Cover Les livres - 2016

Les livres - 2016

Livres lus en 2016. Et je commente !

Une petite contrainte pour pimenter ce programme : je dois lire au moins une oeuvre pour chacune de ces périodes : Antiquité, Moyen Age, XVI°, XVII°, XVIII°, XIX°, XX° et XXI° siècle.

(Il n'est pas impossible que mes annotations ...

Afficher plus
Liste de

66 livres

créée il y a presque 9 ans · modifiée il y a presque 8 ans
Le Don
7.2

Le Don (1938)

Дар

Sortie : 1967 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Behuliphruen a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(Critiqué.)

La Porte étroite
6.8

La Porte étroite (1909)

Sortie : 1909 (France). Roman

livre de André Gide

Behuliphruen a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(Critiqué.)

Fermina Marquez
7.3

Fermina Marquez (1911)

Sortie : 1911 (France). Roman

livre de Valery Larbaud

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très bonne surprise. Une sorte de roman d'apprentissage, mais sans les poncifs ou les facilités propres à ce genre, au contraire : fraîcheur et exotisme sont au programme ! Ce récit sur l'adolescence se révèle au final plein de charme, son style distancié et élégant n'a pas vieilli, et l'épilogue lui apporte une pointe de nostalgie qui emporte définitivement l'adhésion.

Les Faux-Monnayeurs
7.4

Les Faux-Monnayeurs (1925)

Sortie : 1925 (France). Roman

livre de André Gide

Behuliphruen a mis 9/10.

Annotation :

Relu, mais je me ne souvenais pas que c'était aussi bien. Il s'agit certes d'un roman expérimental, mais il n'a pas l'austérité d'un roman de laboratoire : la construction ludique du récit, le classicisme impeccable du style, les intrigues et les personnages qui s'entrecroisent : tout est fait pour que le lecteur trouve son plaisir. Un chef d'oeuvre.

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien
7.2

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien (1975)

Sortie : 1975 (France). Roman

livre de Georges Perec

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

L'un des tous derniers grands Perec qu'il me restait à lire. C'est au final un exercice assez impressionnant de maîtrise, par sa construction, la récurrence des motifs en même temps que les différences de ton et de rythmes et les légères variations d'une partie à l'autre. Il n'y a que Perec pour, après avoir passé trois jours consécutifs au même endroit, sortir un texte d'une telle évidence et d'une telle précision, sans un mot superflu, avec cette sensibilité discrète qui est au fond la patte de Perec, cette ironie bienveillante qui tend toujours à embrasser la totalité du monde présent sous ses yeux, tout en sachant parfaitement que tout désir d'exhaustif est voué à l'échec.

Miette
7

Miette (1995)

Sortie : 3 janvier 1995. Récit

livre de Pierre Bergounioux

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Rien à dire sur l'écriture, le style, travaillé, "poétique", moins prétentieux et ampoulé que celui des "Vies minuscules". La démarche n'a pas non plus cette espèce d'hypocrisie sensible chez Michon, à qui Bergounioux est souvent comparé. Le récit repose sur une dialectique que l'auteur ne cesse de nous répéter, en la développant chaque fois un peu plus, dialectique du rapport aux "choses" - dont les personnages sont tantôt maîtres, tantôt esclaves, qu'ils cherchent vainement à maîtriser, ou qu'ils tentent tout aussi vainement de fuir. Le rapport des hommes à cette force d'inertie des choses, à cette éternité qui finit par les broyer, est exploré avec force et de manière séduisante, de même pour les liens familiaux ou la psychologie des personnages. Pourtant, rien n'emporte jamais l'enthousiasme. La pertinence du traitement et la beauté de l'écriture n'ont pas dissipé une impression d'ensemble assez mitigée. L'impression, peut-être, d'un arsenal rhétorique rutilant, mais plaqué un peu artificiellement sur les paysages limousins. Meilleur que "Vies minuscules", mais je ne suis décidément pas sensible à cette littérature.

