Mon Top 1960

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Quand cinéma rime avec liberté...

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Cette fois, je peux le crier haut et fort : "Clouzot était un pur génie". Ici il tutoie de très près la perfection en mêlant le drame politique et féministe au thriller qui tend grave le string. On souffre, on hurle avec Dominique Marceau, chaque plan est un travail d'orfèvre d'une élégance à se damner, BB n'a probablement jamais été aussi respectée et donc éclatante. Le Henri-Georges avait juste des c....... énormes et on ne peut que regretter cette époque où on pouvait faire acte d'une audace folle et réunir pas loin de 6 millions de spectateurs.

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Je vais vous faire un aveu, j'avais vu "La Dolce Vita" tout jeune, et je n'en gardais qu'une image : celle d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi. Il faut excuser mon cerveau reptilien d'adolescent de n'avoir capturé à jamais que la silhouette affolante d'une déesse s'ébrouant dans l'eau.

Même le petit chat sur la tête de Sylvia il ne s'en souvenait pas le coquin, ni que Fellini était un révolutionnaire, philosophiquement et artistiquement, que son brûlot politique était une succession de tableaux renversants de beauté, d'intelligence, de furie, d'émotion. La luxure, la noirceur, l'insolence, la désespérance lui avaient échappé aussi.

Il était un peu con mon cerveau à l'époque, mais je vais vous faire un second aveu : si c'était à refaire je ne changerais rien, je ne garderais comme unique souvenir de ce monument que les courbes d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi, car oui c'est ça aussi la douceur de vivre.

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Il y a des films qui vous laissent sans voix, celui-ci en est un, il est aussi un cas d'école pour tous les créateurs qui pensent que c'est en rajoutant sans jamais soustraire qu'on parvient à dire et transmettre quelque chose. Ici ce serait plutôt : comment parvenir à insérer le plus grand et pudique chagrin au cœur de la légèreté, comment évoquer la rudesse en l'enveloppant de tendresse.

Car oui le sujet est dramatique mais le traitement semble en permanence refuser de l'être, en contrant le misérabilisme sous-jacent à chaque fois que celui-ci se montre trop pressant, par l'utilisation de la musique, par une scène d'insouciance enfantine ici, une à la Tati là quand il faut se frotter à l'hostilité de la ville.

Kaneto Shindô ne glorifie pas la nature, il la montre dans sa virginité, dans ce qu'elle a de grandiose mais aussi de frondeuse, il ne refuse pas tout dialogue gratuitement, puisque chez ces gens la parole, et non le langage, est accessoire.

"L'Île nue" semble né pour illustrer la phrase de Pierre Reverdy : « Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. »

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Je vénère Bergman et curieusement je n'avais jamais vu cette "Source", comme si mon inconscient me tenait à distance de cet objet, comme s'il avait créé de toutes pièces un film qui pourrait me déplaire.

L'inconscient mis à la porte je me suis enfin lancé, et quelle claque !

Impressionnant, quasiment hermétique au départ le récit se déploie sur la longueur tel un thriller, avec sa rugosité, ses accès de violence qui tétanisent. Et puis il y a forcément la splendeur de la mise en scène, l'utilisation de l'espace, la photographie.

(Tarkovski devait particulièrement aimer ce film, comment ne pas penser ici à "L'Enfance d'Ivan" ou à l'arbre du "Sacrifice" ?)

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Billy Wilder avait décidément un talent que je qualifierais d'insolent, tant il était capable de maîtriser et même magnifier chaque genre, de la noirceur glaçante d'une "Assurance sur la mort", celle bouleversante d'un "Boulevard du crépuscule", à la fantaisie romantique de "Certains l'aiment chaud" ou de cette "Garçonnière".

Ce film est de ceux qui vous donnent envie d'être un vieux con, hurlant tel un Pascal Praud de base, un lamentable « C'était mieux avant ». En effet voir ce petit bijou permet de mesurer ce que fut et ce qu'est devenu Hollywood, car même si son âge d'or était déjà bien derrière lui, le degré d'exigence de ce cinéma était encore très élevé à cette époque. Un Billy Wilder abordait donc une comédie romantique populaire en pensant avant tout à divertir le spectateur, mais sans rien sacrifier à la qualité, à la finesse d'écriture, glissant ici ou là de la gravité, même du tabou. Oui fut un temps où des producteurs et des réalisateurs pensaient que le divertissement n'empêchait pas l'intelligence.

Ok ok j'arrête de faire mon ronchon, et je file faire une partie de cartes avec Shirley MacLaine...

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http://www.senscritique.com/top/Les_meilleurs_films_d_Alfred_Hitchcock/608374

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Revoir ce film m'a permis de mesurer à quel point il avait révolutionné, imprégné le cinéma fantastique et d'horreur. Difficile après cela de ne pas voir dans le moindre opus du genre un plan, un mouvement de caméra, un type de personnage qui ne soient empruntés à Maître Franju.

