Cover Mes Lectures 2022
Liste de

20 livres

créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a presque 2 ans
Le Problème à trois corps
7.4

Le Problème à trois corps (2008)

sān tǐ

Sortie : 5 octobre 2016 (France). Roman, Science-fiction

livre de Liu Cixin

-Alive- a mis 1/10.

Annotation :

Alors là ! Wow ! il y a bien longtemps que je n’avais pas autant détesté un livre. Longtemps que je n’avais pas ressenti un rejet et un ennui aussi catégorique sur toutes les parcelles d’une œuvre, et croyez-moi j’en suis le premier déçu. J’ai l’impression que le roman vaut surtout pour son côté “hard SF”. Le récit un peu tarabiscoté semble être une excuse pour exposer divers concepts scientifiques : relativité générale, nanotechnologie, étude de révolution des astres, physique quantique, et même réalité virtuelle. Et peut-être qu’au fil de son intrigue, le livre prend sens et se met à interroger et fouiller ses concepts plutôt que de simplement les exposer telle une page wikipédia. Je ne saurais le dire, car j’ai abandonné la lecture au bout de 200 pages, assommé que j’étais.

Car en tant que roman, absolument rien ne va. RIEN. DU. TOUT. Le style est d’une indigence abyssale, les personnages sont fantomatiques. Les allers-retours du héros, les dialogues, les rapports entre chaque personnage, tout sonne faux, vide, bidon. L’auteur est même maladroit dans ses ellipses, ou dans ses descriptions de lieux. En fait j’ai vraiment eu l’impression de lire une rédaction de 5ème. Je n’exagère pas hein. C’est vraiment écrit avec la plume vide que pourrait avoir un élève de 5ème, plein d’ambition quand il s’agit de parler science, mais incapable de faire du roman un tant soit peu correct. Il y a bien des péripéties, des mystères qui se dessinent, mais portés par un texte du néant.

Quelqu’un peut-il m’expliquer sérieusement ? Qu’est-ce qu’on trouve à ce livre, à part ses “idées” hard SF ? J'veux dire, c’est pas nouveau ça. Lisez K.Dick, lisez Silverberg, lisez C.Clarke, lisez Zelazny, lisez K. Le Guin, lisez les Strougatski. Vous y trouverez aussi des concepts hard-SF, mais avec autrement plus de talent.

Là j’étais constamment en train de me dire “mais non, mais noooooon, mais c’est nuuuul”. Atterré, baffé, bafoué, insulté devant chaque paragraphe tant c’était PLAT. D’ailleurs j’ai abandonné, et je m’en vais lire le résumé, car ya pas de différence entre un résumé wikipédia et le livre en lui-même. Allez j’arrête là, vous avez compris. C’est pas souvent que je donne des 1/10 (équivalent de zéro ici), mais ça sort du coeur, et c’est pas du troll.

Givre et sang
7.1

Givre et sang (1925)

Ducdame

Sortie : 1925 (Royaume-Uni). Roman

livre de John Cowper Powys

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Une bien belle découverte que la littérature de John Cowper Powys, écrivain dont j’avais croisé le nom chez Henry Miller d’abord, puis chez Marc Edouard Nabe, qui ne tarissent pas d’éloges pour lui. Quand un libertaire et un droitard vantent un même écrivain, c’est qu’il y a lieu de s’y intéresser. Si on voulait résumer grossièrement son style, on pourrait dire que Powys est une sorte de Virginia Woolf masculin. En vrai c’est quand même plus simple que Woolf, moins minutieux. Disons qu’il y a toujours des vrais évènements à la source des torrents de pensées des personnages, une histoire assez violente d’ailleurs. Ça se passe dans l’Ouest de l’Angleterre, on ne sait pas trop quand - milieu du siècle probablement – sur le territoire de la famille Ashover. Des châtelains de siècle en siècle. Le père est mort, restent la mère et les deux fils adultes. Rook et Lexie, deux frères fatigués du poids de leur nom, et incapables de résister aux femmes, ce qui va être leur plus grand malheur. Je n’en dis pas plus, car il y a d’autres choses qui entrent en compte dans l’histoire. Faut retenir surtout que la plume de Powys est toute tournée vers les forces de la nature. C’est du stream of consciousness de la nature, du nature writing qui saisit la conscience des prairies, des arbres, de la tourbe, des pluies diluviennes. Il y a donc la nature, mais il y a aussi la mort. Les lignées de défunts, sous leur pierre tombale pèsent sur l’histoire autant que le changement des saisons. Les consciences des personnages – je dirais mêmes leurs esprits – sont soumis à ces forces mystiques que sont la nature, la mort et le destin.

