Cover Lectures 2023
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41 livres

créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a environ 2 mois
La Lorraine des ducs

La Lorraine des ducs

Sortie : septembre 2005 (France).

livre de Henry Bogdan

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Un ouvrage d'introduction idéal car accessible et agréable à lire par le grand historien Henry Bogdan qui rend un bel hommage à sa région d'adoption quitte à ressortir de cette lecture avec une envie presque de "lotharingiste indépendant". Le titre n'est pas trompeur, ce n'est pas une histoire populaire de la Lorraine. Il s'agit bien ici de dérouler les successifs règnes des ducs (et si peu les duchesses) qui ont eu la lourde tache de régner sur une terre morcelée, assise entre deux royaumes: le royaume de France dont elle subit et/ou choisi l'influence et le Sainte Empire Germanique, d'autant plus influente que la Lorraine et le Bar sont terres d'empire. L'Empire est lui-même dominé par la famille Habsbourg avec lesquels les familles ducales de Lorraine entretiennent des origines familiales. C'est sept décennies qui défilent devant nous et qui montre la place centrale mais aussi périlleuse de ce territoire du Haut Moyen Age à l'époque moderne. Tout finit à la mort du roi Stanislas (un duc constructeur mais aussi et surtout un pantin pour le roi de France, son beau-fils) en 1766 et laisse un goût amère à un peuple qui semblait choyer son indépendance et ses ducs et qui fut pourtant abandonné à son sort par l'un d'eux, François III, futur empereur. Une issue qui mis un temps considérable pour la France mais qui paraissait pourtant inéluctable.

La Chute de cheval
7.8

La Chute de cheval (1998)

Sortie : 1998 (France). Roman

livre de Jérôme Garcin

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Un beau paradoxe que cette naissance douloureuse d'une passion pour le monde équestre et les chevaux après la mort du père d'une chute de cheval. Personnellement pas très sensible à ce monde, Jérôme Garcin tente pourtant par de nombreux aspects de rendre grâce et déstructurer parfois les clichés sur ce monde équestre si particulier. On y retrouve l'origine de deux passions de l'écrivain-critique, similaire à celui du père perdu, lui-même éditeur, le cheval et la littérature. L'auteur se livre d'ailleurs à un exercice intéressant à la fin du livre, en donnant une bibliographie basé sur ses deux sujets. Alors qu'il le dénonce souvent lui-même dans ses critiques, Jérôme Garcin use parfois un peu trop à mon goût de formule parfois un peu lourde et pompeuse. Reste un bel hommage sensible mais sans pathos, dont je reste plus sensible lorsqu'il parle du père ou de sa relation personnelle avec l'animal que de l'historique du monde équestre.

Ne t'arrête pas de courir
7.6

Ne t'arrête pas de courir (2021)

Sortie : 19 août 2021. Roman

livre de Mathieu Palain

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Deuxième livre lu de Mathieu Palain toujours aussi intéressant sur le fond avec un thème proche de Sale Gosse mais ici le journaliste/auteur s'intéresse au cas particulier de Toumany Coulibaly, un athlète olympique qui devient voleur la nuit. Un cercle vicieux qui l'enfonce de plus en plus vers un destin paradoxale entre grand sportif et délinquant. Mais Mathieu Palain livre aussi beaucoup de lui-même, sur le choix de son sujet, la relation d'amitié avec Toumany, son métier et sur leur parcours réciproque les deux ayants le même âge et la même passion pour le sport. Le style est encore une fois honnête et sensible, un portrait journalistique porté par son sujet mais sans cet élan littéraire qu'il manque à mes yeux.

Malgré-elles

Malgré-elles

Essai, Récit

livre de Nina Barbier

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Au départ documentaire pour la télévision, la documentariste Nina Barbier a convertit son travail en livre de témoignages qu'elle a répartie dans des chapitres judicieusement introduit par une mise en contexte brève et claire. L'objet de ce livre est de donner la parole à ces femmes qui ne l'ont pas eu jusqu'à présent. Un sujet important pour l'autrice étant donné l'histoire de sa propre grand-mère. On connait bien maintenant les "malgré-nous" mais on oublie bien souvent leur pendant féminin qui ont du servir contre leur grès l'Allemagne nazi à travers le RAD (sorte de STO) puis par le KHD, incorporation plus militaire. Les témoignages s'enchainent accompagnés d'une riche collection de photo venu pour beaucoup des fonds privés des témoins. On comprend alors tout l'ampleur de cette machinerie nazi qui eu un impact indéniable sur les corps et les esprits de ces jeunes femmes enlevées de leur famille, leur milieu, leur langue et leur pays. On changeait jusqu'à leur nom qui devait être germanisé. Les situations étaient hétéroclites selon leurs affectations, la chance ou malchance et leur niveau de langue allemande. Un travail historique essentiel, très émouvant et salutaire pour leur reconnaissance, accessible à tous et à mettre entre toutes les mains.

