Journal de Bord - Littérature (2020)
36 livres
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a 11 moisGuerre et Paix (1867)
(traduction Elisabeth Guertik)
Война и мир (Voyna i mir)
Sortie : 1953 (France). Roman, Aventures, Histoire
livre de Léon Tolstoï
Alifib a mis 10/10.
Annotation :
Janvier.
« "Qu'est-ce qui se passe ? Je tombe ? Mes jambes se dérobent ", se demanda-t-il et il tomba sur le dos. Il ouvrit les yeux, voulant savoir comment s'était terminée la lutte des Français et des artilleurs, si le rouquin avait été tué ou non, si les canons avaient été pris ou sauvés. Mais il ne vit rien. Au-dessus de lui il n'y avait que le ciel, un ciel haut, légèrement voilé et cependant infiniment haut, sur lequel glissaient lentement des nuages gris.
Quel silence, quelle paix et quelle majesté ! songea le prince André. Ce n'est plus du tout comme lorsque je courais, plus du tout comme lorsque nous courions, criions et nous battions, plus du tout comme lorsque le Français et l'artilleur, le visage convulsé de terreur et de rage, s'arrachaient le refouloir. Ce n'est pas du tout ainsi que glissent les nuages dans ce ciel infiniment haut. Comment se fait-il que je ne voyais pas auparavant ce ciel infini ? Et quelle joie de le connaître enfin ! Oui, tout est vanité, tout est mensonge à part ce ciel. Rien, rien n'existe que lui... mais cela aussi n'existe pas. Il n'y a rien, il n'y a que le silence, le repos... Et Dieu en soit loué !
Autrefois, il ne savait voir en rien le grand, l’inconcevable, l’infini ; il pressentait seulement que cela devait exister quelque part, et il le cherchait. Dans tout ce qui était proche et compréhensible, il ne voyait que l’aspect borné, mesquin, quotidien, absurde. Il s’armait d’une longue-vue mentale et regardait au loin, là où le quotidien, le mesquin voilé par la brume, lui apparaissait grand, infini uniquement parce qu’il était indistinct. (…) Maintenant, il avait appris à voir la grandeur, l’éternité, l’infini en tout. Aussi était-il naturel que pour le voir, pour jouir de sa contemplation, il eût jeté sa longue-vue avec laquelle il avait regardé jusqu’alors par-dessus la tête des hommes, et qu’il contemplât joyeusement autour de lui la vie perpétuellement changeante, toujours grande, incompréhensible et infinie. Et plus il regardait de près, plus il était calme et heureux.»
« Je ne connais dans la vie que deux maux bien réels : c’est le remord et la maladie. Il n’est de bien que l’absence de ces maux. Vivre pour moi en évitant ces deux maux, voilà à présent toute ma sagesse.
(...)
Mais chacun vit à sa façon : tu as vécu pour toi seul et tu dis que tu as failli gâcher ta vie et que tu ne connais le bonheur que depuis que tu as commencé à vivre pour autrui. Et moi, j’ai éprouvé l’inverse. (...) »
Liquidation (2003)
Felszàmolàs
Sortie : 2004 (France). Roman
livre de Imre Kertész
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Février
« Je dois disparaître avec tout ce que je porte en moi comme une peste, pour ainsi dire. Je porte en moi d'incroyables forces destructrices, on pourrait détruire le monde entier avec mon ressentiment, pour rester poli et ne pas dire vomissure. Il y a longtemps que je ne désire plus rien que disparaître. Mais ça ne marche pas tout seul. Il faut que j'y contribue, que j'y contribue activement... .
(...)
Je souhaite de tout cœur disparaître. Je ne sais pas pourquoi il m'a fallu égrener cette longue vie, alors que j'aurais pu être tué à temps, avant de connaître la vanité de l'ambition et de la lutte. Rien n'a eu de sens : je n'ai rien su créer ; la seule chose que j'ai réussie dans la vie, c'est comprendre à quel point je suis étranger à ma propre vie. J'étais mort de mon vivant. Tu as serré dans tes bras un mort, Sara, et tu as essayé en vain de le ramener à la vie. Parfois, je ne nous voyais loin, je voyais tes tentatives inutiles et je parvenais à peine à étouffer le rire qui gonflait dans ma poitrine. Je suis un homme mauvais, Sara.
