Cover Lectures 2022
Liste de

41 livres

créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a presque 2 ans
Purifier et Détruire
8.5

Purifier et Détruire

Usages politiques des massacres et génocides

Sortie : octobre 2005 (France). Essai

livre de Jacques Semelin

StanDC a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Pourquoi la guerre ?
6.7

Pourquoi la guerre ? (1933)

Warum Krieg ?

Sortie : février 2005 (France). Correspondance, Culture & société

livre de Albert Einstein et Sigmund Freud

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Constitué en réalité seulement de deux lettres, cette "correspondance" entre deux des plus grands esprits du XXe siècle a été instigué au départ par l'IICI (Institut International de Coopération Intellectuelle) appartenant elle-même à la SDN (Société des Nations). Publié ironiquement durant l'année fatidique de 1933, les deux hommes et en premier lieu le physicien Albert Einstein, ont à cœur un idéal pacifiste. Dans ces deux textes ils développent leur réflexion et leur soucis de pacifier le monde, de lutter contre la guerre, apportant brièvement analyses et solutions. L'entreprise est bien naïve mais a le mérite de mettre à plat l'essence même des raisons de la guerre à savoir entre autres l'intérêt d'un petit nombre de dirigeants et la nature même de l'Homme en proie à un "besoin de haine et de destruction" comme le note le grand scientifique dans sa lettre. Si celle de Einstein peut être taxé de trop de naïveté celle de Sigmund Freud est au contraire plus pessimiste et le psychologue en a bien conscience. Les deux hommes sont d'accord que l'hypothèse d'un monde sans guerre ne peut s'imaginer sans un pouvoir extra-étatique. C'est ce qu'on pourrait voir dans la SDN mais le psychologue remarque judicieusement que les pouvoirs qui sont administré par cet organisme ne sont largement pas à la hauteur de ses missions. Plus développé, la lettre et les réflexions de Sigmund Freud sont parfois plus pertinentes mais entachés par quelques élucubrations de théorie psychologique qui souvent me dépasse un peu. Très vite interdit par le régime nazi, ce petit ouvrage aura eu le mérite d'apporter une petite contribution aux réflexions à venir sur la place de la guerre dans la nature humaine et la construction d'une paix plus durable.

Une vie comme les autres
7.3

Une vie comme les autres

A little Life

Sortie : 4 janvier 2018 (France). Roman

livre de Hanya Yanagihara

StanDC a mis 5/10.

Annotation :

Sur les conseils d'une amie je mettais précipité sur cet ouvrage d'une auteure américaine alors inconnu pour moi, c'est d'ailleurs son seul livre traduit en français. Ce roman est un pavé à l'écriture fluide mais parfois redondante. L'utilisation souvent superflus de la parenthèse perturbe au démarrage. Bref, un style pas flamboyant mais qui se laisse bien lire une fois qu'on a pris le rythme. Ce qui rend ce roman accrocheur c'est son contenu. Et là autant dire que je suis partagé. Le démarrage a été compliqué parce qu'il y a un coté bobo new-yorkais au départ et on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir. On part d'un groupe d'amis sortie de la fac, très attaché l'un à l'autre et dont les destins personnels et professionnels vont se développer avec leur haut et leur bas simultanément. Mais après ça, le roman se recentre sur le destin mystérieux et ultra-dramatique de Jude, dont on ne connaitra le vécu que tout au long des 1120 pages. C'est à partir de là véritablement que les choses deviennent intéressantes. L'envie de savoir jusqu'où cette histoire nous mène est heureusement plus forte que l'overdose de drames et séances de scarifications. Et honnêtement, le personnage Jude n'aurait connu que la moitié de ses malheurs que c'était déjà bien assez pour nous lecteur. C'est à se demander si l'auteur ne veut pas du mal à ses personnages ou à ses lecteurs en succédant les ascenseurs émotionnels entre quelques instants de bonheurs.

Viviane Elisabeth Fauville
6.6

Viviane Elisabeth Fauville

Sortie : 5 septembre 2012 (France). Roman

livre de Julia Deck

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Troisième livre lu de Julia Deck, il s'agit ici de son premier roman et c'est un coup de maitre comme je les aime aux Editions de Minuit. Dans une sorte d'espièglerie stylistique, l'autrice nous embarque dans une histoire de fait divers, un policier psychologique. Elle alterne et utilise judicieusement la narration entre le "vous", le "je" et le "elle", rendant son personnage principal comme le lecteur dans une sorte de schizophrénie sans nous perdre. Viviane se retrouve seule avec son bébé, quittant un mariage plus que décevant avec un mari qui l'a vite remplacé. Histoire classique. A bout, c'est avec une froideur déterminé qu'elle se rend chez son incapable de psy. Mais la séance tourne au drame. L'intrigue est assez connu. C'est dans la teneur du récit que tout se joue. Le style est parfaitement maitrisé et le récit clair comme un bon feuilleton policier mais que l'alternance de pronoms personnels rend dense et immersif. On a alors du mal à lâcher le livre tant l'histoire et le psyché de cette femme intrigue. Bien foutu et divertissant.

