Mon Top 1982

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Je me rappelle comme si c'était hier de ce soir de 1982 où j'ai découvert E.T. pour la première fois : de ma mère répétant dans la file d'attente son regret d'être venue, appréhendant de découvrir cet être au physique peu commun, puis de ses sanglots (Je ne vous parlerai pas des miens, j'étais une fontaine) deux heures plus tard quand la petite mocheté décida de rentrer à la maison.

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Je ne sais pas combien de fois j'ai vu "E.T.", tout ce que je sais c'est que les yeux écarquillés puis pleins de larmes, toutes les émotions possibles et imaginables sont là intacts, exactement comme en 1982.

Et encore la dernière fois, au cinéma dans la version remastérisée 20ème anniversaire, j'ai eu l'impression d'être un enfant et j'en suis ressorti avec ce mélange rare : le bonheur et les pleurs. Oui le 22 mai 2019 j'ai eu à nouveau 9 ans.

Donc il était temps d'assumer une fois pour toutes et d'enfin passer l'un des films de ma vie à la note qu'il mérite : 9.

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Une grande œuvre malade et vertigineuse, ou comment illustrer mieux que jamais la mégalomanie...

On souligne toujours la performance, il est vrai impressionnante, de Klaus Kinski, mais Dieu que Claudia Cardinale y est merveilleuse.

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Curieusement je n'avais jamais vu ce classique alors quand l'occasion de le déguster en salle dans sa version restaurée s'est présentée, j'ai sauté sur l'occasion.

Et quelle claque !!! Ce "White Dog" (celui de ""Body Double" oui oui) est un grand film de cinéma, Samuel Fuller pondant une sorte de mix surpuissant entre le, culte pour pas mal de lecteurs de Mad Movies ou Starfix de ma génération, "Wolfen" de Michael Wadleigh sorti une petite année plus tôt, et un autre brûlot, "Les Chiens" d'Alain Jessua, mais également un pamphlet politique qui résonne encore très très fort : on est déjà dans l'Amérique du mur de Trump et ce geste du « désapprendre » ne peut que faire penser à l'utopie que représente la déradicalisation, terme vain tellement à la mode actuellement.

NB : La BO de Morricone est une splendeur. Pléonasme ?

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Selon moi le plus beau "film californien" de Varda, où à la manière d'un docu-fiction elle pose sa caméra aux basques d'une femme déchirée par la fin d'un amour, d'une mère célibataire qui cherche à s'en sortir et retrouver goût à la vie à travers des rencontres, des appels téléphoniques, des maisons au bord de l'océan.

Beaucoup de choses m'ont mis les larmes aux yeux : Sabine Mamou, monteuse de Jacques Demy, qui fera une seule fois l'actrice et livre une composition aux approximations terriblement touchantes, la présence de Mathieu Demy qui joue lui le petit garçon, la composition grandiose de Georges Delerue. Et enfin l'esthétique de l'image, splendide avec ce grain à l'américaine, qui aurait bien pu influencer les frères Safdie.

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Je précise tout de suite que si ma note n'est pas supérieure, c'est la faute à une dernière partie selon moi un tantinet laborieuse, mais les deux premières heures sont tout simplement incroyables, de celles que le cinéma actuel est presque incapable de nous offrir. Il s'agit d'une fresque grandiose, qui conte l'horreur d'une société au rythme d'une valse endiablée, Forman semble conscient qu'il a entre les mains une Ferrari et il décide alors qu'il serait dommage de conduire une seule minute en première.

C'est splendide visuellement, féroce politiquement, ça embrasse, ça castagne, ça étreint, ça violente, ça caresse, le spectateur est embarqué à bord d'un manège qui semble ne jamais devoir arrêter sa course folle. On en sort éreinté, vidé mais surtout heureux d'avoir tant vibré.

