Les bons choix immoraux

Annotation :

Les Gothic sont des jeux assez doués pour imposer leurs règles au joueur. Si vous faites les malins au début du jeu, vous y casserez vos dents. Jouer les gars sympas peut même vous coûter, certains personnages n'hésitant pas à vous piéger. Voler, ramper et taper sur plus petit que soit apparait presque comme une nécessité pour avancer dans ce petit monde de corruption. Ce qui rend la montée en puissance de votre perso très jouissive.

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Gothic II est une expérience au moins aussi difficile que le premier épisode, si ce n'est plus. Encore une fois, faire des petits larcins est encouragé et encore une fois, jouer les gars sympas peut se retourner contre vous, par exemple si vous vous opposer à un marchand criminel mais influent, pouvant restreindre votre accès aux marchands et à leurs quêtes très tôt dans le jeu.
La narration reste en revanche centrée autour du sauvetage du monde libre.

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Gothic 3 change un peu de recette, plus centré sur le système de jeu et moins sur les quêtes individuelles, mais le fond reste le même: vous n'êtes pas en territoire allié, et votre corps est fait de papier mâché. Dans Gothic 3, les orcs, envahisseurs esclavagistes, ont gagné la guerre qui grondait dans les deux précédents opus et sont donc maîtres des lieux. Libre à vous de joindre la résistance tout de suite et de lutter contre l'envahisseur, mais les camps de rebelles sont planqués, les orcs sont impossibles à vaincre au début et ils ont des infos dont vous avez besoin. La meilleure option reste donc de rouler pour l'ennemi et accepter leur injustice, en aidant discrètement la résistance si vous voulez, avant d'avoir la puissance nécessaire de choisir votre camp. Je note ici qu'il s'agit moins de choix que de progression qui mènera, au final, à une narration et des choix finaux archi classiques, même si cet opus a le bon sens de ne pas faire du camp de la lumière un parangon du bien. C'est en fait à l'image de toute la série Gothic, dont la narration pure et dure n'apporte pas grand chose mais qui montre qu'avec une progression bien calibrée et un système de jeu qui donne du poids au contexte et à vos actions, on peut pousser le joueur à prendre des décisions aussi intéressantes qu'à travers des choix purement narratifs.

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Le gros du jeu se joue comme un RPG à choix tout à fait classique, très chouette d'ailleurs, mais une décision en particulier m'a marqué. A un moment, le jeu requiert un sacrifice de chair pour un rituel gaulois. Trois options s'offrent alors: sacrifier l'un de vos compagnons, tuer un esclave qui a rien demandé, ou vous arracher l’œil. Cette troisième option apparait bien évidement comme le choix éthique, mais cette petite chirurgie vous coûtera toute possibilité de causer des coups critiques en combat. Mon perso était un assassin, j'étais en hard, l'esclave a fini au barbeuc. D'un côté, proposer de sacrifier un esclave inconnu comme porte de sortie facile peut paraître comme une manière d'éviter l'impact de ce choix. Mais avec le recul, c'était peut être plus intéressant comme ça. Parce que je n'aurais jamais accepté de sacrifier un camarade de combat, aussi difficile la suite puisse être. Le choix était donc bien là, mais il était bien plus facile de fermer les yeux et passer l'esclave à la broche.

Sur une autre note et comme vous l'aurez compris, vous avez des esclaves dans votre entourage, gérés comme une ressource de la légion. Si la société romaine est sans doute bien lissée pour le jeu (notamment autour de l’expansion de Rome), il y reste quand même des aspects bien moisis que vous ne pourrez pas remettre en cause, comme l'esclavage, traitée comme une évidence immuable.

