Rentrée littéraire, automne 2021

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La merveille anglo-saxonne de la rentrée !
Auteur d’œuvres souvent très amples et imposantes, Richard Powers surprend en jouant une partition sensible et intime, autour d'une superbe relation père-fils.
Du déjà lu, pensez-vous ? Pas quand il est revisité avec autant d'intelligence et d'ambition. Car, derrière cette histoire bouleversante, tendre, drôle, déchirante, le roman repose sur un échafaudage impressionnant qui convoque astrobiologie, astronomie, neurosciences, écologie, politique, pour proposer une vision à la fois effarante et réaliste de notre monde tel qu'il va.
Un livre sublime, qui laisse le cœur en vrac et l'esprit plein de questionnements essentiels.

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Impossible de résister à la construction en spirale de Lorsque le dernier arbre, qui nous attrape en 2038, dans un futur proche et anxiogène terriblement réaliste, pour nous conduire au cœur du livre jusqu’en 1908, au fil de bonds générationnels passant par 2008, 1974 et 1934 ; avant de repartir dans le sens inverse par les mêmes étapes pour nous ramener, à bout de souffle et étourdis d’admiration, à la case départ.

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La littérature française vous ennuie ? Vous en avez marre des histoires de vies, des histoires de famille ? Vous refusez de perdre votre temps avec des romans parlant du quotidien parce que le vôtre vous suffit et que vous n’avez pas envie de vous fader celui des autres, qui n’est sûrement pas plus intéressant ?
Lisez L’Éternel fiancé. Vous y retrouverez sans doute tout ce que vous affirmez redouter ou détester. Mais vous l’aurez en beau, en pertinent, en poétique, en drôle, en émouvant. Vous l’aurez en belle littérature, sincère et convaincante, et j’ai peine à croire que vous ne changerez pas d’avis – au moins un petit peu, au moins pour cette fois, pour ce livre.

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Très subtil, parfaitement maîtrisé, à la fois inéluctable et puissamment réflexif, La Fille qu’on appelle met le brillant exercice de style au service de son sujet, équilibrant fond et forme à un très haut niveau de littérature.

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De l'esprit, de l'humour (discret mais parfaitement dosé), de l'intelligence, de l'érudition, de la dérision, du mystère, du suspense, un soupçon de machiavélisme, et un joyeux coup de folie en guise de final : Jean-Baptiste de Froment réunit autant d'ingrédients pour un cocktail savant et délicieux qui se boit comme du petit lait.

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Christian Guay-Poliquin nous embarque en douceur dans ce périple terriblement humain au cœur d’une nature prête à reprendre le pouvoir, conjuguant sens du rythme, intelligence discrète du propos et empathie pour des personnages dont la compagnie perdurera bien au-delà des dernières pages.

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Pour raconter cette histoire où fiction et réalité se cognent violemment, Kate Reed Petty choisit de varier à l’envi (mais sans excès) formes et genres littéraires, alternant entre roman de campus, thriller psychologique et récit horrifique, entre narration classique, échanges de lettres ou scénarios.
Si cette créativité formelle peut faire penser à Marisha Pessl (Intérieur nuit – une comparaison évidemment flatteuse pour moi), elle permet à l’auteure de traiter avec subtilité du thème de la rumeur et de ses conséquences sur la vie de ceux qui en ont été victimes, acteurs ou témoins.
Par ailleurs, True Story s’avère une lecture hyper addictive, un page-turner doté d’une vraie force littéraire. Grâce à cet excellent livre, Gallmeister a encore une fois de quoi marquer la rentrée américaine de son empreinte.

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Documenté avec élégance et sans ostentation, et porté par une plume dont le classicisme n’a jamais rien de suranné, ce roman mêle le souffle de l’aventure et de l’exploration à de multiples niveaux de lecture, entre récit de transmission filiale, quête amoureuse, fascination pour la force des histoires et des contes, le tout porté par un humanisme réconfortant.

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Un roman schizophrène, parsemé de moments forts bien dans la manière de Chalandon, dans lequel l'écrivain tente d'associer ses souvenirs de chroniqueur judiciaire sur le procès de Klaus Barbie, et une énième enquête personnelle sur son père. L'attelage des deux intrigues, purement fictionnel, manque de fluidité et paraît parfois artificiel, mais la puissance naturelle et l'émotion à fleur de peau de Chalandon réservent des pages poignantes.