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Quelle divine surprise que ce " Sergent noir" qui mériterait selon moi d'être plus souvent cité parmi les plus grandes réussites de John Ford. Ce n'est certes pas très spectaculaire mais que ce mélange de western et de film de procès est intelligent, maîtrisé, qu'il raconte des choses importantes et profondes sur l'Amérique et son rapport à l'Autre. Et cerise sur le gâteau de la prise de risque, Ford ose l'humour dans une œuvre au fond pourtant terriblement complexe à manier.

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Cette rareté italienne est un pur bonheur, intelligent quand il raconte l'esprit de ces lieux où se regroupent tous ces artistes qui croient en des lendemains qui chantent, quand il capte ce moment où la jeunesse se heurte aux réalités de la vie (d'adulte). Et drôle aussi. Et élégant. Bref Mario Camerini ne m'avait jamais fait si forte impression.

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Cette fois on part en 1960 avec ce qui est, pour l'instant, le Pietrangeli que j'ai préféré.

Engagé politiquement et puissant comme Simone Signoret, pétillant et nostalgique comme Sandra Milo, d'une grande beauté comme Emmanuelle Riva, malin comme Marcello Mastroianni, "Adua et ses compagnes" est une sorte de feel good movie féministe avant l'heure, qui dit beaucoup sur son époque, à la fois libertaire et enfermée dans un conservatisme sociétal qui ne dit pas son nom.

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Parfois on comprend pourquoi on a tant attendu avant de voir un film culte, un jalon dans l'histoire du cinéma, tout simplement parce qu'on savait qu'un jour nous serait donné l'occasion de le découvrir en version intégrale restaurée, mais surtout en salle, sur un immmmmmmense écran.

Alors même si je m'attendais à quelque chose d'encore plus puissant (C'est souvent ainsi, il faut se méfier de ce que l'on a trop fantasmé), même si ce qu'a fait Antonioni quelques temps plus tard ("La Nuit", "L'Éclipse" ou "Le Désert rouge") m'a bien plus renversé, j'ai admiré l'audace de ce récit fracturé, la mise en scène qui donne parfois lieu à des instantanés beaux à pleurer, la caméra elle aussi amoureuse de Monica Vitti. Et ce dernier plan, qui vous cloue au siège, parce que parfois trop de talent vous laisse figé.

Cette affiche est... Vite vite un cadre !

https://theatredutemple.com/wp-content/uploads/2020/06/Affiche-LAVVENTURA-768x1024.jpg

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Incroyable que cette comédie musicale doublée d'un biopic sur le musicien de jazz Red Nichols ne soit pas plus connue tant elle est entrainante, émouvante, romantique, émouvante.

Les numéros musicaux sont des bombes, l'interprétation de Danny Kaye est époustouflante, et grooooooosse cerise sur le gâteau, on y croise à plusieurs reprises Louis Armstrong.

Un pur bonheur...

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Jeanne Moreau et Jean-Paul Belmondo dans une adaptation franco-italienne de Marguerite Duras par Peter Brook. Sur le papier ça peut faire peur et pourtant... Pourtant c'est juste beau, une histoire d'amour sans artifice, cruelle et d'une beauté instantanée.

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Au premier abord ce "Classe tous risques" ressemble plus à du Melville qu'à du Sautet, tel qu'on caractérise dorénavant son cinéma.

Et pourtant même si c'est un polar à tendance politique, on sent bien que comme dans "Max et les ferrailleurs" par exemple, l'intrigue est surtout un prétexte pour parler relations humaines, amitiés, trahisons.

C'est Nouvelle Vague sans en être, avec un Belmondo qui semble sorti de chez Godard et le thème de Delerue, c'est du film de gangsters sans en être, avec un Ventura en éternel dur au cœur tendre, c'est du Sautet sans en être.

Une certitude par contre : c'est de l'excellent cinéma.

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Malgré sa filmographie plus que conséquente, Mario Monicelli est rarement cité parmi les très très grands réalisateurs italiens, probablement victime, à l'instar d'un Antonio Pietrangeli, d'être arrivé au mauvais endroit au mauvais moment.

Et pourtant "Le Pigeon", "Les Camarades", ou encore cette "Grande guerre" sont de sacrés films qui encore aujourd'hui font plus que se laisser regarder.

Ici c'est tragique et pourtant léger et drôle, ou quand des "sales gosses" (Alberto Sordi et Vittorio Gassman) vont se faire tuer pour de la merde. Et puis il y a Silvana Mangano, existence à elle seule de l'existence de Dieu.

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Ce qui m'a paru très fort dans cette adaptation est qu'elle est finalement très fidèle à ce que mon cerveau enfantin avait imaginé en lisant les écrits de Jules Verne.

