Lectures [2024]
50 livres
créée il y a 11 mois · modifiée il y a 5 joursPenser, classer (1985)
Penser/Classer
Sortie : 1985 (France). Essai
livre de Georges Perec
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
Je risque d'en vexer certains mais je trouve que La Vie mode d'emploi est un meilleur Penser, Classer que Penser, Classer. Perec est un écrivain brillant et dont la lecture procure un plaisir sans pareil - le type de plaisir que l'on prend à arpenter les rayons d'un bouquiniste ou un vide grenier - mais il me semble trouver sa force pleine dans la pratique romanesque. Et m'est avis que ce travail de la liste et du trivial se retrouve déjà dans des œuvres comme Les Choses ou La Vie, mode d'emploi - en moins épuré sans doute. Cela étant dit, on ne peut lire une page de Perec sans esquisser un demi-sourire tant il fait partie des écrivains dont la plume inspire tant de camaraderie.
Une vie de lutte plutôt qu'une minute de silence (2023)
Enquête sur les antifas
Sortie : 24 mai 2023. Essai
livre de Sébastien Bourdon
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
Il existait encore assez peu d'étude de l'évolution des mouvements antifascistes et de leur histoire - les propres militants avouant parfois méconnaître l'histoire générale de l'antifascisme en France. Ce texte tente ainsi de survoler les différents groupes (il faut aimer les acronymes parce que vous allez être servi, on se croirait dans l'Education Nationale), les liens qui les unissent mais également les divergences qui les traversent. C'est là, sans doute, la partie la plus intéressante du livre que concentre un groupe comme la Jeune Garde (par exemple). Au delà des guerres de représentations cela touche finalement à des oppositions quant à la définition même de l'antifascisme : focalisation sur l'extrême droite, médiatisation, violence etc.
Autre élément appréciable, c'est l'étude du mythe médiatique de l'antifa et sa transformation - de la sympathique naïveté dont on drapait Clément Méric à l'affreux k-way noir qui dissimulerait en fait un doctorant en socio...
Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal
Sortie : 30 octobre 2014 (France). Essai
livre de Dominique Combe
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Janvier.
Un essai sur le Cahier qui a tout l'air d'un livre type prépa-concours - une étude de texte à la fin me le laisse à penser. Combe est une pointure sur le sujet à n'en pas douter mais si l'étude du contexte et de l'intertexte sont solides je suis resté sur ma faim quant à l'étude du texte en lui-même - relativement courte à mon goût. Mais ce sont peut-être les contraintes liées à une - éventuelle - publication pour concours. Toujours est-il que le Cahier est un texte fascinant et Combe rend particulièrement visible l'influence d'Agrippa d'Aubigné, de Rimbaud et de Lautréamont.
L'Imposteur (2014)
El impostor
Sortie : août 2015 (France). Roman
livre de Javier Cercas
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Janvier.
Le Spleen de Paris (1869)
Petits poèmes en prose
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Charles Baudelaire
Mr_Chouette a mis 10/10.
Annotation :
Février. Relecture.
J'ai récemment eu l'envie de me replonger dans tout un tas de recueils qu'il me semblait avoir lu trop tôt, dans la précipitation des études ou des découvertes et sans la ferveur qui leur était due. Le Spleen de Paris était le parfait point de départ de ce sentier de redécouvertes et grand bien m'en a pris car si les Fleurs du mal éclipsent souvent cet ouvrage, il n'en demeure pas moins aussi grandiose que son double versifié. La prose de Baudelaire est la naissance d'une nouvelle poésie - bien que Baudelaire n'invente pas la forme - qui nourrira Rimbaud, Laforgue, Cros, Mallarmé... Mais plus que tout, c'est - peut-être est-ce parce qu'il est le poète que je préfère - à Michaux que j'ai pensé régulièrement en lisant ce Spleen où l'on retrouve cette même violence amusée, ce même comique qui ne fait jamais rire - Michaux aurait pu écrire le Mauvais vitrier.
Mais, comme dans les Fleurs, ce ciel nocturne est parfois traversé par des lueurs plus douces et c'est là que Baudelaire se révèle souvent génial.