La vie est un songe
7.7

La vie est un songe (1635)

(traduction Céline Zins)

La vida es sueño

Sortie : 25 novembre 1982 (France). Théâtre

livre de Pedro Calderón de la Barca

Behuliphruen a mis 9/10.

Annotation :

La meilleure surprise de ce début d'année ! La langue est très belle, mais d'une grande fluidité, claire malgré la tendance à la préciosité : un équilibre presque parfait ! En abandonnant délibérément et définitivement toute attache avec le réel et le vraisemblable ("Mais laissons de côté ces questions de savoir, ou non, si cela est possible." v.1055-1057), la pièce touche à un art que peu atteignent. C'est une oeuvre en clair-obscur, pleine de contrastes et de vigueur, de brio et de violence, d'une étonnante radicalité, un peu comme les toiles des peintres de ce siècle d'or espagnol. Ainsi, elle repose toute entière sur ce jeu entre illusion et vérité et, dans la droite ligne de l'esthétique baroque, Calderon en conclut à ce que tout n'est que mirage et faux-semblant. Par le destin de ses personnages, la pièce exprime bien cette vision de la vie comme spectacle, instable, irrationnelle, mais où l'homme peut, semble-t-il, à force d'application, faire jouer sa liberté et remettre un peu d'ordre.

Penser, classer
7.6

Penser, classer (1985)

Penser/Classer

Sortie : 1985 (France). Essai

livre de Georges Perec

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

Relu certains articles, découvert d'autres. Le premier texte (Notes sur ce que cherche) augure bien du ton et des thématiques qui parcourent le livre, oscillant entre exploration minutieuse et ironique du quotidien, textes autobiographiques d'une soudaine gravité, jeux et réflexions sur le langage, etc. Le fil directeur du recueil est le goût de Perec pour le classement, l'énumération, les listes (ah s'il avait connu SC !), toutes les tentatives pour organiser le monde, le rendre plus lisible, se l'approprier - même si à mesure qu'une telle volonté de rationalité et d'exhaustivité se précise, elle apparaît de plus en plus chimérique. Aussi Perec n'apporte jamais de réponse, mais se contente de poser son regard aiguisé sur lui-même et ce qui l'entoure, avec un plaisir non dissimulé - et qui devient vite celui du lecteur.

La Mort d'un père
7.4

La Mort d'un père (2009)

Mon combat - I

Min kamp. Første bok

Sortie : 13 septembre 2012 (France). Récit

livre de Karl Ove Knausgaard

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

La radicalité de la démarche rend le récit fascinant. Toute pudeur est mise à part, toute digue est rompue par le systématisme et la profondeur de l'exploration de l'intime. Bien sûr il y a quelque chose d'effrayant dans ce processus, dans cette mise à nu intégrale, mais par là même on sait que l'on assiste à une expérience hors norme, d'une puissance rare, qui ne laisse pas indemne. Déjà pour le lecteur, alors que dut être pour l'auteur ce voyage en apnée dans son passé ? Knausgaard écrit au début de la seconde partie qu'un bon livre est celui où style, thématique et intrigue "se plient à la forme". Si vraiment littérature égale forme (ce que je suis bien tenté de croire), alors "La mort d'un père" est une grande oeuvre littéraire, car aucun de ces trois "constituants de la littérature" ne l'emporte jamais sur la forme, tellement maîtrisée qu'elle en est magnétique.

