Révoltes et Révolutions - La Cinetek
"Ils ne se révolteront que lorsqu’ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu’après s’être révoltés.."
George Orwell
Moyenne : 6,85/10
10 films
créée il y a plus de 4 ans · modifiée il y a plus de 4 ansLe Joli Mai (1963)
2 h 16 min. Sortie : 1 mai 1963.
Documentaire de Chris Marker et Pierre Lhomme
sachamnry a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Le Cuirassé Potemkine (1925)
Bronenosets Potemkin
1 h 15 min. Sortie : 12 novembre 1926 (France). Muet, Drame, Historique
Film de Sergueï Eisenstein
sachamnry a mis 8/10.
Le Péril jeune (1994)
1 h 41 min. Sortie : 21 mai 1994. Comédie dramatique
Téléfilm de Cédric Klapisch
sachamnry a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ah, la nostalgie des années lycée.
Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne me drogue pas et je ne suis pas un aussi gros branleur, et pourtant j'ai pu m'identifier aux personnages, qui avec leurs failles, sont très attachants. En fait, je pense surtout que le film me plaît car les situations décrites sont similaires à celles que j'ai pu vivre avec mes propres amis. Parce que le film est à la fois une ode à la jeunesse et à l'amitié. Pourtant, il y a une certaine amertume qui s'en dégage, amertume liée aux désillusions de ces cinq jeunes anarchistes, qui ont fini par rentrer dans le rang, dans l'ordre. Et pour cause, l'un est devenu avocat, l'autre architecte (pour ne relever que deux personnages).
Dans ce film devenu culte, il y a des phrases cultes "On va quand même pas se battre pour travailler" qui s'apparente être le crédo du branleur ou encore des situations assez risibles, notamment quand Momo dit à son père muet "Continue de gueuler!". D'ailleurs, je ne sais pas si je suis le seul, mais physiquement Momo m'a fait penser à Vincent Lacoste (qui a pour le coup vraiment le physique du branleur).
Après, le regard sur la société n'a pas vraiment changé aujourd'hui (alors que le film a plus de 20 ans), les revendications sont les mêmes (plus ou moins) et ne sont entendues que partiellement.
Finalement, c'est un film très émouvant pour son sujet, qui sonne très juste grâce à ses dialogues et ses acteurs tous convaincants (d'ailleurs c'est marrant, mais l'équilibre est tel entre les 5 amis que je n'ai pas pu en sortir un du lot, peut-être Romain Duris mais c'est aussi parce qu'il a le "rôle dramatique" du film). La question est de savoir si ce film parle à tout le monde, ou s'il est générationnel? Quand j'aurai 40 ans, est-ce que j'aimerais toujours autant ce film?
Scum (1979)
1 h 38 min. Sortie : 12 septembre 1979 (Royaume-Uni). Policier, Drame
Film de Alan Clarke
sachamnry a mis 8/10.
Annotation :
Âmes sensibles, s'abstenir.
Le film coup de poing par excellence. Non, Scum n'est pas agréable à regarder, vraiment pas. Le film est en effet très violent, car ce qu'il se passe dans les centres de redressement à l'époque n'est pas habité par le calme, la bienveillance et l'amour. On comprend pourquoi Scum a fait scandale à sa sortie.
Il y a des scènes insoutenables (ceux qui l'ont vu comprendront) qui néanmoins servent le propos, elles ne sont pas gratuites. Ce ne sont pas des scènes qui sont là pour uniquement choquer le spectateur, ni pour provoquer l'indignation. Ce sont des scènes réalistes qui permettent de dénoncer tout un système.
Les interprétations sont toutes très justes, les personnages sont bien écrits (shootout to Archer, qui est assez incroyable, il est le véritable souffle de liberté dans ce récit où l'oppression règne en maître).
Scum n'est pas manichéen, ce ne sont pas les "méchants gardiens" et les "gentils prisonniers", ils sont tous fautifs, car au fond le véritable coupable, c'est le système. Dans une scène très parlante du film entre Archer et un des gardiens, cette idée de dénoncer le système est présente.
Et ce qui mènera au suicide d'un des jeunes (jeune qui est l'incarnation même de la victime, du souffre-douleur, d'ailleurs on se demande comment il a pu finir ici), c'est à la fois le comportement brutal et terrible de 3 prisonniers qui le violent et le comportement passif et machiavélique de l'institution qui permet ce genre d'abus. TOUS coupables.
La révolte des jeunes est tout le long du film latente et se révèle à la toute fin lors du repas, mais pourtant on ne finit pas sur cette note "positive" puisque le silence achèvera le film, comme si face à tous ses malheurs, le seul remède était le silence.