(...)
Je commence à me sentir tout drôle. C'est si bien d'avoir déjà sauté le pas... si bien de tout reposer. Je n'ai rien à voir avec cet amas de choses pénibles et immondes qui sont moi... Merci pour tout... Merci pour le songe... »
Un héros de notre temps (1840)
(traduction Boris de Schlœzer)
Geroy nashego vremeni
Sortie : 1973 (France). Roman
livre de Mikhaïl Lermontov
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Février
« J'ai la passion inné de contredire ; ma vie entière n'a été qu'une chaîne de contradictions triste et vaines de mon cœur ou de ma raison. La présence d'un enthousiaste m'enveloppe d'un froid hivernal, et je pense que des rapports fréquents avec un flegmatique indolent feraient de moi un rêveur passionné. »
« Oui, tel fut mon sort depuis mon enfance. Tous lisaient sur mon visage les signes d'un mauvais naturel, qui n'existait pas ; mais on les supposait, et ils naquirent. J'étais modeste, on m'accusa d'astuce : je devins sournois. J'avais un sentiment profond du bien et du mal ; personne ne me caressait, tous m'humiliaient : je devins rancunier ; j'étais d'humeur sombre, les autres enfants étaient gais et bavards ; je me sentais au-dessus d'eux, on me plaça au-dessous. Je devins envieux. J'étais prêt à aimer le monde entier ; personne ne me comprit, et j'ai appris à haïr. Ma jeunesse terne s'écoula dans la lutte contre moi-même et contre le monde ; mes meilleurs sentiments, craignaient les railleries, je les enterrai au plus profond de mon cœur. Ils y sont morts. Je disais la vérité, on ne me croyait pas : je me mis à tromper. Quand je connus bien le monde et les ressorts de la société, je devins expert en la science de la vie, et je croyais les autres heureux sans artifice, profitant comme d'un don de ces avantages que je poursuivais avec tant d'acharnement. Alors, dans mon sein naquit le désespoir, non pas ce désespoir froid, impuissant, dissimulé sous un air aimable et un sourire bienveillant. Je devins un infirme moral : une moitié de mon âme n'existait pas ; elle était desséchée, évaporée, elle était morte ; je la coupai et la jetai, tandis que l'autre remuait et vivait, au service de chacun, et personne ne le remarquait, parque personne ne connaissait l'existence de sa moitié défunte. Mais vous venez à présent de réveiller en moi son souvenir, et je vous ai lu son épitaphe. A bien des gens, toutes les épitaphes en général semblent ridicules, mais pas à moi, surtout quand je me rappelle ce qui gît au-dessous d'elles. Du reste, je ne vous demande pas de partager mon opinion : si ma sortie vous paraît ridicule, riez, je vous en prie ; je vous préviens que cela ne m'offensera aucunement. »
Histoire de France (1924)
Sortie : 1924 (France). Culture & société, Histoire, Essai
livre de Jacques Bainville
Alifib a mis 3/10.
Annotation :
Février
Sous le soleil de Satan (1926)
Sortie : 1926 (France). Roman
livre de Georges Bernanos
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Février
« Pour la première fois, il doute, non pas de Dieu, mais de l’homme. Mille souvenirs le pressent : il entend les plaintes confuses les bégaiements pleins de honte, le cri de douleur de la passion qui se dérobe et qu’un mot a clouée sur place, que la parole lucide retourne et dépouille toute vive… Il revoit les pauvres visages bouleversés, les regards qui veulent et ne veulent pas, les lèvres vaincues qui se relâchent, et la bouche amère qui dit non… Tant de faux révoltés, si éloquents dans le monde, qu’il a vus à ses pieds, risibles ! Tant de cœurs fiers, où pourrit un secret ! Tant de vieux hommes, pareils à d’affreux enfants ! Et par-dessus tout, fixant le monde d’un regard froid, les jeunes avares, qui ne pardonnent jamais.
