Journal de lecture 2022
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2017 ...
116 livres
créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a 12 moisCar l'adieu, c'est la nuit
Sortie : novembre 2007 (France). Poésie
livre de Emily Dickinson
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 4 janvier.
En poésie, j'adore les énigmes, mais ne les résous presque jamais. Chez Dickinson comme chez Mallarmé, je vogue sur les vers et picore ici ou là, en esprit primesautier, de belles images. Sans doute n'est-ce pas la bonne manière de lire. Il faudrait probablement creuser l'étude, chercher les sens cachés derrière les ellipses, allusions et symboles, -je ne le fais que pour quelques poèmes, ceux qui m'ont le plus frappé. La spécificité de Dickinson, par rapport à d'autres poètes "cérébraux" ou "symbolistes" (au sens large de ces termes), est l'intime proximité qu'on semble ressentir avec elle. Je ne pourrais le prouver par des mots, des analyses rationnelles, -c'est plutôt une sorte d'aura qui l'entoure. C'est donc toujours un plaisir de retourner auprès d'elle.
Les Heures silencieuses (2011)
Sortie : 4 janvier 2011. Roman, Histoire, Peinture & sculpture
livre de Gaëlle Josse
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 7 janvier.
Beau petit livre que celui-ci. Il plaira aux amateurs de Pascal Quignard, dont il reprend, dans un autre univers géographique, la réflexion sur la peinture et la musique. Delft en 1667 est montrée sous toute ses facettes, par le regard d'une femme de trente-six, qui est celle du tableau de De Witte, "Intérieur avec femme à l'épinette". Comme Tracy Chevalier dans "La Jeune Fille à la perle", l'autrice imagine son histoire, mais, cette fois-ci, sur un mode non-narratif : les chapitres sont autant de rêveries sur tel ou tel des aspects de son existence. La langue est simple et belle ; c'est donc un livre agréable.
En compagnie de Mrs Dalloway
Sortie : 2017 (France). Recueil de nouvelles
livre de Virginia Woolf
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Terminé le 9 janvier.
J'ai déjà pu dire ici, à plusieurs reprises, mon attachement pour les nouvelles de Virginia Woolf. Pour des lecteurs aussi primesautiers que moi, mais aussi attirés par les énigmes, elles sont une source de joie, ainsi qu'une porte d'entrée accueillante dans l’œuvre de cette immense autrice. Je n'ai, à vrai dire, compris la profondeur de son œuvre qu'après avoir lu le recueil "La Mort de la phalène" ; c'est seulement ensuite que j'ai pu revenir à ses romans, et les apprécier à leur juste valeur. "Mrs Dalloway" est un de mes récits woolfiens préférés, ce pourquoi ce petit recueil, sans doute peu qualitatif pour un grand lecteur, m'a attiré et m'a plu. Dans cinq nouvelles, on tourne autour des personnages de ce roman, l'effleurant par des touches qui en rendent la profondeur. La technique woolfienne y est bien plus claire, bien plus accessible. Peut-être est-ce inutile aux woolfiens ; cela sera plaisant pour tous les autres.
Petit éloge de la poésie (2021)
Sortie : 2021 (France). Essai
livre de Jean-Pierre Siméon
Clément Nosferalis a mis 5/10.
Annotation :
Terminé le 10 janvier.
J’aime détester Jean-Pierre Siméon, que j’appréciais tant quand j’avais seize ans. Ses niaiseries me semblaient autrefois des élévations. Désormais, je vois ses haines contre tout un pan de la poésie contemporaine. Mais, surtout, toute sa rhétorique laudative sur la poésie, qu’il égrène depuis des années dans des textes destinés à obtenir des entretiens sur France Culture, ne me masque plus la maigre qualité de ses propres textes (excepté Traité des sentiments contraires, pour lequel je garde une certaine tendresse). Qu’il cite André Velter, son ami et pire poète depuis des siècles, est un signe qui ne trompe pas. Son concept de « vie », ses métaphores faciles, quelques paronomases et jeu de mots ne cachent pas le vide de sa pensée.
Vie et mort de Jean Cavaillès (1998)
Sortie : 19 mai 1998. Biographie
livre de Georges Canguilhem
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Terminé le 15 janvier.
