Lectures [2022]

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[en cours]

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Janvier.

Le grand roman baroque d'Hugo s'il en est. On y croise pêle-mêle : un obscur groupe transformant des enfants en monstres, d'effroyables tempêtes maritimes, un misanthrope et son loup, une aveugle céleste, l'aristocratie britannique, une duchesse digne de Barbey d'Aurvilly, un déboucheur des bouteilles de l'océan... Le tout s'entrecroise dans le jeu grandiose des échos, des doubles et des contraires. Mais, à mon grand étonnement, la mayonnaise semble moins prendre qu'à l'accoutumée. Il se dégage du livre une impression étrange d'inachevé, le mauvais goût (qualité chez Hugo) y est moins savoureux, les envolées sonnent parfois creux (celle de Gwynplaine devant les lords) et les personnages y ont quelque chose des marionnettes de théâtre (sauf Barkiphrédo, grande réussite du roman).
Malgré cela, on retrouve toute la grandiloquence du verbe d'Hugo, notamment dans la première partie magistrale (le naufrage de la Matutina et les soliloques d'Ursus).
En somme, du gros Hugo plus que du grand Hugo.

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Janvier.
(Relecture).

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Janvier.

Je ne suis pas un grand lecteur de correspondances et celle de Yourcenar me paraît, par bien des aspects, bien trop sage et scolaire pour que j'y trouve mon compte.
S'y lit avant tout le contrôle tentaculaire qu'elle souhaite exercer sur son œuvre. Elle lutte avec Gallimard contre l'appellation de "roman", débat au sujet d'un mot soi-disant anachronique employé dans Mémoires d'Hadrien, se querelle quant à la mise en scène d'Electre, échange longuement avec toute personne ayant écrit sur son œuvre... Bref elle n'a de cesse de marquer son territoire et d'assoir son autorité.
Mais sa correspondance est surtout traversée par d'infinis conflits éditoriaux (Gallimard/Plon/Grasset) qui ne feront sans doute frétiller que les étudiants en "métier du livre". Faut lire les contrats Marguerite !

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Janvier.

Le principal avantage des fables kafkaïennes c'est qu'elles jouent aisément le rôle de boule de fumée si bien qu'il devient difficile de discerner un réel propos dans le flou étrange de la narration. Truismes aurait pu prendre la forme d'une nouvelle en condensant ses effets en quelques dizaines de pages mais Darrieussecq semble avoir préféré les disséminer en un roman qui lasse un peu plus à chaque page. Si le début avait une forme d'inquiétante étrangeté genre Kafka écrit sous prozac, la fin se vautre complétement (sans mauvais jeu de mots) dans une fable grotesque où l'on a l'impression que l'autrice est aussi désemparée face à son sujet que nous le sommes.
Mon principal regret serait sans doute que Darrieussecq n'ait pas poussé jusque dans la langue son travail d'étrangéisation. Tout se concentre dans les saynètes sexuelles du récit mais l'écriture est parfaitement lisse à l'instar de la peau rose des truies dont il est inlassablement question.

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Janvier.

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Février.

Une découverte magistrale. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir dans une lecture. La Semaine perpétuelle est un roman d'une générosité et d'une poésie rare. Mais c'est avant tout un livre où se lit à chaque page un véritable plaisir de l'écriture, une jouissance décomplexée des images et des sons.
Laura Vazquez nous propose un roman de voix où chaque personnage tente d'appréhender le monde à sa manière (par les sons, par le numérique ou la construction de murs) et devient une forme de réceptacle pour tout ce qui l'entoure. Tout y vibre.
Le texte en lui-même se construit sur le mode de la répétition hypnotique de micro-réflexions, de détails et de perceptions, mais ce qui pourrait sembler redondant devient fascinant.
Je suis sans doute trop enthousiaste sur ce livre mais il mérite qu'on en parle.

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Février.

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Février.

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Février.

Encore un joli coup de la collection Tracts : un PDF de 50 pages, deux agrafes, un découpage grossier et hop 4e !
Cet "essai" se veut plutôt mini-manuel d'autodéfense historique face à la mythographie ambiante. Pratique, à n'en pas douter, utile, la chose est moins sure (l'introduction pose déjà les bases du paradoxe). Je comprends la quête d'efficacité et de clarté mais je regrette tout de même une absence de notes ou bibliographie, pour des universitaires c'est regrettable.