(...)
Ceux qu’il a tant de fois consolés ne le connaîtraient plus. À cette minute, une des plus tragiques de sa vie, il se sent pressé de toutes parts, tout est remis en question. Certaines pensées plus perfides, longtemps repoussées, réapparaissent soudain, et il ne les connaît plus. Il trouve à toute choses un sens, et comme une saveur nouvelle… Pour la première fois, il contemple sans amour, mais avec pitié, le lamentable troupeau humain, né pour paître et mourir. Il goûte l’amer sentiment de sa défaite et de sa grandeur. À la limite de l’angoisse, la volonté intrépide refuse de s’avouer vaincue ; elle veut retrouver son équilibre, coûte que coûte…
(...)
Il ne regarde plus la petite église, il regarde au-dessus. Il est tout vibrant d’une exaltation sans joie. Il ne souffre presque plus, il est fixé pour toujours. Il ne désire rien ; il est vaincu. Par la brèche ouverte, l’orgueil rentre à flots dans son cœur…
(...)
Jusqu’à cette minute solennelle, sa vie a-t-elle eu un sens ? Il l’ignore. Il ne voit derrière lui qu’un paysage aride, et ces foules, qu’il a traversées, en les bénissant. Mais quoi ! Le troupeau trotte encore sur ses talons, le poursuit, le presse, ne lui laisse aucun repos, insatiable, avec cette grande rumeur anxieuse, et ce piétinement de bêtes blessées… Non ! il ne tournera pas la tête, il ne veut pas. Ils l’ont poussé jusque-là, jusqu’au bord, et au delà… ô miracle ! il y a le silence, le vrai silence, l’incomparable silence, son repos. »
L'Origine (1975)
Die Ursache
Sortie : 1975. Autobiographie & mémoires
livre de Thomas Bernhard
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Février
« C'est précisément ici, sur ce sol mortel qui m'a été donné à ma naissance que je suis chez moi et je suis plus chez moi dans cette ville (mortelle) et dans cette région (mortelle) que dans d'autres. Aujourd'hui, quand je parcours cette ville et que je crois que cette ville n'a rien de commun avec moi parce que depuis longtemps je ne veux avoir plus rien de commun avec elle, tout de moi (intérieurement et extérieurement) vient d'elle. Cette ville et moi nous formons une relation de toute la vie, une relation inséparable bien que terrible. »
« Là où il y a trois êtres humains, il y en a déjà un qui est toujours l'objet de sarcasmes et de moqueries et une communauté plus importante en tant que société ne saurait absolument exister sans une pareille victime ou plusieurs d'entre elles. La société en tant que communauté ne tire jamais son amusement que des infirmités d'un ou de quelques individus pris au milieu d'elle, on peut l'observer durant toute une vie et les victimes sont exploitées jusqu'à ce qu'elles aient touché le fond de la ruine. A propos de l'infirme, le fils de l'architecte, tout comme du professeur de géographie Pittioni, j'ai pu voir jusqu'à quel degré d'abjection peuvent aller la moquerie, la dérision, la destruction et l'anéantissement de ces victimes offertes à la communauté et à la société : toujours jusqu'à l'extrême degré et très souvent au-delà puisque ces victimes sont tuées sans autre forme de procès. La pitié pour ces victimes n'est aussi toujours qu'une prétendue pitié, en réalité elle n'est rien d'autre que la mauvaise conscience d'un individu quant à la façon d'agir et à la cruauté des autres, façon d'agir et et cruauté auxquelles en réalité il participe avec la même intensité comme auteur d'un acte de cruauté. Un enjolivement est inadmissible. »
Gilles (1939)
Sortie : décembre 1939 (France). Roman
livre de Pierre Drieu la Rochelle
Alifib a mis 5/10.
