En Chine y'a du zouk à moto

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Pour beaucoup, moi compris, ça a été ou ce sera la porte d'entrée vers son univers puisque c'est de loin son film le plus connu, alors qu'à mes yeux c'est peut-être le moins accessible, ce qui n'est pas peu dire venant d'un mec comme Shinya Tsukamoto. Tetsuo est étrange, fou, anarchique, dérangeant, rebutant, erratique, cathartique et tout ce qui s'y apparente tout en étant un objet cinématographique complètement délirant et jouissif. Pour ceux qui essayent de se figurer une expérience "à la Tsukamoto", c'est une démonstration idéale de l'épuisement que peuvent provoquer ses films. Personnellement, il n'a beau durer qu'à peine plus d'une heure, Tetsuo est un film qui m'a complètement retourné et j'en suis ressorti totalement vidé. Et j'ai adoré ça.

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Souvent cité juste après Tetsuo comme incontournable de sa carrière, Tokyo Fist a l'intérêt d'avoir une approche beaucoup plus ''''''''''sage'''''''''' et abordable. C'est beaucoup plus intelligible bien que tout aussi glauque et perturbant dans le fond, tout en ayant ce côté bizarrement fun. Pour le coup je trouve que les scènes de combat sont incroyablement bien amenées, à chaque fois qu'une personne se mange une droite on a l'impression qu'il se prend une barre en titane en pleine tronche et ça fait mal. Donc même si les maquillages pour faire les blessures font cheap, je vous invite si vous n'avez pas vu le film à tout de même prendre vos précautions.

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Malgré sa renommée chez les fans du genre, Bullet Ballet n'est pas le film qui m'a le plus marqué de cette sélection. Je le trouve parfois trop en retrait et trop retenu à certains moments. Mais néanmoins j'ai quand même beaucoup aimé la densité du récit, le côté droit au but et coup de poing et l'interprétation au poil qui assurent un spectacle vraiment efficace, bien qu'un peu moins impactant et jsuqu'au-boutiste.

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A Snake of June est surtout un exercice de style formel où l'image est en permanence plongée dans un bleu marine saturé. Mais par rapport à l'autre exercice de ce genre que je connais, à savoir Element of Crime, le tout premier film de Lars von Trier plongé dans un sepia assez dégueulasse, je trouve ce parti pris assez intéressant dans sa manière de traiter les intérieurs et extérieurs pluvieux de la même manière. Ça crée une angoisse oppressante qui parvient l'air de rien à transcender une histoire pas si palpitante. Finalement on parvient à en tirer des moments sacrément malsains et dérangeants comme seul Tsukamoto sait le faire.

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Là où Vital surprend, c'est qu'il débarque après Tokyo Fist, Bullet Ballet et A Snake of June, et propose une démarche beaucoup plus posée et structurée qui contraste immensément avec ce à quoi le réalisateur nous a habitué. Je l'ai lancé sans rien en savoir et finalement le drame mêlé à la psychologie bancale du personnage principal magistralement habité par Tadanobu Asano m'a saisi jusqu'à sa dernière seconde. L'agencement est beaucoup plus conventionnel mais l'environnement chirurgical contribue à proposer des moments véritablement impressionnants, ainsi que des expérimentations moins nombreuses mais plus impactantes, comme la manière de représenter un accident de camion issu d'un souvenir lointain que je trouve à la fois perturbant et déchirant.

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Kotoko est une œuvre collaborative entre Shinya Tsukamoto et l'artiste de J-Pop Cocco, comme quoi tout est possible. Celle-ci interprète un rôle semi-autobiographique, ce qui explique certainement le naturel avec lequel elle habite son personnage au nom très similaire. En cela, elle a complètement mise son âme dans ce projet, mais ce n'est sans compter la présence toujours très prononcée de Tsukamoto à l'écriture et la mise en scène. Ici il renoue avec la noirceur de ses récits les plus perturbants, allant même encore plus loin en n'épargnant rien. La comparaison est possible entre Kotoko et Dancer in the Dark, mais contrairement au film de Lars von Trier, que j'aime pourtant beaucoup, Kotoko a su me happer dans son drame et j'en suis ressorti totalement chamboulé et déboussolé. Je ne sais même pas si j'y reviendrai un jour tellement le film est dur à voir, mais il a laissé son empreinte en moi.