Cover Le petit Cahier de visionnage 2024 + Avis

Liste de

71 films

créee il y a 9 mois · modifiée il y a environ 7 heures

Les Filles d'Olfa
7.5
1.

Les Filles d'Olfa (2023)

1 h 47 min. Sortie : 5 juillet 2023. Société

Documentaire de Kaouther Ben Hania

MargotChavez a mis 9/10 et a écrit une critique.

Emilia Pérez
7
2.

Emilia Pérez (2024)

2 h 10 min. Sortie : 21 août 2024. Comédie musicale, Thriller

Film de Jacques Audiard

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Film clivant s'il en est, évidemment, en ce sens je rejoins pleinement Cerell. La force de ce film ne se situe pas dans ses éléments les plus classiques.

Le scénario est cousu de fil blanc, et semble lacunaire une fois la question de la rédemption traitée en profondeur. Le montage aussi est un peu surprenant certains moment semblent coupés trop vite, parfois le film avance comme une fusée en quelques instants.

Mais alors, mais alors quelles interprétations magistrales. La plus éclatante a mes yeux, c'est Zoé Saldana, absolument déchirante, drôle, brillante, toujours juste, même quand elle doit se mettre a chanter dans des scènes surprenantes. Dans un autre registre qui porte une dramaturgie sans égal, Karla Sofia Gascon, tout simplement parfaite, dans un rôle difficile taiseux, elle arrive a être un parangon d'humanité, a sembler crédible malgré la dimension quasi messianique de sa transition. Enfin Selena Gomez, touchante, faible, courageuse, toujours excessivement juste et pleine de naïveté. Le beau est là, sans hésiter.

La musique joue évidemment un rôle central dans le film, elle réussit a donner de l'organicité, du réalisme, de la force dramatique, alors que le scénario et le montage jouent parfois contre cette esthétique. Elle est le lieu où les personnages pensent, parlent et ressentent, elle est la vie de ce film. Toujours filmée de manière a sublimer, elle donne du corps, des envolées.

Alors s'il n'est pas parfait, s'il est un peu court, il est une fenêtre poétique sur des vies fictives, mais déterminées, engagées. Parce que ses images sont splendides, et qu'elles montrent des actrices exceptionnelles dans leurs rôles, ce film est une magnifique fable sur la rédemption, sur l'humanité, sur la transitude, et finalement une leçon de sororité pour tous.tes

Babysitter
6.4
3.

Babysitter (2021)

1 h 28 min. Sortie : 27 avril 2022 (France). Comédie

Film de Monia Chokri

MargotChavez a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Comédie que l'on pourrait renommer " petit manuel de déconstruction de la mysogynie par l'humour absurde ". Excessivement réussie. Formellement d'abord c'est une pépite. Monia Chokri est une autrice qui écrit des personnages intelligents, pense sa façon de filmer pour l'inscrire dans le genre, et joue avec les codes de celui-ci a merveille. Chaque plan est intelligent et très symbolique. Elle parvient a filmer une sexualisation des personnages sans la rendre lubrique, et elle lui donne une signification forte. Il en ressort instantanément des situations comiques délicieuses, et qui véhiculent un message par l'esthétique, par la composition de l'image, et par la direction de ses acteurs.

Le film est dense, très dense. Il évoque la question féministe dans son ensemble, prouesse presque incroyable pour une comédie d'1h27. On y parle de sororité, d'entraide féminine par la figure de la sorcière, de patriarcat dans une société marchande, de rôle de genre dans la sexualité, de la question des hommes comme alliés, de lesbianisme, de dépression post post-partum, des difficultés de la maternité, du rôle du couple dans ces épreuves, de harcèlement sexuel, de viol. Tout est évoqué, compris, détourné, rendu drôle et nuancé.

C'est une comédie qui se paye le luxe d'être drôle, signifiante, et particulièrement engagée. Elle le fait en étant naturellement très abordable, visuellement délicieuse. Si on se décidait enfin a lancer le podcast du FFSC, on pourrait en discuter pendant 1h00 tant il y'a de choses a dire et de scènes a analyser. Profitez en, rigolez, réfléchissez un peu. 8/10 + coup de coeur

Threads
7.7
4.

Threads (1984)

1 h 52 min. Sortie : 23 septembre 1984 (Australie). Science-fiction, Guerre

Téléfilm de Mick Jackson

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Film qui suit la vie de deux familles dans la ville de Sheffield en Angleterre. Une fenêtre sur le quotidien de prolos britanniques alors qu'un conflit mondial nucléaire se met en place. Le coup de génie du long métrage c'est de nous faire vivre ce moment a hauteur des personnages, via les médias. Il traite le réel avec une froideur méticuleuse, replaçant constamment le contexte géopolitique au par rapport à la vie,* la vraie.* La représentation des journaux radios ou TV par ces voix offs qui accompagnent les plans sur la réalité des persos est follement efficace.

Il pose des questions politiques, fait genre qu'il peut donner une fable sociale haletante. Et finalement rien, parce que ce n'est pas son sujet, et que lorsque tout sera détruit, tout ça n'aura plus de sens.

La montée en tension est parfaitement gérée, le spectateur vit toute la crise a travers les persos suivis, la date, les heures, rappellées a chaque cut, wow, c'est vraiment flippant. Toute cette esthétique du bip, de la guerre nucléaire, bien années 80 crée une ambiance propice au chaos, et c'est très réussi.

Puis viens le chaos partout, d'une violence rare, les bombes, les retombées, la mort, la maladies, l'humanité, ses vices, sa survie ?. Formellement c'est parfait, traumatisant, déprimant, terrifiant. Il reste tout de même très austère, un peu cheap, et c'est un peu difficile de s'attacher a tout les personnages tant leur sort est affreux. Même si Ruth et Jimmy sont d'une poésie déchirante. Il y'a du lyrisme tant dans la joie que dans l'horreur.

Le recours a ces plans de transition gris, tristes, terribles... Le mouton contaminé et faisandé... Le calvaire, si crédible, ne semble jamais prendre fin, et une fois encore c'est réussi. Il est des expériences qui vous marquent, vous traumatisent et vous transpercent, celle-ci en est une, une profondément insoutenable 8/10 mais ne regardez jamais ce truc.

Le Départ
6.9
5.