Annotation :
Mars
« Une affreuse femme de lettre s’était reconnu le droit de présenter Saint-Boniface au pauvre public. Cette vieille clocharde [...] arborait la Légion d’Honneur. Il n’y a plus que les chiens en France qui ne l’aient pas : mais ça viendra. Elle avait cet air rageur et ravi des ratés qui se croient célèbres, n’en sont pas très sûrs, et profitent de la moindre occasion d’être en vue. »
Thomas l'obscur (1950)
Sortie : 1950 (France). Roman
livre de Maurice Blanchot
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Mars
« Par malheur, il était trop tard : elle n'avait plus le corps ni le visage de ses sentiments, et il ne lui était plus possible d'être gaie avec gaieté. Maintenant, à tous ceux qui venaient, n'importe qui, cela n'avait pas d'importance, le temps pressait, elle exprima, par ses yeux fermés et ses lèvres pincées, la plus grande passion qui eut été ressentie. Et, l'affection ne suffisant pas pour dire à tous combien elle les aimait, elle eut aussi recours aux mouvements les plus durs et les plus froids de son âme. C'était vrai qu'en elle tout durcissait. Jusqu'alors, il lui restait la souffrance. Elle souffrait pour ouvrir les yeux, pour recevoir les plus douces paroles : seule manière, pour elle, d'être émue et jamais il n'y avait eu plus de sensibilité que dans ce regard qui achetait le seul plaisir de voir par des déchirements cruels. Mais, à présent, elle ne souffrait presque plus; son corps atteignait l'idéal d'égoïsme qui est l'idéal de tout corps: il était le plus dur au moment de devenir le plus faible, corps qui ne criait pas sous les coups, n'empruntait rien au monde, se faisait, au prix de la beauté, l'égal d'une statue »
Pères et Fils (1862)
Отцы и дети
Sortie : 1863 (France). Roman
livre de Ivan Tourguéniev
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Mars
Manuel d'économie critique (2016)
Sortie : 8 septembre 2016 (France). Essai
livre de Le Monde Diplomatique
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Mars
Discours de la méthode (1637)
Sortie : 1637 (France). Essai, Philosophie, Sciences
livre de René Descartes
Alifib a mis 6/10.
Annotation :
Mars
Méditations métaphysiques (1641)
Meditationes de Prima philosophia
Sortie : 1647 (France). Essai, Philosophie
livre de René Descartes
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Mars
Traité de la réforme de l'entendement (1661)
(traduction : Alexandre Koyré)
Tractatus de Intellectus Emendatione
Sortie : 1677 (Pays-Bas). Essai, Philosophie
livre de Baruch Spinoza
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Mars
« L’expérience m’avait appris que toutes les occurrences les plus fréquentes de la vie ordinaire sont vaines et futiles ; je voyais qu’aucune des choses, qui étaient pour moi cause ou objet de crainte, ne contient rien en soi de bon ni de mauvais, si ce n’est à proportion du mouvement qu’elle excite dans l’âme : je résolus enfin de chercher s’il existait quelque objet qui fût un bien véritable, capable de se communiquer, et par quoi l’âme, renonçant à tout autre, pût être affectée uniquement, un bien dont la découverte et la possession eussent pour fruit une éternité de joie continue et souveraine. »
« dans le plaisir l’âme est suspendue comme si elle eût trouvé un bien où se reposer ; elle est donc au plus haut point empêchée de penser à un autre bien ; après la jouissance d’autre part vient une extrême tristesse qui, si elle ne suspend pas la pensée, la trouble et l’émousse. La poursuite de l’honneur et de la richesse n’absorbe pas moins l’esprit ; celle de la richesse, surtout quand on la recherche pour elle-même, parce qu’alors on lui donne rang de souverain bien. »
« quant à l’honneur, il absorbe l’esprit d’une façon bien plus exclusive encore, parce qu’on ne manque jamais de le considérer comme une chose bonne par elle-même, et comme une fin dernière à laquelle se rapportent toutes les actions. En outre l’honneur et la richesse ne sont point suivis de repentir comme le plaisir ; au contraire, plus on possède soit de l’un soit de l’autre, plus la joie qu’on éprouve est accrue, d’où cette conséquence qu’on est de plus en plus excité à les augmenter ; mais si en quelque occasion nous sommes trompés dans notre espoir, alors prend naissance une tristesse extrême. L’honneur enfin est encore un grand empêchement en ce que, pour y parvenir, il faut nécessairement diriger sa vie d’après la manière de voir des hommes, c’est à- dire fuir ce qu’ils fuient communément et chercher ce qu’ils cherchent »
