La Bibliothèque du Crétin
Je conserve (peut-être n'est-ce que provisoire) dans un recoin de bibliothèque, certains de ces livres les plus accablants de bêtise qu'il se puisse concevoir.
https://www.senscritique.com/livre/Contre_la_litterature_facile/11856046
Je n'ai lu aucun de ces livres. J'en ...
26 livres
créée il y a 20 jours · modifiée il y a environ 3 heuresLe Livre du crétin (1912)
Sortie : 12 septembre 2000 (France). Roman
livre de Franz Jung
Annotation :
Ce livre n'appartient pas à cette bibliothèque, il n'a d'autre rapport avec la présente liste que d'en avoir inspiré le titre. Puisqu'existe un tel livre, pourquoi pas toute une Bibliothèque du crétin ?
Le crétin se découvre parfois avant que le livre ait été ouvert, dès son titre. Nous donnerons quelques exemples. Assez souvent c'est, pensons-nous, dès l'incipit. Nous vérifierons. Ou bien au détours d'une page prise au hasard. Idem.
Il arrive que nous-même, piètre lecteur, soyons le crétin. Quelque bonne âme, peut-être, voudra bien nous en faire la démonstration...
Premier arrêt après la mort (2017)
Sortie : 8 mars 2017. Roman, Policier
livre de Jacques Attali
Annotation :
Incipit : « En ces jours terriblement sombres pour le monde et dérisoirement joyeux pour la France, le premier meurtre, si horrible et spectaculaire fût-il, passa tout à fait inaperçu.
Ce lundi 16 juillet 2018, un peu avant 6 heures du matin, Marie Lefurt, jeune infirmière à peine diplômée, venue prendre son tour de garde au Centre hospitalier général de Longjumeau, claqua, furieuse, la portière de la petite voiture de sport conduite par son compagnon, un interne au service de pédiatrie de l'hôpital Bichat - dispute d'amoureux, pensa-t-il, rupture définitive, décida-t-elle.
Pressant le pas devant l'abribus situé devant le 53, rue du Président-François-Mitterrand, juste devant l'hôpital, elle sursauta d'horreur : un corps nu, à demi calciné, lui faisait face, placé debout contre une des parois vitrées de l'abribus ; un corps d'homme, sans tête, ni mains, ni pieds ; les bras en croix attachés, comme les chevilles, par des fils électriques ; une feuille de papier violet coincée au niveau du poignet droit par un des fils. Elle hurla, faillit s'évanouir, se précipita à l'intérieur de l'hôpital et réveilla le vigile, à l'accueil, qui appela la police. »
Extrait : « La nouvelle filtra immédiatement. À 3 h 30, des agences et des réseaux sociaux annoncèrent la découverte, par un célèbre avocat américain et sa compagne, une musicienne plus célèbre encore, d'un quatrième « crucifié à l'abribus », comme on les désignait à présent.
Les premiers commentaire portèrent la marque d'une grande inquiétude : qu'est-ce que tout cela cachait ? Un criminel en série ? » (p. 92)
Un roman français (2009)
Sortie : août 2009. Roman
livre de Frédéric Beigbeder
Annotation :
Exergue : « « Comme un printemps les jeunes enfants croissent / Puis viennent en été / L'hiver les prend et plus ils n'apparoissent / Cela qu'ils ont été » Pierre de Ronsard, 'Ode à Anthoine de Chasteigner, 1550. »
Incipit : « Je venais d'apprendre que mon frère était promu chevalier de la Légion d'honneur, quand ma garde à vue commença. Les policiers ne me passèrent pas tout de suite les menottes dans le dos ; ils le firent seulement plus tard, lors de mon transfert à l'Hôtel-Dieu, puis quand je fus déféré au Dépôt sur l'île de la Cité, le lendemain soir. Le président de la République venait d'écrire une lettre charmante à mon frère aîné, le félicitant pour sa contribution au dynamisme de l'économie française : « Vous êtes un exemple du capitalisme que nous voulons : un capitalisme d'entrepreneurs et non un capitalisme de spéculateurs. » Le 28 janvier 2008, des fonctionnaires en uniforme bleu, revolver et matraque à la ceinture, me déshabillaient entièrement pour me fouiller, confisquaient mon téléphone, ma montre, ma carte de crédit, mon argent, mes clés, mon passeport, mon permis de conduire, ma ceinture et mon écharpe, prélevaient ma salive et mes empreintes digitales, me soulevaient les couilles pour voir si je cachais quelque chose dans mon trou du cul, me photographiaient de face, de profil, de trois quarts, tenant entre les mains un carton anthropométrique, avant de me reconduire dans une cage de deux mètres carrés aux murs couverts de graffitis, de sang séché et de morve. »