Nocturne de l'âme moderne
Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Sortie : 1 novembre 2014 (France). Essai
livre de Corinne Bayle
Mr_Chouette le lit actuellement.
Annotation :
[en cours]
Pour compléter la lecture du Spleen de Paris et mieux ancrer ce recueil dans ma mémoire.
Le vampire de Ropraz
Sortie : 7 février 2007 (France). Roman
livre de Jacques Chessex
Mr_Chouette a mis 6/10.
Annotation :
Février.
Lu en une belle après-midi alors que tout n'est qu'ombre et neige dans ce court texte de Chessex. Parti d'un fait divers survenu dans un petit village de Suisse - la tombe d'une jeune femme profanée, le corps violé et en partie dévoré - le texte se meut progressivement en mythe - le vampire - pour finir en une quasi légende littéraire dont la figure de proue est Cendrars qui apparaît de façon surprenante dans le récit. La toute dernière page du texte interroge elle aussi le mythe à sa façon mais je n'en parlerai pas ici.
Ce qui est plaisant, c'est de voir qu'à la menace du vampire de Ropraz se superposent d'autres spectres littéraires : Cendrars évidemment et son Moravagine mais aussi Giono, Ramuz etc. Et puis comment ne pas penser au Juge et L'assassin...
Alcools (1913)
Sortie : 1913 (France). Poésie
livre de Guillaume Apollinaire
Mr_Chouette a mis 10/10.
Annotation :
Février. Relecture.
Suite de mes relectures poétiques avec un autre grand texte que j'avais étudié mais sans pleinement le savourer. Et comme pour le Spleen de Paris, c'est un véritable bonheur de pleinement (re)découvrir Alcools.
Le Ventre de Paris (1873)
Sortie : 1873 (France). Roman
livre de Émile Zola
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Février.
Il y a chez Zola quelque chose d'extrêmement ordonné - tant dans le style que dans la construction de ses textes - qui me fera toujours lui préférer les fantaisies et l'humour d'un Balzac. C'est un jugement péremptoire, j'en conviens, mais malgré cela, je trouve toujours un plaisir à replonger dans les Rougon-Macquart, un plaisir qui rappelle la découverte d'une certaine littérature scolaire à l'adolescence et qu'il est toujours bon de retrouver.
Le Ventre de Paris est un livre des sens et particulièrement la vue. Où que les personnages posent le regard, ils sont constamment surchargés de visions, à tel point que ce sens en devient douloureusement sollicité. Pour Zola, c'est la parfaite occasion de déployer son style et le roman possède quelques magnifiques bouts de descriptions que n'aurait pas renié Huysmans, des moments d'une grande virtuosité stylistique mêlée à un goût pour la tournure rare et évocatrice - l'éveil des Halles façon tableau impressionniste, la description des poissons ou des viandes sur un étal, le pavillon des fleurs etc. C'est sans doute le volume des Rougon le plus démonstratif et l'auteur multiplie les tableaux des Halles à la manière de Claude Lantier, le peintre du roman et sorte de double de son auteur.
Malgré tout cela, ce volume des Rougon est à mon sens un peu moins dense que d'autres comme la Curée. Le personnage principal, comme souvent, c'est le décor mais le reste du personnel romanesque manque de corps et l'ensemble sonne parfois peu creux. On a souvent dit de façon réductrice que les personnages de Zola n'avait aucun fond psychologique et c'est un peu plus pertinent dans ce roman. A l'exception du personnage de Lisa, la grande réussite de ce personnel romanesque, dont la petite morale vient s'écraser contre le souci de son propre confort.
Sonnets
Poésie
livre de Eugène Guillevic
Mr_Chouette a mis 4/10.
Annotation :
Février.
Je n'avais encore jamais lu Guillevic et je me suis laissé tenté par ce recueil de sonnets - sorti l'année passée - sans réellement savoir ce que j'allais y trouver.