Eugène Onéguine
8.2

Eugène Onéguine (1833)

Sortie : 1832 (France). Roman

livre de Alexandre Pouchkine

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Sa réputation de texte rétif à la traduction pose un peu problème pour évaluer "Eugène Onéguine". J'ai lu la traduction de Jean-Louis Backès (Folio), et sans doute devrais-je en lire d'autres, notamment celle d'André Markovicz, pour, peut-être, parvenir à apercevoir un peu de la lumière de l'original. Dans quelle mesure ai-je lu "Eugène Onéguine" ou une simple adaptation, une vision de traducteur, forcément plus pauvre (cette question se pose bien sûr à chaque livre traduit, mais j'ai cru comprendre qu'elle était ici particulièrement sensible, il suffit d'ailleurs de lire plusieurs traductions pour s'en convaincre...) ? Mais si je mets 8 c'est pour le ton de Pouchkine, sa légèreté, son sourire, son détachement, sa vivacité, qui n'empêchent toutefois pas les pages pénétrées d'une douce et poignante mélancolie. L'intrigue au fond est simple, d'une tragique simplicité, d'une évidence fatale : c'est peut-être d'ailleurs ce fatalisme ambiant qui séduit tant, car il permet à Pouchkine de digresser à son aise, d'interpeller le lecteur, de faire preuve de tant de liberté. Sans doute un lecteur français ne comprendra jamais bien l'importance qu'a cette oeuvre dans la culture et l'histoire littéraire russes, mais tant pis !

Façons de perdre
7.3

Façons de perdre (1977)

Alguien que anda por ahí

Sortie : 1977.

livre de Julio Cortazar

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

Un bon recueil de Cortazar, où, comme d'habitude, le fantastique et l'irrationnel s'infiltrent dans la réalité la plus tangible, la plus quotidienne. Le titre suggère des variations sur les thèmes de la perte, de l'échec, thèmes qui reviennent en effet de manière récurrente ; l'irruption du fantastique voit à chaque fois le héros perdre une part de soi : la femme aimée, l'enfance, l'innocence, et jusqu'à la vie. Comme souvent aussi chez Cortazar, le recueil séduit par son invention formelle, ainsi l'impressionnant mécanisme à l'oeuvre dans "Vous vous êtes allongée à tes côtés", ou encore "La barque ou nouvelle visite à Venise", où l'un des personnages commente le récit, a posteriori, comme s'il en était lui-même le lecteur. Enfin on n'oubliera pas de noter que deux de ces nouvelles ont une résonance politique, avec l'orwellienne "Deuxième fois" et la très belle et bouleversante "Apocalypse de Solentiname", qui mérite une mention spéciale.

Un roi sans divertissement
7.3

Un roi sans divertissement (1947)

Sortie : 28 janvier 1948 (France). Roman

livre de Jean Giono

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

Ça commençait très bien, je retrouvais le Giono de la Trilogie de Pan, un récit habilement lancé, une langue si belle et imagée (voir la superbe description de la forêt d'automne, ou celle du hêtre de la scierie). Puis arrive, sans qu'on s'y attende, le "Roi" du titre, Langlois, et c'est lui désormais qui deviendra la figure centrale du récit, que l'on suivra lors de trois épisodes distincts, qui sont autant de traques, de quêtes : de l'assassin, du loup, d'une femme. Quêtes pour se "divertir", tromper l'ennui, comme lorsqu'il demande à deux amies de mettre leurs plus beaux habits pour la chasse au loup : c'est bien l'absurdité d'une existence que Giono met en scène, avec une noirceur que je ne lui connaissais pas. Inévitablement on perd un peu, à mesure que le récit avance, du charme qu'avait exercé sur moi la langue de Colline ou de Regain (au profit, notamment, d'une gouaille un peu lourde). Il est vrai que Giono n'assène pas de vérité, et suggère plus qu'il ne montre ; aussi cette chronique fait naître une impénétrable sensation de mystère qui s'accorde certes parfaitement avec le sujet traité, qui rend certes le récit fascinant (moins à mon avis dans la deuxième moitié), mais dont l’insaisissable étrangeté m'a un peu égaré.