(7,5)
L'An 01 (1973)
1 h 30 min. Sortie : 22 février 1973. Comédie
Film de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch
sachamnry a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Avant de jouer un homme de droite raciste et conservateur, Christian Clavier était dans la distribution de ce film anti-capitaliste. Les temps ont changé.
Mais la distribution ne s'arrête pas à Clavier : le film s'ouvre avec Depardieu et se ferme avec Coluche. Rien que ça.
Le générique du début m'a rappelé un passage de La Cité de la Peur (quand les acteurs font les bruitages).
L'an 01 est un film drôle, qui manque parfois de subtilité. Ce qui est néanmoins assez fou, c'est le résonance de son propos sur l'époque actuelle. Le film date des années 70, et pourtant il aurait pu être tourné cette année. Ce n'est sûrement pas le film qui est moderne, mais plutôt le monde qui n'évolue pas vraiment.
Dans l'an 01, il n'y a plus de propriété "La propriété, c'est le monde entier", c'est l'idéal du communisme. Ce n'est pas la fin du monde, c'est l'an 01.
La consigne est la suivante : on arrête tout. On ne se mobilise pas, on se démobilise. Et le déclic, l'éclair de génie, c'est de faire un pas à gauche. On arrive devant chez soi, on fait un pas à gauche, et au lieu de rentrer dans son appartement, on toque chez le voisin, avec qui on fait connaissance.
Le bonheur, c'est le progrès. On fait l'amour, on n'a plus de propriété. Être en couple, être marié, de toute façon, c'est posséder quelqu'un. Donc, c'est contre l'idéal communiste.
Le film dénonce un système par l'absurde (avec des gimmicks qui rappellent les Monty python) et plutôt que de se prendre au sérieux, il rêve.
Main basse sur la ville (1963)
Le mani sulla città
1 h 36 min. Sortie : 7 novembre 1963 (France). Drame
Film de Francesco Rosi
sachamnry a mis 7/10.
Annotation :
Main basse sur la ville, dans son approche est très influencé par le néoréalisme italien. On y retrouve les quartiers populaires avec des immeubles en piteux état, ainsi que de vastes foules qui chahutent que ce soit dans la rue ou à l'Assemblée.
Le film de Francesco Rosi sonne très juste, et pour cause "les personnages et les faits narrés ici sont fictifs alors que sont réels le climat social et le milieu qui les ont générés". De plus, l'acteur interprétant De Vita est dans la vraie vie un homme politique communiste, qui connaît donc ces joutes oratoires et ces scandales politiques.
Main basse sur la ville est un état des lieux de la situation politique et sociale à Naples avec des dirigeants qui ne voient dans les citoyens que des votes. Quand ses hommes (parce qu'il n'y a aucune femme de pouvoir) accèdent au pouvoir, ils perdent toute humanité. Chaque action est pensée, la démocratie est instrumentalisée, tout est calculé, rien n'est vrai. Typiquement, des pauvres femmes viennent supplier le maire car elles sont pauvres et n'ont pas de quoi nourrir leurs enfants, sa réponse relève de la démagogie, il leur distribue de l'argent (il achète le peuple, ni plus ni moins) tout en interpellant son homologue communiste "Vous voyez comment se fait la démocratie!". Les classes dirigeantes baignent dans la corruption, puisque les hommes politiques sont avides de pouvoir. Toute allusion à la morale n'est pas permise même si le député communiste s'entête à rappeler le devoir moral des dirigeants.
Le futur maire résume bien cette idée "En politique, l'indignation morale ne sert à rien. Devinez le seul vrai péché? C'est d'être battu".
Main basse sur la ville est donc un long-métrage important montrant les manipulations politiques qui découlent de la démocratie. Comme souvent, quand les uns se remplissent les poches, les autres crèvent de faim.
Finalement, les hommes politiques, ce sont des mafieux légaux.
La Marseillaise (1938)
2 h 06 min. Sortie : 2 février 1938. Drame, Historique, Guerre
Film de Jean Renoir
sachamnry a mis 7/10.
Annotation :
7 sur 10 à l'image de sa septième place sur ce Top 10.
Vive la nation, réunion fraternelle des individus!
Il n'y a pas grand chose à dire sur ce film, pas de multiples pages d'analyses à en tirer, mais je vais toutefois souligner la qualité de la reconstitution.
Parce que si le film peut paraître trop long, trop bavard, trop didactique, la reconstitution de l'époque est tout bonnement excellente.
En plus de ça, les personnages sont attachants et il s'agit non pas de révolutionnaires avides de sang, mais plutôt de gens "normaux" qui rêvent juste de liberté. En plus de ça, on assiste à une véritable bromance entre les soldats du bataillon de Marseille, ce qui renforce l'émotion quand l'un deux meurt.
Contrairement à l'œuvre de Rohmer qui m'avait laissée complètement sur la touche, le réalisme de La Marseillaise m'a permis d'entrer parfaitement dans le film.