La Veuve Couderc
6.9

La Veuve Couderc

Sortie : 1942 (France). Roman

livre de Georges Simenon

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Une bonne surprise que cette lecture pour un auteur sur lequel j'avais je l'avoue quelques à priori. Force est de constater que Georges Simenon sait magistralement mener une histoire, une intrigue avec en plus un véritable style littéraire qui n'a rien à envier de ses contemporains. L'histoire est assez connu puisqu'il s'agit d'un de ses classiques. Une veuve en conflit avec sa belle famille qui l'a exploité pendant des années recueil un jeune inconnu dans sa maison après leur rencontre fortuite dans le car qui l'a ramené. Malheureusement, le jeune homme souffre d'un passé de criminel qui fera jaser et rajoutera au trouble de cette relation. Simenon a le génie des grands maitres du suspens avec la répétition. Dans son sommeil, Jean ne cesse d'être hanté par les articles de Code Civil qui tantôt aurait pu lui couté la vie tantôt lui ont permis par le mensonge de réchapper à la peine capitale. Mais tourmenté par la veuve Couderc, ses histoires familiales et la belle ingénue Félicie, il craint surtout une chose: que l'histoire se répète. La tension monte alors tout au long du récit. Mais tout cela est entrecoupé aussi par de courts passages contemplatifs dans une écriture simple et réaliste. Simenon nous peint aussi un portrait acerbe d'une société cupide et vénale.

Nous sommes tous des assassins
8

Nous sommes tous des assassins (1952)

Sortie : 1952 (France). Roman

livre de Jean Meckert / Jean Amila

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Avec le talent et le style gouailleur, Jean Meckert écrit ici l'histoire d'un homme simple (peut-être simplet aux yeux de certains) dont la vie rencontre accidentellement l'Histoire pour en faire un tueur de métier et un condamné à mort. Une sorte de Lucien Lacombe manipulé par un groupe de résistant cette fois-ci. Le livre comprend des chapitres à la première personne où René Le Guen raconte son histoire, de son entré dans la cellule des condamnés pour après parler de son passage accidentel dans la Résistance au président de la cour. Le début du livre très immersif est génial. On entre directement dans la prison à travers les yeux du personnage. Ces chapitres sont entrecoupés par le portrait de son jeune et arriviste avocat et de son jeune frère, enfant perdu et sauvage dans une famille d'accueil qui l'exploite. C'est tout une société inégalitaire et réaliste que nous peint l'auteur. Un récit de la classe populaire plein de désillusion subversif à certains égards, notamment avec le personnage de Bauchet où il est question d'infanticide. Ce livre nous interroge encore aujourd'hui sur les impacts de la précarité intellectuel et économique et les moyens alloués pour y remédier par la Société.

Une sortie honorable
7.4

Une sortie honorable (2022)

Sortie : 5 janvier 2022. Récit

livre de Éric Vuillard

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Un titre ô combien ironique pour parler des cinq dernières désastreuses années de la présence coloniale française en Indochine. Les premiers chapitres sur les conditions de travail dans les exploitations de caoutchouc sont à glacer le sang. Comme pour ses précédents livres, Eric Vuillard remanie les faits historiques en y mettant sa patte romanesque mais aussi et surtout ses convictions. Quitte à ne pas plaire à tout le monde par le fond et/ou la forme de ses projets. Personnellement j'approuve puisque je peux globalement partager ses convictions mais aussi parce que l'écrivain donne plaisir à faire ce que l'historien ne peut pas par la contrainte universitaire légitime. Dans cette longue histoire (5 ans mais en tout 30 ans de guerre en réalité), Vuillard met une loupe sur des faits et des personnalités aux profils éclairants à merveille les enjeux de l'époque. Il décrit un microcosme fascinant et effarant. Les passages sur Mendès-France et Lumumba sont admirables et relève le niveau. Son écriture est pleine d'amertume, acerbe, un portrait au vitriol de la "bonne société" tenant entre ses mains les cadres militaires, économiques et politiques. Discours déjà connu pourrait-on dire ? Pourtant quand on voit encore aujourd'hui sur qui on fait porter le chapeau d'un (relatif) "déclin" et qui sont ceux ne s'en portent que mieux, on se dit que la leçon n'est pas encore bien apprise. Ils étaient un petit cercle ici à avoir "spéculé sur la mort", sortie la tête haute. Eux connurent une sortie honorable malgré les milliers de morts de la guerre et de l'exploitation coloniale indochinoise. Combien d'héritier ont-ils laissé encore aujourd'hui derrière eux ?

Mars
7.8

Mars (1975)

Sortie : octobre 1979 (France). Récit

livre de Fritz Zorn

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Une lecture émotionnellement difficile sauf si on la lit avec le ton du cynisme d'un Cioran ou d'un Thomas Bernhard. Seul œuvre et pour cause de cet auteur suisse qui se sait (quasi) condamné par un cancer et se livre ici. Il y mêle mémoire personnel et réflexion à la fois philosophique, théologique et sociologique, prenant son parcours pour exemple. Le livre avait marqué à l'époque parce qu'il voyait dans son cancer une suite logique de sa vie malheureuse par inertie et la dépression qui n'en était que le premier symptôme. J'ai été personnellement touché par pas mal de ses réflexions. Publication tout juste posthume puisqu'il aurait eu connaissance de la publication de son livre juste avant de succomber à la maladie.