Essai sur la fatigue
5.9

Essai sur la fatigue (1989)

Sortie : mars 1995 (France). Essai

livre de Peter Handke

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Étrangeté aussi, dans ce court livre de Peter Handke, qui explore la notion de "fatigue". Fatigue source de souffrance, tout d'abord, car elle défigure la réalité, isole et sépare, peut même détruire. Mais il y a aussi des "fatigues amènes, les plus belles" qui, au contraire, semblent donner accès à une nouvelle vision de la réalité, et contribuer à rapprocher les hommes : "Un nuage de fatigue, fatigue esthétique, nous unissait en ce temps-là" - face à elle les "sans-fatigue" sont les entêtés, mesquins et destructeurs. Éloge de la fatigue, donc, très personnel, d'une acuité singulière. Peter Handke convoque ses souvenirs, ses sensations, souhaite montrer de "pures images", et y parvient souvent, par une langue exigeante et dépouillée, d'une certaine austérité, mais qui réserve de vrais moments de lumière. Une lecture difficile toutefois, car si elle sait envoûter, la prose de Peter Handke décontenance aussi, surtout dans la deuxième moitié, où je dois avouer ne pas l'avoir toujours suivi sur ses chemins escarpés...

Au-dessous du volcan
7.8

Au-dessous du volcan (1947)

Under the Volcano

Sortie : 1949 (France). Roman

livre de Malcolm Lowry

Behuliphruen a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

A la faveur d'une relecture dans une autre traduction (celle de Jacques Darras), Au-dessous du volcan passe de 9 à 10, et gagne deux places dans mon Top10. Pourquoi ? Parce qu'il faut sans doute s'y reprendre à plusieurs fois pour mieux appréhender la richesse et la complexité de cet inépuisable livre culte. La première lecture ayant débroussaillé l'épaisse jungle mexicaine sous laquelle étouffe le Consul, j'ai été plus sensible, cette fois-ci, à l'extrême densité symbolique du récit, dont beaucoup d'aspects m'avaient échappé. Tout à la fois Adam chassé du Jardin d'Eden, Dante descendant en Enfer, Faust vendant son âme pour un savoir occulte, figure quasi-christique lors de son procès, le Consul est bouleversant dans son incessant combat face aux démons et à la roue du temps - autre motif récurrent du livre. Les douze chapitres, qui couvrent vingt-quatre heures et de nombreux flash-backs, où alternent tragique et grotesque, sont reliés par un jeu de correspondances, d'allusions, de symétrie, qui révèlent une maîtrise inouïe de la construction. Mais à travers cet entrelacs de symboles - dont les exemples ci-dessus ne donnent qu'un aperçu - nombreux sont les passages qui irradient d'une beauté stupéfiante, âpre et lyrique, dans les descriptions de la nature, dans les lettres d'Yvonne, dans les méandres de la conscience du Consul. Bien que chargé de symboles, donc, Au-dessous du volcan est avant tout, sous le ciel lourd d'un Mexique étrange et magique, un livre d'une beauté déchirante.

Nocturne du Chili
7.6

Nocturne du Chili

Nocturno de Chile

Sortie : 2000 (France). Roman

livre de Roberto Bolaño

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

Quatrième livre de Bolaño à mon actif, et toujours aussi enthousiasmé par cet auteur. Ici, le narrateur, à l'article de la mort, revient sur sa vie et fait défiler ses souvenirs. Guère original ? Davantage lorsque l'on sait que ce narrateur fut à la fois ecclésiastique et critique littéraire (poète aussi, à ses heures perdues) et que s'il parle, c'est sous le poids de la culpabilité, cherchant à justifier son attitude pendant les années noires du Chili. On retrouve ici un thème cher à Bolaño : le rôle de la littérature face au mal, et un milieu sur lequel il aime se pencher : celui des écrivains et des critiques. L'Histoire en revanche est au centre du livre, et on se dit, à lire Bolaño, que bon nombre de plaies de la société sud-américaine restent toujours béantes. Et ce n'est pas lui qui aidera à les refermer, les éclairant au contraire d'une lumière crue par son style jubilatoire et son humour grinçant. Car si Nocturne du Chili est un livre politique, il évite soigneusement tout parti pris et tout militantisme, préférant opposer au chaos un sourire féroce et désespéré.