Ce genre de petites choses
7.2

Ce genre de petites choses

Small Things like these

Sortie : 5 novembre 2020 (France). Récit

livre de Claire Keegan

StanDC a mis 5/10.

Annotation :

Très déçu par le style de ce livre avec notamment des dialogues mielleux, pas du tout réaliste et fade, digne d'une mauvaise pièce de théâtre. Heureusement la deuxième moitié du livre est plus intéressante sur le fond mais la forme reste pauvre et maladroite. Le roman s'inspire d'affaire d'exploitation de jeunes femmes en Irlande, des filles-mères exploitées dans des couvents qui faisaient office de blanchisserie. Elles vivaient dans des conditions exécrables, à peine alimentées et maltraitées. Quant aux enfants nées dans des conditions douteuses, ils étaient de suite séparé de leurs mères et pour ceux qui survivaient, on les donnait à l'adoption. Le scandale a éclaté surtout grâce à la pugnacité d'un homme qui passa outre les pressions de ces religieuses, pourtant influentes dans le village. C'est ce personnage qui est mis au centre du roman en mettant en parallèle son histoire personnel d'enfant né de père inconnu et d'une mère qui aurait pu être l'une des malheureuses pensionnaires du couvent. L'idée n'est pas mauvaise mais du coup l'histoire des principales intéressées passe largement au second plan.

Le Ventre de Paris
7.5

Le Ventre de Paris (1873)

Sortie : 1873 (France). Roman

livre de Émile Zola

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Sûrement pas mon préféré de la saga mais il y a bien entendu de très bonnes choses dans ce roman, chronique de la bassesse et des méandres de la rumeur qui envahit les Halles de Paris. Personnage naturaliste à souhait, Florent fait écho aussi au Valjean de Hugo pour moi. De retour des galères, l'idéaliste devra affronter les batailles internes des marchands et marchandes des Halles. Une petite société plus soucieuse de garder son statut et les apparences que de fonder un idéal. Les descriptions des étalages de viandes, poissons, fruits et légumes nous immergent dans ce milieu quitte parfois à nous gaver.

Un requiem athée
4.3

Un requiem athée (2013)

Sortie : 19 septembre 2013. Essai

livre de Michel Onfray

StanDC a mis 3/10.

Annotation :

Il faut surement blâmer l'éditeur qui aurait surement du persuader l'auteur de ne pas publier ce texte écrit sur le coup de l'émotion mais littérairement pauvre.

Le Fusil de chasse
7.5

Le Fusil de chasse (1949)

Ryoju

Sortie : 1963 (France). Recueil de nouvelles

livre de Yasushi Inoué

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Un roman sur les méandres de l'amour construit autour de trois lettres adressé au même homme. Un homme qui cru bon de partagé cette correspondance avec un poète ayant publié des vers dans une revue de chasse. C'est une étrange entrée en matière dans cette histoire d'adultère, un amour interdit où se mêle culpabilité et sacrifice. Pourtant en ces quelques pages tout parait cohérent et surgit la délicatesse sans maniérisme des sentiments douloureux de l'amour. Cela me fait penser à Sandor Marai et au cinéma de Mikio Naruse.

Les Mots
6.8

Les Mots (1964)

Sortie : 1964 (France). Autobiographie & mémoires, Récit

livre de Jean-Paul Sartre

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

On m'avait décrit ce livre comme plaintif. Averti j'ai choisi dans sourire et surtout j'ai pu constater qu'il ne l'était pas tant que ça. Son excellent début montre plutôt le philosophe cynique sur l'histoire de ses aïeux. Le livre aborde surtout au cours de ses deux chapitres une approche de la lecture puis de l'écriture durant l'enfance qui peut parler à tout un chacun. Un bel hommage aux livres et à la lecture. L'exercice serait parfois comparable à pas mal d'auteur comme Nathalie Sarraute, en tout cas en ce qui concerne la place de l'enfant qu'ils étaient au milieu du cercle familial. Sartre essaye d'avoir une approche lucide sur ses proches et lui-même, sur sa relation envers la religion chrétienne qui l'a beaucoup touché de par son milieu (le grand père était destiné à être prêtre) et sur son aspect physique et intellectuel.

