Journal de bord Littérature - 2021

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Janvier / Lu.

L’art et la manière d’essorer des petits riens pour leur donner un caractère terrifiant et oppressant. La moindre phrase laisse entendre des voix souterraines, les fantômes existent entre les mots des enfants. James laisse planer du Secret entre chaque particule de réel ; étouffés par le brouillard du texte, on ne sait plus à quoi se raccrocher pour respirer et avoir une prise dans ce monde flottant.

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Janvier / Lu.

Pamphlet politique, tract révolutionnaire, mémoire sociologique, tout en même temps, il le faut bien. L’oralité de la première partie confère au texte la force du témoignage quotidien de la misère ouvrière, à travers une unique paire d’yeux qui souffrent et protestent, qui bouillonnent et ragent. Et puis d’un coup, on prend de la distance : la grève s’étend, il y a besoin de voir les choses d’en haut. A mesure que la violence s’étend, petit à petit le point de vue se resserre, on revient vers notre paire d’yeux originelle, pour rentrer dans le détail brutal de l’insurrection et de la lutte face à la police.

Livre de lutte, livre d’incendie, livre pavé.

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Janvier / Lu.

Très difficile d’en dire quoi que ce soit, l’agonie lente transpire par tous les pores du texte, et l’équilibre incompréhensible trouvé entre la pudeur et le dévoilement m’interdit de m’engager plus avant dans l’analyse.

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Janvier / Lu.

La nouvelle titre est à bien des égard un petit sommet à elle toute seule. Probablement l’une des première tentative d’analyse subjective de la folie (le coté clinique de la chose rappelle une expérimentation similaire à la même époque, La faim de Hamsun). Pour le reste c’est souvent drôle, des petites histoires à l’allure de chronique quotidienne de la bêtise ambiante ; la petite noblesse infatuée comme la paysannerie un peu bas de plafond en prennent pour leur grade, avec toujours cette espèce d’insouciance légère quant aux conséquences des actes pourtant graves. Un pessimisme détaché en quelque sortes.

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Janvier / Lu.

En quelques phrases seulement, et par le truchement d’un évènement banal, Gadenne fait sauter le barrage du monde sensible : une baleine échoué sur une plage se décompose au soleil, et tout d’un coup les secrets cosmiques de la vie s’exposent devant nous, dans toute leur infinie étendue. Odile, Paul et nous même, recevons en pleine face les immenses mystères de l’existence des êtres et des choses, dans tout ce qu’ils ont de sublime et d’accablant. On ne sort pas tout à fait indemne d’une expérience comme celle-ci.

"Nous avons cru ne voir qu’une bête ensablée : nous contemplions une planète morte."

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Janvier / Lu.

Abasourdi par le silence menaçant de la mer, par la chape de plomb de la ville millénaire, par le voile pesant de l'ennuie inquiétant.

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Janvier - février / Lu.

Ici commence l'aventure Casto. C'est encore trop tôt pour en parler mais ça viendra.

Morceaux choisis : L'idée de révolution, La "fin de la philosophie"?, Temps et création.

Un des passage qui m'a particulièrement interpelé : "Relativement au temps imaginaire, comme à tout l'édifice des significations imaginaires érigée par chaque société, nous demandons : comment doit être le monde, en lui-même, pour que cette varieté surprenante et illimitée d'édifices imaginaires puisse être érigée. La seule réponse possible est : le monde doit être tolérant et indifférent à l'égard de toutes ces créations. Il doit pouvoir leur faire place, à toutes, et ne pas empêcher, favoriser ou imposer une quelconque d'entre elles par comparaison aux autres.

En bref: le monde doit être privé de sens. C'est seulement parce qu'il n'y a pas de signification intrinsèque du monde que les humains ont du, et pu, le doter de cette variété extraordinaire de significations fortement hétérogènes.

C'est parce qu'il n'y a aucune voix qui tonne derrière les nuages, et pas de langage de l'Être, que l'histoire a été possible. (Certes, les religions, spécialement les religions revélées, affiment le contraire. Le malheur est qu'il y en a trop.) Et, aujourd'hui, la prévalence de la signification imaginaire occidentale de l'expansion illimitée de la pseudo-maîtrise pseudo-rationnelle est rendue possible par l'ubiquité de la dimension identitaire du monde (sur laquelle s'étayent ses réalisations pratiques), laquelle est, comme telle, privée de sens."

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Janvier / Lu.

Noblesse de l’âme blessée qui s’en va cuver son amertume. Secret de polichinelle dès le début, la répudiation puis l’exil de Bérénice ne fait aucun doute. C’est finalement elle qui porte toute la misère de Titus, incapable d’assumer sa propre décision.