Le Départ (1967)

1 h 29 min. Sortie : 6 décembre 1967 (France). Comédie dramatique

Film de Jerzy Skolimowski

MargotChavez a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Jeunesse, liberté, un peu de folie, et finalement le beau. C'est pas grand chose, ça pourrait se résumer a Jean Pierre Leaud a besoin de 15000 francs pour participer a un Rallye avec une Porsche, alors il les cherche. Et pourtant c'est vraiment très très très bien.

Construit comme une comédie d'action, notre héros cherche de l'argent, il rencontre une petite meuf, qui finit par le suivre. L'enchainement de petites péripéties donne l'espace a Jean Pierre Léaud pour cabotiner, c'est toujours drôle, très visuel, et empreint de légèreté. Bref on s'amuse beaucoup. Un mot aussi sur Catherine Duport, qui tient son rôle à la perfection, et qui parce qu'elle contrebalance parfaitement l'excentricité de l'acteur principal, rend le film mémorable.

Et puis y'a des scènes romantiques, hors du temps, absolument sublimissimes, une sur un scooter, une autre dans une voiture d'exposition, une troisième face a un miroir. Elles magnifient tout, elles n'ont rien de vulgaire, c'est d'une pureté émotionnelle totale. J'ai été transporté, tout est poétique et porté par une bande son parfaite.

Je pourrais certainement en dire plus, essayer d'analyser les scènes, d'apporter des connaissances techniques ou sur le contexte du film, mais je les ai pas. J'ai juste vibré de tout mon être.

Ce sera un 8/10, doublé de la mention coup de coeur, et de très loin, mon film préféré depuis le visionnage de la Mala Educacion en Juillet 2023.

De l'autre côté
7.3
6.

De l'autre côté (2007)

Auf der anderen Seite

2 h 02 min. Sortie : 14 novembre 2007 (France). Drame

Film de Fatih Akin

MargotChavez a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Wow ! Quel film ! Une moitié dramatique qui suit la vie familiale de Nejat et Ali Aksu deux immigrés Turcs a Brême, le fils et le père qui rencontre une femme qui va transformer sa vie. Une moitié plus proche du thriller politique, qui suit la vie de Lotte Staub et d'Ayten Ozturk, une jeune révolutionnaire immigrée et sa meuf, une étudiante allemande romantique, et prête a tout.

Les histoires se croisent, se répondent, se mêlent. La mise en scène est a ce titre assez brillante, et laisse le scénario manquer ses opportunités en y créant une force dramatique permanente. Chaque croisement donne lieu a une scène mémorable, a un plan, ou a un mouvement de caméra juste parfaitement posé. Le film est également souvent dans la retenue, et la contemplation. Les scènes de déplacements lui donnent une vraie puissance mélancolique, accompagnée par des musiques formidables elles sont un élément remarquable. La Turquie est également filmée avec brio, et certains plans a Istanbul sont merveilleux.

Le montage aussi est assez radical, le travail des ellipses, de certains cuts, tout cela participe a créer cette ambiance lourde, parfois froide, et pourtant terriblement réelle au vu des évènements que décrit le film. Enfin la force du long métrage réside aussi dans ce qu'il désamorce, dans ce qu'il laisse imaginer, a ce titre il joue habilement avec les codes et les envies du spectateur, et lui donne peu. C'est évidemment un enjeu narratif qui permet au film de changer de dimension, d'être plus maitrisé encore. Le cast est aussi très bon. Nejat est parfaitement interprété, Ayten également, la mère de Lotte est assez exceptionnelle aussi.

Pour tout vous dire, j'aurais peut être mis 9 si la version que j'avais eu entre les mains eut été mieux encodée, et un peu plus jolie. En tout cas c'est un excellent 8/10, doublé de la mention coup de coeur. Très proche de la note supérieure !

Leila et ses frères
7.7
7.

Leila et ses frères (2022)

Leila's Brothers

2 h 39 min. Sortie : 24 août 2022 (France). Drame

Film de Saeed Roustaee

MargotChavez a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film absolument immense de part son ambition, la perfection de sa mise en scène, sa sobriété, son propos familial, politique, son montage. Une fresque qui transporte le spectateur dans une famille fragile, dans un pays en déshérence. Que dire, que dire, que dire. Je suis impressionné par ce que j'ai vu, par la force qui émane de ce récit tragique.

Les personnages sont tous superbement interprétés, Leila notamment véhicule tant et tant de force et de courage. Alireza Symbolise également, Esmail aussi. Peut être que le film arrive a capter le réel social en Iran et c'est parce que ses acteurs sont incroyables. Des traditions aux escrocs, d'une société rétrograde mais tiraillée, soumise au contexte internationale. De la dialectique de l'individu dans un environnement ultra conservateur.

Bref le film est une masterclass de la première seconde à la dernière. S'il est parfaitement stimulant intellectuellement et esthétiquement, il m'a quand même manqué un tout petit quelque chose pour l'adorer pleinement, un petit peu d'exubérance peut être, mais est-ce possible vu son contexte de production.

Ce sera un excellent 8, a deux millimètres du 9/10, et je le dis assez rarement, je pense que c'est un chef d'œuvre, un très grand film. Bien qu'il n'ait été efficace qu'a 90% sur le cinéphile très biaisé que je suis, je ne peux que vous le recommander pleinement

Les Chambres rouges
7.3
8.

Les Chambres rouges (2023)

1 h 58 min. Sortie : 17 janvier 2024 (France). Thriller

Film de Pascal Plante

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Ce film c'est la nuance, la fragilité de la psyché humaine, les ambiguïtés de Kelly Anne. Quel personnage elle est. Mannequin, autiste et hackeuse, elle est un parfait objet de cinéma, elle permet au réalisateur de raconter cette histoire, ce fait divers particulièrement sordide, en immergeant le spectateur, et en lui donnant un bref, mais cohérent cours de sécurité informatique. Un cours qui lui permet de comprendre les tenants et les aboutissants de ce drame sordide motivé par l'argent et la société, l'offre et la demande en somme.

Si le film ne s'inscrit pas dans une critique politique formelle, je note quand même que le mal c'est le capitalisme La représentation du Hacking est la plus réaliste et réussie que j'ai vu au cinéma. Et c'est aussi permis parce que le personnage de Kelly-Anne est diablement crédible. Le décor de son appartement, son setup, Guenièvre, tout ça semble vrai. Son trouble, renforcé par sa solitude aussi, rend bien a l'écran. Il faut saluer la performance magistrale de Juliette Garépy. Elle parvient a véhiculer tout ça, toutes ces nuances, et ce dernier geste est incroyable.

