Quand Synthé rencontre Psyché : Psychic TV
Quand on parle de musique industrielle au sens strict du terme, impossible de ne pas citer Throbbing Gristle. Groupe pionnier du genre ayant existé entre 1975 et 1981 (pendant leur première période qui les a vus sortir quatre albums incroyables), il comprenait Cosey Fanni Tutti, Chris Carter, Peter ...
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créée il y a plus de 4 ans · modifiée il y a 6 moisAllegory and Self (1988)
Sortie : 1988 (France). Pop, Experimental, Electronic
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
"Allegory and Self" est un album étrange dans la discographie de Psychic TV (ne le sont-ils pas tous, après tout ?). P-Orridge est dés 1984 obsédé par la figure de Brian Jones, guitariste de génie des Rolling Stones et membre éminent du "Club des 27". Il cherche dés lors à monter un projet de film biopic retraçant son oeuvre et son influence sur la musique pop. Le film ne verra jamais le jour, mais le groupe aura cependant passé trois ans à enregistrer des titres qui auraient dû figurer dans la bande-son du film.
Parmi ces titres, on compte "Godstar", "Just Like Arcadia", "Thee Starlit Mire" ou encore "She Was Surprised", qui sont, assez étrangement, des titres très pop qui fusionnent assez bien toutes les influences du groupe. A mille lieues de la musique industrielle et purement électronique de Throbbing Gristle, Genesis P-Orridge livre finalement en 1988 (une bonne année et demie après la fin des sessions) ce disque qui reste selon moi à ce jour l'album le réussi, homogène et pertinent de Psychic TV. C'est également l'album le plus accessible de la discographie du groupe, et certainement l'un de ceux qui à le mieux vieilli, si on laisse de côté les expérimentations étranges de P-Orridge et Fergusson avec du matériel synthétique très daté "80's".
Force the Hand of Chance (1982)
Sortie : 1982 (France). Rock, Ambient, Industrial
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 7/10.
Annotation :
Aussitôt après la démise de Throbbing Gristle, P-Orridge et Christopherson embarquent dans Psychic TV. Ils quittent le son brut de la musique industrielle en engageant Alex Fergusson, ex guitariste du groupe punk Alternative TV et accessoirement grand fan du Velvet Underground, une influence qu'on retrouve bien souvent (de manière volontaire ou non) dans bien des titres de PTV. Avec "Force the Hand of Chance", PTV livre son premier album officiel et marque un son nettement plus rock, et assez étonnant pour P-Orridge, très psychédélique, cassant d'autant plus le côté brut et droit de Throbbing Gristle. On retrouve cependant les travaux de recherche sonore de Christopherson dans la production de certains titres.
L'ensemble se veut comme une assez bonne porte d'entrée dans l'univers foisonnant du groupe. Avec des titres comme "Just Drifting" ou "Stolen Kisses", on note véritablement l'influence du son 60's sur Psychic TV. Seul un titre comme "Ov Power", avec ses boites à rythmes et ses paroles hurlées peuvent encore faire le lien avec le passé industriel de P-Orridge. "Force the Hand of Chance" reste donc encore à ce jour un disque assez facile d'approche permettant de bien comprendre le concept de Psychic TV et le son si caractéristique de leur première période.
Towards Thee Infinite Beat (1990)
Sortie : 1990 (France). Acid House, Neo-Psychedelia
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 7/10.
Annotation :
Après le passage de Psychic TV aux sonorités acid house en 1988 avec les sorties conjointes des vraies/fausses compilations "Tekno Acid Beat" et "Jack The Tab" (en fait des albums "cachés" du groupe sous une multitudes de pseudos bidons), Genesis P-Orridge persiste et signe en livrant "Towards Thee Infinite Beat", un album qui mêle les sonorités acid house aux dimensions new wave/rock psychédélique auxquelles le groupe est déjà familier. Rejoint d'abord par l'ex Soft Cell Dave Ball puis par sa compagne de l'époque, Paula "Mistress Mix" P-Orridge, au sein de son projet, Gen mêle dans ce disque tout ce qui lui plaît alors au tournant des années 80/90.