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Janvier / Lu.

Mille visages, mille bouches criantes pour raconter autrement. Peut-être le plus beau jour que Paris n'ait jamais connu.

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Janvier / Lu.

L’amour qui nait à travers la fenêtre, tout un symbole de la narratologie déployé par Ogai : suffisamment près pour sonder les visages depuis la rue, suffisamment loin pour laisser les doutes du lecteur en suspend sur ce qui se passe réellement dans la maison. Le roman est en son centre un détournement d’attention (tout comme son titre d’ailleurs), qui passe beaucoup de temps sur les antécédents d’un personnage secondaire ou les atermoiements d’une femme entretenue pour ramener, dans la boucle finale, l’attention sur le véritable amour muet, qui se consume dans le délicieux épisode de l’oiseau et du serpent.

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Janvier - février / Lu.

Roman pré-fin de siècle, Oblomov est un Des Esseintes qui n’a pas encore perdu ses espoirs utopiques. Roman de l’immobilité, de l’oisiveté indispensable. Le monde tout autour qui cherche à profiter du malheureux rêveur l’enfonce d’autant plus dans son univers onirique, dernier refuge contre la mesquinerie ; par ailleurs le rêve d’Oblomov ne dénote pas d’un fantasme irréel, c’est une vie douce et tranquille qu’il appelle de ses vœux, finalement tout ce à quoi chacun aspire. Mais quand celle-ci se présente, sous le masque de l’amour d’Olga, c’est encore à cause du dehors que les choses se gâtent. Trop sensible aux railleries, il se retire peureusement, tel un escargot dans sa carapace protectrice, pour finir sa vie en végétant dans son canapé.

Au delà du personnage immensément touchant qu’est Oblomov, j’aime tout particulièrement ce cher Zakhar, copie imparfaite de son maître.

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Février / Lu.

MA FEUILLE VINEUSE

Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux. Un moment nous serons l’équipage de cette flotte composée d’unités rétives, et le temps d’un grain, son amiral. Puis le large la reprendra, nous laissant à nos torrents limoneux et à nos barbelés givrés.

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SOUVENT ISABELLE D'ÉGYPTE

Ton partir est un secret. Ne le divulgue pas. Durant
que roule le gai tonneau du vent, chante-le.

Affronte Estropios tant qu’il sue.

Fine pluie mouche l’escargot.

La source a rendu l’ajonc défensif en le tenant éloigné
du jonc. Ne fais pas le fier, rapproche le premier du second.

Lit le matin affermit tes desseins. Lit le soir cajole ton espoir, s’il fuit.

Ne brode pas dans le brouillard.

L’angle de l’oreiller se moque de la tête.

Compte huit bracelets à l’araignée, et une calotte en or.

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Février / Lu.

L’intérêt de l’analyse de Mosès réside dans son refus de l’interprétation de Kafka (étrange d’ailleurs que Deleuze et Guattari ne soient même pas mentionnés, eux qui avaient fustigé les sur-interprétations de tout bord déjà en 75). On prend plutôt des précautions pour se centrer sur les structures et les formes du récit, ou bien sur les critiques pertinentes des autres (Brecht et Benjamin qui s’engueulent sur le sens d’une nouvelle de 10 lignes c’est quelque chose).

Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti le vertige du Franz qui se faufile à chaque fois qu’on croit le saisir, et c’est d’autant plus bluffant quand on se penche sur la complexité narratologique cachée en pleine lumière.

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Février / Lu.

Fin d'un des plus grands empires de l'histoire du monde, la déliquescence sous nos yeux.

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Février / Lu.

Et dire que c'est une introduction...

A l'opposé de l'idée du sexe réprimé, Foucault pose l'hypothèse inverse, celle d'un discours permanent et assourdissant sur le sexe, comme objet de savoir et enjeu de pouvoir. "Le sexe" en tant qu'institution, c'est le biopouvoir qui s"exerce.

Hâte de la suite.

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Février / Lu.

Toujours les mêmes motifs qui varient à l'infini, violence maladie prostitués poésie ; dans la dèche au Mexique et en Europe, et l'enchantement est mort de partout.

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Février / Lu.

Examen des époques, à travers soi. L’histoire (et les combats politiques à travers elle), défile comme dans un album photo date après date. Ce qui rend les évènements si vivaces dans le livre, c’est la justesse des petites émotions ressentis face à leurs diverses manifestations ; replacer le politique au-delà des simples faits historiques, le rendre émotionnellement palpable à travers les petits riens de l’ambiance de l’époque.