En bref, de la grande littérature, qui me donne envie de découvrir les autres œuvres de Powys. Son plus cité étant Wolf Solent.

463 pages

Les Ronces
7.2

Les Ronces (2018)

Sortie : 16 mai 2018. Poésie

livre de Cécile Coulon

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

J’ai pris ce recueil de poèmes au hasard en librairie. Plus tard j’ai compris comment un livre de poésie avait pu se trouver en évidence sur un étalage d’une petite librairie. En fait c’est un best seller, et apparemment Cécile Coulon est connue. Bon bein tant mieux, ça me fera découvrir son taff. Et c’est vrai que c’est une poésie qui fonctionne. Une poésie étonnamment moderne, qui forme davantage des textes vivants et des récits du quotidien qui s’accordent des écarts poétiques, des moments d’intériorité forts, mais toujours maîtrisés. Et c’est fait dans un style très simple, abordable, que n’importe qui pourrait lire. Rien d’absolument fou donc, rien qui ne sera à placer aux côtés des plus grands, il faut en être conscient. Mais au moins Coulon offre une poésie inédite et neuve, qui ne ressemble à rien d’autre qu’à elle, et qui n’essaie pas de pasticher les maîtres. À l’heure où cet art est mort, où on n'ose plus faire de la poésie de peur de tomber dans l'emphase et la phrase ampoulée, c’est bien qu’un recueil puisse plaire au grand public. Si le succès de Coulon pouvait convaincre les éditeurs de publier plus de poésie.

169 pages

Chez soi
8

Chez soi (2015)

Une Odyssée de l'espace domestique

Sortie : 23 avril 2015. Essai, Culture & société

livre de Mona Chollet

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Je suis content d’avoir lu du Mona Chollet, et malgré les quelques choses que j’ai à redire sur ce livre, j’ai déjà acheté un autre de ses ouvrages. Preuve que ça m’a plu.
Ici, comme le sous-titre l’indique, on a droit à une vraie odyssée de l’espace domestique. Chollet prend le sujet du « chez soi », pour en explorer toutes les facettes. Un tas de questions sont abordées : les injonctions sociales faites au casanier, les contradictions entre ces injonctions et le capitalisme qui nous pousse à consommer/rester chez nous, le mal-vivre chez soi, la crise du logement, les rapports de domesticité, la place de la femme aujourd’hui dans l’espace domestique, le temps et l’espace domestique à l’ère capitaliste, les modèles de vie domestique, les différentes écoles d’architectures plus ou moins viables, plus ou moins proches des gens, etc etc. C’est complet.

Chollet est très forte pour mettre le doigt sur des points aveugles du réel, toucher là où ça fait mal et faire sauter avec ironie tous les clichés dans lesquels on s’englue. Vu tous les sujets qu’elle aborde, impossible de ne pas être soi-même touché. Il y a forcément une question sur laquelle on ne sera pas éclairé, et sur laquelle Chollet fera mouche pour nous.
Le seul souci que j’ai avec elle alors, c’est lorsqu’elle se met à taper sur des modèles normés – par exemple la famille mononucléaire comme norme vers laquelle la société veut nous faire tendre. Dans ces cas, elle déploie plein d’exemples de dysfonctionnalités pour nous montrer que ce modèle n’est pas parfait, et que c’est idiot d’en faire la norme (jusque là je suis d’accord), mais en opposition à cela elle ne présente que des avantages aux autres modèles. Elle les présente comme des solutions. Un peu malhonnête comme démarche, car bien souvent ça laisse entendre que les modèles non normés sont meilleurs. Or, il n’y a rien de bien ou de mal, rien de meilleur. Il y a juste différentes manières de vivre.

