Mon Top 1978

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Revoir "Sorcerer" en salle dans une splendide copie restaurée restera à coup sûr l'une de mes plus grandes émotions culturelles de cette année 2017. A faire presque vaciller un Top 10, à se dire durant deux heures que le grand Clouzot avait été écrasé par Friedkin. Peut-être jamais aucun remake n'aura à ce point enterré une œuvre originale, pourtant très forte..

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Révélation de mon amour fou pour Ingmar Bergman, la suite...

Avec après "Persona" un film bien différent et qui m'a pourtant tout autant secoué, au sens premier du terme. J'en suis sorti avec des douleurs physiques, les tripes retournées par ce corps-à-corps verbal et musical, cette confession d'un Bergman à travers les mots qu'il met dans la bouche d'une Bergman, déjà atteinte du cancer qui l'emportera quatre ans plus tard.

Cette "Sonate d'automne" ressemble donc à un testament, ou plutôt aux aveux d'un handicapé du sentiment, d'un manipulateur qui chercherait une certaine quiétude tout en admettant ne pas savoir créer et donc avancer sans combattre, sans chercher le conflit.

Quand le virtuose de la souffrance se met à tomber le masque c'est probablement à chacun d'entre nous qu'il tend un miroir, nous questionnant sur notre propre cruauté, sur nos propres refoulements. Et si c'était finalement cela qui retournait les tripes...

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Je suis mordu...Désolé !!!

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Comment, en tant qu’adorateur des "Choses de la vie" et "César et Rosalie", avais-je pu jusqu’ici ne jamais me poser devant cette "Histoire simple" ? Tout l’esprit du trio Sautet - Romy Schneider - Dabadie y est, par instants pétillant, à d’autres déchirant. Et un grand Claude Brasseur, probablement dans le rôle de sa vie.

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Ma note est aussi incompréhensible que le plaisir que m'a procuré ce film qui navigue en permanence entre nanar et coup de génie. Je n'ai pas arrêté de me dire que le scénario était complètement pété, que ce mélange entre polar en charentaises à la française et truc à rendre dingue Mad Movies c'était n'importe quoi, que la réalisation de Jack Gold c'était pas foufou, rien à faire j'ai pris un gros gros pied.

Et puis sérieux déjà la confrontation Lino Ventura - Richard Burton ça a quelque chose de culte, mais avec en plus la déesse Lee Remick on touche au sublime...

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La qualité du cinéma belge actuel n'est plus à souligner mais il ne faut pas hésiter à se retourner pour dénicher quelques merveilles déjà bien décalées. Comme cet objet qui ne ressemble à rien d'autre datant de 1965 et signé André Delvaux, qui réalisa huit ans plus tard un autre film peu commun que je vous encourage vivement à voir, "Belle".

Ici on est à la lisière du fantastique, dans le sens où on ne sait jamais ce qui tient de la réalité ou du rêve. Ou plutôt du cauchemar en sublime noir et blanc, car c'est à la descente aux enfers d'un homme sur le papier ordinaire à laquelle nous assistons. Comme une métaphore anxiogène de la dépression...,

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Il s'agit d'un sacré film de cinéma, avec ce montage assez incroyable et cette esthétique qui en fait un objet aussi émouvant que singulier. Et il y a bien entendu la pensée de Debord, cette façon si intelligente et lucide de mêler l'état du monde, de la société déliquescente, et son propre parcours. Tout simplement brillant.

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Probablement le plus émouvant des Jean-François Laguionie avec "Louise en hiver". La finesse du trait rivalise avec celle d'un récit qui raconte le temps long en un film court, d'ailleurs Palme d’Or de la catégorie en 1978.

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Dans la série "Films pour soirée drogue", je ne peux que vous conseiller ce "Rêve de singe".

Marco Ferreri, roi de l'excès et du grand n'importe quoi philosophico-politique (et pas toujours pour le meilleur) se surpasse dans un truc complètement perché qui pourrait être un mix entre "Max mon amour" et "Les Valseuses".

