Livres - 2024

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Pas relu William Morris mais je crois que je préfère Dunsany. Les deux sont pareillement surannés mais il y a moins de systématisme, peut-être moins d'idéologie chez le baron irlandais, qui invente la quête vaine (voire absurde) et sans espoir dont les protagonistes ne sont pas forcément des modèles héroïques. Alverich se perd dans sa quête et Orion dans la chasse. C'est aussi un roman de la frontière peut-être pas si escapiste que cela car on pourrait y voir quelques références au conflit anglo-irlandais et à la partition de l'Irlande.

Sans doute surnoté de ma part, mais il n'y a sans doute pas vraiment d'avis médian possible face à un texte aussi suranné...

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Un recueil savamment composé, les trois journaux étant de registres bien distincts les uns des autres :
Sarashina c'est la femme de cour d'un rang moyen (son père est gouverneur mais sa mère est d'origine modeste) dont la vie est émaillée d'un certain nombre de déceptions et de frustrations;
Murasaki Shikibu est la célèbre autrice du Dit du Genji, la chroniqueuse de la vie de cour dans toute sa munificence et son raffinement;
Izumi Shikibu (pas de lien de parenté avec la précédente en fait, Shikibu étant un titre) est la maîtresse du prince Tametaka...

Murasaki est sans doute la plus intéressante, son journal est une mine d'or de détails qui a du être décortiqué dans tous les sens depuis mille ans, mais aussi je trouve la plus difficile, ses descriptions pouvant être très très statiques. Izumi est aussi intéressante d'un point de vue historique, mais les échanges de poèmes avec le prince sont quand même assez lassants à la longue.
Finalement c'est Sarashina qui allie le mieux intérêt et plaisir de lecture. Beaucoup de voyages à travers le Japon d'un rythme assez fluctuant, mais évocateurs...

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Kenkô est souvent comparé à Montaigne et aux moralistes français et il est vrai que cela fait sens tant la forme de fragments est assez proche. Il est aussi lucide qu'eux tout en étant plus vivant et moins pontifiant, néanmoins ses anecdotes laissent parfois/souvent assez perplexes et à raison de quatre ou cinq notes par pensée, ben ce fut loin d'être une partie de plaisir... J'ai largement préféré les quinze pages de Kamo no Chômei, peut-être parce qu'il m'a semblé un peu plus compatissant envers ses contemporains...

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Novella qui fait très Thomas Hardy dans l'ambiance ai-je trouvé : vie campagnarde à la dure, sombres secrets familiaux... le zeste de fantasy est introduit parcimonieusement et donne du relief à l'ensemble. La conclusion m'a laissé un peu circonspect (trop radicale?), mais c'était quand même chouette

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Texte surpuissant qui fait voler en éclat à peu près toutes nos certitudes usuelles. A la fois méthodique, rigoureux (à tel point qu'on le considère comme un précurseur de Kant ou de la philo analytique), et... drôle façon pince sans rire. La dialectique de Nagarjuna casse des briques et avec son sens de la formule piquante, il m'a tiré quelques sourires. On aimerait pas être ses adversaires tant ils se font retourner.

Je l'ai lu dans l'édition "Tel" Gallimard sous le titre "Stances du milieu par excellence" (avouez c'est quand même plus badass que traité du milieu qui fait un peu manifeste bayrouiste) après avoir lu des recommandations sur am*z*n, et avec ses commentaires, Nagarjuna paraît assez clair en dépit de sa réputation de difficulté. Peut-être bien l'édition la plus recommandable donc.

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Vigny est passé de mode (pas sûr qu'il l'ait jamais été d'ailleurs) ce qui se comprend un peu car il n'a pas la puissance du verbe ou la faconde de ses copains Totor et Théophile, mais Stello, outre la forme originale empruntant au dialogue philosophique, renferme quelques fulgurances qui suffisent à le rendre immortel. La description hallucinée et hallucinante de la mise à mort du poète Chénier dans le Paris révolutionnaire peut justifier la lecture à elle seule. Cela dit, si Vigny rejette la violence révolutionnaire il n'est pas non plus un apologiste de l'Ancien Régime : il clashe tout autant Joseph de Maistre (!) que Robespierre. En fait avec Chateaubriand et Hugo il fait partie des conservateurs modérés ayant cherché un certain équilibre entre tradition et modernité.
Bref, un manifeste du romantisme qui en est en même temps l'aboutissement et qui pave la voie aux parnassiens, symbolistes et autres surréalistes