355 pages

L'Été slovène
5.9

L'Été slovène (2013)

Sortie : 22 mars 2013. Roman

livre de Clément Bénech

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Pas mal pour un premier roman, surtout venant d’un gars aussi jeune (plus jeune que moi le bâtard ! aie, ça fait mal de vieillir). Clément Bénech raconte ici l’histoire d’un couple dit “sur le déclin” qui part en vacances en Slovénie pour tenter de réparer les choses. Du moins c’est ce que dit la 4ème de couv. En fait, comme dans la vraie vie, cruelle qu’elle est, ce déclin ne se manifeste que par touches discrètes, à peine visibles parfois. On suit ce couple dans des galères de vacances, en se disant que ces galères feront tout exploser. Et en fait non. Elles aboutissent seulement à quelques mésententes, sitôt suivies de sourires et de réconciliation dans le lit. Tout a l’air bien en apparence. Malgré tout, il y a des gestes, ou plutôt des absences de gestes. Il y a aussi des blagues lancées nulle part, des complicités qui n’aboutissent pas. Elle le trouve lourd. Il la trouve distante. Parfois la jalousie se manifeste. Et alors tous les gestes d’amour accomplis ostentatoirement, tous les rapprochements physiques se font toujours comme pour colmater de nouvelles brèches qui viennent de s’ouvrir. C’est un roman minutieux, écrit avec humour et avec un style cocasse, discret mais sûr de lui. Un bel exercice d’étude du geste sentimental, du geste de sauvetage pour l’amour, mais effectué sans amour.

125 pages

Les cochons au paradis
8

Les cochons au paradis (1993)

Pigs in Heaven

Sortie : 1996 (France). Roman

livre de Barbara Kingsolver

-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Grand plaisir de retrouver les personnages de L’arbre au haricot, et l’écriture si particulière de Barbara Kingsolver. Si je retiens bien une chose de cette écrivaine, c’est cette façon très maligne de relever les détails amusants, de pointer des choses cocasses face à une situation, quand bien même ce qu’elle raconte c’est de la misère et du désarroi. Kingsolver nous fait traverser l’amérique middle class, parfois même l’amérique carrément pauvre, bref l’amérique réelle - celle qu’on voit trop peu encore dans le cinéma - mais elle le fait de façon amusée, toujours avec le bon mot qu’il faut pour ne verser ni dans le drama, ni dans la comédie totale. Et ses personnages féminins sont fantastiques. Ici, j’adore tout particulièrement le personnage d’Alice, femme de 60 ans qui quitte un mari relou sur un coup de tête, et qui permet d’avoir un regard très beau sur ce qu’est être une femme à 60 ans (moi c’est ça qui m’intéresse aussi en littérature, endosser des personnalités autres que la mienne). Bref, l’écriture de Kingsolver est un régal, et c’est certain, je vais continuer de fouiller son œuvre.

447 pages

La Vérité avant-dernière
7.5

La Vérité avant-dernière

The Penultimate Truth

Sortie : 1964 (France). Roman, Science-fiction

livre de Philip K. Dick

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

J’ai toujours mes 45 romans et autres recueils de nouvelles de k-dick bien rangés sur mes étagères, et toujours l’intention de tous les lire. De devenir une sorte de spécialiste de Philip ouais ouais. Mais je prends mon temps t’as vu. Et là j’avais envie de m’en lire un. Comme d’hab, Dick c’est irrésumable, et le texte en quatrième de couverture laisse croire des choses, laissent imaginer un roman qu’on finit par ne pas avoir entre les mains tant Dick déjoue nos attentes. Je ne dirai absolument rien de l’histoire, sinon qu’elle prend sans cesse des virages inattendus, démarrant comme une sorte de mix entre The Island (le film de Bay) et Fallout (le jeu vidéo) pour aller ensuite dans des directions très…euh dickienne. On y retrouve toujours ses thématiques habituelles sur le mensonge, le réel, mais aussi des réflexions en sous-lecture sur la propagande, la parole, l’espionnage, la guerre froide, etc. J’ignore à vrai dire si c’est un grand roman. K-dick en a-t-il vraiment écrit, à part Ubik ? Mais c’est un roman étonnant, intéressant, parce que c’est Dick, et qu’un Dick même brouillon, même vite esquissé, est plus intéressant que n’importe quelle SF bien écrite mais éculée dans ses thématiques. Philip je t’aime <3

