1 h 46 min. Sortie : 3 octobre 1947 (France). Drame, Policier

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

"On croit tenir une bonne enquête, et ça se finit toujours en jus de boudin." C’est dit par un Jouvet impérial en commissaire retors, sentencieux, ex-militaire colonial fatigué par le paludisme et la solitude, et qui reporte toute son affection sur un petit métis adopté. Et cela donne une bonne idée du niveau d’ironie délectable de ce classique du film noir à la française. Car il y a aussi Suzy Delair et son "tralala", Bernard Blier en mari coléreux et pitoyable, Simone Renant en photographe lesbienne résignée, l’atmosphère fardée d’un petit music-hall de quartier, celle des bureaux de la PJ, la dérision cocasse, l’humanité trempée de pessimisme d’une chronique de mœurs incisive, poisseuse, pittoresque, qui marie avec un égal bonheur les coups de griffe de la peinture sociale et la précision de l’étude de comportements.
Top 10 Année 1947 :
https://urlz.fr/kegb

Manon
6.4

Manon (1949)

1 h 40 min. Sortie : 9 mars 1949 (France). Drame, Policier

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

C’est l’histoire d’une passion irrationnelle que Clouzot analyse de son regard froid, infléchit vers le naturalisme, et à laquelle il applique son goût de la dramaturgie la plus rigoureuse, sans rien qui cède à la facilité, sans rien qui incline au sentimentalisme. Dans la France de l’après-guerre, soumise au marché noir, aux mouchardages, aux hypocrisies diverses, la descente aux enfers de Des Grieux et de la pauvre Manon, jeune fille immorale éprise de luxe et de vie facile, agit comme un révélateur. C’est leur amour inaliénable qui constitue leur ultime refuge, les sauve de l’infamie, et qui garantit à la fois leur rédemption et la compassion du réalisateur, jusqu’à un final stupéfiant de cruauté stroheimienne où ils s’en vont mourir dans les bras l’un de l’autre, écrasés par le soleil de plomb du désert marocain.
Top 10 Année 1949 :
https://urlz.fr/kegg

Le Salaire de la peur
8

Le Salaire de la peur (1953)

2 h 28 min. Sortie : 22 avril 1953 (France). Aventure, Drame, Thriller

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Plus que jamais, Clouzot joue de manière sadique avec ses personnages, pris au piège de leur destin, englués dans un marasme existentiel dont ils essaient de s’échapper à n’importe quel prix. Mais son sadisme s’exerce aussi sur les nerfs du spectateur, qu’il met constamment à l’épreuve le long d’un périple physique, étouffant, une véritable tragédie de l’absurde, de l’endurance et des entreprises aveugles. Trempé à l’eau-forte, ponctué de séquences particulièrement éprouvantes, distillant un climat lourd et oppressant, le film marque d’une certaine manière l’apogée précoce du road movie, un genre qui n’existait pas jusqu’alors. Il affirme surtout un existentialisme radical qui développe une véritable morale de l’échec : la dérision noire de la fin le place à cet égard dans une perspective quasi mystique.
Top 10 Année 1953 :
http://lc.cx/ZUzc

Les Diaboliques
8.1

Les Diaboliques (1955)

1 h 57 min. Sortie : 29 janvier 1955 (France). Drame, Policier, Thriller

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Un meurtre d’une brutalité presque traumatisante, un fantôme se profilant derrière une fenêtre, un cadavre rigide aux yeux blancs qui se lève dans une baignoire… Glissant du suspense hitchcockien à l’épouvante, Clouzot fait subir une douche écossaise non seulement à ses héroïnes à la moralité douteuse, mais aussi à son public. Peu de cinéastes français peuvent se targuer d’avoir entretenu une atmosphère aussi oppressante avec une telle économie d’effets dramatiques. Quand en plus le thriller se nimbe d’une poésie presque morbide, qu’il joue de façon si perverse des rapports troubles entre ses personnages, qu’il ouvre, en se plaçant au point de rencontre entre le Bien et le Mal (ou ce qui est admis comme tel) un débat sur la culpabilité et l’expiation, il ne reste qu’à admirer, à frissonner et à se laisser balader.
Top 10 Année 1955 :
http://lc.cx/Zwk9

Les Espions
6.7

Les Espions (1957)

2 h 05 min. Sortie : 11 octobre 1957 (France). Drame, Thriller

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pour Clouzot la mécanique dramatique semble plus importante que les motivations psychologiques, peut-être parce qu’il ne croit pas à une finalité rationnelle des comportements humains. Son goût de l’absurde n’a jamais été mieux exploité que dans ce film authentiquement kafkaïen, qui voit le quotidien d’un directeur de clinique inéluctablement investi par des êtres étranges, des actes illisibles, des enjeux indéchiffrables : tout un monde cynique, obscur et vaguement inquiétant à travers lequel transparaît l’angoisse de l’homme qui constate qu’il n’est plus qu’un objet. Huis-clos à la frontière du fantastique, l’œuvre retourne comme une crêpe à chaque nouvelle bifurcation, dispense une morale grinçante et désabusée, et constitue sans doute le jalon le plus injustement méconnu de l’auteur.
Top 10 Année 1957 :
http://lc.cx/ZwmE

La Vérité
8.1

La Vérité (1960)

2 h 10 min. Sortie : 2 novembre 1960. Drame

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Rencontre de titans : celle du monstre Clouzot et de la star B.B., estampillée sex-symbol à une époque où la Bardolâtrie était au sommet. Au final, un tableau acerbe et sans concessions du système judiciaire, dominé par les flamboyantes joutes oratoires entre Charles Vanel et Paul Meurisse. "Il n’y a pas de vérité objective", déclare le réalisateur qui montre comment un événement peut être analysé de différentes façons selon le point de vue des protagonistes. À travers la dissection d’un cas judiciaire, il souligne la relativité des faits et offre un beau rôle de tragédienne à son actrice, assez bouleversante en jeune femme meurtrière dont juges et avocats tentent de comprendre les motivations, première victime des préjugés de la société et du désir qu’elle suscite.

La Prisonnière
6.9

La Prisonnière (1968)

1 h 46 min. Sortie : 20 novembre 1968 (France). Drame

Film de Henri-Georges Clouzot

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Ce dernier film pourrait s’intituler "La Soif du Mal". C’est une œuvre malade cherchant à déranger la quiétude douillette dans laquelle l’homme moyen se complaît, mais qui bute sur une étroitesse de faiseur de morale. Ouvrant les placards du marquis de Sade pour un inventaire d’huissier assez pauvre sur le plan imaginatif, Clouzot semble tenir vices et perversions sexuelles pour des vilenies susceptibles d’encourir les pires châtiments (dégoût de soi, désespoir sans fond, mort d’une âme qui ne survit pas à la moindre satisfaction des sens). Pourtant, quand bien même la psychologie élémentaire est sacrifiée à l’effet, une certaine fascination naît des étonnantes recherches plastiques héritées de "L’Enfer", de la décantation dialectique et sincère de l’univers de l’auteur, et de la beauté fragile d’Elisabeth Wiener.

Thaddeus

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