De manière aussi étrange que pertinente, les basses et les rythmes acides (joués la plupart du temps avec une vraie batterie et non pas une boite à rythme) rencontrent des nappes et des arpèges de guitares psychédéliques, créant un ensemble finalement assez homogène et novateur. Citons des morceaux aussi réussis que "Bliss, "Horror House" ou "Jigsaw", qui se rapprochent parfois assez du New Order de la période "Technique". Parlant du groupe Mancunien, citons également l'hommage non caché à l'un des meilleurs amis de Genesis P-Orridge, Ian Curtis : Gen rends ici hommage au chanteur de Joy Division sur "I.C Water", certainement l'un des morceaux les plus réussis du disque. Dans l'ensemble, "Towards Thee Infinite Beat" reste l'un des albums les plus solides de Psychic TV, et là encore, une excellente porte d'entrée dans leur univers si particulier.
Peak Hour (1993)
Sortie : 1993 (France). Acid House, Techno, Ambient
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
En dehors d'une compilation de remixes des titres de l'album "Ultrahouse" (nommée "Ultradrug" sortie la même année 1993), Psychic TV sort un ultime album de musique techno nommé "Peak Hour", qui reste selon moi le meilleur opus purement techno de Psychic TV, sans les digressions rock de "Infinite Beat" et sans le côté fourre-tout de "Tekno Acid Beat", "Jack The Tab" et "Ultrahouse". Avec "Peak Hour", P-Orridge parvient à, sans révolutionner le mouvement techno qui est déjà bien présent partout dans le monde en 1993 (citons par exemple le deuxième album d'Orbital ou le "International Language" de leurs contemporains directs de Cabaret Voltaire), imposer des sons plus durs, plus hypnotiques, ce qui crée une ambiance et renforce le côté homogène du disque. C'est certainement la seule (et la meilleure) incursion de P-Orridge dans la scène trance, ce qui permet de faire le pont entre la période acid house du groupe qui s'achève avec ce disque, et la période néo-psyché qui va commencer dés lors, une fois Larry Thrasher inclus au groupe.
"Peak Hour" est en dehors de "Infinite Beat" certainement le disque que je recommanderais le plus aux amateurs de techno et de sonorités électroniques, étant donné que c'est certainement le disque le plus abouti de PTV dans le genre avec des titres aussi réussis que "E-Male", "Tribal", "How Does E Feel" ou "Remind".
Trip Reset (1996)
Sortie : 1996 (France). Rock, Experimental, Psychedelic Rock
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Au sortir d'une période un peu trouble pour P-Orridge qui s'est fait expulser de la Grande-Bretagne en 1993 suite à des démêlés de justice (Scotland Yard s'est penché sur les productions vidéos pour le moins nébuleuses du Temple Ov Psychic Youth, considéré par des associations puritaines et conservatrices comme faisant l'apologie de la violence et du satanisme), Psychic TV se voit forcé de s'installer aux Etats-Unis. Séparés de son ancien groupe, de Dave Ball et de sa désormais ex-femme Paula, Gen s'entoure de Larry Thrasher pour se remettre à composer. De manière étonnante, c'est avec Thrasher que P-Orridge recommence à composer une musique guitaristique et plus inspirée par le psychédélisme des années 60 que jamais, avec cette fois une fixette assez marquée envers Syd Barrett, qu'on ressent dans la production très influencée par le Pink Floyd du tournant des années 1960/70.
Ensemble, ils sortent deux albums assez dispensables en 1994, "Hollow Cost" et "Cathedral Engine" et finissent par sortir "Trip/Reset" qui reste selon moi le sommet de la période Thrasher. On retrouve également Caresse et Genesse, les deux filles de Gen aux choeurs, et à certains instruments. Techniquement, il s'agira du dernier album de Psychic TV avant la mutation dans une sorte de nouveau groupe (Thee Majesty) puis un nouveau line-up portant le nom de Psychic TV 3.