Faire mouche
6.7

Faire mouche (2018)

Sortie : 4 janvier 2018. Roman

livre de Vincent Almendros

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

L'écriture de Vincent Almendros est comme une photographie instantané bien cadré où rien ne dépasse. Ce qui peut la rendre fade par moment, par son style simple (certains diront pauvre) mais permet aussi de capturer un héritage familial et social. Les Editions de Minuit sont spécialiste dans le genre de roman aux arrières goûts de polar. Mais ce "goût" n'arrive vraiment qu'au dernier instant de ce court roman même si on perçoit de ci de là quelque chose qui cloche dans cette histoire. L'histoire de Laurent qui retrouve ces terres natales à l'occasion du mariage de sa cousine et pour revoir son oncle mourant. La mort rode d'ailleurs sur cette famille à l'histoire troublante à l'image de la relation avec cette mère ambigüe, au lourd passif.

La Lorraine pour horizon

La Lorraine pour horizon

La France et les duchés, de René II à Stanislas

Sortie : 1 juin 2016 (France). Histoire

livre de Laurent Jalabert et Pierre-Hippolyte Pénet

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Une très bonne synthèse de l'histoire du duché de Lorraine et de Bar abordable et enrichi d'une iconographie savante. Les auteurs abordent cette riche histoire sur le plan économique, politique, diplomatique mais aussi culturel. Ils mettent en avant aussi des figures plus ou moins connus qui donnent envie d'approfondir ses connaissances dans ce domaine.

Méridien de sang
7.8

Méridien de sang (1985)

Blood Meridian

Sortie : 14 avril 1988 (France). Roman

livre de Cormac McCarthy

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

La vision de la naissance de l'Ouest américain par une sorte d'héritier de Steinbeck sombre, à la prose précise et sanglante. Comme si l'auteur avait perdu toute illusion. Le livre s'inspire de l'histoire des massacres perpétraient par John Joel Glanton et sa bande dans l'Ouest américain entre 1849 et 1850. Après avoir récupéré dans la bande celui qu'on appellera "le gamin", s'en suit une série de massacre de leur part mais aussi de la part des indiens ou encore des mexicains. Une surabondance de violence qui pourra rebuter plus d'un lecteur mais on ne peut que reconnaitre le talent d'écriture d'un auteur devenu vite un classique dans son pays. C'est le premier livre que je lis de lui et je dois dire l'ambivalence de mon ressentit. J'ai pu être las à quelques moments dans le récit de ce déluge sanglant. Mais mon impression général reste largement positif surtout parce que malgré cela, Cormac McCarthy montre la beauté et la force littéraire de ce qui ressemble à une épopée, la naissance d'un monde nourri par le sang des Hommes. Les références bibliques et les réflexions théologiques voir philosophiques sont nombreuses d'ailleurs. Le juge, personnage charismatique du roman et de la bande, fait ainsi penser à une sorte de Zarathoustra, un prophète désenchanté.

Mercier et Camier
7.7

Mercier et Camier (1970)

Sortie : 1970 (France). Roman

livre de Samuel Beckett

StanDC a mis 9/10.

Annotation :

Rédiger avant sa fameuse trilogie des Molloy mais publié en France seulement en 1970, se livre fait écho au travail à venir de Samuel Beckett avec tout l'absurde auquel on s'attend. La rencontre entre les deux personnages donne tout de suite le ton. Il y a de l'humour dans ce récit et de l'audace qui sera poussé à l'extrême dans les œuvres qui suivront (parfois pour certains trop). J'ai adoré la scène dans l'hôtel où les deux lurons se bourrent la gueule au whisky alors que le détective privé Camier avait donné rendez-vous à un client qu'il envoie baladé le lendemain. Le style de Beckett est incisif, une écriture faite de phrase courte qui rythme la lecture et bouscule le lecteur par sa façon désopilante de passer du coq à l'âne et l'art de fasciné avec peu. Car au final, tout cela pour une histoire de deux vieux illuminés qui planifient leur départ de la ville pour en faite abandonner le projet. Et pourtant ça marche !