Trois beaux petits discours de Canguilhem sur Jean Cavaillès. Cela paraîtra simple au premier abord, mais en vérité plusieurs idées très fortes sont présentes, et qui se résument à la place de Jean Cavaillès dans l'histoire de la pensée française :
1° Comme premier lecteur de la philosophie de Husserl ;
2° Comme philosophie ne résumant pas la logique au formalisme ;
3° Comme relecteur de Spinoza à travers la science contemporaine ;
4° Comme précurseur du structuralisme et des philosophies cherchant à s'extraire du concept de sujet.
L'aspect historique est évidemment important, puisque Cavaillès fut un acteur central de la Résistance. Mais Canguilhem extrait Cavaillès de la geste gaulliste (où le ramènera le film "L'Armée des ombres" de Jean-Pierre Melville) pour le ramener dans le giron philosophique, en faisant de son action de résistance une part essentielle de sa philosophie.
Poésies verticales
I-II-III-IV-XI
Poesía vertical
Sortie : 2021 (France). Poésie
livre de Roberto Juarroz
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 21 janvier.
Robert Juarroz est désormais un poète bien connu. Cette anthologie-ci, chez Poésie/Gallimard, a l'avantage de proposer cinq recueils complets, et non des poèmes épars, comme dans l'anthologie chez Points/Poésie, qui m'a laissé de marbre ; l'unité de chaque recueil est en effet essentielle, les poèmes se répondent les uns les autres dans un dispositif orchestré. Cependant, je pense qu'on préférera lire chaque recueil indépendant ; en lire plus de deux à la suite rend un effet plutôt indigeste ; les recueils sont courts, incisifs, il faut savoir un lire un, puis laisser passer des semaines avant d'en lire un autre. Je suis aussi un peu gêné par la disposition : l'oeuvre est bien meilleure quand on passe à une nouvelle page pour chaque poème, choix fait par les éditions José Corti pour les traductions qu'on trouve chez elles.
Juarroz est singulier dans le paysage de la poésie de la seconde partie du XXe siècle, par sa forme aphoristique (tout est au présent de vérité générale, les amorces de récit restent peu nombreuses). La musicalité est néanmoins omniprésente, grâce aux répétitions, en anaphore ou épiphore, ou aux nombreuses parallélisme. Cette forme démonstrative est associée aux paradoxes du contenu ; c'est ce qui fait la force de ces aphorismes poétiques.
Une dernière remarques, pour ceux qui découvriraient ce poète : il me semble qu'il s'est bonifié avec le temps, et que ses poésies verticales deviennent bien meilleures en suivant le nombre indiqué en couverture. Dans ce recueil-ci, les deux volets de la onzième sont de loin le meilleur. Ma préférée reste la Treizième, qu'on peut trouver chez Corti.
Le Guetteur (1930)
Sogliadatai
Sortie : 1968 (France). Roman
livre de Vladimir Nabokov
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 22 janvier.
Lire Nabokov m'est toujours un plaisir. J'aime ses adjectifs, ses digressions quand il n'y en a pas trop (ce roman-ci a l'avantage de la brièveté), ses jeux sur la narration. Ici, comme dans "Machenka", il manque un contenu plus vigoureux : les deux histoires d'amour sont assez plates. La scène de tentative de suicide et le réveil à l'hôpital sont très beaux, et la raison pour laquelle on doit lire ce roman, coupé en deux parties par cette péripétie centrale. Le retournement final est intéressant, mais pas assez exploité à mon goût ; le thème du double, et ici du dédoublement de personnalité, a été bien mieux traité ailleurs. Mais la prose nabokovienne se laisse toujours agréablement lire.
Dans l'abîme du temps (1936)
(traduction Simone Lamblin et Jacques Papy)
The Shadow Out of Time
Sortie : octobre 1954 (France). Recueil de nouvelles, Science-fiction, Fantastique
livre de H. P. Lovecraft
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 23 janvier.
Les récits de Lovecraft se ressemblent tous et sont tous superbes. Moins inventif qu'Edgar Allan Poe, il est plus accessible, car plus classique dans sa narration, qui avance comme au son du métronome. Aimant à la fois le fantastique et la science-fiction, pour le trouble vis-à-vis du "réel" que ces genres introduisent, je ne peux une fois de plus que me retrouver dans cette histoire-ci. Le délire livresque n'y est pas pour rien, tout comme le thème du dédoublement de personnalité. Cela ne me donne qu'envie d'en lire d'autres.
Pensées sous les nuages
Sortie : 1 février 2002 (France). Poésie
livre de Philippe Jaccottet
Clément Nosferalis a mis 6/10.
