Résumons-nous : Howard Hawks

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CRITIQUE INSIDE ↓

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Très bonne surprise que ce Hawks assez peu connu, tourné juste avant Bringing up baby. Il faut dire qu’Howard ne l’a pas terminé, viré trois semaines avant la fin du tournage et remplacé par Wyler, pas ravi de reprendre un flambeau qui l’ennuyait passablement. Bon mais ça se sent pas trop, pour le coup William a été beau joueur, et même si c’est difficile de se rendre compte à quel point il a ou non essayé de redresser la barre à la demande de Goldwyn, le film reste gonflé de l’esprit de Hawks, qui n’en avait pas grand chose à foutre du message écolo du scénario, beaucoup plus du trio amoureux aux accents maupassantesques (y’a pas d’adjectif dédié ?). A l’arrivée, c’est enlevé, maitrisé, plein de subtilité, et comme toujours la direction d’acteur est au poil (euh, enfin McCrea fait ce qu’il peut), avec la présence de l’étonnante Frances Farmer dont c’est le premier grand rôle, et pratiquement le dernier (les traitements un peu barbare aux électrochocs et aux comas insuliniques ayant eu raison de sa carrière).

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Il y a vraiment quelque chose de très émouvant dans ce film bancal et incongru. Hawks a 67 ans quand il écrit, produit et réalise cet antépénultième opus, coincé entre « le sport favori de l’homme » et « Eldorado », films qui se présentent comme des réécritures de deux de ses plus grands chefs-d’oeuvre : Bringing up baby (pour la screwball comedy) et Rio Bravo (pour le western). Or là il s’agit clairement d’une tentative de renouvellement, même si on reconnait la pâte d’Howard dans le thème choisi : le sport et le risque - dans un déclinaison automobile déjà utilisée en 1932 pour « La foule hurle ». L’innovation est ailleurs donc : dans la forme du film, qui semble beaucoup plus loucher du coté du soap que du film classique hollywoodien. On dirait que le vieux briscard s’amuse à se glisser dans une façon de raconter qui n’est pas la sienne, avec des acteurs jeunes pratiquement tous inconnus, comme pour voir, se mettre en danger, expérimenter. Le résultat est mitigé, mais loin d’être raté. Ces deux décors uniques (piste de course / motel Holiday Inn) donne au film un côté irréel, coupé du monde. Ces couples qui se forment et de reforment n’ont plus rien de la comédie de remariage mais semble annoncer les Feux de l’amour et autres Santa Barbara. Et d’étranges séquences de flirt interminables ou de restaurants bondés et sautillants ne sont pas sans faire penser à du Tarantino bien avant l’heure. Comme si Hawks savait déjà à quoi aller ressembler le cinéma dans les années soixante-dix, et qu’une fois le joujou testé avec plaisir, il se rendait compte que de son côté, la messe était dite. La preuve, peut-être ? Son dernier film sera tourné en 1970 - alors qu’il ne mourra que 7 ans plus tard - laissant la place à d’autres plus jeunes et plus motivés que lui.

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Un peu comme une répétition générale du formidable « Seuls les anges ont des ailes » : des avions, des durs à cuire, une femme à séduire. C’est adapté d’une pièce de théâtre et ça se sent, mais Hawksn’a pas son pareil pour se tenir sur la corde raide et faire monter la pression. On est sûr de savoir comment les choses vont se passer, mais c’est en fait une ruse de sioux, seul Howie est aux commandes, et distille la tension de main de maître.

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Edgar G. Robinson en pêcheur portugais frisé et manchot, bon c’est un concept… Mais en fait le gars est tellement formidable qu’on y croit. C’est aussi que tout le film baigne dans une ambiance très réaliste pour du Hawks, une fois n’est pas coutume : séquences de pêche quasi-documentaire, reste de la distribution loin du star système, avec un vrai intérêt pour l’anti-glamour qui fait du bien.

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Je suis clément dans ma notation, "parce que c'était lui parce que c'était moi", en fait le film est un machin des plus bizarres. J'aurais du le voir à 12 ans, je pense que j'aurais adoré. Mais là avec le recul, ce sans-gêne colonial consistant à se servir comme dans un supermarché pour aller remplir les zoos occidentaux, ça laisse un peu pantois.
Bon c'est pas le sujet évidement (mais que ça ne soit pas un sujet en dit beaucoup sur l'époque et la civilisation étasunienne), non comme d'hab le sujet c'est men at work and then enters the woman. Et sur ce plan là, Hatari permet de voir par le contre exemple à quel point Hawks est génial quand il arrive à en faire quelque chose. Car c'est tellement ténu et fragile, qu'avec des acteurs moyens et des dialogues moyens, plus rien ne va. Sans âme, sans étincelles, sans le fameux "je-ne-sais-quoi" jankelevitchien, reste une machine qui comme Sonya le guépard du film, ronronne de façon bien sympathique mais n'a plus rien de sauvage ou dangereux.

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Vu le titre, la présence de Wayne, le contexte western, et surtout les habitudes du bonhomme, je me disais qu'il y avait tout pour une énième variation sur le même thème, un remake du remake du remake, mais la démarche est finalement à l'opposée. Pas de clôture circulaire, mais plutôt le grand néant comme ultime destination, pied de nez inattendu de la part d'Howard, lui toujours grand adepte du trop-plein. Ce n'est pas comme une envie d'épure, c'est plus comme une espèce de preuve par le vide, avant de tirer sa révérence  : plus de personnages, plus de grincements, plus de marivaudage, plus de malentendu, plus de fuite éperdue : enlevez l'âme inutile des films, pour voir ce qui surnage... Des gestes, des mots, une vague intrigue : trois fois rien. On peut partir tranquille.

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On connaît la prédilection de Hawks pour les intrigues construites sur un contrepoint entre romance intime et action exacerbée et souvent éminemment virile (dans des domaines aussi variés que l’aviation, la guerre, le journalisme, la pêche, la chasse voire l’enquête policière ou les rebondissements façon screwball). Mais pour que ça marche, il faut un bon équilibre entre les deux, et des passerelles – rien de mieux que quand une femme cherche à passer d’un domaine à l’autre par exemple. Ici, ça coince irrémédiablement, car toute l’histoire sentimentale (outre ses propres déficiences) n’arrive jamais vraiment à s’accrocher au volet « course automobile » : du coup, tout à l’air artificiellement plaqué, et le moteur tourne à vide, si je peux oser l’expression.