Zone grise parfaitement dépeinte, ce thriller psychologique est proche de la perfection. Il me manque peut être un propos un peu plus " grand " pour en faire l'un de mes films préférés. Mais il éclaire a merveille le domaine du psychsocial de son temps. En plus je crois que je suis un peu amoureux du personnage de Kelly Anne, et ça me dérange ( preuve que c'est réussi IMO ) Ce sera un 8/10 et l'un des excellents films de l'année.

À bout de course
8
9.

À bout de course (1988)

Running on Empty

1 h 56 min. Sortie : 26 octobre 1988 (France). Drame

Film de Sidney Lumet

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Très beau long métrage, qui traite de l'émancipation. Un couple d'abord qui se bat, pour ses convictions, obligé de s'émanciper de leurs cadres familiaux pour défendre un monde plus juste. Une femme qui se bat pour se libérer de son emprise familiale et vivre sa vie. Un ado qui se construit, vit, et finit par choisir d'abandonner son cadre pour en vivre un autre, plus éloigné de sa famille, mais socialement accepté. La conclusion est d'ailleurs le fruit pessimiste parfait de cette dialectique entre l'unité familiale et l'ordre capitaliste de la vie. Fuir une famille aimante, engagée et dans la sauce, pour vivre une vie normale, vaguement émancipatrice et marquée d'une terrible blessure. La discussion entre Annie et son père marque le retour du réel, le retour a des considérations matérielles, une forme de renoncement pour finalement aimer, pour qu'il puisse aimer, pour qu'elle puisse soulager son fils.

La dureté du film est parfaitement soulignée par les performances assez éblouissantes des acteurs, on sent cette souffrance, mais aussi cette tension, la question du sacrifice, pour sa famille, pour ses convictions, pour l'amour, pour la musique est omniprésente dans le jeu. Le travail de captation de la musique est aussi assez remarquable, mais je n'en ai qu'une perception instinctive, sensorielle, n'ayant pas les connaissances musicales pour l'analyser.

Bref, y'a surement plein de choses que j'ai pas dites, et que vous pourrez lire chez des gens biens plus au fait que moi. Mais je le recommande, c'est une expérience intense, avec une vraie force esthétique. 8/10

Dalva
7.1
10.

Dalva (2022)

1 h 25 min. Sortie : 22 mars 2023 (France). Drame

Film de Emmanuelle Nicot

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Un long métrage particulièrement intéressant. Tout l'enjeu et toute la force esthétique du film repose sur le personnage de Dalva, et sur son état psychologique, totalement fucked up parce que son père en a fait sa femme. Elle a 12 ans. Pas besoin de grand discours pour imaginer l'horreur et la souffrance de cette gamine, et l'état de délabrement de sa psyché.

Dalva est déconnectée, vit comme une femme, a 12 ans, complètement anormale, dans une institution, et dans un monde qui la repousse, en permanence. Elle refuse sa daronne, elle refuse l'amitié, l'autorité, elle a un rapport a la féminité totalement détruit. Elle est amoureuse de son bourreau. Perdue. Et c'est ça le génie du film. Tout cette exploration psychologique est incroyablement réussie. Cette gamine a l'air vraie, elle transpire la souffrance. Et je l'avoue elle est très bien interprétée. Samia aussi d'ailleurs.

La mise en scène alterne entre le brillant et le fade. A part quelques scènes très réussies ( Notamment celle du parloir ) La plupart sont un peu convenues. Le rythme est troublant, le film est peut être un peu court, et certaines scènes et sujets paraissent ramassés, et en même temps, quand on considère que le sujet du film c'est Dalva, on a pas besoin d'en savoir plus. Le close up sur son personnage rend le tout très intime et très fort.

Bref c'est l'alchimie entre le sujet et le traitement du personnage qui rend tout ça mémorable. Le reste est malheureusement un peu banal, une BO un peu plus inspirée peut être, quelques moments de vie un peu moins utiles a la narration. En fait si je sais, un peu moins de cliché, plus de réel dans la vie du foyer.

Bref un très bon 8/10

La Loi du désir
6.8
11.

La Loi du désir (1987)

La Ley del deseo

1 h 42 min. Sortie : 16 mars 1988 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Drame familial et LGBT. Almodovar dans sa forme la plus pure. L'amour, l'art, le crime, la ville, la campagne et l'hopital. Tout les éléments qu'il décline depuis 40 ans, en conséquence le film sonne parfaitement a l'avant garde, j'ai pas souvenir d'avoir vu beaucoup de drames gay poignants dans les années 80. Revenons en au fond.

Pablo Quintero, est un metteur en scène, il a une soeur actrice et trans, il vit une histoire d'amour dysfonctionnelle, il rencontre un mec toxique. Assez classique mais terriblement efficace pour y mettre en scène la complexité des rapports amoureux dans ce contexte espagnol si contrasté. Comme d'habitude chez Almodovar la question sociale se mêle a celle de la condition de l'artiste, qui plus est LGBT, il en ressort un travail qui fourmille de détails croustillants. Ses personnages sont traités avec un respect incroyable, et les millions de nuances qui composent le sentiment amoureux brillent de mille feux. Le recours a la musique est ici excellent, et l'omniprésence de Brel permet un lyrisme a toute épreuve. Le travail de costumes est excellent, sert l'intrigue, et ancre le film dans le temps, dans une culture, et dans un discours progressiste. Les acteurs sont parfaits, Carmen Maura et Antonio Banderas excellents, Eusebio Poncela, un peu en dessous.

C'est pas mon Almodovar préféré, parce qu'il est quasi exclusivement gay, et que c'est un peu éloigné de ma sensibilité, mais formellement c'est un bonbon. Almodovar Origin story, et profondément avant-gardiste 8/10

2001 : L'Odyssée de l'espace
8
12.

2001 : L'Odyssée de l'espace (1968)

2001: A Space Odyssey

2 h 40 min. Sortie : 27 septembre 1968 (France). Aventure, Science-fiction

Film de Stanley Kubrick

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Un grand film. Parce qu'il est l'une des plus pures expressions du cinéma, la quintessance de ce que peuvent provoquer comme émotion les arts visuels, narratifs et sonores ensemble. Tout les plans du film sont incroyables, tout est monumental, grandiose, brillant, en ce sens on se rapproche du beau. Il y'a une puissance, quelque chose d'éternel, permis par le jeu de la géométrie, du décor, de la musique, qui rend le film passionnant a regarder a chaque instant. Ici le langage du cinéma, le montage est aussi exceptionnel, parce qu'il est lent, toujours parfaitement découpé, et pas avare en ellipse intelligente, il est le coeur de certte ambiance parfaite.