Connemara
7.3

Connemara (2022)

Sortie : 2 février 2022. Roman

livre de Nicolas Mathieu

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

J'ai conscience que le fait qu'enfin un auteur venant de chez moi qui écrit dans un cadre que je connais bien peut jouait un rôle affectif dans mon appréhension de ce livre. Pourtant son précédent qui avait reçu le prix Goncourt m'avait donné un sentiment partagé (pas mal mais qui mérité peut-être pas ce prix). En tout cas, cette première lecture m'a donné l'occasion d'aborder son style en connaissance de cause. Je suis sortie donc plus convaincu avec Connemara qui m'a assez vite happé. On pourra regretté dans le style un lexique souvent familier mais qui a le mérite de coller à son époque. Car c'est bien cela que veut faire Nicolas Mathieu, créé un récit qui colle à son époque. Dans celui-ci, on flirte entre l'année présidentielle de 2017 et des flash-back de l'enfance des deux protagonistes dans les années 80-90. Hélène a tout fait pour sortir de son milieu et de son patelin Cornecourt où elle ne se sentait pas à sa place, Christophe au contraire, ancienne gloire locale, est resté. Tous les deux ont en commun pourtant la même sensation de vide. Insatisfait de leur vie, ils vont se retrouver par hasard et trouveront en l'autre un refuge. Avec ces deux trajectoires, Nicolas Mathieu dépeint un portrait ultra réaliste de la société française assez sidérant, se refugiant dans des détails où chacun peut se retrouver. A l'image de ce titre, Connemara de Sardou, que de gauche comme de droite, des milieux populaires jusqu'aux élites des écoles de commerce tout le monde connait par cœur. Loin des considérations de politique politicienne et sans jugement, l'auteur aborde les mécanismes sociaux qui aboutissent entre autres à la désillusion politique des milieux populaires et à la concurrence aveugle (macronienne) du management moderne. Mais ces deux destins montrent aussi de façon plus romanesque le poids du temps qui passent, le retour au source de deux êtres qui voient en chacun la nostalgie d'un passé commun qui a refait surface pour un bel instant mais aussi pour aller de l'avant et reprendre pied.

Risibles amours
7.5

Risibles amours (1968)

Směšné lásky

Sortie : 1968 (France). Recueil de nouvelles

livre de Milan Kundera

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Recueil de nouvelles de qualité très inégales d'un auteur majeur pour moi. Milan Kundera joue un rôle très important à mes yeux dans ma vie de lecteur et mon initiation littéraire mais là il m'a parfois un peu perdu. J'ai été aussi un peu gêné aussi j'avoue par le coté un peu misogyne (le mot est peut-être un peu fort et que l'on s'entende bien, je reste scandalisé que cela lui coûte le prix Nobel). La première nouvelle commençait pourtant sous les meilleurs hospices où je reconnaissais le style et les thématiques. Mais pour d'autres dont cette interminable pièce "Le colloque" j'étais largement moins conquis. Celle du "Jeu de l'auto-stoppe" est par contre incroyable avec ce jeu de couple ambigüe et pernicieux qui montre la patte d'un grand auteur à venir, ces 7 nouvelles ayant écrit avant et pendant son premier roman, le très bon La Plaisanterie".

W ou le souvenir d'enfance
7.1

W ou le souvenir d'enfance (1975)

Sortie : 1975 (France). Roman, Biographie

livre de Georges Perec

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une œuvre littéraire très personnelle (puisqu'en partie autobiographique) de Georges Perec qui alterne ici deux textes, entrecroisant les bribes de ses souvenirs d'enfant réfugié sous l'Occupation durant la Seconde Guerre Mondiale et le récit fictif et description du régime totalitaire de W. Comme écrit dans le résumé de l'auteur, on peut être assez déconcerté par le fait que ces deux textes n'ont de prime abord rien en commun et qu'ils auraient pu être publiées de façon indépendante. Pourtant, cet enchevêtrement permet un contraste saisissant entre la froideur d'une doctrine totalitaire où l'individu n'a pas de place, encore moins l'humanité au sens noble d'esprit, et la quête désespérée mais émouvante et nécessaire de faire ressurgir les souvenirs d'une enfance perdu. Georges Perec veut se rattacher à ce qui peut être encore sauvé des êtres qui l'ont précédé et que l'Histoire lui a enlevé. L'auteur n'en délaisse pas moins ses explorations de styles oulipiennes en particulier dans les textes consacrés à W qui peuvent paraître facétieuses à la longue mais qui sont tout à fait cohérent dans ce projet littéraire. A la fin, la citation de David Rousset (tiré de "L'univers concentrationnaire") éclaire d'une grande manière l'ensemble du livre et y trouve une cohérence finale belle et salutaire pour le lecteur.