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Perplexe j'ai été dès les premières pages, perplexe je suis resté de bout en bout de ce roman . Comme dans "Auprès de moi toujours", Ishiguro recourt à certains codes de la littérature d'anticipation, mais d'une manière distante, et sans jamais donner les clefs de ce monde légèrement futuriste où les parents achètent des A.A. (Amis Artificiels) à leurs enfants pour leur tenir compagnie. Ce manque d'explication, ces références régulières à des éléments de réalité que le romancier ne développe jamais, sont déconcertants, et parfois frustrants.

D'un autre côté, Ishiguro reste fidèle à son choix narratif de départ : donner la parole à Klara. En tant qu'A.A., Klara ne dispose pas d'autres informations que celles contenues dans les programmes qui la font fonctionner (dont on ne saura rien non plus, ce n'est pas le sujet du livre), et celles qu'elle glane toute seule, avec ses propres moyens d'observation et de compréhension.
Il en résulte ce regard distancié, parfois froid, et pourtant de plus en plus attachant au fur et à mesure que l'on s'acharne à avancer dans le roman. A tel point que, de tous les personnages, c'est bien Klara, la seule non-humaine, qui emporte l'adhésion sans réserve ; ce sont ses espoirs et ses convictions qui nous emportent ; c'est son destin, à la fois triste et lumineux, qui nous touche au bout du compte.

Durant toute ma lecture, j'ai pensé très fort à "A.I. : Artificial Intelligence", le film de Steven Spielberg. Dans leur manière de questionner la place de la technologie et de la robotique dans nos existences, ainsi que la place des émotions et des sentiments dans ce monde futuriste qui se dessine, les deux œuvres ont beaucoup en commun. Y compris un côté parfois foutraque, et un besoin irrépressible de croire en l'amour.

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Si ce nouveau roman doit avoir au moins une vertu, c'est celle de démontrer l'étendue de la virtuosité littéraire de Cécile Coulon, auteure à peine trentenaire et déjà à la tête d'une œuvre impressionnante.

Elle s'essaie en effet ici à une forme évoquant à la fois le roman gothique et la littérature romantique du XIXème siècle. Exaltation et intensité des sentiments, des sensations et des pensées, atmosphère insidieusement inquiétante, prégnance de la nature (les forêts du Jura), omniprésence des conventions, rapport à Dieu : Cécile Coulon manie ces ingrédients avec art en usant d'un style d'un classicisme assumé, suranné sans être poussiéreux.
Mais c'est aussi un livre très moderne, et parfaitement inscrit dans l’œuvre de la romancière, par sa mise en scène du corps et sa réflexion sur la place de la femme dans la société de l'époque.

Un peu longuet parfois, et le sentiment de menace (promis, voire exagéré par la quatrième de couverture) met du temps à apparaître (deuxième partie du livre seulement). Jolie réussite néanmoins, avec laquelle Cécile Coulon devrait continuer sans peine à conquérir son public.

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Pour ce nouveau texte, Antoine Wauters choisit une forme narrative proche de la poésie (qu’il pratique également en tant qu’auteur et éditeur en Belgique), créant ainsi un rythme à la fois hypnotique et mélancolique, évocation des lentes plongées dans le lac de son vieux héros qui réveillent les souvenirs.
C’est beau, tragique, sobre et poignant. Une nouvelle couleur sur la palette chatoyante de l’écrivain.

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Loin d’être une déception au final, mais fatalement pas l’extase naïvement espérée, La Félicité du loup est une déclinaison légèrement superficielle des thèmes et du style de Paolo Cognetti, qui charme sans émouvoir en profondeur.

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La Nuit tombée sur nos âmes confirme l’énorme puissance narrative de Frédéric Paulin, et sa capacité hors normes à faire de la littérature un laboratoire pour disséquer et comprendre cette entité si complexe et mouvante que l’on appelle Histoire, qui constitue aussi notre quotidien.
Un nouveau tour de force qui laisse pantelant, mais un peu mieux armé face à la violence politique et économique de notre planète ultra-connectée.