La Chartreuse de Parme (1839)
Sortie : 1839 (France). Roman
livre de Stendhal
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Avril
Ecce Homo (1888)
Sortie : 1888. Autobiographie & mémoires, Philosophie
livre de Friedrich Nietzsche
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Avril
« Ce que l'humanité a jusqu'ici pris au sérieux, ce ne sont même pas des réalités, mais de simples chimères, ou, à strictement parler, des mensonges nés de mauvais instincts de natures malades, et, au sens le plus profond, nuisibles - toutes ces notions de "Dieu", "âme", "vertu", "péché", "au-delà", "vérité", "vie éternelle"... Mais c'est en elles que l'on a cherché la grandeur de la nature humain, son caractère "divin"... Toutes les questions de la politique, de l'organisation sociale, de l'éducation, ont été faussées à la base par le fait que l'on a pris pour de grandes hommes les hommes les plus nuisibles, que l'on a enseigné à méprise les "petites choses", je veux dire les conditions élémentaire de la vie même... »
« J’ai besoin de la solitude, je veux dire du retour à la santé, du retour à moi-même ; j’ai besoin d’un air léger qui se joue librement. Mon Zarathoustra tout entier est un dithyrambe à la solitude, ou, si l’on m’a bien compris, à la pureté. »
L'Antéchrist (1888)
(traduction Dominique Tassel)
Der Antichrist. Fluch auf das Christentum
Sortie : 1888. Essai, Philosophie
livre de Friedrich Nietzsche
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Avril
"Rien ne sert d'embellir et de farder le christianisme : il a livré une lutte à mort à ce type supérieur d'humanité, il a jeté l'anathème sur tous les instincts élémentaires de ce type. A partir de ces instincts, il a su distiller le mal, susciter le méchant : l'homme fort étant par définition celui que l'on réprouve, le « réprouvé ». Le christianisme a pris le parti de tout ce qui est bas, vil, manqué, il a fait l'idéal de l’opposition à l'instinct de conservation de la vie forte. Même aux natures les mieux armées intellectuellement, il a perverti la raison, en leur enseignant à ressentir les valeurs suprêmes de l'esprit, comme entachées de péché, induisant en erreur, comme des tentation. "
"Que signifie « l'ordre moral universel » ? Qu'il y a, une fois pour toutes, une volonté divine quant ce que l'homme doit faire et ne pas faire; que la valeur d'un peuple ou d'un individu se mesure à sa plus ou moins grande obéissance à la volonté divine; que, dans les destinées d'un peuple et des individus, la volonté divine se manifeste impérativement, c'est à dire en punissant et en récompensant, selon le degré d'obéissance. La réalité cachée par ce pitoyable mensonge est celle-ci : un type humain parasitaire qui ne prospère qu'au détriment de toutes les formes saines de la vie, le prêtre, abuse du nom de Dieu : il nomme « Règne de Dieu » un état de choses où c'est le prêtre qui détermine la valeur des choses; il nomme « volonté de Dieu » les moyens par lesquels un tel état est atteint ou maintenu. Avec un fois cynisme, il évalue les peuples, les époques, les individus, selon qu'ils ont favorisé la suprématie des prêtres ou qu'ils y ont mis obstacle "
Crépuscule des idoles (1888)
(traduction Jean-Claude Heméry)
Götzen-Dämmerung oder wie man mit dem Hammer philosophiert
Sortie : 1977 (France). Essai, Philosophie
livre de Friedrich Nietzsche
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Avril / Relecture