Sur le plan affectif le film pose quelques questions intelligentes, sur l'IA, sur la croyance, sur les croyances du spectateurs, ses attentes philosophiques, le travail autour de la symbolique impénétrable du monolithe est passionnant. Mais ( dédicace :fuser: ) le tout est finalement un peu froid, un peu désincarné, et même ce HAL est pas spécialement passionnant dans son écriture, ou un peu sous exploité. Et en même temps comme souvent chez Kubrick l'histoire n'est finalement qu'une infime partie du film.

Pour résumer mon avis en quelques phrases. C'est l'un des plus grand film visuel que j'ai pu voir de ma vie, la quasi perfection formelle, et le niveau maximal dans de la création d'ambiance par images filmées. Presque le chef d'oeuvre absolu. Et pourtant une petite partie de moi regrette que l'on n'approche l'humain que par idéalisme, une part de matérialité, d'incarnation, de dialogue, l'aurait rendu plus fort encore. Bref un film exceptionnel, mais un peu limité. On sera sur un solide 8

Simple comme Sylvain
7.3
13.

Simple comme Sylvain (2023)

1 h 51 min. Sortie : 8 novembre 2023 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Monia Chokri

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

La description du film par Cerell est tout a fait a propos, et c'est plus léger que mon style, je le cite :oss:

Grâce à sa mise-en-scène astucieuse et son rythme fou, change de genre tout le temps : tantôt une romance, une comédie, un drame, soupoudré d'un état des lieux des classes sociales dans l'état actuel de notre société. Toujours humaniste, sans pour autant enlever une très légère pointe de cynisme quand on navigue entre les bourgeois et les prolétaires. Un film fin, une drôlerie à rattraper absolument.

Que c'est un film fort, portrait délicieusement accurate sur ces univers sociaux qui s'entrechoquent par le truchement de cet amour impossible et finalement assez incohérent. On pourrait écrire un aphorisme dramatique : Là où le cerveau est trompé par le désir, l'amour ne peut survivre. Il y'a du vrai, du faux, des généralités, et la réalisatrice le capte a merveille. Elle propose ce film sur l'Amour, elle le conclut avec pessimisme, et décrit joliment la fugacité des sentiments. C'est magnifiquement filmé, superbement mis en scène, c'est une réussite esthétique totale dans les moments de perte, de peur, de choas, de tempête émotionnelle. Les gens sont beaux sans trop l'être, le rapport a la norme s'en trouve questionné.

Bref un très beau petit traité cinématographico-philosophico-politique sur l'amour et sa réalité. C'est drôle, c'est émouvant, c'est frais, c'est vrai on ne s'en lasse jamais surtout quand c'est fait avec brio. 8/10 ( j'aurais pu le doubler de la mention coup de coeur si mes conditions de visionnages avaient été meilleures ) En attendant ça sera juste derrière Les Chambres rouges

Attache-moi !
6.7
14.

Attache-moi ! (1990)

¡Átame!

1 h 40 min. Sortie : 20 juin 1990 (Espagne). Comédie dramatique

Film de Pedro Almodóvar

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

L'outrance almodovarienne, ce délicieux jeu avec le trouble, le découpage méthodique de la morale. Cette relation brutale violente qui se transforme par l'humain en un peu d'amour, et des personnages perdus dans leur sentiment. Le beau finalement, l'errance dans les méandres de l'intimité et de la psyché.

A ce titre tout est réussi, on y trouve tout les gimmicks almodovariens , de la détestation de la police, à la remise en cause critique de toutes les institutions qui structurent l'espagne et sa modernité. Visuellement, on est dans ce que Pedro fait de mieux, toujours, ses appartements donnent une vie et une crédibilité colossale au film. Ils deviennent presque des personnages a part entière. Dans un film de séquestration c'est un sacré +

Le premier Ricky, le psychopathe est filmé avec brio, la scène du retournement illustré par le sexe est magistrale. Mais ce qui se passe après me trouble, me semble un peu trop cousu de fil blanc, et ce happy end, dérange très, trop, pour que j'apprécie ce film d'un amour inconditionnel. Pour autant, et parce que c'est son but, je suis obligé de le trouver très réussi. Banderas et Abril tiennent leur rôle a merveille. Le reste du cast aussi.

C'est formellement Almodovar a son meilleur niveau, cependant c'est pas celui qui m'a le plus transporté émotionnellement. C'est un 8/10

Ressources humaines
7
15.

Ressources humaines (1999)

1 h 40 min. Sortie : 15 janvier 2000. Drame

Film de Laurent Cantet

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Bonbon pour cinéphile de gauche, bonbon pour amateur de sociologie des entreprises, bonbon pour technicien de l'histoire contemporaine. Un très beau film, parce qu'il est humain, réel, nuancé, bien loin du manichéisme, parce qu'il réconcilie Marx et Bourdieu.

La mise en scène est d'une simplicité a toute épreuve, pas d'artifices, juste une captation légèrement esthétisée du réel d'une entreprise industrielle à la fin des années 90, une photographie de la France de cette époque. Très fan de la direction d'acteur, de ces amateurs qui donnent une profondeur et une radicalité incroyable au film. Le cast de Jalil Lespert, a l'époque candide, est excellent également tant il colle a son personnage, on suit son parcours de politisation avec gourmandise, comme si c'était l'acteur et pas l'étudiant. Syndicalisme, Lutte des Classes, ressources humaines, habitus et reproduction, tout est manié à la perfection pour faire un drame de niche, de gauchiste. Et pourtant c'est un film fort, qui dépasse tout ça, pour s'inscrire dans un double cadre pas facile a manier. Celui de l'émotion familiale brute, et celui de l'œuvre engagé. Simple, accessible, pas sexy du tout, mais fort et engagé c'est un 8/10

Después de Lucía
6.7
16.

Después de Lucía (2012)

1 h 43 min. Sortie : 3 octobre 2012. Drame

Film de Michel Franco

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Avis repris de Cerell.