Annotation :
Terminé le 28 janvier.
J'étais en train de lire, en parallèle, "La Nuit" de Wiesel et "Le Monde de pierre" de Borowski, me faisant une sorte de "session Auchwitz", comme cela m'est arrivé plusieurs fois. Seulement, ajoutant à cela la poursuite de la pandémie, l'éco-anxiété, le froid, l'infâme situation politique, mon désespoir s'accentuait peu à peu jusqu'à l'insupportable. La solution toute trouvée, en parallèle du re-visionnage du splendide "Regard d'Ulysse" de Theo Angeloupolos, fut de revenir à Jaccottet. Ceux qui me suivent savent que je le trouve inégal, que je trouve très bons ses premiers textes (poèmes et proses), et moins intéressants une large part de ce qu'il a fait par la suite. Là n'est pas la question : Jaccottet est un poète idéal pour se détendre. Sa poésie est simple, d'un lyrisme discret, il est question de musique, d'hirondelles et de promenades en forêt, tout y est doux sans être sirupeux ni niais. Il a une vertu apaisante. De là vient la détestation injustifiée d'une partie du monde poétique contemporaine, et les dithyrambes tout aussi injustifiés d'une partie du lectorat. J'aime revenir à son œuvre comme on revient à un coin de forêt qu'on apprécie, et dans lequel on a ressenti quelques moments de calme loin du monde.
Le Chat noir (1843)
The Black Cat
Sortie : 4 février 1853 (France). Nouvelle
livre de Edgar Allan Poe
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Terminé le 29 janvier.
Suite à ma lecture de Lovecraft, je replonge dans Poe, auquel je l'avais comparé (pour montrer leurs larges différences, évidemment). J'ai lu ou relu plusieurs de ses nouvelles, dans un ordre indéterminé. Je ne mets que ce titre, "Le Chat noir", dans ce journal, car c'est celle qui m'a semblé la plus significative. Elle est sans doute la plus simple : elle rentre le plus clairement dans notre définition du fantastique. -Narration interne, narrateur dont la certitude sur la perception n'est pas nette, alcool, folie, meurtre.- "Le Masque de la mort rouge" m'a également beaucoup plu. Je le répète : ce qui est marquant chez Poe, c'est la créativité ; les nouvelles sont extrêmement différentes les unes des autres, elles ouvrent des voies, du nouveau. C'est plus que probablement ce qui en a fait l'attrait pour Baudelaire, et qui nous le rend aujourd'hui à la fois sympathique et toujours étrange ; contrairement à Lovecraft, dont les récits se répètent mais sont toujours virtuoses, Poe est parfois moins bon, parce qu'il recherche toujours le nouveau.
Les Entretiens
Essai, Culture & société
livre de Confucius
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 2 février.
Je continue dans mon cycle "reprise de moi-même", après une phase difficile. J'écoute Sting et je lis Confucius. "Ça va bien ensemble", me dit mon collègue de philosophie en rigolant. Je lis donc ceci, qui ne me passionne que très peu, mais a le don de me détendre. Je ne saurai dire si j'ai apprécié ; je l'ai lu comme un médicament, et ce médicament fut efficace.
Hotaru
Le Poids des secrets, tome 5
Sortie : 2005 (France). Roman
livre de Aki Shimazaki
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 3 février.
C'était mon cinquième Shimazaki. Pas le meilleur, pas le pire non plus. C'est ainsi également qu je classe cette autrice canadienne : pas la meilleure, pas la pire. Elle me détend : tout est simple, va très vite, tout en gardant une certaine douceur.
Encre sympathique (2019)
Sortie : 3 octobre 2019. Roman
livre de Patrick Modiano
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 5 février.
Patrick Modiano me semble toujours insignifiant et sympathique. Ce titre-ci lui convient donc parfaitement. Le récit met du temps à démarrer, mais cela devient ensuite très correct. La fin est simple, mais belle. Il est sans doute un peu trop démonstratif. Un bon roman pour passer un moment dans un train, en somme.
Odes
Poésie
livre de Anacréon
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 16 février.
On a toujours, avec les premiers auteurs grecs, le vertige de l'origine, et ce d'autant plus quand on a travaille, comme je le fis autrefois, sur le XVIe siècle. On y trouve des topoi, des formules qui jalonnent ensuite la poésie européenne. Chez Anacreon, la forme brève rend cet effet plus limpide, car chaque poème se construit autour d'un état lyrique, que les poètes postérieurs déploieront dans des formes plus amples ; ainsi notamment de Ronsard.