283 pages

Sunk
6.5

Sunk (2005)

Sortie : février 2005. Roman, Fantasy

livre de Fabrice Colin et Sabrina Calvo

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Sunk est un roman illustré qui raconte l’histoire d’une île qui coule. L’île de Sunk sombre dans l’eau (ou bien l’eau monte, personne ne sait vraiment) et voit ses habitants périr inévitablement. On va alors suivre deux frères qui ont perdu leurs parents. Arnaud, désabusé, buveur de bière, et Sébastien, naif et doux. Les deux vont partir à l’aventure avec une bande de bras cassés dans les hauteurs de l’île pour trouver une solution au problème. Autant le dire de suite, c’est un livre loufoque. Plus que cela même, c’est un livre surréaliste. En fait, plus on avance dans l’histoire, plus l’eau monte, et plus ça devient taré. Le livre s’ouvre sur un monde moyenâgeux plein de boue, de crasse et d’anecdotes sanglantes, mais à la violence désamorcée par un humour qui fait mouche. Mais ensuite nos héros vont traverser des villages étranges, des mondes à concept, des bouts d’aventure qui vont être des bons gros WTF. Et on ira de surprise en surprise avec des délires allant crescendo. Approchant le sommet de Sunk, dans les derniers chapitres, on nage en pleine folie littéraire. Si bien que par moment je décrochais. Et aujourd’hui je ne sais pas trop quoi penser du livre. Projet à la fois intéressant dans son mouvement, l’eau monte, la mort avec, et l’histoire se décompose, se détache du réel, invitant le lecteur à accepter une mort inéluctable de l’esprit. Mais livre qui devient si barré et si décousu qu’il peut nous glisser des mains, en nous éloignant de l’horreur qu’il raconte - car oui ! Sunk est un roman violent. Les familles meurent, les enfants se noient, les corps pourrissent dans l’eau, les requins les mangent. Sunk pue la mort, et fait du pourrissement et de la noyade ses thèmes centraux.

250 pages

« Arrête avec tes mensonges » 
7.9

« Arrête avec tes mensonges »  (2017)

Sortie : 5 janvier 2017. Roman

livre de Philippe Besson

-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Philippe Besson raconte un amour de jeunesse, et c’est tout. Ça n’a pas besoin de plus, car c’est très beau. Pas besoin de tirer d’autres ficelles, de faire jouer des ressorts littéraires autres. C’est du récit de soi, très simple, très pur et un texte sacrément touchant à la clé. Parfois, au début, je trouvais Besson un peu dans le cliché, dans le sur-écrit, dans le tableau d’épure tout droit sorti d’un film. L’écriture de Besson flirte gentiment avec la guimauve, mais léger, très léger. Au bout d’un moment j’ai oublié ça, je me suis laissé emporter par le récit et c’est ce qu’il faut faire je pense. Je ne crois pas que ce soit de la grande littérature. C’est un livre assez commun pour son époque, mais c’est réussi et ce Thomas, ce premier amour, est un personnage qui va me suivre longtemps.

