Journal prétenduement cinéphile - 2020

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- J'ouvre l'année avec un premier documentaire découvert par une recherche sur internet, visionné durant les vacances de Noël. -

Dans son ouvrage "Réflexion sur la question gay", Didier Eribon évoque l'injure qui frappe l'homosexuel, ce Verbe qui l'emprisonne et décuple son mal-être.

"Au commencement était l'insulte"... Sylvain Desmille reprend cette même image en ouverture de ce documentaire auto-fiction, mêlant images d'archive personnelles et d'époque.
L'on suit ainsi ce protagoniste-réalisateur au plus près de son intimité, construite par un ensemble d'images parcellaires regroupées, tel un album de souvenirs. De la découverte de l'homosexualité, où le terme de "Pédale" est subi, jusqu'au sacerdoce final, forme d’exutoire, où le mot prend un sens mélioratif, le documentaire n'épargne rien de ce mal-être d'être soi et de ce qu'il implique au quotidien.

Et en cela, foncièrement intemporel, le documentaire en devient émouvant et m'a beaucoup touché. Homosexuels ou non, c'est une part de notre histoire de marginaux que l'on entraperçoit à travers ces images. C'est bien nous et notre peur de nous affirmer, de sortir, d'aimer. Tout l’intérêt du documentaire réside sûrement ainsi dans ce constant va-et-viens entre images d'archive permettant de contextualiser l'évolution des luttes homosexuelles et l'évolution privée du narrateur et la manière dont il parvient à construire sa vie. Il frappe surtout par ses résonances actuelles, cette façon intemporelle de vivre son homosexualité : les regards furtifs dans le métro, toujours fuyants, cette fuite infinie du corps dans la ville ---

Un seul danger nous guette : faire de ce personnage central l'archétype de l'homosexuel fin de siècle - nécessairement engagé dans les luttes ou proche d'une communauté ravagée par les années Sida. Le documentaire, parvient à soulever aisément cet obstacle, ne généralisant jamais et s'abstenant de toute vision binaire et figée. En cela il constitue un émouvant cahier secret, l'évocation d'un temps pas si lointain où l'homosexualité était un crime, et forme un témoignage intemporel sur la condition de tout marginal.

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Visionné début janvier.
Critique publiée. Dans Microbe et Gasoil, les marginaux ont le pouvoir !

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Documentaire visionné seulement par extraits le week-end du 26 janvier.

Evocation de la jeunesse de Camus et principalement de la dualité qui se tisse au sein de la vie du grand homme : ce décalage subtil entre son enfance pauvre et sa vie dès sa reconnaissance.
Un grand regret : cette voix-off qui ne retransmet pas la poésie des œuvres du grand écrivain, d'ailleurs peu évoquées, et des images hélas colorisées. Les commentaires manquent également cruellement de nuances, ayant tendance à plaquer des idéologies contemporaines sur la société coloniale... Réjouissons-nous du moins d'avoir eu droit à cette fresque sur Camus à l'occasion du soixantième anniversaire de son decès, et notamment au témoignage inédit de sa fille Catherine.

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Nuit des films du 1er au 2 février

Une nuit, et une soudaine envie de regarder des films. On m'avait dit beaucoup de bien de Tatie Danielle ; j'ose avouer que j'ai été quelque peu déçu. Tout d'abord, car Tatie, bien qu'amusante, reste caricaturale. Trop même, ce qui empêche de la cerner et d’entrer dans sa psychologie. Si c'est ce qui permet de regarder le film sans avoir la larme à l’œil (Ehpad + Escabeau faisant rarement bon ménage), l’intérêt réside plutôt dans la pléiade de seconds rôles. Car Étienne Chatiliez, après « La vie est un long fleuve tranquille » que j'avais beaucoup apprécié, porte un regard acéré sur la société des années 1990, une société "rangée" et polie.

Toute la force du film réside dans les personnages qui gravitent autour de la grand-mère, du petit-fils homosexuel au couple sérieux - en apparence -, en passant par l'aide à la personne déterminée interprétée par Isabelle Nanty ( ZE duo touchant du film). Tatie Danielle apparaît ainsi plus comme une intéressante fresque sociale que comme une comédie réussie. Mention spéciale à la bande prigibale signée Gabriel Yared, compositeur que l’on retrouvera quelques années plus tard dans « Le hérisson ».

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Nuit du 1er au 2 février.

Dernier film de la nuit, signé Jean-Pierre Améris, dont j’avais beaucoup apprecié le « Marie Heurtin ». J’avais recommandé ce film à une amie quelque peu sensible, je l’ai trouvé sensible et amusant, le réalisateur jouant avec les codes de la comédie musicale et du film d’amour. Si le scénario, classique, laisse quelque peu sur sa f(aim), c’est principalement en raison de seconds rôles peu exploités. Isabelle Carré apparaît néanmoins pétillante dans cette agréable fiction chocolatesque.

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Vu le lundi 10 février et le mardi 11 février à Hauteluce.

La suite des aventures d’Antoine Doinel dans un film plus léger que les Quatre Cents Coups. Inutile de préciser que j’ai beaucoup aimé cette transposition du « Lys dans la vallée » où l’on apprend comment beurrer une biscotte, envoyer un petit bleu, faire preuve de tact en disant « monsieur » plutôt que « Madame » après avoir ouvert une porte par inadvertance, suivre en filature, ...
C’est le Paris rive droite de la fin des années 60 qui est figé par la caméra de Francois Truffaut ; le Paris d’Antoine Doinel ou insouciance rime avec drôlerie. Plans entrecoupés également notables, ainsi que la dédicace à Henri Langlois après l’affaire de la Cinémathèque.