Découverte totale de ce réalisateur [...] . Et bien c'est une sacré claque. Déjà le choix de réalisation, une succession de scènes avec une caméra fixe, qui emprisonne nos personnages dans un cadre, et donne un côté documentaire et donc une belle dose de réel au récit. Michel Franco joue avec le hors-champ grâce à ce dispositif, je pense à cette scène très forte de la chambre avec sa salle de bain attenante. Après un premier acte presque hydillique, le deuxième acte devient suffoquant, et loin les évènements sont dépeints avec une dureté glaçante. Michael Haneke a accouché de son fils, Michel Franco. Les scènes sont impactantes autant pour le personnage d'Alejandra que pour le spectateur, c'est très fort.
Au-delà du hors-champ dans le dispositif filmique, j'aime aussi le découpage, on se demande souvent ce qu'il s'est passé entre les scènes, on essaye de reconstruire le récit. Et l'imaginaire est souvent plus fort que les images, c'est effroyable.
Malheureusement, je trouve le troisième acte moins fort, le soufflet retombe un peu, on se concentre plus sur le père dont je trouve l'écriture plus faiblarde, même si assez touchant par instant. Sa conclusion reste par contre très forte. Une expérience très intense, que je ne recommande pas à tout le monde, les gens de mauvais goût qui n'aiment pas Haneke ne devraient pas y trouver leur compte, pour moi c'est une réussite... 8/10 et bouleversé !

Petite Fille
7.6
17.

Petite Fille (2020)

1 h 28 min. Sortie : 2 décembre 2020.

Documentaire de Sébastien Lifshitz

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

C'est exceptionnellement bien réalisé. J'ai pleuré a chaque instant du film, la qualité des plans, de la bande son. Non vraiment tout marche à la perfection.

Si j'ai une petite critique a émettre c'est celle du rapport au réel de ce film. Ou est-il ? Le film décrit-il parfaitement le vécu de cette petite ? A quel point l'angle est-il biaisé ?. Et ça tombe bien, au fond, on s'en fou. On est pas là pour juger la militance du film, sa perfection éthique, ou l'avis du réalisateur sur la sacralisation de la pédopsychiatrie. Quand bien même il existerait un trouble dans le comportement de la mère. Allez vous faire cuire un œuf, et laisser Sasha vivre sa vie. Personne n'a jamais imposé une transition a son enfant, surtout avec autant de bienveillance.

L'histoire est trop forte, trop bien réalisée, et décrit une violence institutionnelle bien réelle face à la détermination d'une famille et au pouvoir de l'amour. Finalement le beau, les émotions, la force dramatique suffiront. Le film n'a pas vocation a être le procès, ou une commission d'enquête parlementaire sur l'accompagnement dans le genre par la puissance publique.

Je propose de mettre un 8/10, d'apprécier le film pour la bombe esthétique qu'il est, et d'envoyer tout ce que je peux comme force a toutes les personnes🏳️‍🌈

L'Apollonide, souvenirs de la maison close
6.8
18.

L'Apollonide, souvenirs de la maison close (2011)

2 h 02 min. Sortie : 21 septembre 2011 (France). Drame

Film de Bertrand Bonello

MargotChavez a mis 8/10.

Annotation :

Si j'étais titriste, et je pourrais l'être vu la taille de celui-ci j'aurais appelé le film " Grandeur et décadence de la marchandisation des corps dans une société patriarcale ". On suit donc dans un quasi huis clos, la vie de la maison close de l'Apollonide en 1899. Il s'y passe un évènement dramatique, puis tout reprend. Et le film est d'une dureté a toute épreuve.

Il est dense, très dense, chaque fille a une histoire, tout les dénouements seront difficiles, chacune d'entre elle est brillamment écrite, la maquerelle y compris. interprétée a merveille par Noémie Lvovsky. Ambiguités, nuances, on touche a la dialectique qui structurent le rapport a la prostitution chez nous, tantôt lieu de sororité et de solidarité pour jeunes femmes déshéritées, tantôt lieux de toutes les abjections. Et le film la décrit parfaitement, entre le beau et l'horrifique, entre les bijoux et le sperme, entre la violence et les rêves.

La photographie est incroyablement belle, on croit voir de véritables tableaux d'époques, tout le temps, y compris lorsque l'on montre l'affreux. Des plans, des idées y'en a partout tout le temps, les passages en split screen, la scène effroyable ou Adèle Haenel se retrouve a jouer une poupée automate. Bref je pourrais tirer la liste longtemps. Si le film commence a nous montrer une esthétique érotisante désirable, il la déconstruit subtilement au point où la fin ressemble est une succession de descriptions cliniques de ce qu'est la domination des hommes.

On pourrait y voir un film anti prostitution, un film nostalgique de la prostitution d'antan, on peut aussi y voir des amitiés, de la sororité, de l'entraide. Si le film réussit quelque chose, outre sa magnifique composition picturale, c'est bien ça. Le doute, la violence, la puissance de vie de ces femmes qui confrontées a une situation peu enviable, vivent, aiment, rêvent. Sans conclure, il donne a voir. 8/10.

Dune - Deuxième partie
7.7
19.

Dune - Deuxième partie (2024)

Dune: Part Two

2 h 46 min. Sortie : 28 février 2024 (France). Science-fiction, Drame

Film de Denis Villeneuve

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

C'est le film de SF qui saisit le mieux la monumentalité, l'épique, le grandiose, l'ivresse du pouvoir. Absolument magnifique, titanesque. Les plans, les couleurs, le son, le mixage, tout est parfait pour donner ce sentiment. C'est une masterclass totale. Le cast est très fort, je me joins a la congrégation des discours élogieux au sujet de Rebecca Ferguson, brillante, dangereuse, manipulatrice. Elle est géniale. Je m'inscrit également dans la continuité de Kira pour saluer la performance de Challamet, qui gère parfaitement son passage de personnage de teen movie a prophète. Lea Seydoux délicieusement léthale.

Je pourrais parler des points positifs pendant mille ans. Esthétique Arkonnen, Violence et maîtrise des scènes d'actions, Josh Brolin...
Mais j'ai quand même deux reproches majeurs a faire a cette oeuvre. L'écriture des personnages est vraiment foireuse, comme souvent chez Villeneuve, on oublie un peu de raconter des humains, beaucoup trop archétypaux pour moi. Sauf Lady Jessica, qui sauve le film a ce niveau là. Et puis y'a Zendaya... J'ai pas les mots, pourquoi donner un rôle aussi important a une actrice aussi insipide, en même temps elle est pas aidée par son personnage absolument buté qui ne lui donne pas une seconde l'opportunité de jouer quelque chose de l'ordre de l'émotion.