Un certain Paul Darrigrand
7.6

Un certain Paul Darrigrand (2019)

Sortie : 24 janvier 2019. Roman

livre de Philippe Besson

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Suite du livre précédent. Deuxième de sa trilogie autobiographique. Ici Besson raconte un autre amour, arrivé après, à l'entrée à l'âge adulte. Bien que la plume soit toujours très efficace, cette seconde histoire d'amour m'a moins touché que la première. Peut être simplement parce que ce Paul est moins fort (comme personnage) que le Thomas du premier livre. Reste que le récit coule tout seul. Besson a, comme tout bon écrivain autobio, un vrai talent de narrateur. Juste dommage que sa plume oscille entre les extrêmes. Parfois, elle frappe fort. Certains paragraphes touchent des sentiments, des détails de vie, de sensualité, avec la qualité d'un grand écrivain. Puis à d'autres moments, ça devient de la guimauve, ça devient tout sucre, un peu cliché. C'est toujours très léger, mais c'est là.

165 pages

Dîner à Montréal
7.3

Dîner à Montréal (2019)

Sortie : 29 mai 2019. Roman

livre de Philippe Besson

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Pour clore sa trilogie, Philippe Besson choisit une voie plutôt originale. Plus vraiment une autobiographie, mais le récit d’un dîner qu’il a vécu des années plus tard avec ce fameux Paul Darrigrand, perdu de vue, désormais marié et père. C’est un dîner à quatre qui compte le propre boyfriend de Philippe, Paul et sa femme. Dîner dans lequel ils discutent du passé, de leur amour, se font des aveux, essaient de creuser dans les répliques et expressions de chacun pour chercher la vérité sur leur rupture, discuter des trajectoires qu’ils auraient pu prendre etc. Raconter ce dîner est une manière pour Besson d’offrir à ses lecteurs la suite de son histoire avec Paul, et de définitivement tourner la page. C’est aussi, il me semble, une bonne idée pour ne pas reproduire le schéma des deux premiers livres. Et ça fonctionne sur ce point. J’ai été plus emballé par cette approche, que j’ai lu comme une bonne conclusion. Reste que je formulerai le même reproche qu’aux autres livres : chez Besson, toujours ce soupçon de sur-écrit, cette envie de faire du sentiment. Ça devient gênant surtout lorsqu’il se met à surinterpréter les réactions des autres, en leur collant un sentimentalisme qu’ils n'expriment pas vraiment, mais qui vient de lui. La plupart des lecteurs aimeront ça, c’est même l’objet du livre : décortiquer les sentiments de chacun, chercher des non-dits dans chaque silence, et les interpréter comme des regrets profonds. Besson a l’air de chercher une seule réponse, celle qu’il l’attend, celle qui voudrait que Paul regrette son choix de vie d'hétéro marié, et que son véritable amour ait été pour lui, Philippe. Et pour obtenir cet aveu, son seul moyen et de lire entre les lignes de ses interlocuteurs et de surinterpréter leurs réponses. Et ça me gêne un peu. Dans le cadre d’un récit vrai, d’une entrevue aussi intime, ça me gêne toujours un peu qu’on tente de lire à travers les gens comme s’ils étaient des personnages de roman. On ne peut pas plier le réel à sa volonté, comme on plie la fiction.

156 pages

Sept Contes gothiques
7.5

Sept Contes gothiques (1935)

Seven Gothic Tales

Sortie : 1983 (France). Recueil de contes

livre de Karen Blixen

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

Pour le coup, j’ai été con. Moi quand je lis “contes gothiques”, je pense immédiatement à de l’épouvante, et j’oublie que la littérature gothique ce n’est pas ça, mais une branche du romantisme, qui repose souvent sur des histoires autour de la religion. Des histoires de moines impies, de filles vierges qui deviennent de vraies tigresses, de jeunes hommes qui font des pactes avec le diable, et autres conneries du genre. Les contes imaginés par Blixen vont pile dans cette direction. C’est à peine si le fantastique y a sa place, et ce qu’ils racontent ne m’a jamais vraiment intéressé. Je n’ai donc rien de spécial à reprocher à ce recueil, déjà parce que je ne l’ai pas terminé. Je n’ai lu qu’un conte, et la moitié d’un autre (donc quasiment rien). Ensuite parce que, objectivement, ces textes ne sont pas mauvais. Bien au contraire, ils ont l’air de respecter le genre dans lequel ils s’inscrivent. Pour les fans de gothique du fin 18ème, début 19ème, c’est donc une lecture à tenter. Moi en revanche, j’ai pris conscience que ce genre d’histoire ne me bottait pas, et l’écriture surannée de Blixen ne m’a pas aidé à rentrer dedans. Un abandon donc, sans trop de regret.