« Nous n’avons maintenant plus aucune indulgence pour la notion de « libre arbitre » ; nous ne savons que trop ce que c’est – le plus suspect des tours de passe-passe des théologiens, aux fins de rendre l’humanité « responsable », au sens où ils l’entendent, c’est-à-dire de la rendre plus dépendante des théologiens…Je n’évoquerai ici que la psychologie de toute « responsabilisation générale ». Chaque fois que l’on cherche à « établir les responsabilités » c’est habituellement l’instinct de vouloir punir et juger qui est à l’œuvre. C’est dépouiller le devenir de son innocence qu’attribuer à une volonté, à des intentions, à des actes de responsabilité le fait d’être de telle ou telle manière. La théorie de la volonté a été essentiellement inventée à des fins de châtiment, c’est-à-dire par «désir de trouver coupable». Toute l’ancienne psychologie, la psychologie de la volonté, est née de ce que ses auteurs, les prêtres qui étaient à la tête des anciennes communautés, voulaient se donner un droit d’infliger des punitions, ou donner à Dieu un tel droit…Si l’on a conçu les hommes « libres », c’est à seule fin qu’ils puissent être jugés et condamnés, afin qu’ils puissent devenir coupables : par conséquent, il fallait absolument que chaque action fût conçue comme voulue, que l’origine de toute action fût conçue comme résidant dans la conscience (ce qui revenait à faire de l’imposture la plus radicale in psychologicis le principe même de la psychologie…). Aujourd’hui, maintenant que nous nous sommes engagés dans la direction inverse, maintenant que nous, les immoralistes, avons surtout entrepris de toutes nos forces d’abolir la notion de faute et la notion de punition et d’en purifier la psychologie, l’histoire, la nature, les institutions et les sanctions sociales, il n’est à nos yeux pas d’adversaires plus décidés que les théologiens qui continuent, par leur concept de l’ »ordre moral universel», à infecter de « punition » et de « faute », l’innocence du devenir. Le christianisme est une métaphysique de bourreau…»
« On sait ce que j’exige du philosophe : de se placer par-delà le bien et le mal, — de placer au-dessous de lui l’illusion du jugement moral. Cette exigence est le résultat d’un examen que j’ai formulé pour la première fois : je suis arrivé à la conclusion qu’il n’y a pas du tout de faits moraux. Le jugement moral a cela en commun avec le jugement religieux de croire à des réalités qui n’en sont pas. »
Une histoire de la Révolution française (2012)
Sortie : 22 septembre 2012. Essai
livre de Eric Hazan
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Avril
Le Paysan de Paris (1926)
Sortie : 1926 (France). Roman
livre de Louis Aragon
Alifib a mis 6/10.
Annotation :
Mai
Confession d'un masque (1949)
(traduction Renée Villoteau)
Kamen no Kokuhaku
Sortie : 1971 (France). Roman
livre de Yukio Mishima
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Mai
Premier amour (1945)
Sortie : 1945 (France). Récit
livre de Samuel Beckett
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Juin
Le Gai Savoir (1882)
(traduction Henri Albert)
Die fröhliche Wissenschaft
Sortie : 1882 (Allemagne). Essai, Philosophie
livre de Friedrich Nietzsche
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Juin
La guerre n'a pas un visage de femme (1985)
U vojny ne zhenskoe lico
Sortie : 2004 (France). Récit
livre de Svetlana Alexievitch
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Juillet
Le Fromage et les Vers (1976)
L'univers d'un meunier au XVIe siècle
Sortie : 1980 (France). Essai
livre de Carlo Ginzburg
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Aout
Les Faux-Monnayeurs (1925)
Sortie : 1925 (France). Roman
livre de André Gide
Alifib a mis 6/10.
Annotation :
Juillet/Aout
L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique (1935)
Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit
Sortie : 1955 (France). Essai, Philosophie
livre de Walter Benjamin
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Aout
Nietzsche et la philosophie (1962)
Sortie : 1962 (France). Essai, Philosophie
livre de Gilles Deleuze
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Aout
Le Bruit du temps (1925)
(traduction Edith Scherrer )
Sortie : 1988 (France). Récit
livre de Ossip Mandelstam
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Septembre
Une histoire populaire de la France
de la guerre de Cent Ans à nos jours
Sortie : 2018 (France).
livre de Gérard Noiriel
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Septembre
Race et histoire (1952)
Sortie : 1952 (France). Essai, Culture & société
livre de Claude Lévi-Strauss
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Octobre