NB : Je ne sais pas ce que peut donner ce shaker à sentiments tranquillement installé dans son canapé, tant il semble né pour la salle de cinoche, alors si vous en avez la possibilité, allez bouffer ce cinémascope "à l'ancienne" en salle, car je vous l'assure la version restaurée qui vient de sortir est grandiose.

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Ce film canadien très peu connu et resté inédit chez nous est une petite merveille, un biopic mélangeant drame, romance très touchante et western crépusculaire. Comme le joli "Monte Walsh" ce "The Grey Fox" parle de la fin d'un monde et d'un homme incapable de trouver sa place dans une société en profonde mutation.

Il y a à la fois la modestie et l'élégance de la mise en scène, mais surtout la classe folle de Richard Farnsworth, surtout connu pour avoir fini sa carrière en enfourchant une tondeuse à gazon chez Lynch, au regard aussi envoutant qu'émouvant, à la dégaine follement charismatique.

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Nouveau duo de femmes chez Margarethe Von Trotta, de sœurs en l'occurrence, mais cette fois plus ouvertement politique que dans "Le Second Éveil de Christa Klages" dont je parlais plus haut. Avec la réalisatrice allemande la rigueur est de mise, la mise en scène est sèche mais les sentiments sont exacerbés, même violents. Elle travaille la temporalité pour expliquer le parcours de ces deux femmes, leur singularité, et n'hésite pas à choquer, tel un Steve McQueen dans "Hunger" pour montrer l'inhumanité de l'enfermement, la folie d'un système étatique.

Puissant, émouvant, du grand cinéma qui ne laisse pas indemne.

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"Meurtre dans un jardin anglais" c'est un peu "Barry Lyndon", "Les Liaisons dangereuses" et "Ridicule" mis en musique par Agatha Christie... et Michael Nyman.

Et puis il y a Peter Greenaway et son style délicieusement outrancier et coquin, qui utilise la lumière naturelle des extérieurs aussi bien qu'une saturation artificielle dès qu'on referme la porte. Un film sur les apparences, la manipulation, donc sur le cinéma, la création d'un cadre et d'un scénario, deux éléments présents en permanence à l'écran.

C'est ce que j'appelle du cinéma stimulant.

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Ce Garrel est aussi beau, troublant, élégant qu'Anne Wiazemsky, c'est dire...

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Costa-Gavras prouve une fois de plus avec cette Palme d'Or 82 qu'il était, avant de tomber dans une certaine caricature outrancière, le maître absolu du thriller politique avec énorme paire de c....

Ce "Missing" est tout d'abord un objet artistique d'une efficacité redoutable : tension, rapidité, mise en scène nerveuse et immersive, et surtout cette grande idée, ce point de vue qui change tout. En choisissant d'accompagner en permanence et en humanisant par touches successives la compagne et le père du disparu, il nous oblige à entrer en empathie avec eux, à adhérer de toutes nos forces à leur combat, bref à devenir protagoniste.

Ensuite il y a la paire de c... et Dieu sait s'il en fallait une conséquente pour ainsi attaquer de front l'ingérence américaine et ses méthodes pas toujours très catholiques. Ou la définition du cinéaste engagé...

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"Gallipoli" a les défauts de son âge, avec par exemple Jean-Michel Jarre qui déboule au milieu d'Albinoni et Bizet, mais surtout le souffle de ces films qui ne pourraient plus exister aujourd'hui. C'était l'époque de la folie des grandeurs sans assurance de rentabilité, des studios et producteurs qui faisaient tapis pour un récit d'aventures australien bercé d'images aussi belles que dans un mélange de "Walkabout" et "Gerry" et de folie guerrière nihiliste à la "Apocalypse Now". Je ne suis pas en train de dire que ce film de Peter Weir est comparable en qualité à des chefs-d’œuvre mais qu'il fait du bien aux vieux c... nostalgiques d'un certain cinéma où on osait une dernière image qui bien qu'outrancière faisait dresser les poils.

