Lectures 2014

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Abandonné avant la fin de la première partie. Impossible de m'accrocher à quoi que ce soit, tout s'envole loin de mon esprit, et pourtant je suis le public idéal de ce type de romans. Je retente le coup dans dix ans.

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Très très malin, et sur ce sujet, bien tarte-à-la-crème dans la littérature espagnole traduite dans nos contrées, ce mec sait louvoyer comme il faut et oublier le moralisme. L'une des meilleures choses que j'ai pu lire sur la fascination esthétique / l'élan romantique d'un fasciste. Et en même temps super roman nonchalant sur le milieu littéraire avec guest appearance de Bolano.

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Comme pour Red the Devil (mais moins grotesque, tout de même), difficile d'être bien à l'aise en lisant Sorrentino. Brooklyn ça rigole pas, et il en fait le portrait par gros glaviots et avec une puissance peu commune. Faut que je continue avec le bonhomme...

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Étude chronologique des différentes traditions religieuses d'Orient aux époques antiques (en gros, de l'Egypte à l'Inde), leur rapport au temps et l'importance qu'elles accordent à l'opposition ordre / chaos. Le but de Cohn, c'est de montrer quand naît la pensée millénariste / apocalyptique (en gros, avec le monothéisme à la suite des Zoroastriens et des écrits de certains des prophètes juifs), l'idée d'un futur qui sera meilleur si l'on suit la bonne religion, les bons préceptes moraux, et ce genre de joyeusetés... Très très cool, c'est très synthétique mais passionnant et bien écrit ! C'est un historien qui s'est intéressé à ce thème, ainsi qu'au "fanatisme" à d'autres époques, notamment au Moyen-Age en Occident, afin d'en étudier l'évolution et sa diffusion vers le politique de nos jours...

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Allez voir ce qu'en dit le camarade ArnoldB à ce sujet, c'est tout à fait ça. C'est drôle, bien sûr, mais je trouve ça bien d'avantage effrayant. Autour de moi, de nos jours, on a confiance dans le droit, la justice, comme le refuge ultime du maintien de la société, comme le seul cadre légitime en ces temps de crise ; l'idéalisme démocratique dont on oublie tout le cynisme et la violence caché-e-s, et même si Gaddis est très ambigu par sa position entre critique, satiriste, romancier, il en est l'un des meilleurs observateurs en littérature.

Au-delà de ça, c'est l'écrivain de l'oralité par excellence, du langage dans son impossibilité de rendre la pensée avec tous ses méandres et ses doutes. Ça n'a pas la grâce des Reconnaissances, mon préféré, qu'il n'a jamais retrouvé de toute façon, à mon avis. Mais il faut le lire.

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On continue dans Bolaño, il ne m'en reste plus beaucoup à lire désormais... J'aurais bien du mal à dire quelque chose de pertinent à son sujet, alors on remballe et on se tait.

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Le chant du cygne, comme on dit... Encore de la digestion de Thomas Bernhard (avec un coup d'Hermann Broch dans le nez), de la bonne, bien sûr...

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Je suis pas objectif avec ces deux messieurs ; je préfère Yirminadingrad, bien sûr, difficile de faire autrement pour moi... Mais de toute façon, ce n'est pas comparable, et dans ce que ça tente d'accomplir, c'est réussi.

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Très étrange, difficile à saisir, surtout que ça fait quelques temps que je l'ai lu maintenant... Le début m'a fait un peu peur et convenait assez bien à l'a priori que je me faisais de Vila-Matas, qui m'avait fait ne pas le lire jusqu'à aujourd'hui : littérature post-borgesienne qui se nourrit de citations de citations, ça m'agace un peu je dois dire... Et puis après on passe à autre chose (quoi ?), comme si Vila-Matas se moquait de lui-même et, justement, de ce type de littérature, et on va dans des contrées sans repères...

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Oui, bon, c'est pas mal, mais en y réfléchissant tout ça n'est que du Thomas Bernhard bien digéré, adapté avec intelligence à Londres, la marche, et le même esprit moderniste en confrontation avec le monde. Josipovici m'intéresse mais il va me falloir d'avantage.

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Dans mon cycle de lectures sur Londres, celui-là attendait depuis un moment ; une des influences de Moore & Campbell pour From Hell, difficile de ne pas avoir ça en tête, comme pour White Chapel, Scarlet Tracings d'Iain Sinclair. Mais c'est très bon, Nicholas Dyer est un personnage fascinant et cette vision de Londres anti-romantique, par la marche, par les églises, me plaît.

Sinclair a raison quand il parle d'Ackroyd à mon avis : il cherche dans le présent le passé toujours visible, il reconstruit son idéal, même s'il est peu ragoûtant ; Sinclair mélange tout, ce qui est là, ce qui disparait, et même s'il est plein de colère justifiée dans la destruction contemporaine de Londres, son deuil ne cherche pas à nous faire découvrir la ville cachée, là où le marcheur irait s'encanailler... Il y a effectivement de ça chez Ackroyd - il n'empêche que ça reste un excellent romancier, et ce livre le montre bien. J'ai sa biographie de Londres sur mes rayonnages, je vous tiens au courant, je suis sûr que ça vous passionne.