Pour conclure, c'est grand, c'est impressionnant, c'est vibrant, c'est la technique dédiée au grandiose, le visuel au service de la science fiction. Pour tout ça c'est un film immense, que seul le blockbuster sait offrir. Magnifique et sacrément puissant. L'histoire est prenante, analysable par pleins de prisme de SF, c'est réussi sans être révolutionnaire. Le problème c'est que personne m'intéresse vraiment parmi les héros. 7/10

Habemus Papam
6.9
20.

Habemus Papam (2011)

1 h 42 min. Sortie : 7 septembre 2011 (France). Comédie dramatique

Film de Nanni Moretti

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Véritable entreprise de démystification, Moretti décrit l'humanité parfois pathétique de ces hommes d'église dans le trouble face à la monumentalité de leurs fonctions. Il en ressort une critique acerbe, et un film plein de lyrisme. Parfois même il frise avec le grotesque, notamment lors des passages psychanalytiques ou des passages de volleys. On finit par suivre ce vieil homme totalement dépassé, seul et terrifié avec un regard sympathique, bienveillant. Michel Piccoli est immense et permet a tout ça de fonctionner.

L'errance face a cette vie absurde, dirigée et guidée par une foi inhumaine. Finalement le réel, la fragilité des esprits et des corps face à la spirale de la vie religieuse et ses insitutions. Une fenêtre sur la fragilité du beau. Le pape qui fini par faire le con avec un fou du bus dans un hôtel de passe. Et si c'était pas ça l'humanité dans sa splendeur et sa décadence.

La musique, les quelques instants plus légers, l'amour de ce vieillard pour le théâtre, participent a faire de ce film un moment esthétique assez pur et original, et parfois drôle. Le replacement du film dans la controverse psychanalytico-religieuse, et cette double critique lui donne une force assez intemporelle. 7/10 ( proche du 8 )

L'Empire
5.6
21.

L'Empire (2024)

1 h 50 min. Sortie : 21 février 2024. Aventure, Comédie, Drame

Film de Bruno Dumont

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Heuf, pas mal de chose a dire. C'est un film de Bruno Dumont, on y retrouve ses thèmes. La médiocrité des humains, la spiritualité, le Nord, et un côté délicieusement absurde. Ici on est dans un film de SF sur la côte de la manche, avec un casting 5 étoiles, un empire, des gentils...

Le pitch est donc très décalé, par cet ancrage géographique il rappelle Ma loute, mais on dirait un mélange de ce film avec Star Wars. Le film est une parabole assez simple, dualiste, il y'a les 0 et les 1, le mal et le bien, le spirituel et le temporel, les humains et les autres. Il ne tranche pas et nous laisse ce sentiment d'être quand même et avant tout, un délire sous acide, qui fonctionne par son décalage.

Ce qui permet au tout de tenir c'est premièrement les rôles secondaires délicieux, Lucchini et Koudri notamment sont excellents, Camille Cottin apparaît peu mais est particulièrement efficace. Ils apportent la folie, le mépris des humains, et la vacuité des individus, et ça résonne avec le scénario. Les deux acteurs principaux structurent une tension entre eux qui marche bien, parce que l'innocence d'Anamaria Vartolomei, et parce que le détachement et la froideur de Brandon Vlieghe. On reboucle ici sur ces dualités structurante.

Aussi, comme souvent chez Dumont ses plans, sa France est absolument magnifique, ce délicieux mélange d'amour et de mépris pour les petites gens, s'l pose question sur l'homme et son cinéma, dégage une poésie et une force esthétique réelle. Enfin, le male gaze est l'un des moteurs du film, à la fois critiqué, et poussé, il en ressort une expérience étrange, comme si Dumont n'arrivait pas non plus a se positionner, et c'est assez troublant. Mais ça donne un niveau de lecture supplémentaire au film.

C'est drôle, décalé, beau, mais c'est aussi un peu mou, à la limite du cringe, et pas complètement clair sur l'aspect reac. 7/10

Chers camarades !
7.2
22.

Chers camarades ! (2020)

Dorogie tovarishchi

2 h 01 min. Sortie : 1 septembre 2021 (France). Drame, Historique

Film de Andreï Kontchalovski

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Un drame familial en noir et blanc, en URSS, et réussi. Le film est un bonbon pour les yeux. Le travail des contrastes, de la photographie, tout est sublime, et je trouve que ça participe à la vraisemblance de l'histoire, on plonge directement dedans, en 1962 :bielso:

Le film arrive a dépeindre la société soviétique, et notamment grâce a ces personnages secondaires truculents et magnifiquement interprétés, mais aussi grâce à la mise en scène et à la place qu'il accorde aux réunions des différents comités. A tel point que le première heure est absolument parfaite.

La puissance du long métrage réside en grande partie dans le fait qu'il montre une histoire familiale imbriquée dans une histoire politique, et qu'il s'appuie sur une actrice qui arrive parfaitement a jongler entre les deux. La performance est bonne, et le rôle qu'elle montre l'est aussi. Tiraillée entre ses convictions, et sa famille, Lioudmila est émouvante, toujours. Plongée dans l'appareil institutionnel, elle parvient a faire voir l'absurdité et les rouages du système décisionnaires soviétiques, et plus encore ce qu'il fait aux corps, aux esprits des femmes et des hommes qui le composent.

A ce titre le film est réussi. J'ai quand même un reproche majeur a formuler, qui m'empêche de trouver le film excellent, c'est son rythme. La première heure est vraiment passionnante, c'est presque trop dense, j'en ai parlé, mais la suite traîne et traîne et traîne encore. A tel point que les vingt dernières minutes passent comme des heures. Heureusement elles sont sauvées par ces plans dans le lac, qui sont somptueux.

Un peu compliqué a noter, j'ai très envie d'aller vers le 8/10, parce que le film m'a plu, intellectuellement et visuellement. Mais si j'écoute mes émotions, mon ressenti plus épidermique, je me contente d'un **7/10** ( vous aurez compris que c'est un 7.9/10 que je n'arrondirais pas ). Bref c'était quand même très bien.

The Grand Budapest Hotel
7.8
23.

The Grand Budapest Hotel (2014)

1 h 39 min. Sortie : 26 février 2014 (France). Comédie, Drame

Film de Wes Anderson

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Un très bon film. C'est beau, c'est coloré, c'est délicieux, c'est gourmand, c'est amusant, c'est poignant sans jamais en faire trop. J'imagine que tout a été dit, je ne vous ferais donc pas l'offense de penser que j'ai quelque chose d'important a vous dire sur ce film.

Comme dans " The Darjeeling ", la trop grande maîtrise du réalisateur fait que j'ai quand même un peu de retenue, et je pense qu'il ne me marquera qu'assez modérément.