Extrait pris au hasard : « Quand je sortirai, je feuilletterai les albums de photos de ma mère, comme Annie Ernaux dans 'Les Années'. Ces images jaunies prouvent que ma vie a tout de même commencé quelque part. Sur une photographie prise dans le jardin de la Villa Patrakénéa de Guéthary, mon frère et moi sommes vêtus à l'identique : cols roulés rayés bleus et blancs (sic) à boutons dans le cou, bermuda gris, Kickers aux pieds (sic), achetées chez Western House rue des Canettes. Quand on passe toute son enfance habillé avec les mêmes vêtements que son frère, on passe ensuite (sic) tout son âge adulte à tenter de s'en différencier. » (p. 136)
Les Voleurs de beauté
Sortie : 1997 (France). Roman
livre de Pascal Bruckner
Annotation :
Exergue : « « Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée. » Arthur Rimbaud, 'Une saison en enfer'. »
Incipit : « Je venais d'allumer le plafonnier et de constater, dans le miroir de courtoisie, l'apparition d'une ride au coin de mon œil gauche quand la voiture a dérapé. Hélène a écrasé le frein, contrebraqué. Les chaînes ne mordaient plus. J'ai poussé un cri, le véhicule s'est mis en travers de la route, s'est enlisé dans une congère. Il était 7 heures du soir, il faisait nuit, la neige tombait en abondance. »
Extrait pris au hasard : « Enfin j'allai à la cuisine, étonné comme hier par son immensité. Casseroles, poêles, cocottes reluisaient, une série de plats en cuivre était clouée au mur par ordre décroissant. » (P. 121)
Civilisation
Comment nous sommes devenus américains
Sortie : 4 mai 2017 (France). Essai
livre de Régis Debray
Loués soient nos seigneurs (1996)
Une éducation politique
Sortie : 1996 (France). Récit
livre de Régis Debray
Boomerang (2009)
Sortie : avril 2009. Roman
livre de Tatiana de Rosnay
Annotation :
Exergue : « 'Manderley n'était plus.' Daphné Du Maurier, Rebecca. »
Incipit : « La petite salle d'attente est morne. Dans un coin, un ficus aux feuilles poussiéreuses. Six fauteuils en plastique se font face sur un lino fatigué. On m'invite à m'asseoir. Je m'exécute. Mes cuisses tremblent. J'ai les mains moites et la gorge sèche. La tête me lance. Je devrais joindre notre père avant qu'il ne soit trop tard, mais je suis tétanisé. Mon téléphone reste dans la poche de mon jean. Appeler notre père ? Pour lui dire quoi ? Je n'en ai pas le courage.
La lumière est crue. Des tubes de néon barrent le plafond. Les murs sont jaunâtres, craquelés par le temps. Hébété sur mon siège, désarmé, perdu, je rêve d'une cigarette. Je dois lutter contre un haut-le-cœur. Le mauvais café et la brioche pâteuse que j'ai avalés il y a deux heures ne passent pas. »
Extrait : « La conversation se poursuit. J'en profite pour jeter un coup d'œil à son bureau dépouillé. Je ne suis pas spécialiste de Feng Shui. Je sais juste que c'est un art chinois très ancien qui stipule que le vent et l'eau ont une influence sur notre bien-être. Que les lieux où nous vivons nous affectent en bien ou en mal. Ce bureau est le plus propre et le plus ordonné que j'aie jamais vu. Un des murs est presque entièrement occulté par un aquarium où d'étranges poissons noirs ondulent et nagent nonchalamment entre les bulles. Dans un autre coin s'épanouissent de luxuriantes plantes exotiques. Des bâtons d'encens répandent un parfum apaisant. Sur le meuble qui se trouve derrière son bureau, trônent de nombreuses photographies où Parimbert pose avec des célébrités.
Il raccroche enfin et revient vers moi. » (pp. 242-3)
Qu'est-ce qu'une vie réussie ?
