histoire de l'eugénisme

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"On finit par avoir l'impression que ce qui est reproché aux nazis, c'est moins leur programme de biologie politique, que de l'avoir étendu aux Juifs pour qui il n'avait pas été initialement prévu. Et que, sans cette extension, personne n'aurait rien trouvé à redire audit programme (qui, avant la guerre, était largement admis, au moins sous sa forme "modérée" de stérilisation des personnes "génétiquement incorrectes", de ségrégation, voire de stérilisation des races scientifiquement reconnues "inférieures", et parfois même d'euthanasie pour les personnes dont "la vie de méritait pas d'être vécue"). [...]
La Shoah, objet singulier et manifestation du mal absolu, fait ainsi écran devant tout ce qui, dans le nazisme, ne provient pas de l'antisémitisme. En faisant de celui-ci l'essence de celui-là, on occulte toute la voie socio-darwinienne, et on brouille complètement la logique des processus. Si bien qu'on voit resurgir aujourd'hui des thèses sur l'eugénisme, voire l'euthanasie, où l'on affirme que ces pratiques seraient tolérables dès lors qu'elles ne seraient pas racistes, et donc n'auraient rien à voir avec le nazisme" (cité par polobreitner)

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chapitre XXVI
"La bible de l'eugénisme négatif, comme on disait aux Etats-Unis, était un best-seller publié en 1916 : Le Déclin de la grande race. Il avait pour auteur Madison Grant, avocat New-Yorkais (de formation, mais qui n'exerça jamais) et naturaliste (en exercice, quoique sans formation). Pour lui, allait de soi que le seul groupe humain vraiment digne de ce nom était ce qu'il appelait la "race nordique", qui comprenait pour ainsi dire tous les Européens du nord à l'exception des Irlandais. Il divisait l'Europe en trois parties - nordique, alpine et méditerranéenne -, les habitants étant de plus en plus dégénérés à mesure qu'on descendait vers le sud.
(...) dans la Grèce et la Rome antiques la classe dirigeante était composée d'Achéens nordiques, lesquels n'étaient pas du tout des Méditerranéens mais des Européens venus des régions septentrionales.
(...) Parmi ceux qui partageaient en totalité ou en partie les idées de Grant figuraient également Margaret Sanger, fondatrice de la Ligue Américaine pour le contrôle des naissances, l'économiste de Yale Irving Fisher, le neuropathologiste de Harvard E. E. Southard et le président de cette université, A. Lawrence Lowell (...) sans oublier Herbert Hoover"
"A l'exposition sesquicentenaire de Philadelphie, en 1926, la Société américaine d'eugénisme présenta un dispositif mécanique révélant qu'aux Etats-Unis il naissait un individu de nature inférieure toutes les 48 secondes et seulement une personne de "haute qualité" toutes les 7 minutes 30. Les vitesses auxquelles tournaient les compteurs ne montraient que trop bien à quelle allure le pays était envahi par l'infériorité. Ce fut l'un des stands les plus visités de l'exposition.
Le siège spirituel du mouvement eugéniste américain était l'Eugenics record office, ou Bureau des données eugéniques. Créé en 1909 à Cold spring harbor, au nord de Long Island, il était surtout financé par des gens riches qui voulaient voir exister plus d'êtres naturellement supérieurs de leur espèce et moins de toutes les autres. Son premier directeur fut Charles Davenport, un biologiste formé à Harvard. Celui-ce était persuadé que l'eugénisme permettrait d'expliquer tous les aspects de la condition humaine - l'obésité, la criminalité, la propension à mentir et même l'amour de la mer. Sous sa houlette, l'ERO mena également plusieurs études sur les effets délétères du métissage."