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Luigi Comencini - Commentaires

Si Comencini a longtemps fait figure de cinéaste de seconde catégorie à l’éclectisme suspect, l’histoire l’a bel et bien retenu finalement comme l’un des plus importants réalisateurs italiens des années 60 et 70. Son œuvre est celle d’un moraliste amer posant sur la condition humaine un regard ...

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10 films

créée il y a environ 7 ans · modifiée il y a presque 2 ans
La Grande Pagaille
7.5

La Grande Pagaille (1960)

Tutti a casa

2 h 02 min. Sortie : 19 mai 1961 (France). Comédie dramatique, Guerre

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

8 septembre 1943, l’armistice est signé entre Badoglio et les alliés. S’ensuit une extrême confusion pendant laquelle un officier, faute d’ordres précis, se voit contraint d’abandonner ses hommes. Dépassé par les évènements, il refuse de se mêler aux partisans qui luttent contre les Allemands ou aux fascistes continuant de combattre à leurs côtés. Sous couvert de décrire la désillusion des soldats transalpins démobilisés, Comencini en fait des héros malgré eux, l’un donnant sa vie pour une Juive, les autres se mêlant aux libérateurs de Naples. Tantôt caustique et cinglant, tantôt doux et attendri, toujours bienveillant, il multiplie les épisodes burlesques (certains sont d’un goût contestable, d’autres inventifs), et filme ces pauvres hères comme autant de paumés emportés par le désarroi d’une époque.

À cheval sur le tigre
7.2

À cheval sur le tigre (1961)

A cavallo della tigre

1 h 49 min. Sortie : 4 février 1976 (France). Comédie dramatique

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Plus pessimiste encore que "Le Pigeon" ou "Le Fanfaron", qui lui sont contemporains, cette odyssée tragi-comique d’un pauvre hère victime des circonstances vaut comme approche, à partir d’un certain nombre de procédés traditionnels de la comédie italienne, d’une mise en scène qui favorise de longs plans sur le travail d’un acteur et exploite les possibilités de déception ou de rebondissement inscrite dans la topographie. Elle débute sur une description de la vie carcérale dont le réalisme à la Dassin ou à la Becker est coloré de répliques et de gags comiques, se poursuit sur le mode de l’aventure picaresque, farcie de trouvailles verbales, et épouse en fin de course l’incapacité radicale du héros à organiser le simulacre de sa propre vie. L’âpreté de la critique sociale se nourrit ainsi d’un pathétique inattendu.

Le Commissaire
7.2

Le Commissaire (1962)

Il commissario

1 h 49 min. Sortie : 21 avril 1962 (Italie). Comédie dramatique, Policier

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Les caractères distinctifs de la nouvelle école du genre consistent en une adhérence très forte aux problèmes et à la vie des Italiens du début des années soixante. Dans cette société soumise à des transformations, déséquilibres et déphasages vivaces, le rôle du fonctionnaire hérite d’une signification toute particulière. En proposant un commissaire de police qui veut faire carrière, pèche par excès de zèle, se fourre dans la mauvaise direction et met la main sur des affaires trop grosses, avec trop de confusion, Comencini montre comment les aspirations peuvent être frustrées par des structures opprimantes. L’œuvre, mal préparée et mal conçue de l’aveu même de son auteur, peine toutefois à trouver la verve nécessaire, comme si la courroie de transmission entre les idées et leur expression était atteinte.

La Ragazza
6.6

La Ragazza (1964)

La ragazza di Bube

1 h 46 min. Sortie : 16 septembre 1964 (France). Drame, Policier

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Avec beaucoup de finesse, le cinéaste analyse les renoncements successifs, les fluctuations tactiques, les compromis et les dialectiques habiles qui ont abouti au découragement et à la démobilisation de la classe ouvrière. Il bâtit des personnages parfaitement situés dans leur temps, enlisés dans des trahisons qui les dépassent, victimes de la totalité du don qu’ils ont fait à la cause épousée. Le plus émouvant est bien sûr incarné par CC, innocente, charmeuse, pathétique, coquette, grave, sereine ou triste, femme en litige entre l’homme du miracle économique confortable et celui du soulèvement armé. Si la Révolution a sa beauté sauvage, sa sensuelle plénitude, si le baiser du triomphe a le goût de ses lèvres, si la mort pour la cause a l’anéantissement de ses étreintes, tout espoir n’est pas encore perdu.

L'Incompris
7.9

L'Incompris (1966)

Incompreso (Vita col figlio)

1 h 44 min. Sortie : 31 juillet 1968 (France). Drame

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

De ce qui aurait pu n’être qu’une putassière pleurnicherie (les commentateurs aveugles de l’époque en ont encore le doigt au fond de l’œil), Comencini tire un pur joyau de finesse et de sensibilité, sans doute l’un des plus beaux films jamais consacrés au monde de l’enfance. Il resserre toutes les données sentimentales en une approche constamment éclairée, écarte le moindre bavardage oiseux et privilégie ce qui compte : les problèmes du cœur, la solitude vécue par un pré-adolescent de douze ans face au deuil prématuré de sa mère, à l’inattention inconsciente de son père, et près de son plus jeune frère dont il est en quelque sorte le malheureux responsable. Film sur le regard, sur la suspension du temps, du cri, de la souffrance, avec des stries d’humour à la surface sinon trop polie des apparences ; cruel mais infiniment tendre, bouleversant car rigoureux.
Top 10 Année 1966 :
http://lc.cx/BCP