De l'aventure, du kitsch, de la romance, du fun, à la fois dépaysant et amusant, bref un pur moment de plaisir qui se déguste telle une "pâtisserie coupable".

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J'ai une fois de plus eu la preuve que notre perception de l'art évolue considérablement avec les années qui passent. En effet je ne gardais de ce film qu'un souvenir (assez vague je l'avoue, car très lointain) à "La Grande évasion" et c'est cet aspect qui m'avais séduit lorsque je l'avais vu jeune.

Alors que là c'est le soin apporté à la psychologie des personnages, à leur complexité et leur humanité, qui m'a frappé et touché. Une autre chose m'a sauté aux yeux : la volonté de Becker de ne jamais être manichéen et de montrer que l'humanité se trouve aussi de l'autre côté des barreaux. Remarquable de sobriété, de finesse...

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On pense dans un premier temps à "La Religieuse" de Rivette puis de plus en plus à "Des hommes et des dieux" de Beauvois, car oui "Le Dialogue des Carmélites" est un film sur le sacrifice, sur la foi, religieuse certes mais aussi en des idéaux moraux et d'humanité.

Le tout est porté un trio de très grandes actrices : Jeanne Moreau, et deux de mes chouchoutes, l'égérie de Jean Grémillon Madeleine Renaud, et Alida Valli, au regard plus envoûtant que jamais.

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Un délice de série B, c'est malin, ambigu, aussi inventif que fauché, malsain, tendu, coquin...

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A peine sorti des "Quatre Cents Coups" de Truffaut Jean-Pierre Léaud est donc parti chez Duvivier, et pas pour un petit rôle puisqu'il est quasiment de tous les plans. Et il y est comme toujours fantastique, avec ce jeu qui ne ressemblait déjà à aucun autre.

"Boulevard" est un petit délice de fantaisie, mais comme souvent chez Duvivier la légèreté n'est que de façade...

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J'ai remarqué quelque chose l'autre jour : Chabrol me manque follement. Pas ses films, ils sont là pour l'éternité, on peut revoir ceux qui nous ont le plus touchés et aussi en découvrir d'autres, sa filmographie est si gargantuesque.

Non c'est l'homme que je voudrais entendre à nouveau parler avec son sourire en coin des femmes, de vin, d'amitié, de politique... Sa philosophie de vie était la mienne, j'aurais voulu lui rendre visite le dimanche comme si j'étais son petit-fils. Mais après tout, ils m'en restait deux à visiter chaque fin de semaine, ils s'appelaient Rochefort et Marielle. Ils sont morts, et une partie de moi avec...

J'étais parti pour vous dire que j'avais enfin découvert "Les Bonnes femmes" mais comme souvent mon cerveau zinzin et ma nostalgie m'ont fait emprunter d'autres chemins. Je vous prie de m'en excuser, et au fait Monsieur Chabrol n'était pas que mon grand-père, c'était aussi un p.... de réalisateur.

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Il peut être déstabilisant de voir Kinuyo Tanaka changer ainsi de registre après trois (très beaux) galops d'essai plus intimistes. Ici c'est film de studio, grosse star du cinéma japonais (Machiko Kyô), fresque historique, aventures et (presque) grand spectacle. Le presque car à l'écran on sent que si le budget a dû être conséquent il a malgré tout posé des contraintes : nombre de figurants limité, décors pas toujours à la hauteur de ce que le récit exige ou encore durée qui oblige à des ellipses un peu violentes.

Ceci étant posé Tanaka s'en sort remarquablement avec la matériau à sa disposition et on est littéralement embarqué par le récit, son souffle, ses péripéties, ses personnages attachants, et cette guerre qui en arrière-plan bouleverse des destins individuels et collectifs.

Et il y a l'histoire d'amour, surprenante et touchante, et cette femme au parcours peu commun sur fond de mélo. Et ça c'est la touche Tanaka, mettre la femme et son courage au centre de chacune de ses œuvres à la touche mélodramatique assumée.

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"Tirez sur le pianiste" est très à part dans la filmographie de Truffaut, il s'agissait pour lui de se débarrasser de ses encombrants "400 coups", et ce dès son deuxième film. En gros il avait signé son "A bout de souffle" à lui, on pouvait effacer l'ardoise et passer à la suite.

C'est esthétiquement très beau, la mise en scène chirurgicale, la musique de Delerue splendide mais c'est un des Truffaut que je ne reverrai pas 20 fois, tout simplement parce qu'il ne me touche pas comme tant de ses films.

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Là on retrouve le Gabin plus léger, le bourru, le gouailleur charmeur et malin, tendance "Gentleman d'Epsom" ou "Le Tatoué".

Très classique, pour ne pas dire paresseux, dans sa réalisation, "Le Baron de l'écluse" vaut surtout pour cette histoire amusante et d'apparence futile, étonnamment adaptée de Simenon, et pour le couple Gabin - Micheline Presle qui fait des étincelles.