Divorce à Buda
7.5

Divorce à Buda

Valas Budan

Sortie : 1935 (France). Roman

livre de Sándor Márai

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

A l'image d'un Stefan Zweig, l'auteur hongrois Sandor Marai nous dépeint comme personne la société européenne d'entre deux guerres à travers les destins croisés de ses deux protagonistes. La ville de Buda en elle-même n'a que peu d'importance en vérité tant le message ici se veut universel. Et même si la période par contre à son importance dans cet Europe qui doute (1935), les conclusions y sont intemporelles (encore plus aujourd'hui). Kristof Komives, juge aux affaires matrimoniales voit sa vie bourgeoise tranquille perturbée lorsqu'arrive sur son bureau le dossier du médecin Imre Greiner. Ce dernier n'est autre qu'un ancien camarade ou plutôt une connaissance de jeunesse du juge. Il doit prononcer son divorce avec sa femme, Anna. De là, leur passé va ressurgir. Le roman est construit en deux parties: une première qui décrit la vie mondaine et lasse à certains égards de Kristof, la deuxième (plus intéressante) est quasiment un monologue d'Imre dans ce face à face entre les deux hommes. Imre dévoile ses états d'âme et son geste irréversible face à la douleur qui le morfond pour avoir vécu si longtemps et intensément dans le mensonge d'un amour illusoire. La force de Sandor Marai c'est sa subtilité dans son approche du récit, la complexité des sentiments qu'il décrit et le fait qu'il ne juge pas ses personnages. Son Anna fait penser à celle de Tolstoï (Anna Karenine) dont les portraits imprègnent le lecteur d'une marque indélébile.

Histoires de la nuit
7.5

Histoires de la nuit (2020)

Sortie : 3 septembre 2020. Roman

livre de Laurent Mauvignier

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

C'est le troisième roman que je lis de Laurent Mauvignier et les trois pour moi étaient assez différent. Si bien qu'il est difficile de reconnaître vraiment une pâte littéraire singulière chez lui sauf à dire sa tendance pour les drames familiaux. D'abord dans le style, l'auteur ne nous avait pas habitué à des ouvrages trop long,. Or le roman fait plus 600 pages. Les phrases aussi sont longues parfois comme des paragraphes et les descriptions répétitives. Tout cela participe à un processus louable et audacieux d'une mise en tension du récit pour le lecteur qui voit une intrigue monter crescendo. On a du mal à lâcher le livre, écrit dans un style fluide et simple. Mais Mauvignier à la longue peut parfois tellement abuser du processus répétitif qu'il peut devenir lassant surtout pour un ouvrage aussi long avec une intrigue qui pourtant pourrait tenir en quelques lignes. Reste que c'est efficace, cette montée en puissance est asphyxiante et prenante. La première partie est plus descriptif avec surtout le personnage de Bergogne (personnage pathétique et attachant à la fois) seul et pourtant entouré de trois femmes qu'ils aiment de façon différente: sa fille Ida et sa voisine et amie Christine et sa femme Marion. Cette dernière au départ laisse plus place au mystère pour mieux être dévoilé. Son passé sera au cœur du drame à venir lorsque trois inconnus arrivent. On se croirait dans le Funny Games de Michael Haneke sauf qu'ici ces hommes ne viennent pas troubler la paix et festivité de se foyer sans raison.

Quartier Rouge
6.9

Quartier Rouge

Le plaisir et la gauche

Sortie : 2 février 2022 (France). Essai

livre de Michaël Foessel

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

"A ne regarder que la rose, on en vient à adhérer à une société qui semble en offrir à profusion, (...). A ne considérer que la croix, on condamne les plaisirs sous prétexte qu'ils se payent d'une immense injustice sociale". Dans cette citation se cachent l'essence même de l'intérêt principal de ce livre: la place du plaisir en politique. Et en particulier à la gauche qui a laissé cette notion entre les mains de la droite avec ces réactionnaires. Le philosophe nous éclaire des débats interne entre Derrida et Foucault par exemple, entre désir et plaisir. Comment peut-on parler de "plaisir" alors que règne les inégalités sociales ? Peut-on rire encore de l’ambiguïté moral de référence comme Les Valseuses ou des mots d'Audiard ? Michael Foessel démontre que sans en faire le socle unique d'un programme politique le plaisir peut être moteur de réappropriation voir de révolution et qu'il peut être non-consumériste. Il est aussi beaucoup question du féminisme et du mouvement MeToo qui n'aboutit pas forcément à l'annihilation du plaisir mais nous oblige à en trouver une nouvelle forme plus égalitaire, pas déterminé par le masculin. J'aurai pourtant aimé une remise en question plus forte de la gauche qui depuis des années ne fait plus rêver les classes populaires parce qu'elle n'offre que des restrictions certes nécessaires comme pour l'écologie mais sans toujours offrir d'alternative radieuse. Je trouve aussi que l'auteur tombe un peu dans la facilité voir la caricature lorsqu'il renvoie dans le camp des réacs' ceux qui peuvent au moins émettre des réserves sur des mouvements ou courants de pensées comme le wokisme (dont les origines sont nobles mais dont on peut admettre des dérives comme dans tous mouvements). L'intermède proposé n'est quant à lui pas forcément à la hauteur de l'exigence universitaire du reste du livre. Reste l'essentiel: "Ce livre a voulu montrer que, s'il n'a pas le tranchant d'un principe rationnel, le plaisir constitue néanmoins une émotion sans laquelle un discours politique perd toute chance de rejoindre le réel." Sur ce point nous sommes bien d'accord.