Casanova, un adolescent à Venise
7

Casanova, un adolescent à Venise (1969)

Infanzia, Vocazione e Prime Esperienze di Giacomo Casanova veneziano

2 h 03 min. Sortie : 8 décembre 1976 (France). Biopic, Comédie, Historique

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Des sacristies aux alcôves, de la vocation ecclésiastique à sa joyeuse défroque, le cinéaste raconte la jeunesse du célèbre libertin, son apprentissage à la pauvreté, aux pouvoirs du paraître, de la séduction et du langage. Rien ne vient jamais trahir la crédibilité de ce XVIIème minutieusement reconstitué, de cette Venise déchiffrée avec la même direction qu’une toile de Guardi, de Tiepolo ou qu’un chapitre des mémorialistes du temps. Aucune image n’est gratuite dans cette chronique allègre et truculente où les expériences humaines sont évoquées sans que le problème de l’existence n’y soit soulevé, et dont chaque instant révèle une intelligence sensible à la beauté dans ce qu’elle a de périssable, au désir dans ce qu’il révèle du rapport à la vie, à la vérité des masques, du spectacle et de l’illusion.
Top 10 Année 1969 :
http://lc.cx/2iy

L'Argent de la vieille
7.6

L'Argent de la vieille (1972)

Lo scopone scientifico

1 h 53 min. Sortie : 30 novembre 1977 (France). Comédie dramatique

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

À gauche, les italiens Alberto Sordi et Silvana Mangano, couple populaire issu des faubourgs les plus défavorisés de la capitale. À droite, les américains Bette Davis et Joseph Cotten, elle milliardaire onctueuse, lui chauffeur sadisé et soumis. Dans le champ clos d’une villa romaine, les deux camps entament une partie interminable dont l’orchestration atteint les dimensions immenses d’un problème de société. Jeu de cartes mais surtout jeu de pouvoir économique et politique, où la mise se fait à quitte ou double et dont le gagnant, loin d’être le plus fort, le plus intelligent, le plus courageux, est celui qui, parce qu’il possède, peut le prolonger à l’infini. Derrière la cocasserie hilarante des situations, la tension permanente de la dramaturgie, toute la férocité d’un constat cinglant sur l’inégalité de la lutte des classes.
Top 10 Année 1972 :
http://lc.cx/AUa

Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ?
6.7

Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? (1974)

Mio Dio, come sono caduta in basso!

1 h 50 min. Sortie : 10 décembre 1975 (France). Comédie

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

L’auteur a déclaré avoir réalisé cette parodie de roman-feuilleton pour ridiculiser le dannunzianisme et en souligner le cabotinage, l’hypocrisie, le poison subtil qui ensemença les racines du fascisme. Son couple noble et chaste y véhicule une satire de l’Eglise, de la sauvegarde des apparences, en même temps qu’il favorise une grivoiserie flirtant avec la caricature. Car pour que la chair exulte, il faudra que la Marquise, pieuse mais lascive et débordante de désir frustré, s’encanaille avec un robuste chauffeur, avatar prolétaire du garde-chasse lawrencien. On ressent toutefois comme une gêne de voir un cinéaste d’ordinaire si subtil flirter ainsi avec la vulgarité, quand bien même ses talents d’esthète affirment une belle tenue dans le décor, le cadre, la prise de vue (et la plastique fort avenante de Laura Antonelli).

Qui a tué le chat ?
6.8

Qui a tué le chat ? (1977)

Il gatto

1 h 49 min. Sortie : 15 mars 1978 (France). Comédie

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un immeuble vétuste du centre de Rome, plein d’escaliers, de couloirs, de toits en terrasses, de fenêtres en vis-à-vis, véritable panier de crabes dont tous les habitants ont quelque chose à cacher ou à se reprocher. Les allées et venues, les chassés-croisés de ces personnages tordus, louches et équivoques dressent un éventail de toutes les méchancetés possibles et établissent l’apologue d’une certaine bassesse de la moyenne bourgeoisie, minée par la veulerie et l’envie, la rancœur et la haine. C’est donc un avatar caractéristique, et pas le moins réussi, de cette comedia dell’arte féroce et grinçante dont Comencini fut l’un des brillants représentants : les effets comiques y fusent avec naturel, sans précipitation mais sans laisser place à l’ennui, habillant d’une outrance pittoresque la noirceur amère du propos.

Le Grand Embouteillage
6.7

Le Grand Embouteillage (1979)

L'ingorgo

1 h 46 min. Sortie : 21 novembre 1979 (France). Drame

Film de Luigi Comencini

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Il peut sembler facile de voir dans un embouteillage monstre la métaphore d’une société arrivée à un point de non-retour, décomposée par la technique, la vitesse, le conflit et l’individualisme forcené. Mais les paraboles se doivent d’êtres claires. Tout un peuple s’agite, se rebelle, se révèle, se hait, se tue sur ce ruban de macadam immobile, en un ballet polyphonique que n’aurait pas renié l’Altman de "Nashville" ou d’"Un Mariage". Aucune histoire n’est poussée à son terme car il n’y a pas de solution mais une catastrophe n’en finissant jamais de s’étendre, la permanence d’une désagrégation sans issue, l’entassement de myriades de problématiques arrivé au blocage, au point mort. Un film noir, beckettien, volontiers atroce, qui ne craint pas d’exprimer de cruelles vérités sans prendre de ménagement.

Thaddeus

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