La Mare au diable
6.6

La Mare au diable (1846)

Sortie : 1846 (France). Roman

livre de George Sand

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Première lecture de George Sand, par un de ses plus connu, son classique. Bon j'espère découvrir mieux que cette histoire un peu désuète. Une histoire champêtre sur le laboureur Germain en quête d'une épouse après la mort de sa bien aimée. La jeune bergère Marie pourra-t-elle le consoler ? Bref on devine vite la fin. Le style est assez daté avec des dialogues peu réalistes. Le souci et l'intérêt de cette œuvre se dévoile dès la note de l'auteur. C'est celui de rendre grâce à la noblesse d'esprit et une certaine dignité des us et coutumes d'un monde paysan qui a l'époque reste presque au seuil de la modernité, presque moyen ageuse. C'est tout à l'honneur de l'écrivaine d'avoir eu ce souci de rendre hommage avec modestie, prenant compte des limites de sa démarche.

Le Bateau-usine
7.9

Le Bateau-usine (1929)

Kanikōsen

Sortie : 9 octobre 2009 (France). Roman

livre de Takiji Kobayashi

StanDC a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un livre incroyable signé par un auteur japonais courageux qui paiera de sa vie ses convictions, torturé à mort par la police politique alors qu'il n'avait que 31 ans. Ce livre raisonne comme un Potemkine japonais. Dans une écriture âpre, juste et sans rien nous cacher de l'horreur, le livre raconte l'embarquement et les conditions de vie des ouvriers et pêcheurs sur ces bateaux-usines, des rafiots récupérés par le Japon après la guerre russo-japonaise réhabilités en usine flottantes, précaires. Nous sommes dans les années 20 et beaucoup de japonais vivant dans la misère et les dettes ne trouvent que des métiers pénibles avec une exploitation proche de l'esclavage. Ils viennent de milieux différents, étudiant, paysans, ouvriers. Les mauvais traitements et les actes punitifs sont quotidien et à cela se rajoute les maladies. Face aux agissements inhumains de l'intendant, la révolte gronde. Takiji a réuni ici plusieurs sources, témoignages et articles de presse notamment, pour écrire l'inimaginable, l'insoutenable et pourtant réel. Nous sommes ici dans ce qu'il y a de pire niveau de l'exploitation et de l’annihilation de l'Homme. Parfois dérangeante, la lecture de ce livre reste cependant une rencontre avec une œuvre essentielle dans ce qu'il faut appeler la littérature prolétarienne qui a fait écho bien au-delà du Japon.

Personne ne gagne (Yegg)
8.1

Personne ne gagne (Yegg)

You Can't Win

Sortie : 1926 (France). Roman, Récit

livre de Jack Black

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Mémoires d'un voleur vagabond devenu archiviste. Publié en 1926, ce livre nous plonge dans l'Amérique des dépravés, des clochards et surtout des yegg. Ce livre a été une source d'inspiration pour la Beat Generation, surement pour son coté épuré et authentique. Pas de grands mots littéraires ici, ni de description alambiqué. Ce sont de véritable confession d'un cambrioleur, vagabond, accro à l'opium mais nourrit de grands principes. Il a un code d'honneur envers les siens et des règles certainement issu de son enfance chez les bonnes sœurs. On aurait pas aimé être victime de ses larcins mais on ne peut que comprendre et rentrer en empathie pour cet homme qui quelques années avant de mourir essaie de regarder son passé et se racheter une conduite. On retient aussi un homme épris de liberté mais à quel prix ! Des années de prisons derrière lui qui lui ont valu des expériences plus ou moins douloureuses dans l'univers carcéral. Le livre tourne aussi vers un hymne à la paix (intérieur), contre le ressentiment.

33 jours
7.7

33 jours

Sortie : 15 octobre 2015 (France). Roman

livre de Léon Werth

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Saint-Exupéry restait admiratif de cette œuvre de son ami qui délivre un témoignage au plus près de la débâcle française de juin 1940. 33 jours où tout bascule, de l'exode au début de l'occupation allemande. C'est la banalité d'un monde qui bascule vers une autre et cherche de nouveaux repères. Léon Werth y montre autant la solidarité que la bassesse des êtres, la force de la rumeur, le bouc émissaire, la panique. En 33 jours seulement les enjeux de la population sous emprise apparaissent déjà: seront-ils attentistes, collaborationnistes ou résistants (même si de ce dernier stade il est encore peu question) ? Dans un style littéraire travaillé l'auteur nous donne à voir toute l’ambiguïté de la situation et se met à hauteur de ses contemporains. Loin d'être au-dessus de la mêlée, il n'hésite pas à mettre sur papier ses propres défauts. Il montre aussi les bontés et malhonnêtetés qui peuvent naitre de l'envahisseur comme de l'envahi.