Snakes (2014)
Sortie : 2014 (France). Rock, Psychedelic Rock
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 7/10.
Annotation :
Avec le retour de Throbbing Gristle au milieu des années 2000 et l’insuccès du projet Thee Majesty (débuté en 1997 et qui prends l'eau vers 2004), P-Orridge s'entoure d'un nouveau line-up comprenant sa nouvelle compagne, Lady Jaye Breyer-P-Orridge. Ils sortent avant "Snakes" un autre album, "Hell is Invisible - Heaven Is Her/e", qui voit le groupe continuer de creuser le sillon rock psyché des années 60 en y incluant certains éléments de la musique industrielle, comme certaines ambiances et les délires ésotériques de P-Orridge. Ce dernier, par ailleurs, est désormais une femme, ayant vraisemblablement changé d'identité de genre à la toute fin des années 1990 afin de ressembler le plus possible physiquement à sa compagne (et ainsi faire mentir l'ADN humain, ce qui pour P-Orridge reste son acte de rébellion le plus poussé), ce qui donnera lieu à un film documentaire réalisé par Marie Losier intitulé "The Ballad of Genesis and Lady Jaye", un documentaire que je recommande à tous.
"Snakes", album sorti en 2014, poursuit encore et toujours la même veine pop-rock psyché aux ambiances si particulières propres à Psychic TV. Ce sera l'avant dernier album officiel du groupe, qui sort par la suite "Alienist" en 2017.
Psychic TV Presents Ultra House: The L.A. Connection (1991)
Sortie : 1991 (France). Acid House, Techno, Experimental
Compilation de Various Artists
Blank_Frank a mis 7/10.
Annotation :
On l'a vu, Genesis P-Orridge se prends de passion pour les sonorités techno et acid house dés 1987. Aprés avoir sorti quasiment coup sur coup les albums/compilations "Jack The Tab", "Tekno Acid Beat", "Towards Thee Infinite Beat" puis "Beyond Thee Infinite Beat" (un album compilant des remixes de "Towards"), il remet le couvert avec un nouvel album de morceaux inédits, toujours composés avec le même line-up : "Ultrahouse".
Un peu moins brouillon que "Tekno Acid Beat", un peu moins hétérogène que "Jack The Tab" et nettement moins guitaristique que "Towards Thee Infinite Beat", "Ultrahouse" comprends néanmoins en outre des habituelles sonoritées acid house, des sons à la fois beaucoup plus durs mais aussi plus ambient qu'auparavant, marquant déjà une certaine rupture dans la continuité des disques de la période "acid house" de Psychic TV. Assez proche soniquement d'un disque tel que le "Body & Soul" de Cabaret Voltaire, "Ultrahouse" plaira certainement davantage aux habitués et autres mordus de l'acid house british ou du label Warp période "bleep" techno, et donc peut-être un peu moins aux néophytes.
Dreams Less Sweet (1983)
Sortie : 21 octobre 1983 (France). Rock, Industrial, Experimental
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 6/10.
Annotation :
Après la prise de position qu'était "Force the Hand of Chance" qui a surpris les fans les plus fervents de Throbbing Gristle, Genesis P-Orridge, qui cherche à se moquer des amateurs de musique industrielle pure, marque définitivement le coup avec "Dreams Less Sweet". Toujours accompagné d'Alex Fergusson et de Peter Christopherson (ainsi que John Balance, futur Coil, et David Tibet, futur Current 93, qui ont tous deux rejoint le groupe en fin d'année 1982), P-Orridge propose ici une sorte de néo-folk avant-gardiste, bruitiste, aux thématiques toujours aussi sombres : entre les références à Charles Manson et au révérend Jim Jones, on est bien servi.