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Fenua signifie « territoire », « terre », « pays » (ou souvent « île ») en tahitien. Par extension, c’est le nom que l’on donne à l’archipel comprenant Tahiti et les îles avoisinantes. Et c’est donc le nouveau sujet de Patrick Deville, qui s’est fait une spécialité de transformer lieux ou personnages réels en objets de curiosité littéraire.
Comme toujours avec lui, Fenua est à la fois une invitation au voyage, une exploration géographique, un parcours historique et un hommage à tous ceux, voyageurs et écrivains, qui l’ont inspiré, au fil de chapitres juxtaposés comme autant de rêveries et d’abandons à l’aventure.

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Sorte de Vieil homme et la mer façon survie extrême, qui emmène loin dans la solitude et la servitude de l’homme face aux éléments, ce roman très maîtrisé est physiquement éprouvant, et très juste dans sa manière de saisir sensations, sentiments et bousculements de l’esprit.

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La romancière adresse quinze lettres pleines de verve, d’ironie et de passion à Cervantes, dans une défense enflammée de son célèbre héros, le chevalier universel, Don Quichotte, pour lequel elle souhaite une pleine et entière réhabilitation.
Lu une quarantaine de pages que j’ai trouvées amusantes et souvent pertinentes, dans lesquelles transparaît bien sûr la profonde admiration de Lydie Salvayre pour le romancier espagnol et pour son œuvre.

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Il y a de l'idée, du travail, du style - même si cette langue irrégulière, parfois un peu chargée, m'a autant captivé que déconcerté.

Anna de Sandre développe un univers lourd, inquiétant, chargé en mauvaises ondes qu'une grande tribu de personnages rongés de maux divers propagent dans les rues écrasées de froid et de neige de Villebasse - figure à part entière du roman, évidemment, comme le titre l'indique.

On passe de l'un à l'autre, le plus souvent, en suivant les pattes de Le Chien et ses quêtes mystérieuses. Si ce dispositif est intéressant, l'abondance de personnages, tenus ensemble par une structure de roman choral parfois fragile, m'a assez vite lassé, puis perdu. Certains sont bien dessinés, d'autres non. Certains chapitres font avancer le récit, d'autres se transforment en verglas qui font patiner le livre.

Et puis le tout est glauque, un peu triste - but recherché par l'auteure, sans aucun doute (et en ce sens c'est une réussite) -, mais cette longue errance misérable m'a éprouvé.

Pour résumer : un roman qui a du caractère, une solide atmosphère, une véritable singularité, mais dans lequel je n'ai pas su, ou voulu, entrer totalement. Une aventure à tenter pour les amateurs de hors piste littéraire.

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Un jeune homme de 28 ans fait face au peloton d'exécution et, en attendant la salve mortelle, se remémore sa jeunesse pour essayer de comprendre comment il en est arrivé là.
Ce jeune homme, c'est le père d'Amélie Nothomb, et s'il n'est finalement pas mort ce jour-là, la romancière belge entend ici lui rendre hommage.
Sur le papier, c'était tentant, et pouvait donner l'un de ces bons romans, denses et profonds, que Nothomb signe de temps à autre. Hélas, pari manqué : le ton général est trop badin, et n'amène à rien d'autre qu'à une énième galerie de personnages fantasques dont la hideur apparente dissimule des trésors d'humanité. Seul le dernier quart du livre s'approche vraiment du sujet, mais c'est trop court et trop tard.

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Beau sujet, sans aucun doute, mais totalement trahi par le style décevant et les choix narratifs de Patrice Franceschi. Collé aux pas de son héroïne journaliste, le romancier se contente de récits rapportés, qui manquent cruellement d'âme et de puissance, pour dépeindre la quête d'absolu des combattantes kurdes contre Daesh. Les nombreux dialogues sonnent rarement juste ; la narratrice est transparente, ses propres paraissent inexistants ; et le récit, trop rapide, file sans laisser de place à l'émotion.
Une franche déception, étant donné le plaisir que j'avais pris à lire des nouvelles de Franceschi il y a quelques années, ainsi que certains de ses récits de voyage.

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Deon Meyer assure le service minimum, à tous les étages. Personnages, psychologie, intrigue, style : on est loin des pavés complexes et foisonnants dont le romancier sud-africain nous gratifie souvent, pour notre plus grand plaisir. Hormis le choix du sujet, original (mais guère poussé dans ses retranchements), c'est une vraie déception.