Il y a du singe-enfant, Depardieu qui se fait violer, des rats, une dernière image belle à pleurer, et, et là on va passer à de la vraie analyse cinématographique, Abigail Clayton qui pourrait bien détrôner Mathilda May comme actrice possédant les plus beaux seins de la galaxie. Je prie Isabelle Alonso et ses copines des Chiennes de garde de bien vouloir m'excuser pour cet écart mais je ne m'en remets pas, j'avais besoin de me confier.

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C'est une sorte d'échauffement à ce que sera 17 ans plus tard la magistrale "Cérémonie", avec déjà dans le rôle de la victime-bourreau Isabelle Huppert. C'est cruel, sec, jubilatoire, poil à gratter, bref c'est du Chabrol.

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Tout juste dix ans après ses débuts et "Saute ma ville" Chantal Akerman signe son premier film "classique". Malgré tout on retrouve l'aridité d'un "Jeanne Dielman", et après ce portrait en creux de sa mère un autoportrait qui ne dit pas son nom. Car comment ne pas reconnaitre Chantal Akerman sous les traits de cette réalisatrice divinement interprétée par Aurore Clément, femme à la dérive qui cherche dans ces aventures sans lendemain de quoi tromper le mal-être qui la dévore.

Un film peu sympathique donc, un peu comme le pays fracturé qui accueille le récit, une Allemagne de l'Ouest elle aussi forcément en souffrance.

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Jill Clayburgh est vraiment une actrice passionnante qui semble durant les années 70 ne pas avoir choisi ses rôles par hasard, et avoir donc agi comme "Une femme libre". En effet on la retrouve à cette époque dans des œuvres très novatrices dans leur façon d'évoquer l'évolution de la société, une vision progressiste du couple et de la famille. L'inabouti "C'est ma chance", le bien meilleur "Merci d'avoir été ma femme" et donc celui-ci, de loin le plus aiguisé, intelligent, trois exemples qui sortent le personnage féminin du rôle de bonne épouse, de bonne mère, et lui donne le droit à la liberté, l'honnêteté envers la société.

A noter qu'on retrouve Jill Clayburgh, prix d'interprétation bien mérité à Cannes en1978 pour ce grand rôle chez Paul Mazursky, dans le documentaire enfin reconnu comme majeur, "Sois belle et tais-toi" de Delphine Seyrig.

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Margarethe Von Trotta a d'abord été actrice, entre autres chez Fassbinder, avant de se tourner vers la réalisation et d'accoucher d'une vingtaine de films, dont plusieurs sont ressortis en salles en octobre dans de très belles copies restaurées.

A l'image d'Ida Lupino aux USA ou de Kinuyo Tanaka au Japon elle va alors créer des personnages féminins forts inexistants dans le cinéma allemand de l'époque. Comme dans ce "Second éveil de Christa Klages", histoire d'amitié sur fond de road movie qui n'est pas sans rappeler un certain Wim Wenders. Mais il ne faut pas oublier l'aspect social et politique, toujours très important chez Von Trotta. Une façon sans en avoir l'air de parler de l'état d'un mur, d'un pays fracturé.

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Une de ces coproductions franco-italiennes qui nous fournissaient régulièrement des castings improbables. Et parfois géniaux comme ici, car Philippe Noiret et Alberto Sordi semblent nés pour être ensemble sur un écran, comme Depardieu et Pierre Richard ou Placid et Muzo. Sauf qu'ici il y a un bon gros fumier et un innocent aux mains trop propres. Devinez qui est qui...

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J'ai été étonné de voir un tel film signé Patrice Chéreau, et pourtant il maîtrise parfaitement et avec son intelligence habituelle un récit absolument passionnant, porté par une Simone Signoret fantastique dont la performance m'a rappelé celle de Romy Schneider dans "La Banquière". Et c'est aussi l'occasion de se souvenir à quel point Philippe Léotard était un acteur au jeu unique.

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Un polar avec Dustin Hoffman et Harry Dean Stanton dont on ne parle jamais ? Il ne pouvait donc s'agir que d'un truc mineur comme on en a tant vu dans les années 70 chez les ricains.