J'ai appris par la suite que Guillevic considérait lui-même cet ensemble comme ses "basses eaux poétiques", regrettant d'avoir eu recours à la forme du sonnet. C'est pour le moment la seule preuve de clairvoyance que je lui trouve tant ce texte est pénible à parcourir. Mais contrairement à lui, je ne pense pas que cela soit lié au choix du sonnet. Certes, cette forme semble ne pas en être une pour lui tant on a parfois l'impression de lire les premières tentatives d'un adolescent - la préface de Bertrand Degott tente maladroitement de maquiller cela en un retour à la simplicité de jeunesse, ce qui me semble bien trop facile - mais à mon sens, le défaut de ce texte réside d'abord dans la pauvreté de ce que déploie la langue du poète.
Je ne voue pourtant aucun un culte à l'écriture cryptique et sibylline et suis assez d'accord avec G. lorsqu'il écrit "Les poètes ont cru que c'était le beauté / Ce diamant noir que précipite leur délire / Et même qu'il fallait à tout prix introduire / De l'obscur dans leurs vers où l'esprit vient buter" mais chez ce dernier simplicité sembler rimer avec pauvreté. Même dans la section "Sonnets de tous les jours", celle qui m'a le moins ennuyé, rares sont les fulgurances ou les éclats. Il y a quelque chose de sur-narratif et presque de journalistique dans ses vers - on a presque du mal à y voir des vers...
Dans un poème, Guillevic se demande "si du sonnet j'ai fait ma chose" ; la réponse me paraît sans ambiguïté. Cela dit, si quelque Guilleviquien.ne hardcore - la chose existe-t-elle ? - passe par là et veut me clouer le bec, je serai curieux de découvrir un autre texte du poète plus digne d'intérêt.
Une journée d'Ivan Denissovitch (1962)
(traduction Jean et Lucie Cathala)
Odin den' Ivana Denisovicha
Sortie : 1973 (France). Roman
livre de Alexandre Soljenitsyne
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Mars.
Oeuvres littéraires
Sortie : 1978 (France).
livre de Jean de Sponde
Mr_Chouette a mis 9/10.
Annotation :
Mars.
Pêcheur d'Islande (1886)
Sortie : 1886 (France). Roman
livre de Pierre Loti
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Avril.
Relativement déçu de ce roman dont l'engouement qui l'entoure me paraît plus provenir de cet arrière goût d'une veine romanesque fin de siècle et d'un exotisme désuet que des qualités stylistiques réelles de Loti. Entendons-nous bien, du style il y en a. Un style assez ronflant, très XIXe, particulièrement dans sa manière d'évoquer la rudesse de la vie et en mer - comme sur la côte. Mais c'est, à mon avis, plus le style d'un siècle que d'un auteur en particulier. C'est une écriture qui n'est finalement surprenante que pour celles et ceux qui sont peu familiers de cette littérature. Loti fantasme - et je ne le lui reproche pas - ses bretons à la vie rude, loue la vertu de ces épouses attendant désespérément leur mari parti pêcher, se vautre dans un exotisme lourdaud lorsqu'il évoque la guerre en Chine, et construit un récit dont il serait difficile de ne pas deviner la fin dès les premières pages.
J'en retire toutefois quelques fragments bien sentis, en particulier dans ce temps suspendu qui précède le voyage final de Yann, un temps où rien ne se passe et où tout prend étrangement du poids, assis sur un banc à regarder le ciel tomber.
Les Soldats de Salamine (2001)
Soldados de Salamina
Sortie : février 2004 (France). Roman
livre de Javier Cercas
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Avril.
Un balcon en forêt (1958)
Sortie : 1958 (France). Roman
livre de Julien Gracq
Mr_Chouette a mis 9/10.
Annotation :
Avril.
Je vais peut être me faire des ennemis mais c'est à mon sens le meilleur livre de Gracq.
Le Menteur (1643)
Sortie : 19 janvier 2006 (France). Théâtre
livre de Pierre Corneille
Mr_Chouette a mis 5/10.
Annotation :
Mai.
Une comédie de Corneille qui me semble bien loin de son Illusion comique. On y retrouve pourtant les motifs baroques du mensonge, du masque, du double mais ici on est étrangement plus proche de Marivaux que de Shakespeare.
