On ne va pas se mentir ni se voiler la face : pour ce nouveau roman, Deon Meyer ne s'est pas foulé.
En refermant le livre, j'ai aussitôt pensé, selon l'une de ces bizarres associations d'idées dont j'ai le secret, au texte de Michael Connelly intitulé À genoux. Non pas que les deux romans abordent des sujets proches. Mais ils sont l'un comme l'autre d'une brièveté inhabituelle, là où l'écrivain américain comme son alter ego sud-africain font généralement preuve d'une tendance naturelle au pavé. Et cette brièveté ne cache rien d'autre, hélas, qu'un manque cruel d'inspiration.
À genoux s'avérait même indigent, limite abyssal. La Femme au manteau bleu ne racle sans doute pas aussi profond, mais il n'est en rien à la hauteur de ce que l'auteur de L'Année du Lion peut proposer.
Deon Meyer assure le service minimum, à tous les étages.
Minimum de personnages, pour un minimum de pistes et d'hypothèses qui débouchent logiquement sur une résolution minimaliste. Doublé d'un minimum de travail sur les dits personnages, à commencer par les principaux, et en particulier Benny Griessel qu'on a connu plus râpeux, plus fracturé (et donc plus intéressant) lorsque l'alcool faisait de lui sa chose et contribuait à l'égarer dans des enquêtes autrement plus complexes.
Minimum de recherche sur le sujet choisi, également. Si vous cherchez un bon polar sur le monde de l'art, il y a plein d'autres qui vous captiveront déjà que celui-ci, à peine digne de figurer en annexe d'une bibliographie sur le sujet.
Minimum de psychologie, encore - on a droit à un alignement de platitudes analytiques qu'on jugerait indignes chez n'importe quel débutant.
Minimum de style, enfin : narration expéditive, au présent et sans aucun relief, accélérée à grands coups de dialogues charclés à la machette.
Bref, pas de quoi me convaincre de faire plus à mon tour que le strict minimum dans cette chronique.
Hormis vous conseiller, si vous êtes un inconditionnel de Deon Meyer, d'attendre la sortie poche d'ici un an ou deux, histoire de ne pas perdre 14€ pour une lecture, certes potable, mais qui n'en vaut pas autant.