Voici à peu près dans quel état d'esprit j'ai abordé ce "Récidiviste". La surprise n'en fut donc que meilleure en découvrant ce film particulièrement solide, qui sur une trame policière ultra-classique, déroule le portrait assez bouleversant d'un être maudit. Si la réalisation (honorable) n'a rien de renversante, rien d'étonnant venant d'Ulu Grosbard, le scénario lui est surprenant de nihilisme, la moindre éclaircie étant immédiatement écrasée par un orage.

Une découverte, une vraie, et donc un conseil, un vrai...

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Peckinpah c'est de la drogue dure, alors à peine achevé "Tueur d'élite" je me jette sur ce "Convoi" vu il y a très très longtemps et qui ne m'avait pas laissé de traces.

Et quelle (re)découverte ! Si le film ne manque pas de défauts (Scénario assez simpliste, parfois le grand Sam use et abuse de ses fameux ralentis) il en demeure passionnant, tant il est un hommage permanent à "La Horde sauvage", merveille sortie presque dix ans plus tôt. Mais il ne s'agit pas d'auto-citations, c'est bien plus fun et ludique que ça. Et puis il y a le charisme à faire douter de son hétérosexualité de Kris Kristofferson, le talent d'Ernest Borgnine (Tiens tiens, "La Horde sauvage"), le charme fou d'Ali MacGraw sortie d'un Guet-apens.

Mais avant tout, sous ses airs de film d'action bourrin qui sent la sueur et la testostérone, donnant d'ailleurs lieu à quelques séquences virtuoses comme celle du pont, "Le Convoi" est un grand film politique, un uppercut balancé au menton du pouvoir.

Comme le disait Max Meynier, "Les routiers sont sympas", mais pas que, ils peuvent aussi se transformer en héros d'un western bien carrossé.

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Henri Verneuil n'était pas un génie de la mise en scène mais il a quand même réalisé un paquet de films solides et qui vieillissent redoutablement bien.

A l'exemple de ce "I... comme Icare" (Merci @PaulDenton !) où Verneuil fait du Boisset en grande forme, signant un thriller paranoïaque bien comme il faut, où Montand tel Icare se brûle les ailes dans un scénario où il y a du JFK dans l'air. Scénar co-écrit avec Didier Decoin, musique signée Ennio Morricone, il savait s'entourer le Henri.

En découvrant le film Stanley Milgram aurait déclaré : « Allez-y, c'est vraiment électrisant. »

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Remake du "Défunt récalcitrant", film des années 40 que je n'ai pas vu, "Le Ciel peut attendre" est un mélange assez improbable de fantastique et de comédie romantique.

Les premières minutes peuvent faire craindre le pire mais au fur et à mesure le charme agit, en particulier celui de la subliiiiiiiiiime Julie Christie, et on déguste cette sucrerie avec gourmandise. Certains trouveront sûrement ça totalement ringard mais on s'en fout, il n'y a pas de mal à se faire du bien.

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Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, celui où l'INA commandait à Raoul Ruiz un film, forcément d'une ambition folle, pour TF1. Ça laisse rêveur...

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Ça c'est le Dino Risi plus grave malgré la légèreté de façade, celui qui rit pour ne pas pleurer, et ici il revisite en quelque sorte "L’Ange bleu", à l'italienne, rappelant de manière troublante le trop méconnu "Romances et Confidences" de Mario Monicelli, qui racontait lui aussi la jeunesse et le crépuscule, le "Dernier Amour" qui rend fou, avec le même parfait duo : Ornella Muti et Ugo Tognazzi.

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Il est des films qu'il ne faudrait jamais revoir, qu'il faudrait laisser à l'état de souvenirs, même vagues. Tel a été le cas pour moi avec cette "Croix de fer" que ma mémoire classait au rayon des monuments, des gifles. Et si en effet les génériques font toujours aussi mal avec ces chansons de gosses accompagnant les images d'archives qui nous sont montrées comme des diapos, le reste a sacrément vieilli, et le recours systématique au ralenti, la Peckinpah's touch, montre ici plus que ses limites, tant il résonne aujourd'hui comme une recette un peu fake, un artifice tellement surligné qu'il en devient contre-productif.

« Ne vous réjouissez pas de sa défaite, vous les hommes. Car même si le monde s'est levé pour arrêter l'ordure, la traînée qui l'a mis au monde est à nouveau en rut. » (Bertolt Brecht)