Attaquer la terre et le soleil
7.4

Attaquer la terre et le soleil (2022)

Sortie : 1 septembre 2022. Roman

livre de Mathieu Belezi

StanDC a mis 6/10.

Annotation :

Premier livre que je lis de Mathieu Belezi qui apparemment à beaucoup écrit autour de l'Algérie, la guerre mais ici il est plus question de la désastreuse colonisation française alternativement décrite par une femme partie comme colon avec sa famille et un soldat français dont on ne saura rien, en mission de "pacification" mais en vérité qui multiplie les massacres et exactions. L'auteur est comparé à Faulkner, pour ma part il n'en est rien ou presque. Niveau violence on est à la hauteur de Méridien de sang de McCarthy mais avec un côté parfois voyeuriste qui me dérange. Dans le style on se rapproche plus d'Éric Vuillard ou encore Joseph Andras mais en un peu moins bien. Il y a une envie de montrer une réalité crue avec le soucis de faire œuvre littéraire tout de même. Intéressant mais pas aussi incroyable que ce que j'avais espéré.

Le colonel ne dort pas
6.8

Le colonel ne dort pas (2022)

Sortie : 19 août 2022. Roman

livre de Emilienne Malfatto

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Dans un pays qu'on pourrait dire imaginaire, une armée amorphe au lendemain d'une dictature continue une guerre de Reconquête sans grande conviction. Parmi eux, un colonel que l'on appelle le "spécialiste" pour ses fonctions de tortionnaire lors d'interrogatoire que l'on devine musclé voir sanglant. La filiation annoncé en quatrième de couverture avec Buzzati et le Désert des Tartares est évidente. On peut regretter parfois le maniérisme dans le style de l'auteur mais globalement le processus littéraire est bien mené. Les chapitres alternent entre récit de la déchéance d'une armée qui mène une guerre sans conviction et récit poétique autour des pensées du colonel qui voit ses démons (ses victimes) le rattraper dans un sommeil perdu qui le conduira au repos éternel.

Voyage de classes
8.3

Voyage de classes

Sortie : 9 octobre 2014 (France). Culture et société

livre de Nicolas Jounin

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un travail sociologique intéressant où l'auteur aborde son expérience en tant que professeur de sociologie en Seine Saint Denis. Nicolas Jounin promeut une étude pratique, sur le terrain dont il démontre plus longuement l'intérêt pédagogique dans sa conclusion. Il emmène alors ses élèves d'un milieu modeste étudier les beaux quartiers de Paris 8. Le fossé est grand comme on s'y attend et il faut au départ passer outre les portes ouvertes des premières conclusions. Le livre fait la part belle à un soucis de méthodologie de la discipline, ce qui peut être intéressant et nécessaire mais quelques fois rébarbatif au lecteur lambda. Les témoignages recueils sont par contre très éclairant sur le milieu étudié et montre les écarts hallucinants existants. Au fur et à mesure, on comprend aussi que l'intérêt du travail de Nicolas Jounin c'est d'en apprendre autant sur les enquêtés que sur les enquêteurs. Dernier point important, dans l'esprit de ce professeur le but était aussi de porter une étude sociologique sur les milieux aisés alors que jusqu'à présent la majorité des travaux porte plus souvent sur les minorités ou milieux défavorisés.

L'Éthique aujourd'hui
6

L'Éthique aujourd'hui (2007)

