Livres - 2023

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Il faudrait que je relise l'Iliade mais je crois que je préfère l'Enéide.
Certes, pour la langue et la force des images (ah les fameuses épithètes homériques), Homère est sans doute indépassable, mais pour la poésie et le lyrisme, c'est bel et bien Virgile qui arrive en premier...
Ensuite quand je lis que le style de Virgile est plat, d'une part ça n'a pas forcément de sens dans le cas d'un texte en vers traduit en prose, d'autre part... et bien ça dépend de laquelle on parle! Celle de Jacques Perret en Folio est tout-à-fait épique, ample et en même temps, il y a quelque chose de presque déchirant et qui trouve plus de résonance aujourd'hui, à savoir qu’Énée est d'abord quelqu'un qui a vu périr ses amis et sa cité. L'Eneide est l'épopée du juste, de celui qui n'a jamais insulté les dieux contrairement à certains Achéens (qui n'ont pas tous inventé l'eau chaude loin de là...). Dans l'Iliade, il était déjà un peu difficile de ne pas opter pour le parti troyen, mais ici c'est encore plus flagrant : Énée est bien plus aimable qu'un Achille ou un Diomède (quant à Ulysse n'en parlons pas). Turnus quant à lui n'est pas détestable malgré ses rodomontades; il a surtout pas de chance d'être poussé par Junon... Sur ce point, Virgile manque peut-être quelque chose, car ce soutien semble faire moins sens que celui des pro-achéens dans l'Iliade.

Alors quand le récit bascule dans le guerrier en Italie, il faut bien avouer que ça devient hard et que le name dropping devient envahissant. Après le livre X j'étais lessivé , mais en même temps il ne faut pas être naïf, un texte qui date de 2000 ans présente forcément quelques difficultés. Et on peut être tolérant car il y a aussi de riches idées et des trouvailles sans équivalent chez Homère : dans l'avant-dernier livre notamment, Virgile crée ex-nihilo (ohoh) une reine-guerrière badass qui démonte les troyens... on se croirait chez Robert Howard!

La conclusion est très abrupte et du coup frustrante, et sans doute Virgile avait prévu un dernier livre, mais enfin ne boudons pas notre plaisir...

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Biographie enlevée qui se lit presque comme un roman malgré ses 600 pages. L'auteur a un talent certain pour restituer l'état d'esprit qui animait les scientifiques et explorateurs des XVIIIè & XIXè siècle, et sait aussi résumer en termes intelligibles des situations politiques plus ou moins complexes et pas forcément bien connues.
Quelques bémols néanmoins :
1) deux cent pages de notes extrêmement brèves et renvoyant aux sources référencées en biblio, ça crédibilise sans doute son auteur auprès d'un public universitaire, mais pour le lecteur ordinaire, ce n'est d'aucun intérêt...
2) les derniers chapitres consacrés à diverses figures scientifiques ou littéraires font un peu remplissage dans la mesure où ce qui les relie à Humboldt est ténu. Ce n'est qu'une simple influence, même si elle est directe et revendiquée. Les chapitres consacrés à Bolivar sont les plus intéressants car précisément il y a eu bcp plus que cela et c'est d'ailleurs tt-à-fait édifiant : en fait les rapports de Humboldt sur son voyage en Amérique du Sud quoique fastidieux fournissaient des informations TRÈS précises (une agence de renseignement n'aurait pas fait mieux...), et le jeune révolutionnaire avait juste fait l'effort de les lire...

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Littérature Belle Epoque, poète apprécié de Pompidou, ici à l'oeuvre pour un court roman sur la vie d'une put... pardon, d'une courtisane. Assez drôle malgré qq longueurs...

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140 pages qui se lisent d'une traite même si le ressort de l'intrigue est évident aujourd'hui. Difficile de ne pas paraphraser la critique amazonienne de ce livre, mais il y a pas mal de raisons de le lire...
Perso je l'ai vu comme la jonction entre le dandysme homo d'un Oscar Wilde et l'inquiétude moderne d'un Pessoa, d'ailleurs le discours du poète est quasiment du Pessoa dans le texte, rien d'étonnant que les deux aient été copains

Je peux vendre le bouquin (plus édité) à un prix raisonnable à qui serait intéressé...