Le Menteur m'apparaît particulièrement confus, dans sa structure - cela se comprend - mais plus encore dans sa langue. Le style de Corneille est très loin de la fluidité de qu'il peut atteindre dans ses tragédies ou même de celui de Molière. La langue semble aussi se travestir - usages d'expressions figées, détours, formules ampoulées - et perd énormément en efficacité. J'en suis presque venu à trouver cela mal écrit tant les rimes me paraissaient artificielles.
Ma note est sans doute exagérée mais elle est à la hauteur de ma surprise pour un dramaturge comme lui.
Pour un oui ou pour un non (1982)
Sortie : 11 février 1982. Théâtre
livre de Nathalie Sarraute
Mr_Chouette a mis 6/10.
Annotation :
Mai.
Les Belles Lettres (1961)
Sortie : 1 mars 1961 (France). Essai
livre de Charlotte Delbo
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Juin.
Le Problème à trois corps (2008)
sān tǐ
Sortie : 5 octobre 2016 (France). Roman, Science-fiction
livre de Liu Cixin
Mr_Chouette a mis 6/10.
Annotation :
Juin.
Je me suis engouffré dans l'engouement que l'adaptation en série à causé. Pour l'instant je suis assez sceptique mais je demeure curieux de voir la suite.
Il y a quelque chose d'anti-spectaculaire qui me plaît bien pourtant et qui rompt avec ce que l'on peut avoir l'habitude de lire en SF (la menace fort distante, la lente découverte de la cause, les réflexions théoriques...) mais j'avoue avoir été légèrement ennuyé par les parties "jeu sur les trois corps". J'imagine que c'est une manière d'illustrer les enjeux pour les Trisolariens mais j'ai vraiment trouvé cela laborieux et relativement artificiel. J'attends toutefois la suite avec une certaine curiosité car c'est dans l'évolution d'ensemble que la construction apparaîtra pour ce qu'elle est pleinement.
Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants et autres poèmes
Sortie : 7 mars 2024 (France). Poésie
livre de Charlotte Delbo
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juin.
Un peu sceptique quant à la pertinence d'un volume rassemblant la poésie de Deblo en l'arrachant presque aux textes où elle la mêle au récit. Dans ce court ensemble on retrouve en fait énormément des textes poétiques qui traversaient la série Auschwitz et après ou La Mémoire et les jours et qui sont ici édités les uns à côtés des autres, plus quelques inédits peu nombreux. Peu pertinent je disais car la poésie de Delbo me semble indissociable de ces parties narratives dont elle semble être le surgissement - la poésie arrive là où le récit échoue dans sa capacité à "donner à voir". Les textes sont d'une puissance folle et j'ai pris un grand plaisir à les relire, en particulier ceux sur Dudach qui ne m'avaient pas marqués - les avais-je lus ? - mais qui m'apparaissent aujourd'hui comme les plus bouleversants.
L'entretient qui clôt le texte est lui aussi particulièrement riche et on aurait aimé trouver d'autres entretiens à ses côtés. Si vous voulez commencer quelque part, allez plutôt sur Aucun de nous ne reviendra - dont le titre disait déjà l'influence de la poésie.
Editorialement cela me questionne mais littérairement c'est une porte d'entrée comme une autre dans l'œuvre de celle qui est, à mon sens, l'une des plus grandes littératrices du XXe siècle.
Limonov (2011)
Sortie : 8 septembre 2011. Roman
livre de Emmanuel Carrère
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juin.
Je n'avais jamais entendu parler de Limonov et durant la lecture je me suis interdit d'aller vérifier l'existence ou non de cet homme sur internet. Carrère aime jouer avec le réel et la fiction et il trouve avec Limonov une telle matière romanesque que j'ai presque douté de la réalité de l'homme - particulièrement dans la partie à New York qui a quelque chose de si caricatural. Et puis, le temps passant on se dit que non, ce n'est pas possible, Carrère n'a pas pu inventer un personnage pareil et que seul le réel a le droit d'être aussi invraisemblable. Pourtant, Carrère le disait dès le début : "Limonov existe, je l'ai rencontré" mais trop habitué aux récits borgésiens, je n'avais pas voulu le croire. Mais pour autant, la fiction n'est jamais bien loin de ce personnage qui semble chercher sa propre légende, Carrère se doit de meubler les blancs, de se placer en narrateur et par là d'écrire un homme qui existe.