De nos frères blessés
7.9

De nos frères blessés (2016)

Sortie : 4 mai 2016 (France). Roman, Histoire

livre de Joseph Andras

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Premier livre du très secret Joseph Andras, De nos frères blessés retrace l'affaire Fernand Iveton, un ouvrier lié au Parti Communiste et pour l'indépendance de l'Algérie qui choisit en 1956 de passer à l'action en déposant une bombe à son lieu de travail. Celle-ci ne devait faire que des dégâts matériels mais elle ne fonctionnera pas. Son impact si l'on peut dire ne sera qu'indirect, celle de la condamnation après torture d'un homme aux idéaux plutôt humanistes et qui ne sera poussé à la violence en politique qu'après avoir subit la perte tragique d'un frère d'arme. En lisant ce récit retraçant ce parcours unique, on peut se demander: "et si ?". Et si la bombe avait explosé et que malgré sa vigilance elle aurait frappé un innocent passé par là ? Mais là où le livre est fort c'est que Fernand Iveton n'aura jamais eu comme meilleur avocat que Joseph Andras (malheureusement à titre posthume). L'auteur montre le mécanisme tortionnaire et ordinaire de l’État français durant ce qui n'était alors mentionné à l'époque que comme "les événements d'Algérie". Cette tragédie judiciaire entremêlé par l'histoire de la rencontre de Fernand avec son épouse Hélène, ficelle somme-toute assez classique, apporte une profondeur et une empathie. L'aberration des faits suffit à montrer la disproportion de la sentence et bascule le statut du criminel vers celui de victime de l'appareil étatique. On pense à Eric Vuillard pour le coté enquête romanesque mais aussi à Jean Meckert dans les descriptions de l'homme du peuple face à son destin. Il faut absolument connaître ce récit qui illustre une réalité de notre Histoire de France que l'on a encore aujourd'hui du mal à regarder en face.

La Lune d'Omaha
7.5

La Lune d'Omaha (1964)

Sortie : 1964 (France). Roman

livre de Jean Meckert / Jean Amila

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Jean Amila alias Jean Meckert a écrit ce roman en 1964 ce qui est important pour aborder ce livre dont les deux principaux protagonistes sont des vétérans du débarquement d'Omaha Beach et alors qu'aujourd'hui le peu de ceux qui nous restent encore ne sont plus aussi fringuant que ces deux-là, déjà plus ou moins amoché. Le cadre de ce roman dit "policier" est plutôt original puisqu'il s'agit du cimetière militaire américain de Normandie. Steve Reilly n'est plus que le sergent d'une compagnie de croix blanches où sont enterré la plupart de ses camardes. Plein d'amertume envers des normands magouilleurs et une jeune épouse française insatisfaite, la mort de l'un de ses jardiniers, le père Delouis partie avec son secret, ne va pas arranger les choses. Quand Meckert se fait presque Simenon, écrivain policier, on reconnait tout de même bien sa patte avec une écriture familière, la gouaille et son goût pour les personnages pittoresques et populaires. Le langage parlé est d'autant plus important ici que l'auteur s'acharne à retranscrire le français approximatif et l'accent de certains protagonistes, ce qui a son importance dans cette intrigue sympathique, un peu pépére, sans véritable sursaut mais assez bien tenu pour qu'on est du mal à lâcher le livre.

La Fortune des Rougon
7.5

La Fortune des Rougon (1871)

Sortie : 1871 (France). Roman

livre de Émile Zola

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Premier volet de la série des Rougon-Macquart, La Fortune des Rougon met en place les origines de cette famille et des protagonistes à venir dans la suite de la série. En auteur maitre du naturalisme, Emile Zola nous peint avec minutie les affres de la société française du XIXe siècle traversé par des crises de régimes si cruciaux entre républicains et souverainiste. Pour ce faire, l'auteur à l'image d'un Flaubert montre un soucis impressionnant du détail, reconstituant au mieux le contexte de l'époque du début du Second Empire dans ces lieux comme dans ces évènements historiques qui jalonnent le récit. Pour autant, contrairement à ce que l'on dit souvent de l'écrivain, les descriptions sont fluides et pas aussi nombreuses que l'on pourrait le craindre. L'approche de l'auteur se veut aussi sociologique voir psychologique, Zola s'étant également documenté dans ce domaine. Le résultat est une quintessence de la littérature du XIXe siècle où l'on suit à travers cette famille les espoirs et déboires politiques, l'ambition aveugle de sortir de son milieu à la conquête de la bourgeoisie. Mais là où le talent littéraire de Zola s'illustre le mieux c'est dans le destin tragique et émouvant de l'idylle de deux "enfants", Miette et Silvère au milieu des insurgés.

