Cover James Gray - Commentaires

James Gray - Commentaires

De film en film on retrouve chez James Gray la même épure narrative, le même attachement aux personnages, la même densité dramatique soutenue par une mise en scène soucieuse du moindre de ses effets, à la fois discrète, subtile et élégante. Autant de traits distinctifs lui ayant valu le qualificatif ...

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8 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a plus d’un an
Little Odessa
7.4

Little Odessa (1994)

1 h 38 min. Sortie : 4 janvier 1995 (France). Policier, Drame

Film de James Gray

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pas de retenue ni de respiration dans ce remarquable premier long-métrage placé sous les patronages de Scorsese, Kazan ou Visconti. À travers la sourde et solennelle litanie des chœurs russes, les personnages creusent leurs tombes et contemplent leurs chutes, incapables de se parler ou de se dire leur amour. La mort rôde, la famille n’est plus qu’un spectre de cohésion sociale, le quartier russe un no man’s land où le fils exilé revient tel un ange exterminateur pour provoquer la perte des êtres qui lui sont chers. D’une insondable noirceur, hanté à chaque image par un sentiment d’inexorable fatalité, cette tragédie américaine fait des murmures, du silence et de l’hiver les motifs d’un exil affectif, d’une froideur crépusculaire qui enfouissent les solitudes dans un véritable tombeau. Un grand film funèbre.

The Yards
7.3

The Yards (2000)

1 h 55 min. Sortie : 1 novembre 2000 (France). Drame, Thriller, Policier

Film de James Gray

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Six ans plus tard, le prodige revient au film noir et en extrait à nouveau la substance la plus limpide et poignante, sur un mode murmuré et pourtant véritablement opératique : ici les membres des clans ne peuvent cesser de se trahir et de s’aimer, les mains tremblent au moment de tirer, et l’on tue presque sans le faire exprès. Belle et implacable comme une tragédie antique, sertie dans une somptueuse photographie en clair-obscur, portée par des comédiens souverains, cette œuvre somptueuse engage une poignée de destins dans un drame magnifiquement tenu, qui démonte les mécanismes de la corruption, les liens entre affairisme et banditisme, et dénoue les relations complexes d’êtres assujettis à un ordre social mortifère. Rigoureux, polyphonique, tendu, intime, épuré jusqu’à l’abstraction : absolument admirable.
Top 10 Année 2000 :
http://lc.cx/UPP

La nuit nous appartient
7.4

La nuit nous appartient (2007)

We Own the Night

1 h 57 min. Sortie : 28 novembre 2007 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de James Gray

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Encore un saut de sept ans, et toujours le retour au polar néo-classique, tissé avec une méticulosité et une direction romanesque très au-dessus de la mêlée, plein de morceaux de choix : infiltration périlleuse, érotisme d’une "étrangère" portoricaine, obsèques officielles, duel dans des roseaux enfumés, ahurissante poursuite automobile sur le macadam enneigé…. Héritier du Nouvel Hollywood autant que d’une certaine sensibilité européenne, Gray raconte la trajectoire d’un homme pris dans le trope biblique des frères ennemis et piégé par le déterminisme familial, avec un lyrisme à la fois feutré et majestueux, une narration très maîtrisée et ponctuée de vraies fulgurances. Mais quelques maladresses scénaristiques et le recours à un fatum un peu trop appuyé empêchent mon adhésion d’être totale.

Two Lovers
7.1

Two Lovers (2008)

1 h 50 min. Sortie : 19 novembre 2008 (France). Drame, Romance

Film de James Gray

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Aussitôt après, le cinéaste approfondit sa thématique du poids familial, de son poison doucereux, de sa double nature accueillante et oppressante. Mais c’est désormais le drame sentimental qu’il nourrit de l’inspiration douloureuse, crépusculaire et tourmentée qui est la sienne. Attaché aux vibrations intimes d’un héros complexe auquel Joaquin Phoenix confère une remarquable épaisseur émotionnelle, le réalisateur exprime avec une grande délicatesse un ensemble d’états affectifs, de moments volés, de déchirements intérieurs, d’instants euphoriques, de pics de détresse qui louvoient autant du côté du mélo viscontien que du thriller fantasmatique et hitchcockien. Très cohérent avec le reste du corpus de Gray, cette évocation superbe de l’amour et de ses chimères lui ouvre de nouvelles perspectives.
Top 10 Année 2008 :
http://lc.cx/UP8