508 pages

Un privé à Babylone
7.8

Un privé à Babylone (1977)

Dreaming of Babylon : A Private Eye Novel 1942

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Richard Brautigan

-Alive- a mis 9/10.

Annotation :

Quand Brautigan s’attaque au polar, on peut être sûr que ce sera tout sauf du polar, et qu’on va surtout se marrer à chaque paragraphe. Et ça ne rate pas. Récit d’un détective privé à côté de ses pompes, loser de première classe, qui passe son temps à rêvasser. Brautigan nous raconte cette histoire complètement pétée avec les armes qui sont les siennes : des lignes de dialogues ahurissantes, des comparaisons sorties d’une autre dimension, des chapitres courts comme des blagues, vifs comme des claques, un brin de je-m’en-foutisme et de je-vais-t’en-foutre-du-polar-moi qui traverse l’ensemble du livre. Franchement, je passais mont temps à rire. À chacun de ses livres, Brautigan me fait gagner en espérance de vie.

244 pages

Un bonheur parfait
7.3

Un bonheur parfait (1975)

Light Years

Sortie : 1975. Roman

livre de James Salter

-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Assurément le meilleur livre que j’aurai lu cette année. Je ne m’attendais à être autant remué. Cette histoire me touche plus que de raison, peut être parce qu’elle parle d’un couple et de leurs deux filles, et qu’à de nombreuses reprises je me suis lu dans le personnage de Viri. Lorsqu’il regarde ses filles jouer, lorsqu’il observe sa vie, je me suis vu à travers lui. C’est l’histoire très simple d’un couple. Nedra et Viri. Ils sont beaux, mariés et heureux, et on va suivre leur relation sur toute leur vie. L’écriture de Salter est unique. Difficile à décrire correctement. Elle est ciselée, précise, elle touche juste à chaque fois, mais se permet pourtant des moments de flottements très sensoriels. Salter peint par à-coups, ce qu’il nous raconte ce sont les moments qui restent. C’est ce que chacun des personnages retiendra à la fin de sa vie. Les souvenirs les plus vifs. Le roman saute alors d’un épisode à l’autre, laisse fuir la vie à travers les pages, survole bien des choses mais nous permet pourtant d’être au cœur de cette famille, puisque précisément l’écriture sensorielle de Salter, proche de ses personnages, proche du détail, nous permet d’être là au moment présent. Le roman est mu d’une sorte de double mouvement qu’on pourrait croire incompatible et que Salter arrive à faire vivre ensemble avec un talent assez dingue. Un mouvement rapide, des années qu’on survole en tournant une page, parfois même d’un paragraphe à l’autre. Et un mouvement du petit-rien, de la petite seconde, de la réplique anodine qui va nous marquer. Je suis admiratif de la structure et du souffle de ce roman. Et le dernier quart du livre, est probablement ce que j’ai lu de plus beau de ma vie sur le couple et la vieillesse.

393 pages

Pas dupe
6.4

Pas dupe (2019)

Sortie : 7 mars 2019. Roman

livre de Yves Ravey

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Je découvre Yves Ravey, autre membre de l’écurie Minuit. Et je crois que je commence à comprendre ce que les gens reprochent à ces éditions et à leurs auteurs. Moi j’aime Minuit parce que j’aime Echenoz, parce que j’aime Duras, et qu’il n’est jamais désagréable de se tourner vers certains auteurs (Jean-Philippe Toussaint, Deck, Viel, etc..). Mais c’est vrai qu’avec ce livre de Ravey, j’ai l’impression qu’il suffit qu’un ouvrage soit légèrement décalé pour être signé chez Minuit. Là, on a un faux-thriller comme il en existe un million chez cet éditeur. Sauf que contrairement à un Echenoz par exemple, l’écriture de Ravey est bêtement simple. Écriture blanche, sèche au possible, un personnage simplet qui déverse des réflexions froides et distantes, marquant tout de même une sorte de décalage humoristique.