Gravitations
7.3

Gravitations (1925)

suivi de Débarcadères

Sortie : 1925 (France). Poésie

livre de Jules Supervielle

Behuliphruen a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(Critiqué.)

L'Éducation sentimentale
7.4

L'Éducation sentimentale (1869)

Sortie : 1869 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Behuliphruen a mis 10/10.

Annotation :

Tout le génie de Flaubert est de nous montrer non pas les rêves qui se brisent, mais les rêves qui s'enlisent. Car il n'y a ni bruit ni fureur dans cette Education sentimentale : sans doute Frédéric est-il un héros romantique, mais il ne trouvera jamais l'occasion de le prouver. L'époque n'est plus au romantisme, dont Flaubert prend le contre-pied avec une ironie tragique, mêlant à la perfection les désillusions de son héros et celles de son temps. Sinon dans la figure de Madame Arnoux, il n'y a nulle grandeur ici, même dans l'échec de Frédéric, qui ne parviendra jamais à se hisser au rang de perdant magnifique. Si elle nous touche autant, c'est peut-être aussi car cette Education est riche d'éléments autobiographiques, et qu'elle est au fond l'oeuvre d'une vie, mûrie pendant près de vingt-cinq ans. Mais ce qui m'a sûrement le plus frappé, c'est l'art indépassable de Flaubert, impressionniste, elliptique, captant chaque inflexion, d'une telle sensibilité que le style et le récit semblent consubstantiels. Il n'y a jamais d'effet de style, ni de mot de trop ; il ne "fait pas de phrases", mais c'est la "forme" qui fait le "fond", avec un art qui n'est jamais mis en défaut, ni lors des scènes de barricades, ni quand il peint la vie parisienne, ni dans la forêt de Fontainebleau, ni chez Madame Arnoux. Et, si l'on a encore quelque doute, les derniers chapitres, d'un pathétique bouleversant, les dissiperont vite...

Combat de nègre et de chiens
7.4

Combat de nègre et de chiens (1989)

Sortie : 1989 (France). Théâtre

livre de Bernard-Marie Koltès

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

Je reste mitigé, n'ayant pas toujours clairement saisi là où Koltès voulait en venir. On assiste donc aux affrontements des quatre personnages, dont trois Européens face à un "Nègre" qui cherche à récupérer le corps d'un des siens, victime de son patron blanc. On pourrait donc y voir une variation sur le thème de la domination, entre colonisateur et colonisé, patron et ouvrier, homme et femme (oui, l'un des Blanc est une Blanche). La quatrième de couverture, qui cite Koltès, invite toutefois à se détacher du contexte historique et géographique, pour y voir une fable aux dimensions plus larges, quoiqu'un peu floues à mon goût. Le dénouement est assez équivoque, et finalement plutôt amer, puisque s'il abolit les formes de domination, c'est par la disparition ou le départ des personnages qui n'ont ainsi jamais réussi à s'apprivoiser ni à cohabiter.

Les Poésies
7.5

Les Poésies

édition augmentée de : le Nageur d'un seul amour

Sortie : 19 septembre 2001 (France). Poésie

livre de Georges Schehadé

Behuliphruen a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce volume de 160 pages regroupe, à quelques exceptions près, l'intégralité de l'oeuvre poétique de Georges Schehadé. Une oeuvre mince, donc, discrète, même si elle fut saluée par les plus grands poètes de son temps. Derrière l'influence surréaliste perce une voix singulière et attachante, d'une constance étonnante malgré les 50 ans de création que couvre cette édition. Dès le premier recueil, le ton et les thèmes chers au poète se font jour : un lyrisme pudique qui préfère se cacher derrière des images oniriques, un certain hermétisme, qui évolue entre une joie sereine et une mélancolie souriante, et des premiers rôles confiés, pêle-mêle, à l'enfance, aux oiseaux, aux roses, à l'amour, aux anges et à la figure maternelle. Économe sans sécheresse, légère sans facilité, une oeuvre très personnelle mais d'un charme intemporel.