Une femme
7.4

Une femme (1988)

Sortie : 14 janvier 1988. Roman

livre de Annie Ernaux

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

Dans le très émouvant livre La Place, il était question de son père. Il était naturel alors pour Annie Ernaux de consacrer un ouvrage tout aussi bouleversant à sa mère. Comme pour la Place, Une femme commence par le deuil. Pour en réalité plutôt parler des deuils puisqu'au delà de la mort physique, la perte de la mère est aussi la mort du dernier lien de l'auteure avec son milieu social d'origine. Ce livre n'est ni une biographie ni un roman nous précise-t-elle mais "peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire". C'est le cas de toute l'œuvre d'Annie Ernaux qui explore de livre en livre son expérience personnelle et qui s'en forcément le vouloir parle pourtant à tout un chacun. Quand le particulier fait écho à l'universel. La perte d'un parent n'appartient qu'à soi et pourtant tout le monde y sera normalement confronté. Dans une écriture concise sans pathos, Annie Ernaux ne se contente que des faits qui parle d'eux-mêmes. Son travail à la fois personnel et sociologique raconte ici encore le transfuge de classe tant désiré déjà par sa mère et pourtant redouté. Il parle aussi du lien mère/fille, de l'héritage et du faussé parfois qu'il peut en résulter. Mais surtout il y a une spontanéité dans cette plume qui cherche à exorcisé la perte et comprendre. "Elle aimait donner à tous, plus que recevoir. Est-ce qu'écrire n'est pas une façon de donner." Est-ce qu'écrire n'est pas une façon pour elle de garder ce lien ?

Le Jeune Homme
6.2

Le Jeune Homme (2022)

Sortie : 5 mai 2022. Roman

livre de Annie Ernaux

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

L'auteure Annie Ernaux nous avait habitué aux récits autobiographiques concis mais ici elle bat je crois son record. Pourtant comme souvent cette grande écrivaine que j'admire depuis longtemps sait soulever en quelques lignes des questions sociales notamment sur les femmes et sur les classes sociales en quelques lignes. Ici il est question d'un amour véritable mais qui se sait vite éphémère entre elle et un jeune homme de trente ans de moins qu'elle. Elle y retrouve les mœurs de son ancienne classe sociale chez lui, elle expose le regard des autres et y retrouve aussi la fille scandaleuse qu'elle pouvait être dans sa jeunesse. Elle y fait un surprenant parallèle avec son expérience de l'avortement clandestin déjà relaté dans l'un de ses chefs d’œuvres L'Evenement. Autant de piste de lecture de son histoire intime qui aurait tout de même mérité peut-être un peu plus que ces seulement 37 pages tant sa voix est devenue trop rare et pourtant si importante aujourd'hui.

Amours
6.9

Amours

Sortie : 1958 (France). Récit

livre de Paul Léautaud

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Ecrit en 1906 alors qu'il avait 34 ans, l'auteur et critique littéraire raconte ici son premier amour et ses débuts dans la vie citadine, ses amitiés, son père démissionnaire et l'armée (période bref). On retrouve déjà le verbe parfois espiègle et acerbe ainsi que le sens de la formule de l'auteur du Journal littéraire, sans concession et sans filtre, tenant la langue en haute estime. Surprenant de le voir aussi mélancolique déjà sur ses jeunes années surtout à la fin du livre.

Éloge de l'ombre
8

Éloge de l'ombre (1933)

Sortie : 1933 (France). Essai

livre de Junichirō Tanizaki

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Plus qu'un essai, une pérégrination philosophique et esthétique sur l'ombre sous tout ses aspects jusqu'au sanitaire. L'auteur en profite pour montrer les divergences de point de vue dans ce domaine entre le mode de vie et de vue occidentale et celui de l'Extrême Orient. On y retrouve toute la subtilité de l'art de vivre à la japonaise dans une langue pamphlétaire parfois surprenante, souvent apaisante. La moindre matière, disposition des pièces à vivre est particulièrement étudié pour une osmose artistique. Sa réflexion sur une origine culturelle différente pour les sciences élémentaires tel que la physique ou la chimie est très intéressante.

Baleine
8.1

Baleine (1982)

Sortie : 1982 (France). Nouvelle

livre de Paul Gadenne

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une courte nouvelle qui a fait beaucoup parlé à sa sortie pour sa qualité littéraire et sa réflexion cachée sur la fragilité de l'existence et de la beauté du monde. Ce cadavre de baleine, à la fois repoussante et pourtant fascinante, révèle à ce couple et à nous mêmes l'angoisse du vivant face à l'oubli.
Mon édition est suivi d'un beau texte mais différent, L'intellectuel dans le jardin, montre un jeune intellectuel au prise entre ses ambitions intellectuels et la vie qui l'entoure. La baleine est remplacé par le cadavre d'un papillon.

Bal à Espelette
6.1

Bal à Espelette (1986)

Lettres trouvées

Sortie : 1986 (France). Correspondance

livre de Paul Gadenne

StanDC a mis 4/10.

