Prefab Sprout : discographie commentée

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Février 1982

Le premier single de Prefab Sprout contient déjà la plupart des éléments propres à la musique de Prefab Sprout. Sensibilité exacerbée, chant discordant (qui sera caractéristique surtout du premier album) et émotions mélangées. Pour un premier essai, c'est plutôt réussi. Paddy et son frère Martin se débrouillèrent pour presser un millier d'exemplaires de ce disque et en firent la promotion avec une certaine Wendy Smith, qui deviendra leur chanteuse attitrée par la suite. A noter que le groupe était plutôt punk à l'époque, ce qui n'est pas du tout visible sur le single, mais un petit peu dans le chant encore.

Le titre est une référence à la ville de Limoges, où résidait la petite amie de Paddy.

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Repérés par le manager du club "The Soul Kitchen" (où se produisait notamment New Order ou encore Orange Juice), Prefab Sprout signe sur Kitchenware Records. "Lions..." ressort et bénéficie cette fois-ci d'une promotion à la télévision et à la radio.

Pas de doute, on a toujours au son unique de Prefab Sprout, enrichi cette fois-ci de la présence de Wendy. Ses choeurs enjolivent complètement les compositions de Paddy, et le morceau sonne toujours aussi discordant et encore plus brouillon que son grand frère. Mais l'émotion est là, et le morceau est attachant par son côté déglingué mais prenant.

https://www.youtube.com/watch?v=sjl0mhMB814

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Deux ans après la parution de leur premier single, le groupe sort enfin son premier album. Nous sommes en mars 1984.

Celui-ci est rarement évoqué quand il s'agit de parler des Sprout. Et pour cause, c'est une pièce bien étrange dans leur discographie. Paddy choisit de rentrer définitivement dans l'histoire de la musique en composant un album au style difficilement définissable. Sorte de pop jazzy élégante et étrange. Le groupe se cherche, part dans tous les sens. Les morceaux sont tantôt d'une beauté rare ('Cruel") tantôt d'une complexité inhabituelle pour qui connaît déjà le groupe ("I Never Play Basketball Now").
Le thème primordial de Paddy est déjà présent : l'expression des sentiments et le décalage face à la masse. Il est exprimé ici de manière directe dans "Couldn't Bear To Be Special" et se retrouve plus ou moins en arrière-plan de la plupart des morceaux. Les mélodies sont d'ores et déjà efficaces et originales, et il serait bon de jeter un nouveau coup d'oreille à cette première grande réussite du groupe.

Swoon entrera dans le top 20 anglais, mais le single "Couldn't Bear To Be Special..." sera un échec. Ce qui n'a rien de bien étonnant pour moi, je trouve que c'est l'un des morceaux les moins accessibles de l'album.

A écouter :
"Cruel"
https://www.youtube.com/watch?v=1T_GU1rwkYQ
"I Never Play Basketball Now", où le bruit de ballons de basket se métamorphose en rythme de batterie :
https://www.youtube.com/watch?v=rINf4QczebU

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Nous arrivons désormais dans l'âge d'or de Prefab Sprout ! Le groupe se dote désormais d'un nouveau membre officieux : Thomas Dolby, qui apprécia tellement "Don't Sing" (de l'album précédent) qu'il manifesta avec empressement son désir de travailler avec Paddy.

Le résultat fut Steve McQueen.
Bien plus sage que sur Swoon, Paddy a décidé qu'il valait mieux simplifier ses morceaux, sans toutefois les vider de leur essence. Le déluge d'émotions qui l'assaille est désormais fragmenté entre les morceaux plutôt que concentré sur un seul titre. On a donc un album à la fois homogène (sensible, brumeux, légèrement kitsch et très porté sur le duo clavier/guitare) et hétérogène (chaque morceau a une ambiance bien différente de celui qui le précède).
Le chant se modifie également : plus posé et moins imprévisible qu'auparavant. Même les paroles sont plus métaphoriques et moins directes que sur le précédent disque. On retrouve toujours les mêmes thèmes introspectifs.
Il est souvent considéré, et à juste titre, comme le meilleur album de Prefab Sprout. C'est également mon avis, et à mon sens il est excellent pour commencer à découvrir le groupe.

L'album se nomme "Two Wheels Good" aux Etats-Unis à cause de problèmes de droits.

A écouter :
"Appetite"
https://www.youtube.com/watch?v=gpm0BBt7SGk
"When Love Breaks Down", le single :
https://www.youtube.com/watch?v=awctdTtAVWg
"Bonny" :
https://www.youtube.com/watch?v=L3Rh2hnDtAg

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Attendez, on passe de 1985 à 1989 là, il n'y a pas un problème ?

Protest Songs fut enregistré tout de suite après Steve McQueen. Pourtant il ne sortira que quatre ans plus tard, bien après le succès commercial du groupe. Ce dernier avait comme idée de sortir Protest Songs pour une semaine seulement, afin de promouvoir le Steve McQueen tour. Sauf que "When Love Breaks Down" devint un hit et le groupe devint universellement reconnu. Les producteurs eurent peur que la sortie d'un nouvel album entraine la confusion dans le public. Si bien que l'album ne sortit qu'en 1989. Nous y reviendrons.

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1989

Ce n'est qu'après "From Langley Park To Memphis" que sortira enfin l'album. Drôle de coïncidence : certaines personnes crurent que l'album était engagé contre l'escalade nucléaire, en vogue à l'époque. Ce n'est pas le cas. L'album est un pamphlet contre la vie ordinaire.