Sortie : 12 janvier 2005 (France). Essai
livre de Luc Ferry
Annotation :
[Incipit]
La Délicatesse (2009)
Sortie : 2009 (France). Roman, Romance
livre de David Foenkinos
Annotation :
Exergue : « Je ne saurais me réconcilier avec les choses, chaque instant dût-il s'arracher au temps pour me donner un baiser. / Cioran »
Incipit : « Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse). Elle avait traversé l'adolescence sans heurt, respectant les passages piétons. À vingt ans, elle envisageait l'avenir comme une promesse. Elle aimait rire, elle aimait lire. Deux occupations rarement simultanées puisqu'elle préférait les histoires tristes. L'orientation littéraire n'étant pas assez concrète à son goût, elle avait décidé de poursuivre des études d'économie. Sous ses airs de rêveuse, elle laissait peu de place à l'à-peu-près. Elle restait des heures à observer des courbes sur l'évolution sur l'évolution du PIB en Estonie, un étrange sourire sur le visage. Au moment où la vie d'adulte s'annonçait, il lui arrivait parfois de repenser à son enfance. Des instants de bonheur ramassés en quelques épisodes, toujours les mêmes. Elle courait sur une plage, elle montait dans un avion, elle dormait dans les bras de son père. Mais elle ne ressentait aucune nostalgie, jamais. Ce qui était assez rare pour une Nathalie. »
Extrait : « La soirée continua ainsi alternant les moments de découverte, et les moments où le bien-être donne la sensation de connaître l'autre. Alors qu'elle comptait rentrer tôt, il était déjà plus de minuit. Autour d'eux, les gens partaient. Le serveur tenta de leur faire comprendre d'une manière grossière qu'il serait peut-être temps d'envisager de partir. Markus se leva pour aller aux toilettes, et paya l'addition. Ce fut fait avec beaucoup d'élégance. Une fois dehors, il proposa de la raccompagner en taxi. Il était si prévenant. Devant son appartement, il posa une main sur son épaule, et l'embrassa sur la joue. Il comprit à cet instant ce qu'il savait déjà : il était éperdument amoureux d'elle. » (p. 109)
L'Île des gauchers (1992)
Sortie : 1992 (France). Roman
livre de Alexandre Jardin
Annotation :
Incipit : « Aimer avait toujours été la grande affaire de la vie de lord Jeremy Cigogne ; mais à trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrageait de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme en un amour véritable. Certes, il n'était pas de ces époux négligents qui laissent leur couple dans la quiétude. Tout au long de leurs sept années de mariage, Cigogne avait remué le cœur d'Emily avec la même furie d'esprit dont il faisait tout. Il avait même suscité quelques embarquements échevelés, avec l'espoir de donner à leur histoire une tournure de liaison 'très française'. Mais Jeremy sentait à présent combien il s'était trompé en cherchant à perpétuer l'élan de leur ancienne passion, tout l'artificiel que comportait sa lutte contre l'usure. À trop vouloir demeurer l'amant de sa femme, il n'avait pas su devenir son époux. »
Extrait : « Pour le remercier, Emily mit une robe blanche de lin (sic) qu'il adorait, se coiffa comme il aimait la voir ; et lorsqu'elle le rejoignit pour le petit déjeuner, elle raconta que l'une de ses amies avait un jour voulu remercier son mari d'un présent qui l'avait touchée en se faisant belle pour lui, en passant les vêtements qu'il préférait lui voir porter. » (p. 141 de l'éd. blanche)
L'Étudiant étranger (1986)
Sortie : septembre 1986. Roman
livre de Philippe Labro
Annotation :
Exergue : « « Le passé est une terre étrangère : on y fait les choses autrement qu'ici. » L. P. Hartley »
Incipit : « En réalité, personne n'a jamais su pourquoi Buck Kuschnick s'était suicidé.
Qu'est-ce que ça voulait dire, ce corps de dix-huit ans, vêtu seulement d'un long pantalon de pyjama à rayures classiques, les chevilles attachées aux barres de métal des deux extrémités du lit de sa chambre dans le 'freshmen dorm', aile ouest du dortoir, rez-de-chaussée, à droite quand on entrait par la cour ? »
Extrait : « Nous fîmes l'amour sur la grande banquette arrière de la Buick, comme je l'avais espéré. Ce fut court et interminable aussi et toutes les sensations que j'avais eues au premier baiser donné par April me submergèrent, comme une musique.
Elle était arrivée au bout d'une heure ou un peu plus. Je n'avais pas compté les minutes et, par-dessus le bruit de la radio et les rafales du vent qui faisaient parfois trembler la capote de la Buick, j'avais entendu le moteur d'une voiture, j'avais ouvert les yeux, j'avais vu la Ford bleue d'April se ranger face à moi. Elle était descendue, avait ouvert la portière côté passager et s'était assise de façon à me regarder, les genoux repliés sous elle. Elle portait un survêtement épais en coton blanc dont la capuche dissimulait ses cheveux et lui donnait l'allure d'un champion de boxe à l'entraînement. Mais le rouge vif sur ses lèvres et l'éclat dans ses yeux, le parfum qui se dégageait d'elle, la rendaient plus attirante que si elle avait été vêtue comme une femme. » (p. 109)
Stupeur et Tremblements (1999)
Sortie : 26 août 1999. Roman
livre de Amélie Nothomb
Annotation :
Incipit : « Monsieur Haneda était le supérieur de monsieur Omochi, qui était le supérieur de monsieur Saito, qui était le supérieur de mademoiselle Mori, qui était ma supérieure. Et moi, je n'étais la supérieure de personne.