Annotation :

Ce texte réunis des lettres soi-disant trouvées dans le train par l'auteur. On espère effectivement qu'il les a trouvé étant donné la pauvreté littéraire et d'intérêt de leur contenu. L'auteur se contente de les commenter de façon parfois espiègle, essayant de vendre leur contenu. Mais les protagonistes dont la fameuse Youyou est juste agaçante et trop naïve. J'ai du mal à comprendre ce qu'il y a retenir de tout cela.

La Question
8

La Question (1958)

Sortie : 1958 (France). Récit

livre de Henri Alleg

StanDC a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il est de ces grands livres, ces grands textes qui sont des témoignages indispensable pour l'Histoire. La Question est bien de ceux-là, comparable au "J'accuse" de Zola comme le souligne l'historien Jean-Pierre Rioux. Henri Alleg relate de la façon la plus claire et sans emphase son calvaire, de son arrestation, aux séances de tortures à la gégéne ou la noyade dans la baignoire, l’humiliation, les discours de haine des paras. Le triste nom de Maurice Audin traverse ce parcours du combattant. Un compagnon de lutte d'Alleg qui aura une fin bien moins chanceuse et trop longtemps caché. Ce n'est pas qu'un témoignage personnel que nous livre le journaliste mais une confrontation avec la réalité de notre histoire, celle de la France et celle de l'Algérie. Un témoignage surtout pour montrer ce que l'Etat français était capable de faire au nom de son propre peuple. Pas étonnant que le livre est été si longtemps et férocement censuré. Essentiel.

Par-delà le crime et le châtiment
7.8

Par-delà le crime et le châtiment (1966)

Essai pour surmonter l'insurmontable

Sortie : 7 février 2005 (France). Essai

livre de Jean Améry

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Jean Améry est né après Auschwitz, il est né de l'expérience des camps et du ressentiment. Hans Mayer alias Jean Améry est mort à ses yeux et aux yeux de sa terre natale. Cet essai tente au départ une approche objective des faits. Améry parle alors en tant que témoin mais aussi en tant qu'intellectuel. Il veut décrire leurs places, leurs conditions singulières dans les camps puisque c'est celle qu'il a connu et qu'il ne veut pas parler aux noms des autres. Approche philosophique mais aussi psychanalytique comme lorsqu'il décrit l'expérience de la torture en passant par son expérience personnelle. Ce que l'on entend dans ses mots c'est le désespoir de quelqu'un qui n'a pas fait le deuil du déracinement. Pour lui, la terre natale est cruciale. Une terre dont on l'a privé alors qu'il s'y sentait pourtant intégré (on sait notamment que l'auteur était un admirateur de la littérature du terroir allemand et parlait un patois local). Il interroge aussi la judéité. Même sans être croyant, cette expérience l'a fait devenir sensible à la cause juive, à ce peuple dont il ne peut maintenant plus qu'appartenir à défaut de ces racines antérieures évincées. Contrairement à certains de ses contemporains, Jean Améry revendique aussi son ressentiment face au manque de culpabilité non seulement des acteurs directs du massacre de masse mais aussi de la société entière en particulier allemande et aussi des générations suivantes. Il critique également l'idée de "banalité du mal" de Arendt (à mes yeux, en très modeste connaisseur, beaucoup d'anciens déportés interprètent mal cette notion mais comment leur en vouloir). La colère et la peur de voir la catastrophe recommencer semble parfois aveugler la réflexion de cet homme comme il le craint lui-même à la fin. Mais ce serait passé à coté de l'essentiel de son ouvrage qui est un véritable et honnête appel à la reconnaissance des disparus et la vigilance des temps à venir.

Rafaël derniers jours
7.8

Rafaël derniers jours (1991)

The Brave

Sortie : 1996 (France). Roman

livre de Gregory McDonald

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Une référence du roman policier que l'on m'a fait découvrir. Une alternative glauque et déchirante sur le thème pris et repris de la Peau de chagrin. Rafael vit à coté d'une décharge dans la misère la plus extrême, aux Etats-Unis. Pour subvenir au besoin de sa famille, il prend une solution radicale que l'on sait dès le début. Sachant que son avenir ne lui apporte rien de bon à part galères et gueules de bois, il accepte le job d'acteur-victime dans une boite de production de snuff-movies, des films de meurtres entre autres, sous tortures et bien sûr sans trucages. Et cela en échange de 300 000 dollars pour sa famille et ses proches. Ce sont donc les derniers jours d'un condamné volontaire que l'on suit avec de plus en plus d'amertume, l'auteur communiquant une sympathie pour son personnage principal que l'on suit dans un univers sombre, pas à la hauteur de son sacrifice sauf sa famille. Le style est simple, il donne une vision sordide de la nature humaine mais reste surtout un hommage radical aux miséreux, sans ressources, les rebus de la société. Les passages sur sa femme et ses enfants sont plus fleurs-bleues. Le symbole ultime c'est le fait que le personnage lui-même ne connait pas ses origines mais que les dominants, le producteur malsain entre autre, le prennent pour un indien, symbole de l'Amérique dénigrante. Percutant et sordide.