"Protest Songs" est souvent oublié dans la discographie de Prefab Sprout. Ce n'est pas étonnant : l'album est bien plus mineur que ses frères. Il sonne comme une redite en moins bien de Steve McQueen. On y trouve quand même la merveilleuse "Tiffany's" et quelques morceaux enchanteurs, mais rien de bien marquant. L'album est trop hétérogène pour réellement marquer l'esprit. Il y a quelques bonnes idées par-ci par-là, mais rarement réunies dans un seul morceau.
A écouter plus par curiosité et esprit de complétude.

A écouter :
"Tiffany's"
https://www.youtube.com/watch?v=H4tiXxR0c1o
"The World Awake"
https://www.youtube.com/watch?v=wtC2ArtFiuY

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1988.

Prefab Sprout mettra bien du temps avant de sortir son nouvel album, qui marque un changement radical dans l'image du groupe. Cela se voit déjà à la pochette particulièrement kitsch.
Ne vous attendez pas à un Steve McQueen II (ce qui est plutôt le cas de Protest Songs), ici le groupe se réinvente tout en gardant son essence.

Cela passe tout d'abord par une confiance en soi affirmée. Il n'hésite pas à sortir "The King of Rock 'n' Roll", joyeuse ode quelque peu ridicule d'une star dépitée, qui sortira avec un clip nous présentant des hot dog dansants (?!)

"From Langley Park...", c'est un son encore plus typé 80's que le précédent. Mais cette fois-ci les arrangements sont bien plus complexes et lumineux. Fini le brouillard introspectif, nous sommes désormais face à un groupe qui semble retourner en enfance tellement la plupart des morceaux débordent de naïveté et d'émotion jubilante. Est-ce un mal ? Absolument pas, bien au contraire. Cet excès de sincérité fait plaisir à entendre et les titres n'en sont que plus attachants.

Le son est plus orchestral, notamment sur la superbe "Hey Manhattan!". Les chœurs sont plus sophistiqués ("The Venus of the Soup Kitchen") et tout l'album en lui-même semble être parfaitement sûr de lui. A noter aussi que Stevie Wonder joue de l'harmonica sur "Nightingales".

Le premier titre de l'album sera d'ailleurs le plus grand succès de Prefab Sprout (il apparaît aussi dans un épisode de "Spaced").

A écouter :
"The King of Rock 'n' Roll" :
https://www.youtube.com/watch?v=4T6e3GJCjow
"Hey Manhattan!"
https://www.youtube.com/watch?v=VDDJPbWq22E
"Nancy Let Your Hair Down for Me"
https://www.youtube.com/watch?v=VEATLrzrdpc

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1990

Voici un gros morceau. Dans tous les sens du terme. 19 morceaux. Un demi-million de dollars pour le créer. On a ici tous les ingrédients d'un échec monumental.
Mais pas du tout. Jordan est un chef d'oeuvre, et l'on oublie souvent de le citer. Paddy nous prend par la main et nous emmène pour un voyage jusqu'aux confins de son univers. Les morceaux sont très variés en style mais sont toujours empreints du style si sensible du groupe. Jordan foisonne en ambiances différentes et est l'album le plus étonnant du groupe. Il faut l'écouter plusieurs fois et attentivement pour distinguer les différentes parties qui composent le projet.
Cela parle d'Elvis Presley et de Jesse James. Ca ose partir dans l'exotique ("Carnival 2000") et ça se finit en une messe solennelle empreinte de sérénité ("Doo Woop in Harlem"). De nombreux artistes se sont lancés dans la quête de l'album pop parfait. Je ne vois pas quoi reprocher à Prefab Sprout sur cet album. Certes, certains morceaux sont plus mineurs, mais l'album est d'une telle richesse qu'on a jamais l'impression d'en faire le tour, ni celle d'être perdu dans tant de complexité. Le groupe fait preuve de beaucoup plus de subtilité que pour ses précédents albums, et perd le côté légèrement ridicule de "From Langley Park...". J'y reviendrais plus amplement dans une critique, mais il mérite carrément le coup d'oeil.

A écouter :
"Wild Horses" :
https://www.youtube.com/watch?v=v3H3lKt5_BM
"All the World Loves Lovers"
https://www.youtube.com/watch?v=EgkQ3ewyIzE
"The Wedding March"
https://www.youtube.com/watch?v=rLI8En-vgFU

Annotation :

Je n'ai pas encore écouté attentivement cette collection de démos produites après "Jordan...". Les années 90 furent pour Paddy une suite de projets avortés. "Earth : The Story so Far" devait être un concept album. Il y eu également des idées pour un album sur la vie de Michael Jackson, ou sur un super héros. (?!)

Le groupe arrêtera ses tournées et sa popularité déclinera. Il reprendra la route en 2001. Sans Wendy.

Annotation :

Compilation des meilleurs morceaux du groupe, assorti de deux nouveaux morceaux, dont "If You Don't Love Me" très Petshopboysien. Le son Prefab Sprout passe définitivement aux années 90, ne serait-ce que dans le rythme. Malheureusement, ce nouveau format fait quelque peu perdre de son essence à la musique du groupe.

Annotation :

Pas encore écouté.

Après cinq années de silence, Prefab Sprout revient enfin. Paddy prend totalement le contrôle et met son frère et Wendy à l'écart. L'album est produit quasi-entièrement par ordinateur.

A noter que le morceau "Where the Heart Is" sera utilisé pour le générique de la série britannique du même nom.

Annotation :

Pas encore écouté.