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Ça y est je l'ai enfin revu et franchement quel pied ! Ce qui est génial avec Carpenter c'est qu'il s'en fout royalement du scénario, lui ce qui l'intéresse c'est balancer du lourd, et franchement ici on est servi, et très rapidement en plus, car pas de circonvolutions, le John veut nous montrer sa chose, lui faire faire du crade, alors il y va direct, et son kiff est contagieux.

Et puis Kurt fait du Kurt, dans la continuité de "New York 1997", toute crinière dehors et le biscoteau saillant, et quand il sort son gros lance-flammes et envoie la sauce, on... (Oups pardon je préfère m'arrêter là et je file lire Freud, il doit y avoir un truc...)

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Celui-ci aussi fait son âge, on peut même imaginer qu'un tel film serait infaisable aujourd'hui et que les copines de #MeToo arracheraient les biiiiiip d'Aldrich, mais quelle pêche, quel sens du rythme, quelle décontraction apparente ! Et quelle classe le Peter Falk !

C'est clairement le film créé pour tomber direct dans le sondage des films coupables, mais sous ses aspects basiques il dit finalement pas mal de choses d'une époque.

En tout cas je n'avais qu'une envie : monter dans la bagnole et aller faire un petit bout de chemin avec ce trio infernal... et tellement attachant.

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A propos de Mai Zetterling dont je parlais il y a peu, j'en ai profité pour découvrir un autre de ses films, qui ne fera malheureusement pas partie de la rétro Carlotta. Rares sont les réals qui réussissent en s'expatriant mais Zetterling est un contre-exemple tant ce britannique "Scrubbers" l'est jusqu'au bout des ongles, avec sa tête de "Scum" au féminin. C'est rythmé, puissant, insolent, un concentré d'énergie féministe.

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Le "Paradis pour tous", c'est l'enfer sur terre...

Sorte de mix improbable entre "Et la tendresse ?... bordel !" et "Equilibrium", "Paradis pour tous" dépeint une société où le bonheur serait inoculé par un procédé médical appelé "flashage", inventé par un Jacques Dutronc en mode Docteur Mabuse.

A la fois comédie mordante et film d'anticipation glaçant, le film de Jessua décrit un monde où la consommation et le paraître ont pris le pouvoir, où chanter en chœur la publicité pour la boisson de sinistre mémoire, Banga, constitue le plaisir ultime, où la réussite professionnelle ne passe que par l'anéantissement de l'autre, où le les hommes et les femmes ne "sont" pas mais "fonctionnent", où la jouissance, à tous les sens du terme, n'existe plus.

Alain Durieux : "Vous me rappelez quelqu'un mais je n'sais pas qui."

Sophie : "C'est ma coiffure ? La même que celle de la fille des cigarettes Gitane. Mais vous, j'y suis, vous avez la coupe de ch'veux du type de la pub Martini."

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Je m'attendais à un biopic convenu à l'anglo-saxonne et j'ai eu le droit à une fresque incroyablement ample et prenante, qui navigue habilement entre historique et intime, sachant faire d'un très bel amour l'élément essentiel d'un parcours de vie et non un truc pour faire pleurer dans les chaumières. C'est à la fois didactique et romanesque, Warren Beatty et Diane Keaton sont magnifiques, les 3h15 en paraissent 1h30, bref c'est du cinéma américain comme il n'en existe plus, qui donne au spectateur plutôt que se regarder filmer.

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Même si le récit a tendance à faire du surplace dans la seconde partie, au même titre que les personnages, on se régale à voir Chabrol, Serrault et Aznavour, trois monuments, prendre visiblement un plaisir fou à en adapter un quatrième, Simenon.

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Tout Ferrara était déjà dans ce film : le goût pour le crade, la violence, la sauvagerie et l'apocalypse mentales, le sexe comme instrument de pouvoir et de perte... les nonnes et le diable.