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J'ai aimé l'argument de départ, la discussion d'un incendiaire sur la plage et les souvenirs qu'il raconte; le premier tiers en gros. En revanche, dès que la narratrice évoque sa vie à Bologne, ça me laisse complètement froid et n'ayant pas lu tout Modiano je n'ai pu saisir toutes les références. Bref toujours bien écrit mais le récit s'épuise vite

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Trop froid, trop mécanique, trop gris (tu m'étonnes que la couverture soit en N&B), ce Modiano m'a blasé. A chaque fois c'est pareil, j'aimerais l'aimer mais il y a toujours au moins un truc qui gêne, et pas forcément toujours le même. Le type d'écriture correspond à peu près exactement à ce qu'on préjuge d'un Goncourt et à ce qui est valorisé voire encouragé par le prix, et encore c'était à la fin des années soixante-dix, j'ose pas imaginer ce que c'est maintenant...

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Bon pour être honnête j'ai survolé ou zappé les explications linguistiques (déjà pour Nagarjuna j'avais tendance à passer vite) clairement trop pointues pour moi. Je peux éventuellement décrypter les lettres grecques parce qu'on les utilise en math, mais c'est limité.

Sinon c'est peut-être de passer après Nagarjuna mais je ne l'ai pas spécialement trouvé obscur. Avec les commentaires de Conche, il est même plutôt limpide. Héraclite semble proche des philosophes asiatiques dans l'esprit et comme eux, il a semble-t-il eu de meilleures intuitions que les parménidiens.
Après sur la longueur, les commentaires ont aussi tendance à se répéter un peu...

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Pas grand chose à redire sur l'analyse littéraire, mais j'ai du mal avec la conclusion où la Grèce antique se voit louée comme la seule civilisation vraiment digne de ce nom qui aurait le sens de l'humain.
Aujourd'hui on sait bien qu'elle avait aussi quelques aspects plus ou moins vilains et qu'elle a *aussi* été prise pour modèle par des régimes pas très jojo...

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Je n'ai rien contre l'auteur, mais franchement, ce livre est un scénario bateau de série télé clichée.
Et pour le coup, on ne peut pas dire que ce soit un scénario passé à la moulinette de telle ou telle plateforme :l'auteur a déjà intégré de lui-même tout ce qu'il faut d'américanismes (FBI, interrogatoires...) et de clichés.
Ce n'est pas de la SF non plus, le livre étant publié en collection blanche. Gallimard ne l'indique nulle part en tant que tel. De toute façon l'argument SF est traité par-dessus la jambe. Dune et Interstellar pour la citation : tout pour m'énerver.
En revanche, côté aspects sociétaux Le Tellier coche toutes les cases : l'homosexualité, internet, les réseaux sociaux, le réchauffement climatique, Macron, Xi Jinping... tout y passe. J'imagine que dans une perspective oulipienne (qui est aussi la seule visible) il a voulu capter l'air du temps comme on dit, mais il n'en a attrapé que les maladies, car tout est extrêmement superficiel.

Très creux donc, mais je serais curieux de lire un autre roman de cet auteur, je pense qu'il a mieux à faire valoir.

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Le cyberpunk est souvent riche en idées mais compressé à la taille d'une novella ce peut être assez indigeste. Ici c'est limite mais ça passe grâce à une écriture très sensorielle. Même si on a du mal à tout appréhender (pour la bonne et simple raison qu'il en est de même pour les personnages...), les sensations restent même après la lecture

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Le premier chapitre est assez formidable. Dans une langue simple et belle, Chambers arrive à faire passer des idées importantes sur l'exploration et la démarche scientifique en général. Ne serait-ce que pour ce chapitre, je recommanderais ce livre à... ben pratiquement n'importe qui en fait.
La suite est moins forte, surtout le deuxième chapitre assez terne à mon goût, mais l'autrice rattrape le coup avec le dernier.