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Ce n'était même pas le livre d'Anatole France que je voulais lire en premier, mais impossible de résister à l'envie d'en savoir plus après avoir lu la première page où un vieil académicien parle à son chat...
La suite ne déçoit pas, le récit est totalement suranné mais d'un charme fou, écrit en belles phrases déliées, et dans un style assez moderne malgré tout ce qu'on a pu en dire. Certes Anatole n'est pas un révolutionnaire mais on ne trouve quasiment aucune des afféteries auxquelles le XIXe nous a tant habitué : foin de presentation ou de description, mais du dynamisme, de l'ironie, de l'humour... et c'est un régal.

Et merde à André Breton... (y a des choses comme ça, ça fait toujours du bien à dire...)

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Deuxième tome de l'Histoire contemporaine que j'ai trouvé plus intéressant que le premier qui m'avait un peu perdu sur la fin avec une foule de personnages secondaires (mais c'est peut-être moi, je l'ai lu de façon plus haché vers la fin). Ici il y a plus de matière, les dialogues sont plus philosophiques (j'ai surligné des passages entiers sur ma liseuse)... France est décidément un auteur aussi agréable qu'intelligent. On commence à deviner pourquoi Proust l'aimait tant

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Étrangement Bergeret occupe une certaine place mais pas autant qu'on en attendrait au vu du titre. Le complot des nationalistes et anti-dreyfusards prend au moins autant de place. Alors c'est toujours très lisible, même sans notes, mais les effets franciens se font assez mécaniques et même secs, ce qui est tout de même étonnant à constater quand on a lu Sylvestre Bonnard. Un tome de plus aurait sans doute été de trop, la conclusion vient à point nommé, et même si elle peut paraître abrupte, elle est d'une savoureuse ironie...
En tout cas je ne sais pas si l'Histoire Contemporaine est le chaînon manquant entre Zola/Maupassant et Duhamel/Martin du Gard comme l'écrivent certains (faudrait que je relise les premiers déjà et que je me mette aux seconds...), mais c'était une belle découverte.

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Pour une fois, Poe ne se pique pas de gothique mais de cosmologie. Malgré quelques chapitres un peu fastidieux, c'est plutôt bien vu...

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Sans rire, ce bouquin c'est un peu Cavapasdutoutmaisyfautetyapuka en langage universitaire.
Ce n'est pas que je sois en désaccord, mais c'était très répétitif (combien de fois ai-je lu "Schème de la domination"? cette expression doit revenir toutes les deux ou trois pages à vue de nez) et plus déprimant qu'autre chose à lire.
Comme chez Laborit je n'ai pu m'empêcher de tiquer quand la psychanalyse s'est vu poser comme une des fondations des Nouvelles Lumières que l'autrice appelle de ses voeux. Cela dit j'admets qu'on peut au moins se poser la question, car même si on adhère pas il est clair que Freud n'a rien à voir avec les Anti-Lumières (pour lesquels je n'ai très peu de goût, merci bien), donc ok dans l'ensemble. Dommage que ce soit si fastidieux tt de même...

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Je l'ai lu bien trop vite, parfois quelques pages par ci par là dans les transports ce qui est n'importe quoi. Le premier et le dernier chapitre demandent au moins autant d'attention que la MdV sauf que là il fait de la philosophie des mathématiques et c'est bien hardcore.
En revanche les chapitres sur les arts sont plus abordables. Il y a une critique du conservatisme et du rapport de celui-ci au progrès qui m'a semblé très pertinente, même si ne l'aborde que du point de vue esthétique elle me paraît applicable génériquement...

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Déambulations modianiennes dans Paris qui font remonter des souvenirs... Écriture séduisante.