Chêne et chien
6.7

Chêne et chien (1937)

suivi de Petite cosmogonie portative

Sortie : 24 septembre 1969 (France). Poésie

livre de Raymond Queneau

Behuliphruen a mis 4/10.

Annotation :

Oui, la note est sévère, mais hélas à la hauteur de ma déception...La première partie, autobiographique, est plutôt séduisante, la petite musique doucement ironique de Queneau est plaisante, mais s'essouffle lorsqu'il s'avise de parler psychanalyse, et tombe souvent à plat, sans réussir à m'émouvoir et bien rarement à me faire sourire. Dommage que le rythme du premier poème, à l'ouverture bien célèbre : "Je naquis au Havre un vingt-et-un février", etc. ne soit pas tenu sur toute la longueur ! Quant au deuxième recueil, "Petite cosmogonie portative"... Je ne sais s'il faut voir une trace d'ironie dans le titre, car le tout m'a paru bien lourd et indigeste. Je veux bien saluer l'intention à la fois parodique et érudite, humoristique et didactique, de Queneau, ainsi que sa volonté de faire sauter les barrières du langage tout en conservant une forme classique, mais franchement je n'ai pu terminer que le premier chant, et j'ai simplement parcouru le reste, harassé par cette logorrhée stridente et confuse, parsemée de jeux de mots douteux... (je ne citerai que le "palais des spores", I, 39) Tant pis !

La Beauté sur la terre
7.5

La Beauté sur la terre

Sortie : 1927 (France). Roman

livre de Charles-Ferdinand Ramuz

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

Soudaine et inexplicable, l'apparition de la beauté dans l'âpre décor de la campagne vaudoise va faire tourner les têtes et réveiller chez les hommes des sentiments enfouis et des instincts destructeurs : "Quand on ne peut pas avoir, on détruit"... Mais si "la beauté a sa place", elle la perd aussi vite, fugace et insaisissable comme cette belle saison où la beauté de Juliette et celle de la nature se nourriront l'une l'autre. Car ce que Ramuz parvient avant tout à mettre en scène, c'est l'idée de beauté (sans nous montrer jamais cette Juliette qui attire tous les regards), dans une langue pourtant d'une grande simplicité, et d'une toute aussi grande inventivité. Le style de Ramuz, que je découvrais, s'autorise ainsi quelques entorses aux règles de grammaire, multiplie les ellipses, les changements de focalisation d'une phrase à l'autre, créant une impression de naturel et de vivacité. Il est rare de lire des descriptions d'une telle originalité et d'une telle beauté. Une invitation à lire d'autres livres du maître suisse !

L'Amant
7

L'Amant (1984)

Sortie : 1984 (France). Roman

livre de Marguerite Duras

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

Un récit d'initiation simple et sublime, une histoire d'amour dérangeante, une écriture subtile et limpide qui m'a envoûté : je suis tombé sous le charme de ce roman, sûrement le dernier classique en date des lettres françaises. Duras établit une sorte de distance par rapport à ce récit autobiographique de son initiation amoureuse, de son enfance dans l'Indochine française ou de ses relations avec sa mère et ses frères, un regard rétrospectif qui ajoute au trouble provoqué par ce récit sensuel et violent. Le ton posé de la narratrice, son style sobre et analytique, mettent en pleine lumière la solitude et le désarroi, qui se révèlent être l'envers de la découverte du désir.

Jocelyn
7.2

Jocelyn (1836)

Sortie : 1836 (France). Roman, Poésie

livre de Alphonse de Lamartine

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

On voit facilement ce qu'on peut reprocher à Jocelyn : interminable, trop mièvre (voir la scène où il parle à son chien...), trop emphatique, trop facile parfois (la rime ombre/sombre revient seize fois sur les neufs chants), et puis... trop outrageusement romantique. C'est vrai... mais malgré tout le récit et l'itinéraire de ce héros sacrifié, déchiré, grandiloquent et pathétique, ont quelque chose d'attachant, et puis certains vrais beaux moments de poésie rattrapent ces faiblesses. Et ce classique un peu vieillot et passablement oublié (j'ai dû créé la fiche sur SC) est quand même une curiosité avec ses huit mille alexandrins : ce serait dommage de ne pas y jeter un petit coup d’œil !