L'Art de la guerre
Essai, Culture & société
livre de Sun Tzu
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 1er mars.
J'ai passé un long moment sans lire, ou à traîner dans "Les Vagues" de Virginia Woolf. Je me remets en selle avec ce bel ouvrage.
L'Iris sauvage (1992)
Sortie : 18 mars 2021 (France). Poésie
livre de Louise Glück
Clément Nosferalis a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Terminé le 3 mars.
Ce volume-ci est nettement meilleur que "Nuit de foi et de vertu". Cela tient premièrement à la structure d'ensemble : de l'hiver à l'automne, des matines aux vêpres, les thèmes avancent avec logique, bien que toujours avec douceur. Le jeu des voix lyriques y est plus net est plus virtuose, de même que le jeu entre références factuelles et envolées religieuses. Louise Glück reprend les avancées permises par la poésie américaine du début et milieu de siècle pour les insérer dans un cadre net et puissant. Le jardin qu'elle déploie propose une sérénité d'après l'avant-garde ; sans renier celle-ci, elle prend de s'arrêter dans la contemplation sereine.
Le Mariage du Ciel et de l'Enfer
(traduction André Gide)
The Marriage of Heaven and Hell
Sortie : 1790 (France). Poésie
livre de William Blake
Clément Nosferalis a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Terminé le 4 mars.
Je n'avais jusque-là lu William Blake que par morceaux épars ; c'est donc avec plaisir que je plonge plus longuement dans l’œuvre de cet auteur que j'admirais sans avoir abordé un de ses ouvrages de bout en bout.
La Comtesse de Tende (1718)
Sortie : 1664 (France). Recueil de nouvelles
livre de Madame de La Fayette
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 4 mars.
L'un des récits les plus cruels que la littérature nous ait fourni.
La Nuit (1955)
...Un di Velt Hot Geshvign
Sortie : 1958 (France). Biographie, Récit
livre de Elie Wiesel
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Termine le 8 mars.
Dans la littérature concentrationnaire, je me suis habitué aux sarcasmes d'Imre Kertész, sa grande distance ironique, pour lui moyen à la fois de déranger et se survivre. Elie Wiesel aborde son passage à Auschwitz d'une manière très différente, beaucoup plus "romanesque" au sens classique du terme, du moins le récit reprend-il un schéma très net : les signes annonciateurs non écoutés (le vieux juif reprend la figure de Cassandre), la métaphore de l'enfer, le retournement avec la fin de la foi du jeune homme. Alors que l'adolescent Kertész s'affirme entièrement perdu -mais dépouillé de toute émotion, condition de survie-, l'adolescent Wiesel ressent sans cesse une indicible souffrance. Wiesel nous plonge dans le désarroi par un procédé entièrement contraire à celui de Kertész, la construction d'une présence complète de l'horreur.
Petit Maître (1906)
Botchan
Sortie : 18 février 2019 (France). Roman
livre de Natsume Sōseki
Clément Nosferalis a mis 6/10.
Annotation :
Termine le 10 mars.
Un peu déçu par ce petit roman, mon premier de Sôseki. Le début est sympathique, avec son style oral et sa satire du Japon profond. Mais, par la suite, rien ne démarre, sans que les scènes ne soient suffisamment belles ou profondes pour que cette narration décousue soit justifiée.
Reconnaître le fascisme (1997)
Il fascismo eterno
Sortie : 19 avril 2017 (France). Essai, Politique & économie
livre de Umberto Eco
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 21 mars.
Un livre certes utile et salutaire en ces temps de recomposition politique ; cependant, cela va bien trop vite ; cette vitesse est nécessaire à la force de l'ouvrage, mais empêche certaines pistes de réflexion. S'il part de la définition donnée par Mussolini dans l'Encyclopédie italienne, souvent citée parce que Mussolini y affirme l'absence de structure idéologique du fascisme (défini comme prise de pouvoir par la force et de mise en avant d'un pays ; - on a fait plus profond), les quatorze points qu'il donne du fascisme pourraient s'appliquer à beaucoup de monde. Comme après la lecture de Zeev Sternhell, on sort de ce livre en se disant qu'à peu près tout le monde est fasciste à son insu. Si mettre des barrières de reconnaissance envers les partis à tendance autoritaire, l'insulte "fasciste", qu'on trouve à toutes les sauces, s'y trouve justifiée d'une manière très élargie. On risque de reconnaître le fascisme partout, et de perdre en efficacité dans les ripostes à y apporter.
