Mes Lectures 2024
Moins de temps pour lire, mes listes annuelles deviennent un peu ridicule à compter si peu d'ouvrages, mais c'est ainsi. Peu m'importe à vrai dire le nombre de lecture, l'essentiel est de continuer à lister tout ça (pour moi d'abord, pour suivre mes lectures) mais aussi parce que c'est toujours ...
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créée il y a 6 mois · modifiée il y a environ 2 moisLa Maison dans laquelle (2009)
Дом, в котором…
Sortie : 5 février 2016 (France). Roman, Fantastique
livre de Mariam Petrosyan
-Alive- a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Lecture menée de Janvier à Mai, car c'est désormais ainsi : j'ai de moins en moins le temps de lire, surtout si je décide en plus de me lancer dans des pavés comme celui-ci. Mais c'est sans regret, puisque La Maison Dans Laquelle m'a avalé, malmené, ému, puis recraché comme le vulgaire lecteur que je suis. Un peu moins tortueux que les autres romans "monde" que j'ai pu lire (Pynchon et Wallace restent bien plus corsés), le roman de Mariam Petrosyan n'en reste pas moins une œuvre d'une densité énorme, qui nous tourne et nous retourne dans tous les sens. Pour résumer la bête rapidement disons simplement que le livre raconte l'histoire d'un institut pour enfant handicapé qu'on appelle sobrement La Maison. Cette Maison est l'incarnation de l'enfance et de l'adolescence dans ce qu'elle a de plus magique. Une incarnation à demi folle et fantastique dans laquelle vont grandir des enfants étranges, éclopés, cachés de la société. Un monde de mythe, de codes politiques étranges, de croyances sérieuses, de clans et de leurs chefs. Le livre éclate en mille récits parfois drôles, parfois cruels. On fait la connaissance d'une bonne quarantaine de gamins, tous ont des surnoms et des personnalités qu'on va apprendre à connaitre. Et on va être perdu pendant au moins 200 pages avant d'avoir nos vrais premiers repères dans la Maison, mais ce sera pour mener ensuite un séjour inoubliable qui va aller vers beaucoup d'étrange, de questions sans réponses, de fatalités difficiles à encaisser. Bref c'est un très grand livre qui va me marquer.
Pour vous dire : je me suis même senti le besoin de dessiner certains des gamins (Fumeur, Tabaqui, Sphinx, l'Aveugle, Bossu, Gros-Lards et quelques autres). J'ai tellement été proche d'eux que je les ai esquissés et ça m'a permis de les voir, de les rendre définitivement concrets. Peu de livres sont capables de susciter une telle envie chez moi.
Bref, c'est un immense et très beau livre.
Notre joie (2021)
Sortie : 15 septembre 2021 (France). Essai
livre de François Bégaudeau
-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
J’ignore si je suis le seul ou non, mais je trouve cet essai encore meilleur qu’Histoire de ta bêtise. Peut-être parce ce que, ce qu’il essaie d’y développer est plus pointu encore. L’idée générale du livre est de démontrer que non seulement les extrêmes (gauche et droite) ne se rejoignent pas, mais surtout que l’extrême droite est la continuité de la droite libérale, permettant à Begaudeau de dresser ainsi un bloc qu’il appelle libéral-autoritaire. Et donc comme d’habitude avec lui, on a droit à une opération chirurgicale des sujets auxquels il s’attaque. Rarement on aura lu une plume aussi précise. Cette opération est surtout lexicale : il décortique le langage droitier pour en faire sourdre les affects. Je trouve particulièrement brillant le passage où il démontre que les vrais idéalistes sont les identitaires d’extrême droite ; idéalistes dans le sens : ils aiment brasser des idées, rester dans des idées et croient à une lutte d’idées sans jamais à en référer au réel. Le réel social les indiffère. Les situations et forces sociales ne sont jamais dans leurs luttes. Et des passages aussi forts que celui-ci, le livre en déploie beaucoup d’autres : intéressant par exemple la fin du livre où il veut montrer que la rancœur et la colère ne sont jamais bons pour mener une lutte (même de gauche), et que quand certains se plaisent à ressasser leur colère, ou encore à attendre des miettes de l’Etat, d’autres s’activent à créer, et c’est ici que Begaudeau voit la vraie lutte (en bon anarchiste qu’il est). Evidemment on le connait, il prend un malin à plaisir à l’autocritique, mais aussi à jouer de son texte. Le simple fait d’aller vers le sujet de la joie émancipatrice et d’appeler son livre Notre Joie (à connotation chrétienne) est une forme de malice, mais qu’il parvient à justifier.