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Très intelligent, et très nourrissant sur l'incapacité de l'art de changer le monde (si Crass avait renversé Thatcher et bouffé ses rejetons, ça se saurait)... Ça se lit d'une traite, tout en nuances sur le mouvement punk et les obstacles rencontrés par les plus malins parmi lui pour survivre et être en adéquation avec son éthique... Ce que peu ont réussi, en somme. Quand on est fan de Fugazi (j'en suis), ça permet de se sentir bien dans ses propres choix et ses bottes.

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Big up à Tonton Sinclair. C'est lui le meilleur, toujours, tout le temps, sa prose poétique n'a aucune faiblesse, il faut encaisser mais personne, à ma connaissance, ne sait traiter de la marche urbaine de cette façon.

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Auteur sulfureux mais au moins on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir vécu ce qu'il raconte (et on s'en fout). On traverse des temps difficiles, c'est un peu rien de le dire, et Salomon arrive à retranscrire les forces qui les traversent avec un hiératisme rare. C'est du roman façon XIXème où on veut faire un portrait de l'époque, personnellement je pourrais en avoir un peu marre mais la violence de la chose transporte, on a envie d'être aussi exalté.

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Une scène de bombardement en Allemagne de 200 pages qu'aurait pu écrire Volodine, on fait parler les morts, voler les cadavres et les bouts qui en restent. Dur à encaisser. Beau lien historique avec la lecture précédente, comme une conclusion logique de certains discours et actes.

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Cadeau de la traductrice (qu'elle en soit remerciée ici). J'avais bien aimé le Talon de Fer de London, même si sa misogynie comme ressort narratif fut un peu gavant. Court essai, un éloge de l'utilitarisme en architecture, ça m'a rappelé Ornement et Crime d'Adolf Löos et je me demande si London l'avait lu (j'en doute).

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Début d'une obsession russobibliophile, qui va continuer un moment j'espère bien. Je vais éviter la gageure d'écrire un commentaire, soit on l'a lu et on aime soit on a rien à se dire, désolé !

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Obsession russobibliophille acte II.

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Obsession russobibliophille acte III. Andréïev est moins connu mais il n'a clairement rien à envier aux autres tontons barbus. C'est un recueil de nouvelles, la qualité est variable mais clairement il n'y a rien à jeter. On canaille chez les nihilistes, les prostituées, les fous-folles de Dieu ou parfois les trois en même temps dans un seul individu. De grands moments d'exaltation, le fantastique n'est jamais bien loin.

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Volodine et ses potes, je commence à connaître. Comme on dit, il faut espacer les doses, et même si l'on croit avoir tout compris à ce qu'ils font, il y a toujours un moment où ils nous surprennent. Ici, on touche au grotesque, à l'apocalyptique sur le vif.

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Une poésie qu'on pourrait croire sans grâce. Il faut admettre que le projet de Pound ne se révèle pas d'un coup, que le langage seul ne suffit pas par sa beauté à s'enfoncer dans cette lecture, dans ses multiples obsessions servies d'un seul grand coup. Plus l'on avance, plus l'on s'y perd, et tout se déploie. De la Chine aux politiques monétaires des Etats-Unis naissants, la nécessité de rendre poétique tous les aspects du monde et de ses textes se révèle peu à peu. A relire.

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Obsession russobibliophile acte IV. J'aime le Boulgakov fantastique et grotesque du Maître et Marguerite ; on est ici sur un registre tout à fait différent, le délitement d'une société à travers une chronique familiale ukrainienne durant la guerre civile russe.

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Des petites chroniques, des récits, avec la nonchalance du Walser graphomane, j'apprécie et pourrait en lire des litres, sans y accorder la même importance au reste de sa biblio'. De belles fulgurances.

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Le plus pété que j'ai pu lire pour l'instant de Schmidt, de la Lune traversée par la Guerre Froide et des délires politiques aux affres de la vie affective triste d'un couple dans l'Allemagne adenauerénne, c'est festival de la langue et de la haine.

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Je crois qu'il faut connaître un peu la littérature russe pour aimer ce livre, ou en tout cas pour comprendre ce qu'essaie de faire Sorokine ici (et ce qu'il continue de faire visiblement dans d'autres de ses livres). C'est bourré de thèmes et de figures qu'on retrouve chez Dostoïevski, Gogol ou Boulgakov, réinscrit dans un récit science-fictif et religieux, le tout satiné de critique politique. J'avais préféré le côté mécanique de La Glace, mais ça reste un roman intéressant, et il faut que je continue d'explorer les œuvres du monsieur.

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Difficile d'en parler. Plus on progresse dans la lecture, plus tout se délite et devient flou, on perd pied à mesure qu'Unica Zürn se détache de la réalité, il s'agit d'un livre profondément angoissant et assez unique de ce point de vue. Rien de fascinant dans cette description d'une "folie", en-dehors de son caractère esthétique en tant que roman.