Où atterrir ? (2017)
Comment s'orienter en politique
Sortie : octobre 2017. Essai
livre de Bruno Latour
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 25 mars.
Bruno Latour est un auteur dont j'ai suivi le parcours durant ces dernières années. J'avais apprécié "Nous n'avons jamais été modernes", été ennuyé par "Politiques de la nature", mais m'intéressais surtout à ses divers articles, qui pendant longtemps étaient disponibles gratuitement sur son site internet, avant qu'il décidât que lesdits articles pourraient se vendre en ouvrages papier (d'où le recueil "Face à Gaia", que je n'ai pas lu, parce que j'eusse voulu le lire gratuitement en ligne, comme je le faisais jusqu'alors).
Cet ouvrage-ci est dans cette lignée. Il ne s'agit pas d'un livre de philosophie, ni même d'un essai novateur, mais bien d'un tract, revendiqué comme tel. Son écriture abrupte (également revendiquée) en rend la lecture vivante et agréable, et le contenu s'avère riche. Je n'ai pas appris grand-chose, ce qui m'a rassuré sur ma connaissance des luttes politiques actuelles, mais un bon nombre de rappels présents m'ont ramené à des réflexions que je juge essentielles.
La Maison de la sorcière (1933)
The Dreams in the Witch-House
Sortie : janvier 2012 (France). Nouvelle, Fantastique
livre de H. P. Lovecraft
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 1er avril.
Lovecraft me plaît toujours. Cette nouvelle-ci a la particularité de ne pas être écrite en narration interne, ce qui en rend la lecture moins attractive. L'histoire est sensiblement la même : Lovecraft, contrairement à ce qu'on pourrait penser, est éminemment classique ; et, le cœur de la pensée classique, c'est l'idée que la répétition est bonne.
L'Événement (2000)
Sortie : 14 mars 2000. Roman
livre de Annie Ernaux
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Terminé le 2 avril.
Je ne saurais dire pourquoi j'apprécie Annie Ernaux. Si je regarde mes goûts, elle y semble presque une intruse. Peut-être est-ce parce qu'elle est de mon bord politique ? Mais, dans ce cas, pourquoi Édouard Louis, du même bord et d'une écriture proche, m'est-il insupportable ?
Il y a sans doute, tout d'abord, l'absence complète d'emphase dans le style. Le titre du livre aurait pu être "Rapport sur mon avortement, 1963". La sécheresse est une qualité ; chez Édouard Louis, c'est l'abondance du registre pathétique qui énerve. L'absence, aussi, de prétention politique : l'interprétation sociologique est laissée au lecteur. L'aspect factuel fera dire à certains que c'est du journalisme amélioré ; ça l'est probablement, et ce n'est pas rien du tout. Ce n'est pas ce que j'aime le plus lire, par principe, mais chez Ernaux ça passe. Le rythme, aussi, et l'absence de fioritures, y sont pour beaucoup. La même sécheresse rendait le livre de Vanessa Springora très agréable à lire, alors même qu'aucune prétention littéraire ne s'y trouvait. Peut-être que j'aime lire des rapports ; il faut aussi dire que j'adore la presse et les essais, et que l'écriture de soi sans fioritures s'en rapproche par de nombreux aspects. Dans le débat qui agite les littéraires sur l'oeuvre d'Ernaux, je suis donc dans l'entre-deux. J'aime, sans adorer. C'est bien.
Une brève histoire du temps (1988)
A Brief History of Time : From the Big Bang to Black Holes
Sortie : 1989 (France). Essai, Sciences
livre de Stephen Hawking
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Terminé le 4 avril.
Je finis ce livre juste avant une surveillance de devoirs communs de physique-chimie, pour des élèves de la spécialité, en Première, dont je n'ai compris strictement aucune des questions. Les oeuvres de vulgarisation sont en effet dans un autre domaine, celui du grand récit. Je regrette de ne pouvoir aborder les notions avec un oeil plus connaisseur -non pas en spécialiste, car peu de monde, même dans les grandes écoles, va jusqu'à la théorie de la relativité, mais seulement comme quelqu'un qui aurait une vision sereine des ensembles de base. Je compte m'y remettre depuis un moment, mais trouve peu le temps.