Stèles
7.5

Stèles (1912)

Sortie : 1912. Poésie

livre de Victor Segalen

Behuliphruen a mis 8/10.

Annotation :

Une forme très singulière, qui ne ressemble à rien de connu et surprend dans un premier temps. Puis l'on s'habitue à ces brefs textes en versets, proches tantôt du récit, tantôt de l'aphorisme. Quelque chose de hiératique, de minéral émane de ces "Stèles", qui semblent avoir été gravées de toute éternité : une sagesse teintée de fatalisme, une concision à la fois austère et rêveuse.

Histoire du silence
5.8

Histoire du silence

De la Renaissance à nos jours

Sortie : 30 mars 2016 (France). Histoire, Essai

livre de Alain Corbin

Behuliphruen a mis 5/10.

Annotation :

Un peu déçu par cette "Histoire du silence" qui ressemble trop souvent à un collage de citations... On attendrait une mise en perspective davantage historique, avec plus de brio et de souffle. Bien rares sont les passages où l'on a l'impression de découvrir un aspect nouveau, une thèse audacieuse ou au mois permanente. L'ordonnancement des chapitres établit certes une typologie intéressante, un découpage thématique séduisant, mais sans idées-force. Il s'agit bien souvent d'intuitions peu développées étayées par des exemples et des citations tirés d'un corpus d'auteur assez réduit, et couvrant une période plutôt restreinte : Maeterlinck, Hugo, Huysmans, Rodenbach, Proust et Max Picard, que je ne connaissais pas (et ne connais pas mieux, puisqu'il n'est jamais présenté). Pour autant, la forme ne permet pas d'y voir une anthologie... Au final, un objet intermédiaire, sans grand intérêt, et d'autant plus décevant que le thème était prometteur.

La Chambre de Jacob
6.8

La Chambre de Jacob (1922)

(traduction Agnès Desarthe)

Jacob's Room

Sortie : 2008 (France). Roman

livre de Virginia Woolf

Behuliphruen a mis 6/10.

Annotation :

A mon avis, trop "lâche", trop déconcertant, trop expérimental peut-être pour réussir à m'enthousiasmer autant que Mrs Dalloway ou Vers le phare. Dans ces deux romans, postérieurs à La Chambre de Jacob, Virginia Woolf réussit à allier son sens impressionniste de la notation, son art du "courant de conscience", sa sensibilité exacerbée (autant d'éléments que l'on retrouve heureusement ici) à une technique narrative plus aboutie, à une construction plus rigoureuse. Ici, la forme m'a semblé trop flottante et trop fragile, et son style, que j'ai pourtant déjà pratiqué, m'a parfois décontenancé. Il n'en reste pas moins que l'art de Woolf de saisir le fugitif et l'impalpable produit de fascinantes images, et que la mélancolie qui imprègne ce récit, couplée à une ironie mordante, sont inimitables.

Le Harem
7.3

Le Harem (1851)

Histoire du calife Hakem

Sortie : 15 septembre 2015 (France). Autobiographie & mémoires, Conte

livre de Gérard de Nerval

Behuliphruen a mis 7/10.

Annotation :

Deux nouvelles, en fait tirées du Voyage en Orient de Nerval... difficile donc de noter et de critiquer deux extraits d'une oeuvre complète. Quoi qu'il en soit, ce fut une lecture agréable, que Nerval raconte ses mésaventures avec l'esclave qu'il vient d'acheter au Caire, ou qu'il narre la fantastique histoire du calife Hakem. Et toujours dans un style parfait et alerte pour évoquer les douceurs et les charmes d'un Orient fantasmé, entre haschisch et esprits maléfiques, jardins enchanteurs et voluptés du harem...