Vie et Destin
8.5

Vie et Destin (1962)

Zhizn i Sudba

Sortie : 1980 (France). Roman

livre de Vassili Grossman

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

Une lecture d'été peut-être pas judicieuse puisque trop souvent entre-coupé. J'ai donc malheureusement un peu trop trainé en longueur ma lecture pour un livre qui est déjà quantitativement une somme. Mais cela ne m'empêchera d'évaluer l'importance et la richesse intellectuelle de ce livre dont on ne s'étonnera pas qu'il fut interdit par le régime soviétique même post-stalinien. Vassili Grossman y fait tout de même un certain parallèle entre le mécanisme du nazisme et celui du stalinisme voir même du système soviétique avant lui. Le roman est enrichit de réflexion philosophique et référence culturelle à la Russie soviétique et ses pays aujourd'hui frontaliers. On y suit à taille humaine, à travers particulièrement le destin d'une famille, les affres de la bataille de Stalingrad, sur le front comme à l'arrière, chez les civils comme chez les militaires. Et Grossman montre aussi la complexité de la situation des juifs dans une Russie qui procédait souvent à des pogroms alors que raisonnaient dorénavant les rumeurs des camps d'extermination nazi. On ressent aussi très bien les malheurs causé par le système jusqu'au-boutiste et ultra surveillé du stalinisme avec ses inepties administratives, la misère et le règne de la peur où chacun surveille l'autre.

Tenir sa langue
7.1

Tenir sa langue (2022)

Sortie : août 2022 (France). Roman, Autobiographie & mémoires

livre de Polina Panassenko

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un roman autobiographique qui raconte comment et surtout pourquoi l'auteure a voulu se battre pour récupérer son prénom: Polina au lieu de Pauline. Le livre est très plaisant à lire surtout qu'il parle de sujet parfois grave dont le deuil mais avec une tournure judicieuse: celle de l'enfance. Mais pas la naïveté de l'enfance. Au contraire, sa franchise, son coté sans filtre. Au monde sérieux des adultes, la jeune Polina montre le dérisoire voir l'absurde. Le titre est parfaitement choisi et permet l'audace de l'interprétation phonétique illustrant l'apprentissage des langues à hauteur de regard d'une enfant venu de sa Russie natale. C'est un bel hommage à ceux qu'elle aime et qui l'on fait mais sans aucun pathos bien au contraire. Il y a certain passage maladroit d'un premier roman cela-dit avec parfois le sentiment d'une volonté de faire rire ou réagir à tout pris comme une pudeur mal placé peut-être.

Sur la route
7.2

Sur la route (1957)

On The Road

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Jack Kerouac

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Enfin ! Il fallait bien un jour que je lise ce monument emblématique de la beat generation après avoir lu déjà le "Festin nu" et "Howl" de ses deux compères Burroughs et Ginsberg. Jusqu'à présent malheureusement le livre classique de Kerouac me tombait des mains. La faute peut-être à une écriture à première vu trop dense, trop lourde. Alors qu'en vérité au fur à mesure de la lecture le style de Kerouac paraît bien souvent ample et fluide avec un langage parlé imagé. La trame paraît certes répétitive. Ce qui pêche aussi par contre doit être surement dû à la traduction qui utilise parfois des tournures de phrase soutenu qui n'ont pas lieu d'être me semble-t-il. L'histoire de ce livre, c'est l'histoire d'une longue pérégrination, d'un auteur qui se cherche. Mais c'est surtout un vent de liberté qui emporte le lecteur, la sensation que Sal (alias Jack) pourra toujours s'en sortir. Il n'y a pas d'intrigue principal, chaque chapitre est un épisode, un lieu, des rencontres avec souvent des amitiés fortes parfois des amours (l'épisode avec la jeune mexicaine est particulièrement beau) mais jamais d'attache. Tout n'est pas rose pour autant et la liberté se paie chère entre les galères, les petits boulots et des concessions. Heureusement que tatie est là pour renflouer les caisses de quelques dollars en cas de pannes sèches. Kerouac montre ici que tout ça en valait la pêne. Il offre ici une belle définition du pouvoir de la littérature: l'esprit de liberté.

Les Exportés
6.8

Les Exportés (2022)

Sortie : 31 août 2022. Récit

livre de Sonia Devillers

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

La journaliste de France Inter a un don pour porter ses sujets et mener ses interviews dans ses émissions. Allait-elle pouvoir en faire autant en passant par l'écriture ? Et bien globalement oui. D'autant plus qu'il s'agit ici de son histoire familiale. Celle de ses grands parents en Roumanie de la Seconde Guerre mondiale à la dictature de Causescu. Si ce n'est quelques formules littéraires maladroites, Sonia Devillers fait preuve ici d'un travail de fond impressionnant riche de sources historiques et témoignages accablants. L'histoire peu connu de deux régimes dans un même pays, deux idéologies où la population juive était traité comme du bétail. Émouvant et sidérant.

StanDC

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