Je ne suis pas un grand lecteur de l'œuvre de Carrère mais je trouve en ce texte tout ce que je cherche - ou crois chercher - chez cet auteur. Comme chez Cercas, j'apprécie la place qu'il prend dans ses romans et la manière dont il se peint toujours en peignant autrui.
On ne badine pas avec l'amour (1834)
Sortie : 1834 (France). Théâtre
livre de Alfred de Musset
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juin. Relecture.
Relecture pour la préparation des cours. On reproche parfois à cette pièce d'être une tarte à la crème romantique mais je crois que c'est ce que je préfère chez celle-ci. J'avais involontairement oublié la dimension mélancolique que dégageait Perdican cherchant à retrouver son passé perdu à travers Camille comme Rosette. On se croirait dans un Marivaux mais hanté par une nostalgie d'un monde pur, naturel, intact et qui n'existe que dans la mémoire du personnage. La veine lyrique est souvent la seule marque de sincérité totale qui se dégage d'une pièce où le jeu et la cruauté prennent souvent le dessus.
Le Comte de Monte-Cristo (1844)
Sortie : 1844 (France). Roman, Aventures
livre de Alexandre Dumas
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Tome I : mai
Tome II : juillet
Je ne partage pas forcément l'enthousiasme colossal que génère ce roman mais il faut bien avouer qu'il sait être très efficace à certains moments. Lorsque le rythme s'accélère (l'évasion du château d'If ou le début de la chute des ennemis du comte) on ne peut qu'être emporté par ce torrent de pages où tout s'imbrique avec une fluidité superbe . "Efficace", c'est donc bien le mot que je choisirais. Le second tome particulièrement où, après des centaines de pages d'installation, la toile que tisse Monte-Cristo devient enfin pleinement visible et où chacun se retrouve englué.
Mais derrière cette efficacité évidente, d'autres points ont lesté mon plaisir. Premièrement, la narration se passe en grande majorité par le dialogue, artifice qui devient de plus en plus lourd à mesure que progresse le roman, on pourrait me rétorquer que c'est ce qui rend la chose vivante et pleinement in medias res, que Monte Cristo est avant tout être de mots... mais rien n'y fait, je ne peux que trouver la chose bien trop facile pour la savourer. Deuxièmement, je n'ai eu de cesse de le comparer aux Misérables et, malgré toute la grandiloquence qu'on peut trouver à Hugo, ce n'est clairement pas du même niveau en terme de style. Peu d'envolées, peu de "grands passages" (la chute de Mortcerf à la chambre de Pairs de France peut-être), peu de digressions narratives : tout concorde à créer cette "efficacité" divertissante mais dont l'effet s'estompe bien vite comme un coup dans l'eau. Le style de Dumas est direct, tranchant et tout m'apparaît chez lui comme descriptif et quasi-journalistique. On sait où l'on va et on y va. De là, certaines longueurs dans les creux du roman que le style à lui seul n'est pas capable de soutenir - et là encore, rien à voir avec les digressions hugoliennes des Misérables.
Mais la critique est facile et je ne peux que regretter de n'avoir pas découvert ce roman plus tôt, dans mon enfance, comme beaucoup j'ai l'impression et de le découvrir un peu "tard" avec des yeux adultes incapable de pleinement s'émerveiller devant l'aventure dans ce qu'elle a de plus "efficace".
La Réunification des deux Corées
Sortie : 20 novembre 2013 (France). Théâtre
livre de Joël Pommerat
Mr_Chouette a mis 6/10.
Annotation :
Juillet.
Retouches (1988)
Sortie : 14 janvier 1988. Poésie
livre de Daniel Boulanger
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juillet.
Je me suis lancé dans la lecture des Retouches en entendant quelqu'un comparer le style de Giono celui de Boulanger. Je dois avouer que sur ce point... je cherche encore. Il y a certes un aspect "impressionniste" et sensorialiste dans ces courts poèmes mais je peine encore à trouver la parenté promise.