Au fond, Ravey joue avec le polar sans pour autant en faire un grand livre. L’histoire n’est pas désagréable, loin de là, mais je ne vois pas ce qu’elle fait de mieux que n’ont déjà fait Agatha Christie ou Mary Higgins Clark. La caricature du polar c’est marrant deux secondes quoi, mais il faut que ça aboutisse à des propositions littéraires plus fortes que ça. Franchement, autant se tourner vers des vrais écrivains de polar.

L'Avalée des avalés
8.4

L'Avalée des avalés (1966)

Sortie : 1966 (France). Roman

livre de Réjean Ducharme

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Ce livre m’a autant fasciné qu’agacé. Il s’inscrit dans la lignée des Carnets du Sous-Sol. J’entends par là, une littérature du monologue. On y suit Bérénice Einberg, jeune narratrice en colère contre ses parents, contre la vie, contre tout. Le livre tient sur son souffle. Chaque chapitre est une salve enragée qui répète en boucle les mêmes rancœurs, les mêmes gimmicks. C’est le regard d’une jeune fille hors-norme, pleine de haine contre le monde adulte et la société, contre le religion et l’armée, contre les autres enfants et contre la famille, contre l’amour et le sexe. Elle transpire de haine, mais elle est gonflée d’amour pour son frère et une poignée de personnages qui traversent le livre. Tout est toujours dans l’excès avec Bérénice.

Et c’est donc un livre à la langue enflammée et venimeuse qui aurait pu être d’une puissance sans égal. Sauf que justement, ça tourne en boucle, et ça finit par tourner à vide. Peu d’éléments pour alimenter la machine, peu de choses à raconter. Impossible pour moi ne pas être épuisé face à ce livre, et difficile d’enchainer les chapitres. J’ai fini le livre satisfait de tourner la dernière page, mais je reconnais quand même que la proposition est forte.

Trente-Quatre récits très courts et assez courts

Trente-Quatre récits très courts et assez courts

Sortie : 19 mai 2022 (France). Recueil de nouvelles

livre de Linor Goralik

-Alive- a mis 4/10.

Annotation :

Franchement, c'est laborieux. Faut dire ce qui est. En récits très courts j'ai eu l'occasion de lire des écrivaines réellement intéressants comme Dorothy Parker ou Amelia Gray. Tournez-vous sans hésiter vers le livre "Cinquante façons de manger son amant" qui parvenait à dresser en deux-trois pages des récits tordus, des saynètes prises sur le vif, mais qui marquent encore mes souvenirs et qui racontaient des histoires vraiment neuves.
Ici, Linor Goralik tente autre chose. Ce qu'elle fait, ce sont des textes qui forment des non-récits. L'idée c'est d'obliger le lecteur à deviner l'action en question. Donner des détails inutiles, tourner autour d'une scène en la décrivant par le superflu, en la traçant mal exprès pour pousser le lecteur à un effort d'imagination. Certains textes fonctionnent dans leur démarche. Au dernier mot seulement, on se met à comprendre. En revanche, la plupart sont mal fichus, et nous laissent juste sur un gros : "euuh??".
Donc elle est un peu menteuse cette Linor dans les interviews lorsqu'elle dit que le moindre mot a son importance dans les récits qu'elle écrit, car en vérité la plupart de ses textes s'étalent pour rien, tournent autour du pot, prennent des détours pour nous obliger à deviner. Il n'y a pas vraiment d'art de la concision, mais plutôt l'inverse. Un art du détour et du texte flou.
Mais même en acceptant de se laisser entrainer dans cet exercice particulier, je trouve de toute manière que DE UNE : ça ne raconte rien de bien intéressant. C'est vraiment des scènes qu'on oublie dans l'immédiat après les avoir lues. DE DEUX : c'est souvent mal mené et mal construit. Rien que la façon avec laquelle Linor Goralik veut distiller les informations, aboutit en fait à des textes parfois vraiment pénibles à lire - ils faisaient deux pages, mais au bout de deux lignes, j'avais envie de les skipper.
Donc bof bof. C'est pas parce que c'est une femme et qu'elle est ukrainienne, qu'il faut automatiquement encenser son livre. Je vous le redis : lisez Amelia Gray. ca vous fera lire une femme, ça fera donnera du récit court avec exactement les mêmes intentions que Linor Goralik, sauf que Gray a du talent, et Goralik non.