On pourrait dire les choses autrement. J'étais aux ordres de mademoiselle Mori, qui était aux ordres de monsieur Saito, et ainsi de suite [...]. »
Extrait : « Il n'était pas rare qu'entre deux additions je relève la tête pour contempler celle qui m'avait mise aux galères. Sa beauté me stupéfiait. Mon seul regret était son brushing propret qui immobilisait ses cheveux mi-longs en une courbe imperturbable dont la rigidité signifiait : « Je suis une 'executive woman'. » Alors, je me livrais à un délicieux exercice : je la décoiffais mentalement. »
Les Noces barbares (1985)
Sortie : septembre 1985. Roman
livre de Yann Queffélec
Annotation :
Incipit : « Le bain refroidissait, Nicole émergea. Ruisselante elle décrocha la serviette-éponge et se frictionna longuement. Les parfums croisés de la campagne et du pain chaud faisaient monter en elle une langueur qui la berçait. Furtive, elle essaya les souliers noirs de sa mère et fit la moue. Ils flottaient un peu mais la grandissaient. Elle aperçut alors son reflet dans la buée du miroir ovale et sourit. À treize ans, bientôt quatorze, elle en paraissait dix-huit avec ce corps déjà mûr (sic), cette bouche sanguine, ces yeux bleus en amande, et ces longs cheveux vermeils comme un feu sur les épaules. Elle passait chaque jour une heure à domestiquer l'incendie. »
Extrait : « L'hiver enfonça les Buissonnets dans la torpeur. L'improvisation des premiers temps le cédait à la monotonie d'une cellule familiale entraînée par l'usage. Nicole, affectée d'abord aux impératifs ménagers, carbonisa quelques rôtis, cuisina par mégarde un soufflé au plâtre, oublia sur le gaz une lessiveuse qu'on retrouva fondue, bâcla des vaisselles, et se déchargea finalement sur Ludo de toutes les corvées. La question des repas fut réglée par un énorme frigidaire qu'elle fit livrer sans même consulter Micho. Ce dernier s'étonnait de toujours voir son beau-fils au travail.
« Faut bien qu'y s'occupe, répondait sa mère. Pendant ce temps-là, y pousse pas de cris. »
Les plaintes de Ludo la nuit venaient tous les jours en discussion. « S'il a un grain, faut qu'il aille au docteur », disait Micho. » (p. 73)
Le Parfum (1985)
Histoire d'un meurtrier
Das Parfum, die Geschichte eines Mörders
Sortie : 1985 (France). Roman
livre de Patrick Süskind
Un aller simple (1994)
Sortie : 26 août 1994. Roman
livre de Didier Van Cauwelaert
Annotation :
Incipit : « J'ai commencé dans la vie comme enfant trouvé par erreur. Volé avec la voiture, en fait. J'étais garé sur les clous et, pendant les années qui ont suivi, Mamita, quand je ne finissais pas mon assiette, disait que la fourrière allait venir me chercher. Alors je mangeais trop vite et après je rendais tout, mais dans un sens c'était mieux ; ça m'évitait de prendre du poids. J'étais l'adopté, je restais à ma place. »
Extrait : « Il se passait une chose curieuse dans ma tête. Je sentais bien qu'il avait raison, et pourtant j'avais envie de défendre mon attaché. Une relation avait commencé entre nous, dans laquelle Pignol n'avait pas sa place, et c'est peut-être pour ça qu'il était jaloux.
- Non, je le trouve très bien, ce type. On s'est bien entendus.
- Mais révolte-toi, une fois dans ta vie, putain ! Réagis !
C'était drôle de voir un policier, même si c'était mon copain, me dire de réagir contre la loi derrière les barreaux de la grille qu'il venait de refermer sur moi.
- Tu sais pourquoi ils t'ont choisi pour t'expulser, t'as compris, maintenant ? Parce que t'as une belle gueule, voilà, t'est photogénique ! Pho-to-gé-nique !
Je ne comprenais pas sa colère. C'était plutôt flatteur.
- Arrête, Aziz ! Moi ça me débecte ! Ils savent plus quoi faire entre le chômage et les sondages, alors ils renvoient un Arabe chez lui, et comme par hasard ils en prennent un qui a plus l'air d'un Corse que d'un Arabe, comme ça c'est moins raciste ! Alors si en plus, toi, tu es content... »