Maximalistes et minimalistes

Sortie : février 2007. Essai, Philosophie

livre de Ruwen Ogien

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un livre pertinent sur la place de la morale et par la même de l'éthique dans notre société. Ruwen Ogien défend une éthique minimaliste c'est à dire l'idée que la morale ne soit limité qu'au seul soucis de ne pas porter atteinte à autrui. Tant que cette limite est respecter, aucune entrave morale quelle soit sociale ou étatique ne devrait être promulgué qui porterait ombrage à notre liberté individuelle. Cela impliquant par exemple notre orientation sexuelle, consommation de drogue, suicide ou encore le choix de pouvoir ou non mettre à profit les "talents" que nous aurions. Ogien dénonce le paternalisme sous toutes ses formes et met en cause la philosophie morale comme celle de Kant qu'il met facilement en désuétude. Pour construire son éthique minimaliste, le philosophe s'appuie notamment sur la pensée innovante pour son époque de John Stuart Mill lui-même héritier de l'utilitarisme de Bentham. Un courant philosophique s'est alors ouvert à moi par cette lecture que je compte bien approfondir. L'approche pédagogique mais sans vulgarisation (malgré les sujets abordés comme la masturbation) permet une lecture assez aisé. L'auteur ne manque pas d'inclure certains traits d'humour d'ailleurs. Le principe de non-nuisance est est au cœur de l'idée minimaliste. De ce concept découle une réflexion sur le bon samaritain, l'impartialité et la dignité humaine. Ce dernier est abordé dans un dernier chapitre plus ambigüe conjointement au terme de "consentement" dont l'auteur détermine l'ambivalence et la difficulté à être établi. Que l'on ne se méprenne pas, Ruwen Ogien ne nie pas l'importance du consentement mais montre la fragilité et la dérive de ce concept. C'est vrai certes mais trop grave pour être balayer sans véritable alternative ou pour ne donner au consentement qu'une "valeur relative" justifiée par les principes de non-nuisance qui sont eux-mêmes assez flou. On pourra aussi enfin s'interroger sur l'exemple du suicide comme liberté individuelle respectueux du principe de non-nuisance ou alors indirectement. Une liberté oui mais sa non-nuisance est donc relative. Cela étant factuellement le suicidé n'entrave qu'à sa propre existence en premier lieu. Cet exemple montre ambivalence de l'éthique minimaliste même si fondamentalement elle reste plausible et pour ma part louable dans son soucis premier de garantir les libertés individuelles. Que l'on soit d'accord entièrement ou partiellement avec l'ouvrage, il a le mérite de mettre en garde contre une police morale

De la Liberté
7.5

De la Liberté (1859)

On Liberty

Sortie : 1859 (Royaume-Uni). Essai, Philosophie

livre de John Stuart Mill

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

L'utilitarisme de Mill est connu pour avoir bousculer celui de Bentham vers une perspective individuelle en promouvant la liberté de chacun contre le diktat de la majorité ( et pas le bonheur du plus grand nombre au dépend des minorités). Le philosophe anglais fait émerger ses idées dans un monde en plein bouleversement idéologique. Ce bouillonnement intellectuel permet à Mill des propositions innovantes, audacieuses et prophétiques pour les régimes démocratiques qui émergent. Seul vrai problème, certains exemples et des généralités montrent une œuvre un peu datée. Heureusement ce n'est pas le cas de la plupart de ses conclusions qui mettent au centre la liberté individuelle dans la limite de l'impact nocif qu'elle peut avoir sur celle d'autrui. Et sur la définition de cette limite il y a beaucoup à redire entre celle de Mill, plus restrictive avec l'intervention de l'Etat notamment sur certains devoirs du citoyen au nom du bien commun, et celle de Ruwen Ogien, beaucoup plus large avec son éthique minimaliste. Dernier point, sur le libéralisme économique, Mill me semble pas tout à fait clair, à voir dans ses œuvres d'économiste.

Oncle Vania
7.8

Oncle Vania (1897)

(traduction André Markowicz et Françoise Morvan)

Dyadya Vanya

Sortie : 1994 (France). Théâtre

livre de Anton Tchékhov

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Anton Tchekov sonde les esprits et révèle comme souvent la vanité de notre existence avec cet Oncle Vania, homme frustré qui sent qui l'a gâché sa vie à rester dans l'ombre d'un intellectuel froid et plaintif, son beau-frère Sérébriakov. Autour de ce dernier s'affaire des personnages qui perdent leurs illusions à l'occasion de la fin de ce séjour d'été dans la maison géré par sa fille Sonia et l'Oncle Vania. La désillusion amoureuse est aussi présente en particulier autour du personnage d'Elena, jeune femme de Sérébriakov, qui n'a que pitié pour son vieil époux et se refuse à céder à l'amour qu'elle porte au docteur Astrov. Dans cette histoire, ni l'argent ni l'amour ne se révèlent un réconfort. Dans une magnifique dernière scène, c'est la pauvre Sonia qui donne la dernière réplique à son oncle afin qu'ils trouvent ensemble le repos dans la conscience de leur existence, malheureux mais apaisé.