J'ai apprécié la petite allusion ironique et anachronique de Jean Renoir qui fait dire à son personnage Louis XVI "Voici bien des feuilles, elles tombent de bonheur cette année", comme s'il s'amusait à annoncer sa tête qui allait tomber plus vite que prévu.
Même chose pour la Marseillaise, Renoir s'amuse à dire que ce n'est qu'un "engouement passager" alors que c'est devenu l'hymne national français.
La mise en scène est inspirée, les interprétations sont toutes très justes, mais le film reste toutefois un peu long. À voir, cependant.
PS : il va sans dire qu'il faut inscrire ce film dans son contexte historique (une ode au Front Populaire)
Le Sel de la terre (1954)
Salt of the Earth
1 h 35 min. Sortie : 18 mars 1955 (France). Drame
Film de Herbert J. Biberman
sachamnry a mis 6/10 et a écrit une critique.
Une chambre en ville (1982)
1 h 30 min. Sortie : 27 octobre 1982 (France). Drame, Comédie musicale
Film de Jacques Demy
sachamnry a mis 6/10.
Annotation :
Ce film est couillu. Déjà pour Les Parapluies de Cherbourg, j'avais été étonné, mais là je l'ai été encore plus. Le film est entièrement chanté et c'est forcément un parti pris qui va repousser beaucoup de monde. Moi-même je ne suis pas fan de ce genre de procédé, le métrage "Les Parapluies de Cherbourg" (Palme d'Or quand même) ne m'avait pas tant enthousiasmé.
Le film est fortement autobiographique dans la mesure où Jacques Demy est originaire de Nantes et a vécu dans un milieu modeste, comme le héros. Le drame s'inscrit dans un contexte de grève, et de confrontations violentes et chantées entre l'ordre incarné par les CRS et les révoltés incarnés par les ouvriers. En cela, le film est assez intéressant. Après il n'y a pas à dire, l'histoire est cousu de fil blanc, on sait d'emblée que ça va mal finir pour les personnages et parfois les dialogues supposés être dramatiques m'ont davantage fait sourire à cause de la tonalité. Typiquement, quand François et son ami discutent en phrases courtes, cela sonne très faux.
Finalement, ce n'est vraiment pas le meilleur film de Jacques Demy à mon sens mais ça reste une proposition très osée.
RIP Michel Piccoli.
L'Anglaise et le Duc (2001)
2 h 09 min. Sortie : 7 septembre 2001 (France). Drame, Historique, Romance
Film de Éric Rohmer
sachamnry a mis 4/10.
Annotation :
Les critiques positives à l'égard de ce film sont un mystère pour moi. Très bien accueilli par la presse à sa sortie, L'Anglaise et le Duc me semble près de 20 ans plus tard, extrêmement vieilli.
Commençons par le commencement : les décors extérieurs. Ce sont des tableaux. Les comédiens ont alors tourné ces scènes extérieures en studio, sur un fond vert pour ensuite être incrustés numériquement sur les tableaux. Le rendu est dégueulasse. Honnêtement, je ne comprends pas comment l'on peut mettre en avant ce procédé. Ce film est l'anti-Barry Lyndon (qui est un chef-d'œuvre). Kubrick se servait des décors naturels pour créer une composition authentique, et faire comme si les plans cinématographiques étaient peints. Ici, Rohmer fait l'opposé et le résultat - à la différence de celui de Kubrick - est totalement raté. On dirait des montages amateurs faits sur iMovie. Ainsi, à partir de là, il m'a été compliqué d'entrer dans le film.
Ensuite, deuxième problème majeur pour moi : le jeu d'acteurs. Je pense en réalité ne pas être un grand fervent des films d'époque, où les dialogues des personnages semblent sonner faux (puisque je n'ai jamais vécu à cette époque, logiquement). Cette période des Lumières est à mon sens parfaitement décrite par la littérature, mais n'a pas de potentiel cinématographique. L'Anglaise et le Duc en est l'exemple. On dirait presque du théâtre filmé (on assiste d'ailleurs majoritairement à des plans fixes) avec des personnages à la diction certes intéressante (et encore!) mais bien trop théâtraux.
Ainsi, les décors extérieurs ridicules conjugués à l'ultra-théâtralité du métrage m'ont totalement gâché le film.
Le propos n'en est pas moins inintéressant. La Révolution Française est une période fascinante à étudier, c'est une référence pour tous. À travers le film, on comprend tous les enjeux de pouvoir. Le combat pour la liberté est sanglant, et passe par une privation de liberté (en témoignent les multiples perquisitions chez l'Anglaise). En tout cas, la délation en France ne date pas de 1940.
La forme du long-métrage de Rohmer m'a repoussé, alors que le fond était relativement intéressant. Dommage.