Annotation :

Un RPG à la forme tout à fait classique qui, au début du jeu au moins, inverse un peu les rôles. Vous débutez l'aventure au service de Kyros, dictateur omnipotent occupé à écraser le dernier semblant de résistance sur le continent. Vous pourrez très rapidement rejoindre le camp des rebelles si vous le souhaitez. C'est un peu caché, puisqu'il vous faut prendre systématiquement le parti de vos adversaires dans un combat qui paraît perdu d'avance, et cela requiert de trahir le peu de personnages alliés que vous connaissez. Bref, un voie peu évidente et loin du chemin tracé. Dommage cependant que Tyranny nous mène progressivement vers l'opposition contre Kyros, dans une histoire d'élu assez classique. Le world building reste en revanche impeccable: le règne de Kyros est partout, sur la terre, dans la loi et façonnant les esprits, rendant l'idée même de résistance ou d'alternative inconcevable pour la plupart des personnages. Une bonne démonstration de la manière dont les régimes et idéologies les plus douteuses parviennent à s'imposer: en détruisant l'idée même d'une autre voie.

Annotation :

[Spoilers] Comme évoqué plus haut, Baldur's Gate III n'est la plupart du temps pas un très bon représentant de ce que je veux mettre en lumière ici. La voie du mal apparaît assez gratuite, plus difficile et moins gratifiante que celle du bien. Il y a en revanche un choix qui m'a paru intéressant. A la fin du jeu, si vous avez secouru Orpheus, l'un d'entre vous devra se transformer en flagelleur mental, sacrifiant son âme et son joli minois au passage. Mon perso, Dark Urge un peu responsable de toute cette situation, était un choix logique, d'autant que contrairement à lui, Orpheus avait l'avenir de son peuple sur ses épaules. C'est donc un peu égoïstement que je lui ai dis "vas y mon reuf", et c'est le seul choix de Baldur's Gate III qui m'ait un peu fait ressentir de la honte, sans pour autant avoir pris un chemin volontairement mauvais.

J'ai aussi trouvé quelque chose d'assez anecdotique mais un peu amusant. Dans le jeu, vous ne pouvez pas tuer les enfants, comme partout ailleurs. Mais cette règle ne s'applique pas aux gobelins. Tuez les enfants gobelins et aucun compagnon ne vous dira rien, même le gros nounours Halsin n'aura aucun remord à les découper à coup de griffe. Les persos s'en foutent. Le système de jeu s'en fout. Tout le monde s'en fout. Les pauvres n'avaient aucune chance.

Annotation :

Au moment d'affronter un dangereux démon, vous aurez le choix de l'affaiblir en détruisant les âmes lui donnant de la force. Ce qui donne du corps à ce choix, c'est que le salopard a la peau sacrément dure, et il fallait le tuer en peu de temps. Alors, j'ai vu plein de vidéos sur Internet avec des builds qui le one shot, mais nos persos étaient tout nuls, et on a du sortir notre plus belle panoplie de coups tordus pour en venir à bout. On y est arrivé, mais pas sans considérer commettre un petit crime de guerre. Si l'enjeu est comme toujours narratif, ici, contrairement à Baldu's Gate III, la conséquence est mécanique, comme les Gothic ou expeditions: Rome. Ce n'est pas surprenant que dans un jeu vidéo, ce soit un moyen privilégié pour influencer et donner de l'impact à vos choix.

Annotation :

Il y a eu que des RPG alors voila un truc un peu différent. Dans l'avant dernière mission du jeu, votre équipe en disgrâce est chargée d'infiltrer les lignes de leurs anciens alliés pour laver leur nom et revenir dans les bonnes grâces de l'empereur. Vous êtes du coup poussés à tuer vos anciens potes pour qu'ils redeviennent vos potes. Dans les faits ça n'a pas vraiment d'impact et les soldats d'un clampin en valent sans doute bien un autre, mais sur le principe, c'était moyen. La voie non létale dans Shadow Tactics est possible, mais c'est super dur: les outils sont limités, les gardes sont nombreux et ne restent pas assommés longtemps. Mais c'est possible, et c'est cette ouverture qui fait quand même un peu mal si vous zigouiller les gardes, ce que vos persos commenteront d'ailleurs.

Annotation :

Je voulais mettre un 4X, j'ai choisi celui-là parce qu'on peut cramer des planètes. Dans ces jeux, il n'y a aucune incarnation de votre population, réduite à des chiffres, des flux, des problèmes. Qu'est ce qu'une guerre comparé au sort d'une planète ? Et qu'est-ce qu'une planète comparé à votre empire ?