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Autrice que j'ai découvert par hasard, qui est de ceux qui écrivent sur leur parcours de "transfuge de classe" comme on dit, mais dans une tonalité apparemment moins doloriste que d'autres.
Il m'a fallu un peu de temps pour me familiariser avec le style exigeant et les phrases amples et travaillées, mais c'est de la belle littérature. Pas hyper joyeuse mais pas dénuée d'humour non plus...

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Deuxième essai avec Echenoz, et autant j'étais arrivé au bout du Méridien de Greenwich perplexe devant le mélange des genres mais sans ennui, autant ici je me suis tellement fait suer que j'en ai pas atteint la moitié...

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Aussi instructif que rébarbatif. Je ne connaissais rien de la question avant d'ouvrir le bouquin donc j'ai appris pas mal de choses, mais sur la longueur les détails de la vie administrative sous l'Ancien Régime sont assez usants (surtout avec le niveau de langue de Mr Alexis).
Pour briller en société, on a plus vite fait de retenir le résumé : l'enfer administratif existait déjà avant la Révolution...

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Game of Thrones sauce post-moderne mais écrit en vieux françoy. On pourra dire qu'il fallait le faire, mais ça manque un peu de raison d'être autre que l'exercice de style

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Bien aimé. La baleine cosmique de la couverture n'apparaît que marginalement à la fin mais c'est pas grave, l'auteur a des idées et il y a un certain sense of wonder qui agît. Juste peut-être du moins bien dans les dernières pages où le soufflé retombe un peu.

Sinon Reynolds est cité comme auteur de Hard-SF mais ici c'est plus du Space Opera avec un zeste de HSF...

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Réflexions assez remarquables... j'ai poursuivi par d'autres écrits politiques, encore plus profonds. Il y a même une certaine beauté à son style d'essayiste. Je l'avais un peu mal jugée, c'était vraiment une conscience de son époque qui peut encore servir de boussole aujourd'hui.

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En 2020 Chapoutot faisait le buzz avec ce bouquin, était invité partout et déroulait son argumentaire sans contradiction. Pourtant, pas très longtemps après avait paru une critique qui montrait bien qu'il omettait pas mal d'éléments n'allant pas dans son sens et globalement que l'ouvrage était loin d'être rigoureux. Depuis le temps a passé et que ce soit ici ou ailleurs quasiment personne ne tient compte de la critique de Le Texier. Vous avez dit sens critique?

Bon perso j'avais lu la critique avant le bouquin mais je pense que j'aurais tiqué plusieurs fois même sans. La thèse est assez lâche, l'objet pas très bien défini, ce qui est bien pratique et permet les analogies faciles, analogies qui c'est bien connu permettent de démontrer tout et n'importe quoi, mais surtout n'importe quoi. En fait de l'aveu même de Chapoutot, les méthodes ayant inspiré Höhn datent de la fin du XIXè siècle et étaient appliquées dans l'armée prussienne... cherchez l'erreur! Mais bon là je résume/paraphrase déjà Le Texier, le mieux est encore de le lire. Ça ne fait que 16 pages, mais c'est imparable.
Faute de montrer les aspects spécifiquement nazis du management, le lien entre les deux repose sur le bon vieux sophisme de "maléfice par association" (X est nazi, X est prof en mngt, donc le mngt est nazi), ce qui la fout vraiment mal pour un historien reconnu.

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Pas le genre que j'aurais lu spontanément même si je savais que c'était un des préférés de Kundera, mais parfois l'appétit vient en mangeant ou en discutant en l'occurrence. J'avais proposé le bouquin pour une liste il y a à peu près un mois et du coup, quand j'ai fait mes emplettes littéraires, je me suis dit, ben pourquoi pas.
Et c'est chouette. Irrévérencieux et ça fait du bien. Il y a un côté Gaston Lagaffe (même si Švejk n'est pas spécialement paresseux) assez désopilant et si ce n'était aussi tchèque, ça aurait sans doute pu être adapté par Jean-Pierre Mocky...

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Tautologie versifiée précédée d'une introduction en forme de longue paluche heideggerienne : l'être, l'étang, l'étant, l'immobile immuable entité entêtante *baaaaaaaille*