Insidieusement, un apathisme semble s’immiscer dans la description des évènements qui passent ; de plus en plus de fatigue face au zeigeist grisonnant. Est-il dû à l’âge, la désillusion des combats politiques perdues qui deviennent des trompes l’œil, ou bien à l’époque qui serait effectivement devenu pire?

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Février / Lu.

Rarement lu un livre qui décrivait aussi crûment les conditions de vie ouvrière, dans la crasse les poux et le sang. Roman quasiment eisensteinien, où la foule des dizaines de travailleurs importe plus que les individualités. L’usine flottante n’offre aucune échappatoire, la folie productiviste pompe tout à petit feu : le temps, l’air, la vie. Une seule solution : l’insurrection.

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Février / Lu.

Écriture qui se ronge les ongles dans la salle des profs, ricanante mais au bord du craquage. Qu’est ce qui fonctionne encore dans l’école? L’inspection, le contrôle, ça ça fonctionne encore.

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Février / Lu.

Parfum capiteux du romantisme et de l’idéalisme allemand qui rentrent en collision. Doublement poème : lyrique et philosophique.

"L’homme qui songe est un dieu, celui qui pense, un mendiant. Et celui qui a perdu la ferveur ressemble à l'enfant prodigue qui contemple au creux de sa main orpheline les quelques sous dont la pitié l'a gratifié sur son chemin."

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Février - mars / Lu.

Construire une idée de la politique et faire communauté. A travers les ronces théoriques qui pointent erratiquement dans tous les sens, il faut coller, petit bout par petit bout, avec effort et difficulté, les éléments qui fondent la pensée politique de Rancière. Entre les grandes phases brumeuses où tout reste opaque, des éclairs jaillissent. Quelques morceaux choisis :

"Par l'arbitraire de la langue, entendons simplement qu'aucune raison n'est immanente à la langue, qu'il n'y a ni langue divine ni langue universelle mais seulement une masse sonore qu'il appartient à chacun, à chaque fois, de faire signifier. Cet arbitraire fait de tout énoncé comme de toute réception une aventure qui suppose l'opération tendue d'un double vouloir : un vouloir-dire et un vouloir-entendre, l'un et l'autre toujours menacé de tomber dans l'abîme ordinaire de la distraction au-dessus duquel est tendu le fil raide de la volonté de sens. Ce que cette tension présuppose […], c'est la virtualité de l'autre tension de l'attention de l'autre."

"Il faut choisir entre être des hommes égaux dans une société inégale ou des hommes inégaux dans une société égale, dans une société transformant l'égalité en son contraire. Une communauté des égaux, c'est une communauté inconsistante d'hommes travaillant à la création continuée de l'égalité. Tout ce qui peut se présenter d'autre sous ce nom n'est que manège, école ou bataillon, diversement repeint aux couleurs du progrès."

"Les corps marqués et suppliciés n'éclairent pas. Nous avons pu le vérifier récemment devant l'étalage des images venant de Bosnie, du Rwanda ou d'ailleurs. Cette exposition produit au mieux de l'indignation morale, une douleur de ce qui arrive à l'autre, une haine à vide contre le tortionnaire ; plus secrètement cela produit souvent le sentiment de sécurité de n'être pas dans la peau de cet autre, quelquefois une irritation contre ceux qui nous rappellent indiscrètement l'existence de la souffrance. La crainte et la pitié ne sont pas des affects politiques."

"Le consensus et la réduction de la politique à la police. Il est la fin de la politique, c'est à dire non pas l'accomplissement de ses fins mais simplement le retour de l'état normal des choses qui est celui de sa non existence. La fin de la politique est le bord toujours présent de la politique, laquelle est une activité toujours ponctuelle et provisoire. Retour de la politique et fin de la politique sont deux interprétations symétriques q

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Février - mars / Lu.

On aura rarement vu un grand-écart aussi impressionnant chez un auteur classique : exit la campagne normande et l'ennui petit-bourgeois, c’est la plongé au cœur d’un récit carthaginois épique et guerrier. Alors, sublime ratage, tentative incompréhensible, réussite à peine croyable? Un peu tout à la fois, Flaubert aura peut-être voulu se prouver à lui même que son style si unique, et son rythme si maitrisé, pouvait se lover dans n’importe quelle forme.

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Mars / Lu.

Tous le recueil Insomnie est sublime...Traces noirs autour des yeux, la poésie pour seule compagne au cours des nuits interminables.