Cela étant, je ne suis pas mécontent de la découverte. Certes, l'invention de la forme de la "Retouche" me semble assez artificiel, Boulanger cherchant à "réduire et dénuder" toutes les impressions/objets qui lui "tombait sous la main" il propose une forme concentrée, évoquant le haïku par sa brièveté mais plus obscur. Sur ce point là, rien qui ne nécessite une forme bien nouvelle. Mais, plus qu'à Giono, c'est à Ponge que me fait penser la démarche de Boulanger. Lui aussi propose un travail de recherche de la bonne formule, de la redite, de la "retouche". Et c'est aussi le lecteur qui se trouve invité à manipuler ces courts poèmes, à les "forcer", selon le mot de Boulanger, comme de petits coffres contenant des impressions cryptées. Et je dois dire que le résultat est souvent enchanteur.
Que ma joie demeure (1935)
Sortie : 1935 (France). Roman
livre de Jean Giono
Mr_Chouette a mis 8/10.
Annotation :
Juillet.
Si l'on se contentait de lire le résumé ou la quatrième de couverture de Que ma joie demeure on serait surement pris d'un rictus condescendant à découvrir la naïveté provençale d'un pareil récit. Mais la grande force de Giono réside dans le fait qu'il désamorce la naïveté et se refuse à la Provence des Cezanne et autres Pagnol. Sa Provence, il le disait, c'est celle de Macbeth, celle des landes où aucune cigale ne chante. Malgré la candeur apparente de son titre, "Que ma joie demeure" est traversé par une mystique et une inquiétude sourde, c'est toujours le cas chez Giono mais ce roman semble pousser la chose à un niveau rarement égalé. Tout y semble étrange, irréel comme hors du temps et de l'espace - à l'instar de ce plateau de Grémone (le Contadour) qui semble vivre coupé du monde. Rien n'y est pleinement lisible et c'est là où Giono est le plus magistral.
C'est également un livre d'une modernité surprenante - le principe des communs, la découverte des machines dans un village en contrebas - loin, très loin du mythe pétainiste qui lui colle encore à la peau, et qui inspirera les rencontres du Contadour qui ne sont pas sans rappeler les expériences anarchistes. Mais là encore, Giono échappe aux cases trop lisses, comme perpétuellement sur les Grands Chemins.
La Prisonnière (1923)
À la recherche du temps perdu / 5
Sortie : 1923 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Mr_Chouette a mis 9/10.
Annotation :
Août.
On m'avait parlé de la Prisonnière comme le volume le plus pénible de la Recherche mais je l'ai étrangement trouvé très plaisant. Cela peut s'expliquer par la faible place des mondanités (il n'y a qu'une soirée chez les Verdurin, loin d'être lourde au demeurant car traversée par le morceau joué par Morel puis "l'exclusion" de Charlus), l'aspect assez resserré du livre, autour de la jalousie du narrateur (motif certes déjà vu chez Swann, Charlus ou chez le narrateur lui-même mais dont les variations ne font que renforcer la force) et sans doute, le plus faible nombre de pages de ce tome.
Mais il apparaît, il est vrai, un peu plus isolé des autres, presque un temps suspendu, comme enclos lui aussi à la manière de son Albertine. Ce tome a quelque chose de la parenthèse que n'ont pas les autres, et le reste du monde nous y semble d'ailleurs particulièrement lointain (on sort peu, la mère du narrateur est chez sa tante et ne se manifeste que par quelques lettres, aucune nouvelle de St Loup...) comme les cris et voix de Paris que le narrateur perçoit depuis son lit à son réveil. Et de cet aspect plus renfermé se dégagent pourtant une douceur et une forme de paix, malgré les ravages de la jalousie du narrateur. Ce sont les sublimes pages sur le sommeil d'Albertine, les "cris" de la ville de Paris, et bien sûr cette reprise de Vinteuil par Morel qui donne lieu à un célèbre passage sur l'art comme voyage dans un pays lointain.
Plume (1938)
précédé de Lointain intérieur
Sortie : 23 octobre 1985 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Août.
La Fontaine des lunatiques (1932)
Sortie : 1932 (France). Roman
livre de André de Richaud
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Août.
Questions de philosophie morale
Essai, Philosophie
livre de Hannah Arendt
Mr_Chouette a mis 7/10.
Annotation :
Août.