8/10 ( peut être un peu plus proche du 7 que du 9 )

Les Garçons sauvages
6.7
24.

Les Garçons sauvages (2017)

1 h 50 min. Sortie : 28 février 2018. Aventure, Drame, Fantastique

Film de Bertrand Mandico

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

C'est un OVNI, une fable hors du temps, hors du réel qui prend place dans l'océan indien. On y suit un groupe de jeunes garçons qui, après avoir violé et tué leur professeure de lettres, sont envoyés dans un espèce de séjour de redressement avec un capitaine très étrange.

Et là démarre un récit de pirate, fantastique, quasi Homérique, mais d'abord pervers, on y comprend que le capitaine cherche a briser leur résistance, avant de les emmener sur une île. ||Une île magique qui les transformera en femme|| Lieu principal des péripéties du film, celle-ci a bien des secrets étranges. Je noterais ici l'incroyable visuel du film, a moitié expérimental, a moitié symbolique, il est en tout cas toujours très psychédélique, et absolument sublime, mention au noir et blanc. Rien que le concept de manger des couilles comme une sorte de traitement hormonal est génial. Toute la symbolique phallique, les transformations du corps, c'est parfaitement amené, et je dois le dire assez troublant. Il fétichise absolument tout les éléments de la vie sur l'île, sans le rendre désirable ou cringe, ce qui en fait une expérience réussie et, pour moi complètement inédite.

Vous l'aurez compris, le long métrage traite des rapports au genre, entre les genres. Il parle globalement de féminisme, le coup de génie du film étant de faire interpréter ces garçons par des actrices, ce qui permet une cohérence exceptionnelle au moment où les masques tombent et que l'intrigue avance. Le propos politique, ou a minima, la clé de compréhension du film, soyez femmes et tout ira mieux, questionne, mais il est presque trop simple pour un tel chef d'oeuvre esthetique. On pourra alors se demander si, le réel protagoniste n'est pas le capitaine, et s'il n'y a pas là le vraie force de ce scénario, le trouble, et la part du trouble.

On pourrait poursuivre l'analyse visuelle et formelle du film, elle nous éclairerait surement plus encore. Mais j'ai tout de même peur que ce fond soit un peu superficiel. En tout cas il lui manque une dimension un peu plus profonde, peut être quelque chose de plus dramatique. Bref je reste malgré tout un petit peu mitigé. En tout cas si vous aimez le noir et blanc, le visuellement beau, la recherche esthétique, les couleurs, les bites, et que vous semblez prêt a plonger dans un film un peu dérangé. Foncez et faîtes vous votre avis. 7/10, très proche du 8

La Femme de mon frère
6.6
25.

La Femme de mon frère (2019)

1 h 57 min. Sortie : 26 juin 2019 (France). Comédie

Film de Monia Chokri

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

C'est une comédie, un peu dramatique sur la vie de Sofia, une jeune docteure en philosophie qui est au chômage, et qui a une vie pas ouf. Le pitch est pas très original et pourtant Monia Chokri arrive a le rendre captivant. Dans un premier temps parce qu'elle capte une partie de la société quebéquoise et qu'elle est très très forte pour y porter un regard acerbe et affectueux. Mais le coeur du film c'est que dans un second temps elle réussi a capter une famille, un moment dans l'histoire de celle-ci. Et c'est en dépeignant ce moment qu'est le beau du film, à la frontière du réel et du lyrisme des sentiments.

C'est franchement drôle, franchement bien filmé, comme d'habitude Chokri regorge d'inventivité pour créer des scènes et des visuels marrants ou marquants. Mais je trouve aussi qu'il est moins maîtrisé que Babysitter ou Simple comme Sylvain, le montage est un peu troublant, sans que ça véhicule spontanément quoique ce soit, surtout au début du film. Les passages de déplacement avec la musique qui change en fonction de l'humeur sont aussi un peu kitsch, même si les autres passages musicaux sont très réussi. Le cast est très bon mais manque peut être d'un peu de folie pour apporter un peu plus de complexité, de nuances dans l'humain ( Sauf Sasson Gabai, que j'ai trouvé exceptionnel dans le rôle du père ).

Y'aurait a nouveau beaucoup de points a débattre, mais j'ai bien aimé le film. J'adore cette réal. Mais parce qu'il est moins maitrisé que les deux suivants, je me contenterais d'un 7/10

As Tears Go By
6.9
26.

As Tears Go By (1988)

Wong gok ka moon

1 h 42 min. Sortie : 29 juin 2022 (France). Policier, Drame, Romance

Film de Wong Kar-Wai

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Un très bon film de gangster, bien sombre, bien triste, avec une romance qui fonctionne parfaitement et donne une force dramatique bienvenue au long métrage. La mise en scène de cette histoire d'amour est ingénieuse et crée des moments plus légers et pourtant très lourds de sens qui viennent donner plus de force au propos mafieu du film. L'aspect amitié, famille, de ce genre d'organisation transparaît aussi. On y voit des liens profonds entre les personnages. Ah Wah est d'ailleurs très bien écrit, et le personnage transmet beaucoup d'émotions. Ah Ngor est toute mignonne et sert de rayon de soleil au film. C'est rythmé, bien joué, très bien filmé, on ne s'ennuie pas, quoique la fin traîne un tout petit peu.

Si le genre est très codifié, j'ai tout de même deux reproches a faire au film. Pourquoi ces ralentis façon diaporama dans les scènes d'actions ? Et plus intimement, j'aime pas les histoires de gangsters, même si elles permettent des archétypes émotionnels, des thèmes forts au cinéma, ça m'empêche d'apprécier pleinement les qualités du film.

Malgré tout c'est une belle découverte, porté par un excellent casting, et une mise en scène très maîtrisée, hâte de continuer a découvrir le cinéma de Wong Kar-Wai 7/10

We Need to Talk About Kevin
7.3
27.

We Need to Talk About Kevin (2011)

1 h 50 min. Sortie : 28 septembre 2011 (France). Drame, Thriller

Film de Lynne Ramsay

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Un drame assommant, qui traite d'une enfance psychopathique, et de la famille d'une façon assez clinique. Le film est truffé de bonnes idées de mise en scène, le travail fait autour de la couleur rouge, sa dimension symbolique, à la fois dans l'horreur et dans la quête d'une maigre reconstruction par exemple. Le découpage m'a aussi beaucoup plus, ces scènes qui se répondent très vite entre le présent et le passée, et qui permettent une fois les quelques premières minutes passées de rentre précisément dans le vif du sujet.