C'est un disque qui contient l'un des titres les plus connus du projet, "The Orchids", et reste dans la postérité pour avoir été enregistré selon un procédé holophonique, qui lorsque écouté sur un bon système son permet de percevoir les sons en 3D. Seul Pink Floyd, à la demande de Roger Waters, avait expérimenté ce type d'enregistrement jusqu'alors, en réalisant le fascinant "The Final Cut" la même année.
De manière générale, c'est l'un des disques que j'apprécie le moins du projet, même si je note l'importance qu'il a eu au sein de la formation et surtout la volonté d'expérimenter de P-Orridge. A écouter avec précautions.
Tekno Acid Beat (1988)
Sortie : 1988 (France).
Compilation de Various Artists
Blank_Frank a mis 6/10.
Annotation :
Avec le départ de leur génial guitariste Alex Fergusson en 1987 (lassé par les délires contradictoires de P-Orridge), Psychic TV est prêt à changer de son. C'est au retour d'une tournée passant par Détroit et Chicago la même année que P-Orridge découvre la house music, et plus particulièrement les titres les plus caverneux et expérimentaux comportant les sonorités si reconnaissables du synthé Roland TB-303. De retour en Angleterre, P-Orridge se met au travail pour reproduire ce qu'il a entendu aux Etats-Unis, reconnaissant là une nouvelle marotte qui pourrait bien révolutionner la musique.
Il s'adjoint les service de l'ex-Soft Cell Dave Ball, mais aussi des autres membres de PTV comme sa compagne de l'époque, Paula "Mistress Mix" P-Orridge, avec qui il aura deux filles, Caresse et Genesse (qui participeront toutes les deux aux aventures musicales de leur parents). L'enregistrement de ces titres de ce qu'on nomme désormais de l'acid house se fait conjointement à la prise de drogues, notamment le LSD et l'ecstacy, contribuant à mettre P-Orridge dans une position très positive qui va le poursuivre musicalement jusqu'au milieu des années 90. Ainsi naissent les fausses compilations "Tekno Acid Beat" et "Jack The Tab", qui sont deux volumes entiers de pistes acid signées entièrement par Psychic TV sous différents pseudonymes. Les titres sont tous assez primitifs et assez représentatifs des premiers titres d'acid house anglais de la période 87/88 (on peut citer les travaux de 808 State, Cabaret Voltaire ou de A Guy Called Gerald qui font eux aussi partis des pionniers de l'acid house en Grande-Bretagne). Cependant, il est clair que les premiers pas de Psychic TV dans l'acid house ne sont pas nécessairement ce qu'ils ont fait de mieux dans le genre...
A Pagan Day (Pages From a Notebook) (1984)
Sortie : 24 décembre 1984 (France). Rock, New Wave, Experimental
Album de Psychic TV
Blank_Frank a mis 6/10.
Annotation :
Enregistré pendant une session record d'une seule journée (le jour de Noel 1984) en la seule compagnie d'Alex Fergusson, "A Pagan Day" est certainement l'un des disques les plus curieux de Psychic TV, révélant tout le potentiel du projet. Etant donné les contraintes, il ne faudra pas s'étonner de la production quasiment inexistante du disque, reposant sur des boites à rythmes branlantes, des claviers mal assurés et des guitares maladroites.
Clairement, il s'agit davantage d'une sorte de coup de com et d'une espèce de compilation de démos enregistrées lives que d'un album véritable (surtout que certains morceaux ne sont que des ébauches qui seront retravaillées pour sortir en singles ou sur l'album suivant, "Allegory and Itself"). Pour le coup, à part pour le côté "curieux" du disque, je ne recommande pas "Pagan Day" aux néophytes, ou en tout cas pas en tant que premier contact avec Psychic TV. Ce serait dommage de "rencontrer" un projet aussi foisonnant et intéressant par l'un de ses disques les plus anecdotiques...