Fictions (1944)
Ficciones
Sortie : 1944 (France). Recueil de nouvelles
livre de Jorge Luis Borges
Annotation :
La littérature labyrinthique ne m’effraie guère. J’adore Pynchon, j’adore David Foster Wallace, j’ai aimé Witold Gombrowicz, mais là je ne sais pas….je n’arrive juste pas à entrer dans le truc. D’ailleurs chez Borges, ce n’est pas la densité des textes qui me pose problème mais simplement leur nature. Les nouvelles de Fictions ne sont pas des récits à proprement parler, ce sont des sortes de descriptions d’ouvrages imaginaires. Borges prend un plaisir fou à imaginer des livres dingues, dont on soupçonne les épaisseurs érudites, les construction hors-normes, les sens profonds. Borges nous raconte leurs projets d’écriture, les enquêtes des intellectuels pour recomposer leur mystère, etc. Bref, c’est comme si, faute de pouvoir coucher un livre fou (long, complexe, mystique, ésotérique) il avait choisi d’en imaginer tout un tas en esquissant leur fausse existence à travers un recueil de nouvelles, qui du coup n’en sont pas vraiment – des nouvelles. Elles sont des textes à mi-chemin entre le récit journalistique et le déversement de références. Elles sont donc un peu chiantes à lire je trouve. Je comprends l’idée de Fictions. J’imagine que, n’allant pas plus loin dans ma lecture, je loupe peut-être de belles choses mais c’est ainsi. Je n’adhère pas.
Ce que je sais de toi (2023)
Sortie : 24 août 2023 (France). Roman
livre de Éric Chacour
-Alive- a mis 7/10.
Annotation :
Roman qu’un ami m’a prêté – grâce à cet ami d’ailleurs j’arrive un peu à suivre les sorties récentes. C’est le premier roman de son auteur, apparemment le livre a été bien acclamé et c’est plutôt mérité puisque c’est un très beau texte sur l’histoire d’un jeune médecin égyptien et….je m’arrête là. Ouais. Je ne peux rien dire de plus. En fait le roman se construit au fil du récit, si bien que chaque épisode révélé serait une forme de spoil. En tout cas le roman tourne autour des thèmes de l’amour interdit, du deuil, du tabou, et de la filiation. C’est très vague mais c’est ainsi, mieux vaut ne rien révéler. Ce que je peux dire en tout cas c’est que la plume d’Éric Chacour est très soignée, poétique mais jamais dans l’excès. Jamais non plus vraiment singulière. Disons qu’il ne va devenir un auteur que j’aurai forcément envie de suivre, ou alors d’assez loin si jamais son second roman fait autant de bruit que celui-ci. En tout cas, il fait preuve ici d’un vrai sens du récit, avec une histoire qui sait accrocher son lecteur en prenant des virages toujours intéressants sans jamais troquer les émotions qu’il charrie.
Purée, je me rends compte que ce commentaire ne dit quasiment rien du livre. Bref, retenez au moins ceci : c’est un bon roman, tout à fait recommandable.
300 pages
Les Clous rouges - Conan : L'Intégrale, tome 3 (1934)
The Conquering Sword of Conan
Sortie : 16 octobre 2019 (France). Recueil de nouvelles, Fantasy
livre de Robert E. Howard
-Alive- a mis 8/10.
Annotation :
Ça y est, j’ai fini par lire tout Conan ; du moins tous les Conan officiels rédigés par Robert E. Howard. Ma lecture du deuxième tome remonte à 2021, et celle du premier à 2019, j’ai donc bien espacé ma découverte. Et ce dernier tome est à mes yeux aussi riche que l’était le premier justement, car avec les cinq récits qui le composent Howard revient à des histoires beaucoup plus portées sur de la fantasy, et moins des récits de batailles. Mais pour une fois, on notera une ligne directrice, ou plutôt un cadre unique : toutes ces histoires se déroulent dans des régions lointaines, le Zingara mais aussi la jungle voisine de l’Aquilonie. Des pays sauvages où vivent les Pictes (sortes de pygmées extrêmement cruels) et dans lesquelles Howard peut composer des aventures sanglantes qui diffèrent de ce qu’on lisait jusqu’ici. Comme si Howard avait voulu éloigner Conan du monde civilisé, l’emporter loin dans des paysages solitaires et sauvages, pour avoir ainsi toute la latitude possible à l’élaboration de vrais récits d’aventure. C’est pourquoi j’ai adoré ce troisième tome. Il nous plonge dans la jungle, nous fait perdre dans des cités maudites ancestrales, dans des histoires de piraterie, de cannibalisme, etc... C’est assez fou de se dire que cela s’adressait aux adolescents des années 30, car je trouve aujourd’hui le tout encore vraiment puissant – à la fois violent et cinématographique. Bien qu’un peu désuète dans son style, la plume d’Howard sait être accrocheuse. Les récits sont prenants, leur rythme soutenu, raison pour laquelle j’ai toujours eu plaisir à revenir à cette lecture et ai ainsi pu me lire l’intégralité des tomes.
564 pages