Odile l'été
6.6

Odile l'été (2023)

Sortie : 6 avril 2023. Roman

livre de Emma Becker

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Deuxième livre de la collection Fauteuse de trouble dirigé chez Julliard par Vanessa Springora, dont j'avais entendu plutôt du bien. L'autrice Emma Becker était déjà connu pour ses livres quasi ou à la limite de l'auto-fiction sur sa sexualité. Qui de mieux donc pour participer à cette collection de livre érotico-féministe. L'ambition de Vanessa Springora est de bousculer les codes du genre (littéraire et sexuel) et donner surtout aux femmes, aux autrices, une possibilité d'explorer la sexualité avec leurs mots comme elles n'en avaient jusqu'ici que trop peu eu l'occasion. D'après ce que j'ai pu entendre d'elle, Emma Becker est d'un féminisme qui ne plait pas à toutes (ex: polémique autour de son livre La maison, sur une maison close) et qui est un féminisme par défaut. Pour faire cours, l'irrévérence qu'on a pu lui prêter sur sa façon d'aborder la sexualité traduit en faite un tabou qui n'a plus lieu d'être selon elle. Pour ce qui est d'Odile l'été, érotisme oblige, la sexualité y est parfois frontal, certains pourront dire même pornographique mais tout est dans le style. Un style qui ne fait pas de détour et garde quelques formules littéraires pour sonder l'ambiance ou l'atmosphère parfois cru d'autre fois d'un charnel plus enveloppé. Il faut dire que tout y passe entre pratique échangiste, SM et autres, la narratrice et Odile, copine d'enfance, explorent et racontent leurs vies sexuelles dans une écriture linéaire et fluide. Au-delà du simple érotisme, Emma Becker s'aventure vers la question du jeu de domination de la sexualité et l'hétérosexualité comme fin naturelle de la sexualité. Concernant la domination, elle montre que celle-ci ne se résume pas à un ascendant imposé te instinctif de l'homme sur la femme mais sur un schéma sexuel qui peut être reproduit tout autant dans une relation homosexuel à défaut. Ne faudrait-il donc pas inventer d'autres codes ? Concernant l'orientation sexuelle, le récit démarre par la découverte du désir sexuel entre deux jeunes filles mais comme si tout cela n'était en faite qu'une préparation avant leur rencontre avec la gente masculine, en tout cas pour Odile alors que pour la narratrice pas vraiment. La première partie du livre peut (et m'a un peu) choqué de part la précocité et la différence d'âge entre les jeunes filles et leurs prétendants sexuels masculins. Il s'agit plus dans ce cas pour l'auteure de déplorer un ascendant malsain que de créer le fantasme. Tout cela démontre bien que le livre porte un intérêt au-d

Le Livre du rire et de l'oubli
7.4

Le Livre du rire et de l'oubli (1978)

Kniha smíchu a zapomnění

Sortie : 1979 (France). Roman

livre de Milan Kundera

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

C'est l'un de mes auteurs préférés, qui m'a fait rencontrer ce qui reste à mes yeux LA littérature sous l'un de ses plus grands aspects. Le livre est construit par des chapitres qui semblent à première vu des nouvelles mais avec des récits et des réflexions qui se croisent et s'entrecroisent. Pour Kundera, le personnage clé est celui de Tamina, la plus belle histoire de ce recueil. Comme dans beaucoup de ses œuvres, Kundera se sert du roman en y accompagnant tout son pouvoir réflexif. Pour cela, il n'hésite pas à intervenir en injectant même sa propre histoire. Cela laisse place à des positions tranchées sur son pays d'origine et à de très beaux passages sur son père et la musique. Il y a un passage très intéressant sur la notion tchèque du litost, intraduisible dans d'autres langues et qui renvoie à l'adolescence comme à la volonté d'une défaite volontaire plutôt qu'impose. Le rire c'est celui de situation ubuesque tant dans un état totalitaire que dans les méandres intimes, plus précisément de l'amour et du sexe. L'oubli, c'est celui des peuples car leur dirigeants n'ont d'intérêt que pour l'avenir.

Gaspard de la nuit
8

Gaspard de la nuit (2018)

Autobiographie de mon frère

Sortie : 29 août 2018. Roman

livre de Elisabeth de Fontenay

StanDC a mis 8/10.