The Immigrant
6

The Immigrant (2013)

1 h 53 min. Sortie : 27 novembre 2013 (France). Drame, Romance

Film de James Gray

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ne pas se fier à sa facture mate, étouffée, parfois à la lisière du morbide : le premier film d’époque de l’auteur est un conte noir qui plonge son héroïne dans la déréliction pour mieux la grandir moralement et spirituellement. Bordé par un espoir et une lumière gardant tout misérabilisme à distance, son chemin de croix se vit comme un cauchemar alangui dont l’expressivité archaïque puise aux sources vives du cinéma muet, et dont les images mordorées forment des espaces-temps symboliques, suspendus entre chien et loup. C’est toute la puissance enténébrée d’un mélodrame qui conjugue les désillusions du rêve américain à la circulation ambigüe des rapports de pouvoir et de dépendance, des tourments de l’amour et du sacrifice, vécus comme autant d’enjeux mouvants, troubles et réversibles.

The Lost City of Z
7

The Lost City of Z (2017)

2 h 21 min. Sortie : 15 mars 2017. Aventure, Biopic, Drame

Film de James Gray

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Avec ce projet longuement courtisé, Gray retravaille ses balafres cinématographiques en un voyage faussement balisé et plus déroutant qu’il n’y paraît, un film d’aventures sans emphase ni excès spectaculaire où s’opère une progressive confusion intérieure. Le va-et-vient entre les territoires (l’Angleterre, l’Amazonie), la perméabilité des milieux décrits (la famille, la jungle) y dessinent la quête éternellement prolongée d’un homme dont l’élan mystique ne trouvera jamais s’accorder à la réalité idéologique et sociale de son temps. Une fois de plus, ce sont les questions ataviques de l’héritage, de la transmission, de la paternité que Gray approfondit le long d’un parcours centripète, obsédant, parcouru d’une majesté sans luxuriance, et qui se dissout dans la sérénité paradoxale de l’illusion lyrique.

Ad Astra
6.5

Ad Astra (2019)

2 h 05 min. Sortie : 18 septembre 2019 (France). Science-fiction, Aventure, Drame

Film de James Gray

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Il serait injuste de reprocher à cette ambitieuse odyssée spatio-futuriste de venir après d’autres entreprises du même ordre, diversement réussies. L’auteur y affirme sa volonté précieuse de confronter ses préoccupations récurrentes à des structures nouvelles, à un contexte inédit pour lui. On peut toutefois regretter qu’il ne trouve pas toujours l’idéale adéquation entre les possibilités de son sujet, au croisement de l’introspection et de l’extraordinaire, et leur pleine cristallisation émotionnelle. Mais, tout imparfait qu’il soit, le film parvient à faire rimer les sollicitations d’un spectacle crédible avec la poétique d’une vision personnelle, le questionnement mélancolique d’une humanité voyageant aux confins d’elle-même avec l’espoir d’une remontée vers les origines qui porterait la promesse d’une renaissance.

Armageddon Time
6.8

Armageddon Time (2022)

1 h 55 min. Sortie : 9 novembre 2022 (France). Drame

Film de James Gray

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

C’est un foyer juif, tendre et chaleureux, où les générations coexistent miraculeusement et où l’avenir des enfants ne peut être dissocié de l’histoire douloureuse d’un peuple meurtri. On y éprouve le dilemme d’un jeune garçon tiraillé entre un grand-père héroïque et un père défaillant, l’ébauche d’une amère trahison, la cruauté du compromis avec des valeurs que l’on récuse, la violence sourde du combat contre l’insidieux déterminisme du jeu social. Du familial au politique, de l’intime et au sociologique, chaque transition est aussi graduelle qu’imperceptible, chaque élément vient nourrir l’incroyable finesse de touche, la justesse abyssale, l’épaisseur émotionnelle du tableau. Voilà ce qui m’a construit, semble souffler le cinéaste dans son film le plus personnel, le plus secret, si ce n’est le plus beau. Un aveu magnifique.
Top 10 Année 2022 :
https://lc.cx/pZ4BTR

Thaddeus

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