L'inhumanité de Kevin, traitée avec une froideur léthale par la cinéaste. De ce gamin abject, insupportable, qui ne devient gentil que lorsqu'il est malade, profondément malade, a cet ado provocateur et tout aussi malade. Kevin est un monstre. Et pourtant il est humain, j'apprécie beaucoup d'ailleurs la performance d'Ezra Miller parce qu'elle souligne un point essentiel. Chaque Adolescent est un psychopathe en puissance, par conséquent, il ne surjoue pas et, on pourrait juste qualifier son comportement de crise d'ado un peu sérieuse. Cela étant dit ses actes nous ramènent a sa folie, et on explore la violence et le tourment de son esprit. Sa profonde faiblesse.

Se pose donc la question de la famille, et de l'amour. Il en a eu, la performance de Tilda Swinton, tiraillée, toujours, reprenant espoir, puis le perdant a nouveau est absolument magistrale. Elle est d'autant plus digne dans le présent qu'elle poursuit malgré l'horreur.

Pour Nuancer cette critique un peu dithyrambique j'ajouterais tout de même un reproche fondamental au film. Quelque chose qui m'empêche de le trouver brillant. Kevin est trop purement méchant, 16 ans sans flancher une fois, 16 ans sans arrêter de blesser sa mère, de faire du mal autour de lui. Ah, j'y crois pas complètement. Et si j'y arrivais, la conclusion du long métrage viendrait tout casser.
Un personnage si chimiquement horrible peut il vraiment changer ? Est-ce un nouveau tour ? Je suis un peu perplexe. Elle pose trop clairement la question de la rédemption, de la seconde chance. Et dans ce cas là, c'est presque grotesque et ça nuit un peu a la puissance du film.

Overall c'est un drame très réussi, pas le plus bouleversant, pas le plus humain au sens du réel. Mais une belle plongée au coeur de l'enfer, et de la vie a l'intérieur de celui-ci. 7/10

Summer of 84
6.2
28.

Summer of 84 (2018)

1 h 45 min. Sortie : 13 décembre 2018 (France). Épouvante-Horreur, Drame

Film de Yoann-Karl Whissell, Anouk Whissell et François Simard

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Vrai thriller, avec plein d'éléments de film d'horreur bien old school, et une vraie force évocatrice pas là où on l'attendait.

La gestion de la tension dans le film est vraiment réussie, l'aspect thriller globalement aussi, le côté enquête donne lieu a pas mal d'idées très clichées mais très bien utilisées, toujours dans le bon rythme. Vraiment très fun, très divertissant, gavé de références au0x années 80, les persos très archétypaux fonctionnent car les réals prennent vraiment leur temps de leurs donner une humanité, des vies en dehors du scénario.

Côté cast Graham Verchere, et Tiera Skovbye ressortent très clairement du lot pour moi. Y'a quelque chose dans leur interprétation qui dépasse le film de genre. Une obsession quasi maladive du héros, qui illustre a merveille ce moment où l'on est encore un enfant mais où l'on pense qu'on peut faire des choses d'adultes. C'est présent dans ses regards, dans sa façon de parler. Pour Nikki, c'est un autre passage, celui de l'adolescence à la vie d'adulte, celui où les problèmes commencent a arriver où l'on prend conscience de la vie, et elle deal très bien avec ce sujet. Elle arrive a montrer son attachement a sa vie, a sa ville, a sa famille, et son envie de les dépasser.

J'ai pas de reproche particulier a faire au film. La fin est un poil abusée, mais elle est symbolique et forte. Bref, un très beau film sur l'adolescence, qui se prend pas trop au sérieux, et qui parvient parfaitement a créer de la tension. C'est un **7/10** très proche du 8, je le met devant L'été dernier, et proche de Bottoms ou des Garçons sauvages, je le recommande chaudement.

Bottoms
6.4
29.

Bottoms (2023)

1 h 32 min. Sortie : 21 novembre 2023 (France). Comédie

Film de Emma Seligman

MargotChavez a mis 7/10.

Annotation :

Comédie sans prétention qui fait passer un excellent moment. C'est drôle, plutôt touchant. Les passages musicaux apportent une vraie plus value au film, tant ils sont chorégraphiés en rythme. Y'a un bout de message sur l'empowerment et la sororité, un travail des looks, du respect tout au long du film. Le wokisme dégouline, jusqu'à en devenir un objet comique au second degré. Rachel Sennott et Ayo edebiri sont hyper convaincantes. Havana Rose Liu aussi, en plus son personnage est bien écrit et bien mis en scène.

Bref pas de reproches, quelques rires francs, du sourire tout au long du film, très agréable a mater, même si ça manque un peu d'ambition dramatique. Ce sera un 7/10 ( tout pile au milieu )

Bad Genius
6.9
30.

Bad Genius (2017)

Chàlàat gem gohng

2 h 10 min. Sortie : 1 mai 2023 (France). Comédie, Drame, Policier

Film de Nattawut Poonpiriya (Baz)

MargotChavez a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

On suit Lynn pendant ses deux années de lycées , une étudiante de classe moyenne arrivée dans un lycée de grand bourgeois grâce au fait qu'elle soit une génie, elle en profite pour monter un système de triche et se faire un peu d'argent. A mi chemin entre un teen movie et un ocean's eleven où il faut tricher a des examens.

La mise en scène est captivante, plein de triggers et d'artifices musicaux pour rendre chaque scène délicieuse a regarder. Un peu a la manière du cinéma de chokri, y'a des idées partout. Le film arrive a rendre haletant une scène de triche dans un examen, c'est absolument brillant. C'est permis par un duo Lynn / Bank vraiment excellent.

Il y'a des passages déchirants, ces histoires de triches se recoupent avec les dynamiques entre les étudiants, et influent sur leurs relations personnelles.

J'ai quand même envie d’émettre un vrai reproche sur le film, ce qui l'empêche de sortir du cadre du divertissement, et du film de genre " braquage " c'est qu'il n'y a pas de respiration, pas grand chose qui ne serve pas le scénario, peu de moments de vie.

La gestion du suspense est plus classique, mais très efficace et rondement menée. La fin est pleine de sens, et résonne bien avec le reste du film, même si elle est tout a fait convenue.

En conséquence c'est un 7/10 doublé de la mention coup de coeur, mais c'est vraiment une pépite à découvrir.

MargotChavez

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