103 pages

Rééducation nationale
6.8

Rééducation nationale

Sortie : 29 septembre 2022 (France). Roman

livre de Patrice Jean

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

J’entends dire par certains que Patrice Jean est un Houellebecq en mieux, moi je dirais au contraire que c’est un Houellebecq en moins profond - moins dur dans son écriture, plus abordable, mais moins universel et moins grand. Le truc c’est que Patrice Jean se cache souvent derrière la caricature pour critiquer la modernité. Du moins c’était mon sentiment sur L’homme surnuméraire, et ça l’est davantage ici. Il s’attaque au monde de l’enseignement, lui qui a longtemps été prof en lycée, et on se dit qu’il est en mesure de dresser un tableau juste de ce milieu. Seulement voilà, là encore il fait le choix de la bonne grosse caricature, et il ne faudra pas chercher dans ce livre autre chose qu’une bonne blague. Le livre moque les professeurs progressistes. Il raconte un lycée gangréné par des prof complètement abrutis par les idéaux de gauche. Profs qui ne pensent qu’en “ateliers pédagogiques”, qui fustigent la littérature (chiante à leurs yeux) pour toujours ménager les élèves. Bref, un enseignement où la connerie prime, et où une certaine gauche a empoisonné les rapports. Tout ça est très marrant. Franchement je me suis amusé tout du long. Reste que j’espérais un roman moins cynique, et plus sérieux sur le sujet. Ce n’est qu’une comédie bien grasse, qui relève quand même une certaine réalité, mais en la grossissant x10 pour s’en moquer. Le procédé est facile et bien que le livre soit amusant, ça ne mène pas bien loin.

140 pages

Les Nouvelles Métropoles du désir
6.6

Les Nouvelles Métropoles du désir

Sortie : 19 août 2016 (France). Essai, Roman

livre de Eric Chauvier

-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

À partir d’un incident réel dont il a été témoin - trois jeunes filles racailles rouant de coup un hipster dans une rue passante - Chauvier va déployer tout un mécanisme d’observation et d’analyse pour tenter d’expliquer ce geste. Un exercice tenant à la fois de l’anthropologie et de la littérature. Chauvier analyse la ville, et la vie en ville, face à la vie périurbaine. Mais c’est une analyse des tissus invisibles, de codes tacites qui dressent nos comportements. Quelle est la part de ces codes dans nos actes ? Comment des forces sociales, culturelles, de mode, de classe, peuvent-elles les guider ? Et quel pouvoir ont les métropoles sur ces actes. Quels désirs suscitent-elles ? Jalousie, fracture sociale, besoin d’apparat, etc. Attention, ce n’est pas à prendre comme un texte scientifique. La pensée est solide, mais elle est littéraire, elle s’autorise des échappées, se permet des libertés et des hypothèses sur de simples observations qui échappent aux contraintes de l’exercice scientifique. Elle flotte beaucoup, pioche ici et là des détails observés pour finir par donner des bribes de réponse au compte-goutte. Beaucoup d'observation, et une petite part de réflexion tracées discrètement au fil de l'ouvrage. En tout cas, pour moi c’est un grand oui. Désormais je suis curieux de lire d’autres livres de Chauvier.

77 pages

La Classe de neige
7.2

La Classe de neige (1995)

Sortie : 1995 (France). Récit, Recueil de nouvelles

livre de Emmanuel Carrère

-Alive- a mis 6/10.

-Alive-

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