Ce livre m'a plus plu que le Hubert Reeves que j'avais lu l'année. C'est qu'il cherche moins à provoquer l'émerveillement, et le provoque ainsi plus profondément : l'étude du Big Bang et des trous suffit à nous plonger dans des réflexions baroques. Le problème de Hawking n'est pas d'émerveiller, mais de rendre compte d'un travail intellectuel : la recherche d'une théorie unifiée. Il est donc d'une importance capitale pour quiconque s'occupe d'épistémologie.
La Fille aux yeux d'or (1835)
Sortie : 1835 (France). Roman
livre de Honoré de Balzac
Clément Nosferalis a mis 5/10.
Annotation :
Terminé le 6 avril.
Jamais réussi à finir cette nouvelle de Balzac, auteur dont j'admire pourtant habituellement les récits courts. Je n'ai pas réussi là non plus, mais je la mets ici, pour m'en débarrasser. Le début est invraisemblablement sans intérêt, d'une construction affreusement lourde, et sans lien avec la suite. La satire des Parisiens est loin d'y être aussi saillante que dans "Le Cousin Pons". Je considère donc ceci comme un brouillon.
Le Silence de la mer (1942)
et autres récits
Sortie : février 1942. Recueil de nouvelles
livre de Vercors
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Terminé le 7 avril.
La reconnaissance de cette nouvelle n'est pas usurpée. Elle est simple, efficace, profonde.
Le Médecin volant (1660)
Sortie : 1660 (France). Théâtre
livre de Molière
Clément Nosferalis a mis 5/10.
Annotation :
Terminé le 7 avril.
Une des petites comédies de Molière, parfois enseignées en 6e, quand les professeurs de français s'ennuient de toujours faire "Le Médecin malgré lui", cette dernière étant néanmoins bien meilleure.
Chroniques parisiennes
Sortie : 1991 (France). Essai
livre de Alfonso Reyes
Clément Nosferalis a mis 10/10.
Annotation :
Terminé le 13 avril.
Alfonso Reyes fait partie de ses hispaniques oubliés dans la culture française, ce qui est un scandale permanent. Toute la littérature latino-américaine, malgré quelques incartades, est tragiquement méconnue. C'est d'autant plus dommageable pour Alfonso Reyes qu'il fut un compagnon de route de la NRF, proche des grands écrivains de la première moitié du siècle, et observateur fin et caustique de cette période. Ses articles ici réunis rendent compte de cette proximité. Sur beaucoup de points, sa plume est bien plus profonde que celle de la Nouvelle Critique, qui viendra ensuite tout obscurcir avec emphase ; sur Mallarmé, Reyes est loin au-dessus de Blanchot. C'est à lire.
Les Cantos pisans (1948)
The Pisan Cantos
Sortie : 1 septembre 2016 (France). Poésie
livre de Ezra Pound
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Terminé le 15 avril.
J'avais beaucoup à dire sur cet opus, mais en l'inserant dans ce journal, je ne peux empêcher ma surprise de le voir noté à 4,3/10. Deux explications sont possibles : la complexité de l'ensemble, avec ses syncopes, ses citations, son aspect de collage, la présence de vers en de nombreuses langues étrangères ; et, bien sûr, l'atmosphère fasciste du coup, puisque ces Cantos-ci sont écrits lors de l'emprisonnement à Pise, après la chute de l'Italie mussolinienne, dont Pound était un des grands zélateurs. L'édition Points/Poésie fait d'ailleurs l'impasse sur ce fait, sans doute pour rendre l'abord plus acceptable, mais la présence au beau milieu du livre de "Pétain défendait Verdun pendant que / Blum défendait un bidet", non loin de souvenir ému de "ce pauvre vieux Benito", a dû en frapper plus d'un qui n'eût pas été prévenu.
Appréciant la poésie américaine, Pound est un point nodal que je ne peux éviter. D'ailleurs, plusieurs passages m'ont enthousiasmé. Mais je n'ai pu faire totalement abstraction du contenu. Il n'y a d'ailleurs pas à le faire, car ce sont clairement des poèmes épiques et politiques. Là où William Carlos Williams et Louis Zukofsky, qui sont d'ailleurs restes ses amis, me touchent par leurs visions, Pound me laisse sur le carreau. C'est tout de même à lire, comme origine de tout un mouvement, et même de plusieurs : la poésie contemporaine, dans de nombreux pays du monde, procédé des innovations de Pound.