Annotation :

Laisser une trace sans outre passer la place et surtout la parole d'un frère qui n'en a presque pas. C'est l'exercice difficile et sensible auquel s'attaque la philosophe Élisabeth de Fontenay. Alternant récit familial et approche philosophique, l'autrice montre ainsi le contexte difficile de la guerre et des mentalités de l'époque. Par ce frère handicapé et juif, Élisabeth de Fontenay évoque alors la double oppression subit par le nazisme sur ceux qui étaient considérés comme sous-hommes. L'intellectuel développe aussi l'évolution de la pensée philosophique et psychanalytique sur le handicap mental quitte à me perdre parfois sur la distinction entre animal et humain. Reste des pages très émouvantes et pleine de sincérités sur cette relation si singulière entre une sœur et son frère.

Le Bleu du ciel
7.4

Le Bleu du ciel (1957)

Sortie : 1957 (France). Roman

livre de Georges Bataille

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

En réalité écrit en 1935, Le bleu du ciel est le premier livre que je lis de l'auteur. Je savais l'écriture de Georges Bataille plutôt subversive donc pas trop de surprise de ce côté. Son personnage principal Troppman est un sadique manipulateur qui entraîne dans son désespoir son entourage composé en majorité de femmes. C'est en partie à cause de l'une d'entre elle, Dirty, qu'il souffre. Il souffre d'ailleurs avec elle contrairement aux autres qu'il fait souffrir. Cette descente aux malheurs se fait sur fond d'une ville de Londres mal famé, d'une Barcelone en pleine guerre civile et enfin d'une Allemagne envahi par une jeunesse hitlérienne qui ferait presque oublier les horreurs et le malaise ressenti par le récit. Car en effet, ce livre ne plaira assurément pas à tout le monde par son manque d'empathie pour le personnage, les scènes de biture scabreuse avec même de la nécrophilie. Âme sensible s'abstenir.

Le Sermon sur la chute de Rome
6.9

Le Sermon sur la chute de Rome (2012)

Sortie : 22 août 2012. Roman

livre de Jérôme Ferrari

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Deuxième livres lu de cet auteur, prix Goncourt 2012 qui n'est pas le plus illogique mais j'avais pourtant beaucoup plus aimé À son image. Certains trouveront prétentieux le parallèle entre le sermon de Saint Augustin et la chute que l'on sait inexorable dès le départ du monde de Marcel, grand père aigri fatigué de ses défaites familiales et professionnelles, et celle de sa famille. Particulièrement celle du petit fils Matthieu, enfant gâté mal-aimé par Marcel qui suit son meilleur ami Libero comme son ombre. Ils finissent par ouvrir un bar dans leur Corse natale mais le bonheur n'est pas éternel. Le sermon n'apparait au départ que dans les titres de chapitres (s'est aussi le sujet de recherche de Libero) mais il ne sera réellement mis en avant que dans le dernier chapitre. C'est dommage car cela coupe le récit dans une fin haletante. Jérôme Ferrari est un très bon conteur avec des réflexions digne de sa formation de philosophe et un style travaillé mais qui aurait pu y gagner avec quelques coupures dans des phrases parfois trop longues avec des détails inutiles. Globalement le livre est prenant et sur fond de réflexion subtil sur la fin d'un monde, une petite mort de ce qui nous entoure pour que le cycle de la vie se perpétue sans nous. Œuvre donc plutôt pessimiste et réaliste sommes toutes.

Jours tranquilles à Clichy
7.2

Jours tranquilles à Clichy (1956)

Quiet Days in Clichy

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Henry Miller

StanDC a mis 7/10.

Annotation :

Un livre dérangeant à certains égards pour ses scènes de sexe qui feraient grincer des dents aujourd'hui. Même si elles sont nombreuses, on détecte au milieu de ces orgies une véritable fascination pour la vie de bohème et une ode à l'insouciance dans le Paris de l'époque. Il y a un Henry Miller beaucoup plus sentimental dans le deuxième texte intitulé Mara-Marignan.

La Chambre rouge
7.5

La Chambre rouge (1925)

Akai heya

Sortie : 1995 (France). Recueil de nouvelles

livre de Edogawa Ranpo

StanDC a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Recueil de nouvelles dans une ambiance plus ou moins glauque et sombre voir humour noir. Il y en a deux dans le genre policier. Malgré le côté dérangeant de certaines histoires, surtout la première, le style et la construction des histoires captivent très vite et reste très agréable à lire. Une très bonne découverte surtout pour quelqu'un comme moi qui ne lit pas beaucoup de littérature asiatique. En tout cas ce livre peut me motiver à corriger le tir. Edogawa Ranpo est très fort pour mener le lecteur en bateau et on sent qu'il n'a pas grand illusion sur la nature du monde.

StanDC

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