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Ils ont pris…

Ils prenaient vite et ils prenaient largement :
Ils ont pris les cimes, ils ont pris les tréfonds,
Ils ont pris l'acier, ils ont pris le charbon,
Ils ont pris notre cristal et notre plomb.

Ils ont pris le sucre et ils ont pris le trèfle,
Ils ont pris le Nord et ils ont pris l'Est
Ils ont pris les ruches et ils ont pris le blé,
Ils ont pris notre Midi et notre Ouest.

Les Tatras, ils les ont pris et pris les Thermes,
Ils ont pris les alentours et les lointains,
Mais - plus amer que le paradis sur terre ! -
Ils ont pris les armes sur le sol natal.

Ils ont pris les fusils, ils ont pris les cartouches,
Ils ont pris l'amitié, pris le minerai…
Mais tant qu'il reste du crachat dans les bouches -
Tout le pays est armé !

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Tous couchés en rangs
Sans partage.
A bien voir les soldats,
Où sont les nôtres ? Et les autres ?

Il était Blanc - le voilà rouge
Rouge de sang.
C'était un Rouge - le voilà blanc
Blanc de mort.

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Mars / Lu.

Gramsci est une sorte de fourmi marxiste (un peu un pléonasme), travailleur méticuleux et infatigable de ses cahiers aux lignes serrés. Et c’est bien ça qu’il me reste à la fin de ce tour d’horizon : un fourmillement d’idées diverses mais qui gravitent toujours fortement autour des mêmes concepts (hégémonie, bloc historique etc.). Une œuvre dans laquelle on viendra grappiller au fur et à mesure en somme. J’ai d’ailleurs l’impression d’arriver à tisser des liens avec des obsessions du moment, notamment Castoriadis et Rancière sur certaines conception gramsciennes (position des intellectuels au sein d’un mouvement donné, production des individualités dans une société, partage du sensible etc.).

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Mars / Lu.

Il est des livres qu’on ne voit pas arriver. Perec nous est très cher et on pensait bien le connaitre, mais ce qu’on apprend à travers Un homme qui dort, c’est que derrière ses mignonneries de façade, derrière ses innombrables jeux et amusements oulipiens, Perec est transpercé d’angoisses, et l’existence lui était parfois un lourd fardeau.

Il y a du Michaux dans l’aspect sensoriel monstrueux qui agresse les sens fatigués, il y a du Beckett bien sur dans ce renoncement généralisé, renoncement à l’amitié, à l’amour, à l’existence même. Doucement, on se laisse glisser dans l’ombre, plus rien ne nous atteint, toute forme de stimulus est annulé.

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Mars / Lu.

Comment ne pas avoir envie de cramer toutes les usines du monde après un témoignage pareil. La grève pour faire rentrer l'espoir dans la tête de la classe ouvrière.

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Mars - avril / Lu.

Écriture éclatée d’un personnage quelque peu sebaldien, méticuleux historien local témoin dans sa petite vie monotone de fonctionnaire de la montée du nazisme. Lui seul semble lucide sur la catastrophe politique en cours, et se contente de soliloquer ironiquement sur la bêtise dangereuse qui l’entoure. Tant qu’on ne touche pas à son petit pré-carré d’archiviste amateur…

La dernière partie est une explosion, littérale et narrative ; rarement lu un moment aussi atomisé et pourtant aussi poignant en même temps. Les mots fusent et éclatent à chaque phrase, et on est pris dans un tourbillon de confusion qui nous saute à la gorge.

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Avril - mai / Lu.

Beaucoup moins passionnant que le premier tome, on est dans le vif de l'analyse historique des discours qui entourent la sexualité, autour principalement de trois axes : diététique - économique - érotique.

On y apprend notamment que les Grecs, se souciaient finalement assez peu de l'aspect moral de la sexualité, beaucoup plus préoccupés par des aspects pragmatiques de santé, de réputation, d'équilibre ménager etc.

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Avril / Lu.

Un peu de difficultés à m'accrocher à Obermann, personnage fin de siècle avant l'heure, un Des Esseintes pas encore tout à fait perdu mais en plein doute. Oserai-je dire que le texte m'a paru un peu suranné et précieux, malgré l'orfèvrerie languagière très XVIIIeme?

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Avril / Lu.

Chez Cercas, la littérature est une thérapie. Le réel et son cortège d'horreur doit être traité à travers l'écriture, quitte à inventer, fictionner, combler les manques. Après la guerre d'Espagne, c'est ici la guerre du Vietnam qui passe sur le divan.

En fait, Cercas passe son temps à se poser la même question, inlassablement : à quoi peut bien servir la littérature si ce n'est nous soulager de la réalité, et nous aider à mieux la digérer?