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Un livre dont je connaissais l'existence depuis des lustres, j'ai eu bien tort d'attendre aussi longtemps avant de le lire... car c'est un des meilleurs textes non seulement contre l'antisémitisme (d'autant plus méritant que Lacretelle était issu d'une famille d'aristocrate, pas le milieu le plus judéophile qui soit a priori) mais plus largement contre la bêtise et les préjugés, et qui de plus capture à merveille la psychologie adolescente. Dans le genre je l'ai trouvé au moins aussi bon que Battling le ténébreux

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Pas grand chose dans la suite de ma lecture pour nuancer les critiques de Naudé et Gardette. Juste une litanie d'expériences en tous genres censées montrer le rôle du striatum, parfois même pas d'articles de neuroscience mais présentés comme tels par des formulations ambiguës... Bref, pas vraiment le top de l'honnêteté intellectuelle tout ça.
Qu'il y ait un lien, une corrélation entre l'activité du striatum et la recherche de plaisir, sans doute, personne ne le niera après avoir lu Bohler, en revanche en faire la causalité unique est un abus JAMAIS justifié dans l'ouvrage et pourtant constamment martelé, méthode de publiciste s'il en est, ce qui n'est pas peu ironique pour quelqu'un qui passe son temps à en dénoncer le principe...

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Lecture en pause. Une figure éminente du libéralisme de gauche (avec sans doute qq guillemets autour de chaque terme) intéressante à découvrir mais je sature du langage universitaire avec ses quinze répétitions par chapitre... et peut-être que c'est aussi bien de lire Dewey directement, enfin à voir.

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Pas du tout le pensum ou la saga froufrouteuse que l'on peut craindre de loin en ayant qq images du film en tête : jusqu'à sa fin assez poignante, le prince de Salina est un personnage très attachant.
Et puis Lampedusa sait se faire savoureusement ironique quand il faut; la façon dont il égratigne ses compatriotes est parfois très drôle. Pour un nostalgique de l'ancien régime, il n'est pas non plus si tendre avec le clergé (qui en prend même pas mal pour son grade) et l'aristocratie, mais bon ne réactivons pas la polémique qui avait été désamorcée en son temps par Aragon, le Guépard est un classique largement à la hauteur de sa réputation.

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Évocation de la dure vie paysanne transalpine. Traitez-moi de sans-coeur si vous voulez, mais ça n'a touché strictement aucune fibre.

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Un beau texte (même si pas toujours facile à suivre dans son cheminement) qui témoigne d'une vision des relations homme-femme plus moderne que celle de pas mal d'autrices de la même époque.

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Il s'agit en fait de l'Homme de cour mais dans une traduction moderne et non celle d'Amelot de la Houssaie, et -coup de bol pour moi qui l'ait choisie un peu par hasard- il semblerait que cette traduction soit en fait bien plus recommandable, tant l'ancienne prenait de libertés avec le texte de Gracian. Les quelques exemples de comparaison sont assez saisissants, et on apprend entre autres que Schopenhauer, grand admirateur de Gracian, détestait cordialement celle d'Amelot...

Sur le fond j'ai pas la prétention de commenter un ouvrage de quatre cent ans et plus, mais il ne me semble pas que ce soit un guide pour manager avant l'heure ni un bréviaire de fils de p... Gracian flirte avec l'amoralisme mais ne va pas jusqu'à vanter le mensonge, seulement la dissimulation, subtilité jésuitique s'il en est...

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Classique des lumières et de vulgarisation scientifique que je voulais lire depuis longtemps. Malheureusement je l'ai trouvé assez fastidieux...

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C'est le genre de livre qui vous fait encore plus aimer et admirer un écrivain.
Le témoignage de première main de la fin de la seconde guerre mondiale est déjà précieux en soi, mais quand il s'y mêle considérations sur la littérature et la culture à une telle hauteur de vue, on n'a plus aucune raison de faire la fine bouche.

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Je commence à prendre goût aux journaux d'écrivains... à moyen terme, je tenterais bien un gros morceau, Jules Renard ou Gombrowicz, à voir.
Celui de Kertesz est presque plus un recueil de pensées qu'un journal, assez philosophique, où il discute de Kafka, Nieztsche, Thomas Mann, même Marai... Très intéressant mais au bout d'un moment on se dit que c'est peut-être un peu trop et qu'il y a là ressassement et ratiocination (même si je ne lui jetterais certainement pas la pierre, compte tenu de ce qu'il a vécu). Peut-être aussi deux lectures hongroises si proches engendrent une petite lassitude : j'imagine que j'aurais du mal à supporter de lire le journal de Kafka juste après quelque soit son intérêt...