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Mars.

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Mars.

Le débordement orientaliste ce n'est franchement pas ce que je préfère dans le XIXème et ce court récit ne me fait pas déroger à ma règle. Le gros point fort du texte c'est surtout cette longue ouverture magistrale sur Paris sur le mode des études de mœurs (je dis longue car cela représente presque 1/4 du livre). Pour le reste l'histoire puise dans la composition théâtrale classique des comédies (une femme enfermée, un jeune noble désireux, un valet habile) avant de basculer dans un exotisme plus halluciné mais qui m'a un peu laissé de marbre.

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Mars.

J'avais éprouvé un plaisir fou à la lecture du Cahier d'un retour au pays natal mais Les Armes miraculeuses m'ont opposé une résistance bien supérieure. Dans ce genre de poésies hermétiques, on s'accroche à ce que l'on peut, à quelques fulgurances, à des sonorités, à des associations déroutantes, bref on tente comme on peut de ne pas se retrouver noyé sous le flot chaotique d'images et de termes dont on ignorait jusqu'à l'existence. Mais lorsque l'on arrive à résister un peu, après ce déluge de mots, on peut avoir la chance de découvrir quelques paysages insoupçonnés, c'est le cas du petit drame lyrique "Et les chiens se taisaient", situé à la fin du recueil et qui justifie à lui seul la lecture du livre.

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Mars.

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Avril.

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Avril.

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Mai.

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Mai.

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Juin.

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Juin.

Belle définition des littératures comparées et de l'histoire de leur étude, cette leçon inaugurale est également l'occasion d'un pas de côté par rapport à la notion de "world litterature", lui préférant le concept opératoire de la bibliothèque (ou plutôt des bibliothèque).

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Juin.

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Juin.

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Juillet.

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Juillet.

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Juillet.

On a parfois dit qu'il n'existait qu'un Giono mais force est de constater qu'entre la trilogie de Pan et les Chroniques romanesques, il existe tout un monde (celui de la 2nde guerre mondiale). Les Âmes fortes est de loin l'un des romans les plus sombres et pesant de Giono (très proche d'Un roi sans divertissement en cela). Mais il est également l'un des plus moderne dans son écriture. Si l'on ignore que le texte est de Giono, il est difficile de l'y attacher à cette forme tant celle-ci semble anticiper Claude Simon (ou rappeler Faulkner). Le feuilletage narratif est particulièrement complexe et fait planer un soupçon sur toute prise de parole.
C'est donc extrêmement novateur mais paradoxalement très ancré dans la tradition populaire (le conte et le récit de veillée) et littéraire (Heptaméron, Décaméron...).

Un vrai "livre de braise" comme l'évoquait Giono.

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Juillet.

Un petit côté Proust des jardins mais qui manque souvent sa cible. La première partie sur "Sido" me paraît finalement la plus belle et la plus juste. On baigne entre le songe et le réel, le tout organisé autour de ce petit coin de jardin derrière la maison. C'est sans doute ici que j'ai le plus apprécié l'écriture de Colette, qui, si elle demeure parfois un peu redondante, n'en perd pas tout charme pour autant.

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Juillet.

Je m'attendais à une forme de catalogue de micro-sensations comme le ferait Aldo Leopold, mais Les Vrilles de la vigne semble justement vriller dans tous les sens sans jamais réussir à s'accrocher à quelque chose. Plus encore, la partie "Dialogues des bêtes" etc est horriblement gênante et lourde à lire. Je trouve finalement Colette plus juste lorsqu'elle évoque sa mère et ses souvenirs d'enfance que lorsqu'elle se lance dans son écriture animiste.

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Juillet.

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Juillet.

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Juillet.

J'ai énormément de mal avec la poésie de Mallarmé qui me paraît bien trop désincarnée quand elle ne m'est pas tout simplement hermétique. Sur l'ensemble du recueil je conserve de rares souvenirs certes envoûtants (ceux qui ont des échos Baudelairiens je réalise) mais le reste m'est tombé des mains.
La tentation serait évidemment de noter au nom (et à sa place dans l'histoire littéraire) mais je n'y trouve pas grand intérêt.
J'y reviendrai peut être un jour mais d'ici là je cède mon tour.