Sorte de mix improbable entre "Et la tendresse ?... bordel !" et "Equilibrium", "Paradis pour tous" dépeint une société où le bonheur serait inoculé par un procédé médical appelé "flashage", inventé par un Jacques Dutronc en mode Docteur Mabuse.
A la fois comédie mordante et film d'anticipation glaçant, le film de Jessua décrit un monde où la consommation et le paraître ont pris le pouvoir, où chanter en chœur la publicité pour la boisson de sinistre mémoire, Banga, constitue le plaisir ultime, où la réussite professionnelle ne passe que par l'anéantissement de l'autre, où le les hommes et les femmes ne "sont" pas mais "fonctionnent", où la jouissance, à tous les sens du terme, n'existe plus.
Le cynisme, la bêtise, la violence morale règnent en maître et les "guéris" avancent dans la vie tels des morts-vivants répétant à loisir : "On est bien là".
Une partie de ping-pong avec Philippe Léotard tourne à l'assassinat social, une séance d'aérobic avec Stéphane Audran- Belle Maman vire au meurtre libidineux, un Kamasutra avec Fanny Cottençon fait de la malheureuse une trucidée de la libido. Avec comme assassin souriant le génie paralytique Patrick Dewaere.
Dans cet idéal apocalyptique, la dépression est interdite, dans la vraie vie, elle gagnera la partie contre le rebelle fragile, qui se donnera la mort avant la sortie du film.
Vous l'aurez compris, cette œuvre sublimement immorale est plus d'actualité que jamais. Malheureusement... Tristement...
Alain Durieux : " Vous me rappelez quelqu'un mais je n'sais pas qui. "
Sophie : " C'est ma coiffure ? La même que celle de la fille des cigarettes Gitane. Mais vous, j'y suis, vous avez la coupe de ch'veux du type de la pub Martini. "