Autres rivages
7.5

Autres rivages (1951)

autobiographie

Speak, memory

Sortie : juin 1989 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Vladimir Nabokov

Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Encore un livre merveilleux de Nabokov... Je n'ai pas (encore) lu Ada, mais c'est ici que son style m'a paru le plus éblouissant, se prêtant à merveille au montage kaléidoscopique de souvenirs que constitue le livre. Au sommet de son art, Nabokov séduit par la légère et bienveillante ironie de son style imagé, par la tendresse du grand écrivain qui se penche avec une émotion souriante sur son passé. Et il émeut tout autant le lecteur, en mêlant, à ce chatoyant tissu de souvenirs, réflexions sur le rôle de l'écrivain autobiographe et méditations élégiaques sur le temps et la mémoire.

En route vers l'île de Gabriola

En route vers l'île de Gabriola (1970)

October Ferry To Gabriola

Sortie : 1972 (France). Roman

livre de Malcolm Lowry

Behuliphruen a mis 3/10.

Annotation :

Lecture très fastidieuse... Et pourtant cet ultime roman de Malcolm Lowry reprend de nombreux thèmes d'Au-dessous du volcan : un amour vacillant, l'ésotérisme, l'exil, l'exclusion, la consolation de l'alcool... Mais il s'agit d'une pâle ombre de son chef d'oeuvre. La richesse d'Au-dessous du volcan devient ici une succession de symboles mal insérés à l'ensemble, tandis qu'à la construction rigoureuse se substitue un récit compliqué et mal fagoté, avec des longueurs qui ne présentent guère d'intérêt. Lowry peine à donner une dimension tragique aux atermoiements de son personnage principal (loin, encore une fois, de la grandeur désespérée du Consul), le tout dans un style haché et souvent obscur. Gabriola ne retrouve jamais l'ampleur et la force bouleversante, la poésie éthylique et la beauté élégiaque du Volcan. Si la comparaison est inévitable, elle n'est peut-être pas juste envers le roman, mais, même en tentant d'en discerner les qualités intrinsèques, je n'en vois hélas pas beaucoup. Malcolm Lowry ne serait l'auteur que d'un seul grand livre ? Il n'y a en tout cas pas grand chose à sauver de cette morne et laborieuse navigation sur les eaux du Pacifique, sans doute bien moins inspirantes que la magie pénétrante du Mexique...

La Cerisaie
7.7

La Cerisaie (1904)

(traduction André Markowicz et Françoise Morvan)

Višnëvyj sad

Sortie : septembre 2002 (France). Théâtre

livre de Anton Tchékhov

Behuliphruen a mis 10/10.

Annotation :

La Cerisaie dépeint un monde sur le point de disparaître, celui de l'aristocratie russe. Il n'y a plus d'argent, les plus vieux domestiques sont morts, les recettes de cuisine même sont oubliées, et si les derniers tenants de ce monde enfui tentent de perpétuer leur rôle, c'est dans les larmes et l'immobilisme. La cerisaie est-elle le dernier refuge où admirer la beauté, éphémère et gratuite, ou bien une formidable opportunité de gagner de l'argent en la vendant pour y construire un lotissement ? Tchekhov n'arbitre pas, mais il fait de cette intrigue ténue, dont les grands événements ne sont pas montrés - la vente - ou n'auront jamais lieu - le mariage - une parabole universelle sur le passage d'un monde ancien à un monde nouveau, sur le poids de la fatalité, du passé et du rêve, face à la foi dans la révolution, dans le présent, dans la réalité. L'inexprimable climat mélancolique, le merveilleux équilibre entre le tragique et la légèreté, le soin et la subtilité avec lesquels est dessiné chaque personnage - jusqu'au moindre valet de chambre - achèvent de faire de cette pièce un vrai miracle.

Behuliphruen

Liste de

Liste vue 915 fois

6